[Fic] Princess Tutu, Fakir/Mytho - 16. Invincible, sans égal

Dec 04, 2009 19:34


Titre : Quand tu danses
Auteur : Mokoshna
Couple : Fakir/Mytho
Fandom : Princess Tutu
Rating : PG
Thème : 16. Invincible, sans égal
Disclaimer : Princess Tutu est la propriété de HAL Filmaker et de Ikuko Itô.
Avertissements : Spoilers de toute la série, Yaoi, UA.
Notes de l'auteur : Ce chapitre correspond à l'épisode 13 de la série. Même si ça y ressemble, ce n'est pas une fin, pas plus que l'épisode 13 n'était la fin de la série malgré ce qu'on peut voir en générique de fin.
La deuxième saison arrivera avec le chapitre suivant, et comme vous pourrez le voir avec ce qui se passe ici, ce sera de l'UA pur.
Bonne lecture !

Chapitre 1 - Chapitre 2 - Chapitre 3 - Chapitre 4 - Chapitre 5 - Chapitre 6 - Chapitre 7 - Chapitre 8 - Chapitre 9 - Chapitre 10 - Chapitre 11 - Chapitre 12 - Chapitre 13 - Chapitre 14



o-o-o

15

Le cœur de Mytho

Déclarer son amour en échange du Prince ? Laisser choisir ce pantin aux ordres de Krähe ? Impossible. Si Tutu pouvait s'y résoudre, pas moi. Il m'était inconcevable de laisser triompher Krähe aux dépens de la vraie princesse. Si Mytho avait eu tout pouvoir de décision, il penserait de même.

- Attends ! m'écriai-je en voyant Tutu s'avancer vers son sort. À quoi riment ces âneries ? T'es idiote ?

- Idiote ? répéta-t-elle en faisant la grimace, reflet de son identité en tant qu'Ahiru.

Cette fille était décidément un bien curieux mélange : gentille et maladroite, courageuse et naïve... une énigme qui avait dû fasciner Mytho. N'y aurait-il pas eu mon Prince pour occuper mon cœur, peut-être aurait-elle pu y prendre une toute petite place, qui sait.

- Ne crois pas le corbeau ! Si tu disparais, qui rendra son cœur à Mytho ? Tu ne voulais pas lui rendre tous les fragments pour voir son sourire ? Toi seule peut accepter avec le sourire le destin de la Princesse Tutu. Donc, tu ne dois pas disparaître !

Mytho avait plus besoin de cette fille que moi. Je brandis mon épée et me tint prêt pour le combat. Si tout pouvait se régler par la seule force, je pouvais bien donner du mien, non ? Je ne devais pas hésiter, en tant que chevalier du Prince. Il n'était pas question que je commette la même erreur : je devais attaquer et tant pis si j'y laissais la vie, tant que cela puisse servir Mytho.

- Je changerai le destin !

J'étais le chevalier du Prince. Si je me le répétais assez, parviendrais-je à devenir invincible et à sauver Mytho ? Après tout, personne n'était mon égal dans la ville ; j'avais plus d'une fois terrassé des soldats confirmés en combat singulier, lors des entraînements que je m'étais imposé durant toutes ces années. Je devais aller de l'avant, tout comme cette histoire.

- Pauvre chevalier fou ! s'écria Krähe en m'envoyant ses troupes de soldats-corbeaux. Tu ne réussiras même pas à m'approcher et tu mourras en vain.

- Tu veux vérifier ?

- Fakir ! hurla Tutu en me voyant partir en courant au combat.

Elle fut bloquée par plusieurs corbeaux.

- Admire le spectacle, dit Krähe.

Löhengrin trancha l'air ; je fis disparaître deux, trois corbeaux d'un coup de lame. Ces maudits soldats endimanchés virevoltaient autour de moi, narguaient ma défense. Je pus me débarrasser d'une dizaine, mais alors vingt autres surgirent des cavités de la grotte et se jetèrent sur moi. Je n'avais pas peur ; plus maintenant. Mytho était devant moi.

- Rends-nous Mytho ! criai-je une fois mes ennemis vaincus.

- Je refuse.

