Titre : Quand tu danses
Auteur : Mokoshna
Couple : Fakir/Mytho
Fandom : Princess Tutu
Rating : PG-13
Thème : 21. Violence ; pillage ; extorsion
Disclaimer : Princess Tutu est la propriété de HAL Filmaker et de Ikuko Itô.
Avertissements : Spoilers de toute la série, Yaoi, UA.
Chapitre 1 -
Chapitre 2 -
Chapitre 3 -
Chapitre 4 -
Chapitre 5 -
Chapitre 6 -
Chapitre 7 -
Chapitre 8 -
Chapitre 9 o-o-o
10
Inversement
Je passais la journée à errer dans la ville, le coeur agité de doutes et de questions. Mytho m'avait rejeté ; Mytho n'avait plus besoin de moi. Moi qui l'aimais plus que de raison, je n'avais plus aucun espoir auquel me raccrocher, puisqu'il avait choisi sa princesse et que je n'étais même plus digne d'être son chevalier.
À force de tourner en rond, je me rendis compte que j'avais peur. Peur de quoi ? De perdre Mytho ? C'était déjà fait !
Mes pas me menèrent finalement chez l'antiquaire qui détenait la version originale du conte. Je la consultais comme un fou, cherchant dans ces mots écrits il y a déjà longtemps un indice qui m'indiquerait la voie à suivre.
- Pourquoi devrais-je avoir peur ? fis-je à voix haute tout en tournant les pages. C'est ridicule !
Mytho n'était déjà plus à moi, après tout ; je n'avais plus rien à craindre d'autre. Mon coeur était déjà meurtri.
- Le Prince et le Corbeau. C'est l'histoire de Mytho qui est écrite ici. Le Prince a pour destin de vouloir protéger tous les faibles au point d'en perdre son coeur. C'est tout.
Une voix douce se fit alors entendre au moment où je tournai la page.
- Le bonheur à qui accepte son destin ! La gloire à qui désobéit à son destin !
Une main fine m'aida à passer au chapitre suivant. Elle appartenait à une femme étrange que je crus reconnaître sans pouvoir lui donner de nom.
- Tu es...
- L'histoire continue, dit-elle. L'histoire vit.
Je baissai les yeux vers la page qu'elle m'avait ouverte. On y voyait le dessin d'un chevalier en armure coupé en deux par la serre géante d'un corbeau. La blessure se trouvait exactement au même endroit que ma cicatrice.
- Tu veux dire que tel est mon destin ?
- C'est triste pour Rue, pour Mytho ou pour Ahiru ? dit cette femme en me regardant attentivement. Ou bien...
Surpris, je levai les yeux vers elle : elle avait disparu.
Ses derniers mots me hantèrent longtemps.
En plus de lui avoir cédé mon coeur, devais-je aussi perdre la vie pour mon Prince ?
x
Sur le retour, je ne cessais de penser à Mytho. Tout ce qu'il avait dit jusque-là. Quand, à la fenêtre de notre chambre, il m'avait avoué qu'il éprouvait des choses différentes pour Rue, Tutu et moi. M'étais-je fait des idées ? J'avais eu l'impression qu'il s'était ouvert à moi, qu'il m'avait dit qu'il m'aimait, quelque part... Et les moments d'intimité que nous avions partagé, signifiaient-ils donc si peu à ses yeux ?
- Mytho devient un Mytho que je ne connais pas, me dis-je en passant devant la pizzeria de la place.
Je m'arrêtai un moment, le coeur lourd. C'est alors que j'entendis la voix de M. Chat dire :
- On n'y peut rien. Nos façons de penser divergent trop.
Sans que je sache comment, il avait réussi à obtenir un rendez-vous avec Mlle Chèvre qui enseignait dans notre école. Pourtant, il ne semblait pas très ravi par cette perspective et l'atmosphère était assez tendue. Je les vis mordre dans leur nourriture : M. Chat dans un morceau de pizza, Mlle Chèvre dans le menu en papier.
- Nos goûts alimentaires sont totalement différents, soupira M. Chat. Donc, je ne peux pas vous épouser.