J'entendis le son de l'eau en premier ; puis, baissant les yeux, je sus pourquoi Krähe m'avait lancé ce dernier regard. Le sol se déroba sous mes pieds, se transforma en eau qui m'engloutit. Puis une tornade violente me jeta dans les airs ; à peine entendis-je le cri de Tutu résonner dans la grotte. Des cavités creusées dans la roche, surgirent cent, mille plumes de corbeaux acérées qui me transpercèrent avant que je pusse les repousser. Je tombai la tête la première dans les eaux glacées du lac.

- Fakir ! hurla Tutu.

Allais-je finir comme dans le conte, terrassé avant d'avoir pu sauver mon Prince ? Non, je ne le permettrais pas. Je rassemblai mes dernières forces pour nager jusqu'à la rive où se trouvait Mytho. Mon corps était en sang, mes vêtements en lambeaux, mais cela m'importait peu tant que je pusse atteindre mon Prince.

- Alors ? fis-je par défi à Krähe. Mon corps est encore en un seul morceau !

Je levai mon épée. Elle me lança un sourire narquois.

- Mais dans cet état, tu ne pourras même pas m'égratigner.

Pour qui me prenait-elle ? Je souris, conscient d'avoir atteint mes dernières limites, et brandis mon épée sur Mytho.

- Mytho, pardon !

Le bruit du métal nous assourdit les oreilles. Je venais de casser l'épée du Prince en deux ; les fragments se transformèrent en cygnes lumineux qui s'envolèrent avant de disparaître. J'avais atteint mon objectif.

- Tu ne peux maintenant plus briser ses fragments de cœur, dis-je, satisfait.

Mytho se tenait devant moi, le regard vide, sans bouger. Je t'ai aimé, Mytho. Même si tu ne ressentais pas la même chose, mes sentiments à moi étaient sincères, mon cœur était tien. Je levai la main une dernière fois pour essayer de le toucher, mais la baissai bien vite : il n'était pas en état de me répondre... Mon Prince si beau dont le cœur n'avait jamais été et ne serait jamais mien. Je me sentis basculer en arrière ; l'histoire était finie pour moi, tout du moins.

- Princesse Tutu, appelai-je. Sauve le futur de Mytho...

Puisses-tu être heureux, mon Prince. Ta princesse était là pour te sauver. Pour moi, l'histoire se terminait là. L'amour du Prince n'était pas destiné à son chevalier.

- Fakir ! hurla Tutu, en pleurs.

Je m'efforçai de sourire une dernière fois, en vain : je ne sentais plus rien.

- Fakir !

À la surprise de tous, une autre voix vint se mêler à celle de Tutu. Ma chute fut stoppée nette : quelqu'un m'avait rattrapé avant que je sombre dans les eaux du lac. Je levai faiblement les yeux.

Mytho se tenait là, au-dessus de moi. Il avait tendu la main et avait saisi mon bras. Je me laissai tomber lourdement sur le sol.

- Quoi ? hurla Krähe, folle de rage. Mytho s'est réveillé ?

Pourtant, rien à part ce dernier geste ne laissait penser cela : le regard de Mytho était toujours aussi éteint et il ne réagissait pas. Dans ce cas, qui avait crié mon nom ? Pourquoi avait-il allongé le bras pour m'attraper ?

Soudain, le fragment de cœur que Krähe avait volé se mit à briller un instant, du haut du socle sur lequel il était emprisonné. Je vis le médaillon de Tutu répondre de l'autre côté du lac. Puis une voix sortit du fragment d'amour.

- Fakir, disait-elle. Fakir.

Je levai la main vers lui, bien faiblement. Krähe reprit ses esprit et brisa le socle pour s'emparer du fragment de cœur.

- Jamais ! Il est à moi !

- C'est faux, fit la voix claire de Tutu. Ne comprends-tu pas, Krähe ? Mytho a choisi, bien avant que nous ne lui demandions. S'il-te-plaît, ouvre les yeux. Son cœur...

- Non ! hurla Krähe. Il est à moi ! Je suis celle qui l'aime le plus, je suis celle qui lui est destinée ! Pourquoi devrais-je le céder à une princesse de pacotille et à un chevalier raté ? Mytho est à moi !

Elle reprit son souffle et me jeta un regard furibond.

- C'est de ta faute ! me cria-t-elle. De votre faute à tous les deux ! Si vous n'aviez pas été là...

Dans une gerbe de plumes noires, Krähe fit apparaître une énorme lame qu'elle dirigea vers moi. J'étais trop faible pour me lever ; la lame me transpercerait et alors ce serait fini de moi. Elle rit aux éclats, cette princesse-corbeau aux plumes noires.

- Non !

Le fragment de cœur qu'elle tenait serré contre elle brilla de mille feux et s'envola vers ma direction. Le fantôme du Prince apparut et me prit dans ses bras, m'enserrant fort comme pour me protéger. J'ouvris des yeux ronds mais sans pouvoir bouger ; j'avais été trop affaibli par mes combats.

- Ne fais pas de mal à Fakir ! dit le fragment d'amour.

Une chose étrange se passa alors : au lieu de retourner dans le corps de Mytho comme cela devait être, le fragment se baissa vers moi et m'embrassa.

- Si tu le tues, tu n'auras jamais mon amour, dit-il.

Puis il disparut dans une explosion de lumière et pénétra en moi.

- Non !

Le cri de Krähe fut si intense qu'il brisa l'illusion dans laquelle nous avions été enfermés : le lac s'évapora pour ne plus laisser place qu'à une grotte normale, sombre et sinistre. Pour ma part, je ne voyais pas grand-chose car l'éclat de cœur qui s'était réfugié en moi occupait toute mon attention.

Je sentis mes forces revenir, mes blessures guérir en un instant. Était-ce cela, le pouvoir de l'amour ? Les sentiments de Mytho m'enveloppaient comme dans un cocon, leurs chaleur me réchauffaient plus sûrement que la plus vive des flammes. J'ouvris les yeux et je vis Mytho, le vrai, se pencher vers moi avec un sourire tout doux. Tutu se trouvait à ses côtés, sereine. Krähe avait disparu.

- Que s'est-il passé ? demandai-je.

Je n'avais plus mal. Mes blessures avaient complètement disparu. Mytho me tendit sa cape et m'enveloppa gentiment, sans me quitter des yeux.

- C'est fini, dit-il. Krähe est partie. Nous sommes sauvés.

- Essayons de trouver la sortie ensemble, dit Tutu en me tendant la main.

Je leur souris, gauchement. Je pouvais sentir une douce chaleur dans mon cœur, accompagnée d'un picotement un peu désagréable qui n'était pourtant pas suffisant à repousser le bonheur que j'éprouvais à voir tout le monde sain et sauf.

- Et ton fragment de cœur ? demandai-je à mon Prince.

Mytho mit le doigt sur ma poitrine, pile à l'endroit où se trouvait le mien.

- Il est là, dit-il.

- Tu dois le reprendre ! Ton cœur...

- Il est parfaitement bien là où il se trouve, ne t'inquiète pas.

- Mais...

- Tu me le garderas, n'est-ce pas, Fakir ? C'est mon amour. Il est à toi, maintenant.

Je rougis. Mon regard passa de Mytho à Tutu, sans comprendre.

- Mais... c'est le tien ! Il doit te revenir, ou du moins à ta princesse...

Tutu me fit son plus beau sourire.

- Non. Les princes ne finissent pas toujours avec les princesses, le sais-tu ?

Ils s'échangèrent un regard et se sourirent. Moi, je me trouvais au milieu et ne comprenais pas grand-chose, mais si mon Prince était heureux, c'était tout ce qui m'importait.

- Et maintenant ? dis-je en me relevant.

- L'illusion de Krähe a disparu avec elle, dit Mytho. Nous devons trouver la sortie. Te sens-tu en état de marcher ?

Je lui jetai un regard indigné.

- Je suis ton chevalier, ne l'oublie pas ! S'il le faut, je te porterai jusqu'à la sortie !

Il éclata de rire, mon Prince. Je n'en avais pas l'habitude. Le voir côte à côte avec Tutu me rappela que je n'avais plus ma place à ses côtés de cette manière, et je m'avançais vers le couloir de sortie avec l'intention de les laisser seuls pour qu'ils puissent profiter de la présence de l'autre.

- Ne t'en vas pas sans moi, dit Mytho en me prenant la main.