Il se leva d'un bond, le visage contracté par son enthousiasme habituel.
- Et ma volonté ne changera pas !
- Ma volonté ? répétai-je après lui.
Quelle était déjà ma volonté ? Pourquoi continuais-je malgré tout ?
- Avez-vous compris, Mlle Chèvre ? finit M. Chat en prenant les mains de Mlle Chèvre.
La pauvre femme était en larmes mais elle hocha néanmoins la tête en bêlant.
Moi aussi, j'avais compris.
Plus tard, je vis les corbeaux tourbillonner au-dessus de l'école, et sans plus douter, je m'y précipitai.
J'étais le chevalier de Mytho. Peu importe s'il ne m'aimait pas ; peu importe si mon coeur était blessé. Je devais le protéger coûte que coûte.
Je devais lui retirer son coeur.
x
J'avais bondis à travers la fenêtre pour surprendre Krähe et l'empêcher de s'attaquer à mon Prince. Elle s'enfuit dans une gerbe se plumes noires, me laissant seul avec Mytho et Tutu. Un morceau de verre brisé à la main, je me tournais vers eux.
- Princesse Tutu, comptes-tu toujours lui rendre son coeur ?
- Oui, parce que tel est le souhait du Prince. Tu veux encore briser son coeur ?
Les débris de verre qui craquelaient sous mes pieds me firent penser à mon propre coeur qui se déchirait à la vue de Mytho.
- Et quand bien même ? dis-je.
- Je te l'interdis !
- Alors tu me tueras ?
Le visage de Tutu se figea d'horreur. Je n'étais qu'à quelques centimètres d'elle ; je pouvais d'un geste lui transpercer le coeur.
- Le pourras-tu ?
- Non...
Quelle farce ! Moi qui aimais Mytho, j'aurais tué pour son bonheur, pour lui ! J'étais si énervé que je brandis le verre coupant et m'en servis pour tenter de l'égorger. Mytho s'interposa.
- Arrête !
- Pourquoi ne tues-tu pas le Corbeau ? hurlai-je. Lui rendre son coeur ne le sauvera pas !
- Fakir ! s'écria Mytho en me retenant de ses maigres forces.
Pourquoi ? Pourquoi l'avait-il choisie, elle ? J'étais prêt à toutes les extrémités pour lui, à toutes les vilenies ! Qu'importait un sacrifice ou deux en échange de la vie de mon Prince ? Tutu était clouée sur place.
- Mais Krähe souffrait...
- Justement, c'était l'occasion ! Je peux la tuer ! Au besoin, je peux te tuer aussi !
- Tutu, fuis !
Je la haïssais ! Je les haïssais tous pour avoir éloigné mon Prince de moi, et surtout je me haïssais pour n'avoir pas pu obtenir son amour !
Tutu s'en alla en courant. Je ne la suivais pas, car Mytho m'enlaçait solidement.
- Pourquoi m'empêches-tu de retrouver mon coeur ? chuchota-t-il à mon oreille.
- T'empêcher ?
- Je veux retrouver mon coeur ! Quel que soit le destin qui m'attend, je...
Pourquoi, Mytho ? Pourquoi cela ne pouvait-il pas être moi ?
- Fakir, tu trembles ? dit-il soudain. Pourquoi ?
J'eus l'impression de revenir au matin où Mytho m'avait demandé ce qu'il éprouvait pour moi. Mi-riant mi-pleurant, je dis :
- Idiot.
- Pourquoi, Fakir ?
- Je t'aime, tu sais. Et toi, tu...
Je me pris la tête entre les mains. Ne pouvais-tu donc pas m'épargner un peu, Mytho ? Mon coeur était sur le point d'exploser.
- Je pourrais te prendre de force, fis-je sans oser le regarder. Je pourrais t'extorquer cet amour que tu me refuses, mais ce ne serait pas réel, n'est-ce pas ? Rien ne serait vrai. Que tu es cruel !
Mytho me fixa sans comprendre, mon Prince sans coeur qui me faisait tant souffrir.
- Fakir.
- Je t'aime, répétai-je.
- Pardon.