Je le regardai avec surprise mais ne fis pas un geste pour l'arrêter. Il me sourit et m'embrassa gentiment sur le cou.

- Rentrons à la maison.

Que se passait-il ? Le reste du chemin se passa comme dans un rêve ; la main de Mytho était chaude, sa présence rassurante. À quelques pas de là, Tutu n'arrêtait pas de nous sourire.

- Il fait tout noir, dit-elle au bout d'un moment.

- Par ici, lui répondit une voix.

Au bout du tunnel sombre, une lueur brilla, faible mais bien présente. Nous dirigeâmes nos pas vers sa direction ; bientôt, nous nous retrouvâmes à l'extérieur, devant un feu qui avait été allumé à notre intention, semblait-il.

- On nous a aidés ? fis-je, étonné. Qui ?

Le craquement sec du bois nous fit lever les yeux en direction du feu, et j'eus ma réponse. Là, au milieu des flammes, se tenait Edel, l'amie marionnette d'Ahiru.

- Edel ! s'écria Tutu.

- C'est toi qui nous as guidés ? fit Mytho.

Tutu éclata en sanglots.

- Pourquoi ?

La voix d'Edel s'éleva dans les airs, sereine.

- Une marionnette a voulu imiter les humains et leurs sentiments.

- Edel !

- Toi qui pleures, ries et te fâches si franchement, je t'enviais peut-être. Mais je n'ai pas de regret. Donc, ne pleure pas.

- Je ne peux pas, fit Tutu en sanglotant de plus belle. Mes larmes ne tarissent pas.

Je ne pouvais que donner raison à Edel : s'il y avait quelqu'un capable de redonner ses sentiments au Prince, c'était bien cette fille qui était une mine ouverte de sentiments à elle toute seule. Le reste des paroles d'Edel me confirma dans cette idée.

- Je voudrais finir en voyant Tutu danser avec le Prince.

- Finir ?

- Je t'en prie. Danse un pas de deux avec le Prince.

Le Prince et sa Princesse étaient destinés l'un à l'autre ; même cette marionnette l'avait compris. Tout ce que je pouvais faire, c'était leur céder la place pour leur danse et attendre qu'ils aient de nouveau besoin de moi. Je m'écartai avec bonne grâce.

La main de Mytho me retint avant que j'aie pu m'éloigner assez. Je lui jetai un regard curieux.

- Mytho ?

- Reste là, dit-il. Je vais danser avec Tutu puisque tel est le vœu d'Edel, mais n'en profite pas pour t'en aller.

- Comment le pourrais-je ? Je suis ton chevalier. Je resterai à tes côtés quoi qu'il arrive.

Il finit par me lâcher la main et la tendit à Tutu à la place.

- Princesse Tutu. Dansons.

Tutu le suivit dans cet ultime pas de deux en hommage à Edel. Moi, je restais dans mon coin et tentais de remettre de l'ordre dans mon esprit. Mytho et Tutu étaient ensemble, mais j'avais l'impression que ce n'était pas tout. Pourquoi Mytho m'avait-il tenu la main durant tout le chemin alors que sa Princesse était à côté de lui ? Et pourquoi leur danse, bien qu'émouvante, ne semblait-elle pas refléter le moindre sentiment de passion, mais plutôt une affection sincère quoique modérée ? C'était à n'y plus rien comprendre. Le Prince devait finir avec sa Princesse, c'était la fin inéluctable de tout conte.

Le feu finit de se consumer. Je vis Tutu faire la révérence à Mytho avant de s'en aller à pas feutrés.

- Qu'est-ce que tu fais ? Elle est partie !

Mytho se tourna vers moi.

- Je sais. Elle m'a promis de m'aider à retrouver les fragments de cœur qui restent.

Je serrai mon poing sur la poitrine.

- Il y en a un que tu peux récupérer dès à présent.

Tout sourires, mon Prince m'enlaça pour m'entraîner dans une autre danse. Ses yeux ne quittaient pas les miens.

- Non. Je te l'ai dit, il est à toi.

- Pourtant...

Mytho ne me laissa pas le temps de protester encore.

Comme beaucoup d'histoires, celle-ci se termina sur un baiser.

pairing: pr.tutu - fakir/mytho, #thème 16, fandom: princess tutu

Previous post Next post
Up