Évidemment, cela ne signifiait rien pour lui. Juste des mots en l'air qui ne l'atteignaient pas. J'étais le seul à souffrir.
- Pardon, répéta Mytho.
Sans prévenir, il m'embrassa. Je le repoussai.
- Pourquoi ?
- Pardon.
Il recommença. J'étais confus : s'il ne m'aimait pas, pourquoi continuait-il à me témoigner ces gestes d'affection ? Ses bras entourèrent mon cou et je le laissai finalement m'embrasser comme il le voulait. Ses lèvres étaient sèches.
- Pardon, dit-il entre deux baisers.
Était-ce sa manière à lui de s'excuser ? Pensait-il vraiment qu'en s'offrant à moi, il recollerait les morceaux épars de mon coeur ?
- Ça suffit, dis-je en le repoussant. Je ne veux pas de ça.
Mes genoux tremblaient ; mon corps entier était agité de spasmes. Mytho me caressa la joue.
- Fakir.
- Ne te force pas, dis-je en évitant son regard.
- Non.
- Tu n'es pas obligé de faire ça. Je te pardonne.
- Non !
Il semblait perdu, mon pauvre Prince. Je le pris en pitié.
- Que veux-tu de moi ? Je t'aime. Je t'aimerai même si tu m'abandonnes, mais je ne laisserai personne nous séparer. Ne te force pas.
- Je... Fakir, je...
Je sentis avec surprise son érection sur ma cuisse. À quoi pensais-tu donc, Mytho ?
- Quoi ? ricanai-je. Tu veux que nous fassions l'amour ? Ici ?
C'était une mauvaise idée. Outre qu'il y avait une fille inconsciente non loin de nous qui pouvait se réveiller à tout moment, Mytho et moi étions trop bouleversés pour que cela nous fît le moindre bien.
- Je veux...
- Tu veux ?
Tout se passa si vite ! Mytho me jeta un étrange regard puis, avant même que j'aie pu comprendre ce qui arrivait, il me plaqua à terre.
- Je n'arrête pas de penser à toi depuis tout à l'heure, dit-il. C'est comme si j'étais obsédé.
- Obsédé ? Tu as récupéré un nouveau sentiment, non ? Est-ce que par hasard...
Je n'eus pas le temps de continuer puisque mon Prince m'embrassa à pleine bouche. Ses mains tremblaient, ses mouvements étaient saccadés, pourtant il réussit à m'arracher ma veste avant que je puisse l'arrêter.
- Mytho, dis-je, un peu effrayé. Tu n'es pas dans ton état normal !
- Je te veux.
Si envoûtants étaient les yeux de mon Prince ! Je restai sans voix et sans force ; Mytho en profita pour ôter les vêtements qui me restaient tout en continuant ses caresses.
- Mytho, chuchotai-je mollement. Je t'aime.
- Pardon.
Ce fut le seul signal qu'il me donna. J'étais nu sur le sol ; il se tenait au-dessus de moi, si beau, si beau ! Que j'en oubliais qui j'étais.
Son sexe me pénétra doucement, doucement. Je n'avais pas mal mais cela ne m'empêcha pas de pleurer.
- Fakir, répétait-il pour me détendre. Fakir.
Ni violence, ni supplice ; j'étais heureux.
Mytho ne me quitta pas des yeux une seule fois.
x
Je pris soin de ne pas croiser le regard de Mytho en me rhabillant. Mon dos me faisait mal mais je m'en souciais peu. Mytho n'avait pas dit un mot.
- Je pars devant, dis-je sur mon ton habituel. Rentre au dortoir. J'ai encore des choses à régler.
- Bien, dit-il.
Rien ne semblait avoir changé entre nous. Je pouvais sentir le sperme de Mytho couler le long de mes cuisses.
- Je ne dois plus y penser, me dis-je. C'était une erreur.
Ni Mytho ni moi n'avions été dans notre état normal. Mytho ne m'aimait pas ; il avait seulement été envahi par le sentiment qu'il venait de récupérer. Je n'étais pas en état de le blâmer.
Sur les escaliers qui menaient à l'entrée de la salle, un médaillon brillait.
À suivre dans le prochain thème...