Titre : Quand tu danses
Auteur : Mokoshna
Couple : Fakir/Mytho
Fandom : Princess Tutu
Rating : PG
Thème : 29.Le bruit des vagues
Disclaimer : Princess Tutu est la propriété de HAL Filmaker et de Ikuko Itô.
Avertissements : Spoilers de toute la série, Yaoi, UA.
Notes de l'auteur : Étant donné la fin de l'anime, cette fic est forcément UA parce qu'il paraît qu'il faut juste un couple (ménage à trois et au-delà exclus. Dommage, j'aurais bien vu un ménage à quatre, mais bon...).
Le titre n'est pas le plus original du monde, mais il s'agit de celui d'une chanson de Jean-Jacques Goldman que j'adore et dont les paroles pourraient servir de thème à tous ceux qui aiment le Prince.
Pour faire encore plus original, je vais reprendre les thèmes à partir du dernier pour en faire une sorte de mini-série. Oui, cela va encore faire une série à trente chapitres, même s'ils seront probablement très courts.
o-o-o
2
Le bruit des vagues
Mytho mit du temps à se rétablir. Pendant qu'il se reposait dans on lit, je lui apportais des jeux, des histoires, quelques morceaux de mon univers qu'il acceptait sans question et sans émotion, tel l'être sans passion qu'il était. J'en étais ravi : ainsi, il ne penserait même plus à sortir, là où le danger le guettait à chaque coin de rue, là où des innocents avaient sans nul doute besoin d'un prince pour les défendre...
Charon me laissait faire sans me disputer, mais je voyais dans son regard de l'inquiétude, une once de répugnance. Regrettait-il d'avoir recueilli Mytho ? En tout cas, il ne m'en parla jamais et le soigna avec toute l'attention qu'il m'aurait dédiée, à moi son fils. Mytho reprenait des forces et des couleurs. Je l'aimais chaque jour un peu plus, mon Mytho, mon fardeau.
- Charon ?
La voix douce de Rachel retentit dans la maison. Je descendis l'escalier quatre à quatre, ravi de cette visite. Rachel était une jeune fille du voisinage qui était en excellents termes avec Charon. Je la considérais un peu comme une soeur, et elle me le rendait bien puisqu'elle ne manquait jamais de m'apporter des douceurs ou des histoires à chaque visite. Elle avait aussi beaucoup d'amitié pour Mytho, ce qui n'était pas étonnant : tout le monde aimait Mytho.
- Bonjour, Fakir, dit-elle en me voyant. Charon est là ?
Rachel portait un plein panier de pommes rouges qu'elle me tendit avec le sourire. Je secouai la tête.
- Non, il est parti faire des courses pour la boutique. C'est pour nous ces pommes ?
- Elles viennent de mon jardin. Comme on a eu une excellente production cette année, maman m'a dit que je pouvais vous en apporter.
- C'est gentil.
- Mytho est là ?
- Il se repose. Tu veux attendre Charon ? Il ne devrait pas tarder.
Rachel défit son châle tandis que je plaçais les pommes dans la cuisine. Puis je la rejoignais, une théière à la main.
- Il est encore chaud, dis-je en la servant. Je viens d'en préparer pour Mytho.
- Toujours aussi attentionné, à ce que je vois. Mytho a beaucoup de chance d'avoir un ami tel que toi.
Je me forçai à sourire, mais ce compliment ne me touchait plus guère. Plus que jamais, je sentis peser sur moi tout le poids de nos existences, à Mytho et à moi. J'avais décidé de lui dédier ma vie, à lui qui était si peu concerné par la sienne. Rachel sembla remarquer mon trouble puisqu'elle se plongea dans sa tasse de thé et resta silencieuse durant plusieurs minutes. Je touchai à peine au mien.
- J'ai un cadeau pour toi et Mytho, dit-elle soudain.
- Encore ? Tu as apporté les pommes.
- Elles étaient de la part de ma mère pour vous trois. Celui-là est spécial. Tu te souviens de mon oncle, celui qui est marchand de curiosités ?
- Le monsieur avec la pipe rouge ?
- Lui-même. Il nous a rapporté tout un sac de coquillages venus tout droit de l'océan. J'en ai gardé un pour vous.
Rachel sortit de sa bourse un gros coquillage blanc en forme de corne. Je n'en avais jamais rencontré que dans les livres d'image ; sa vue me fit oublier tous mes soucis actuels. Je le pris dans mes mains avec émerveillement.
- Si tu le colles contre ton oreille, tu entendras la mer.
- C'est vrai ?
Ravi, je suivis son conseil... et ouvris des yeux ronds en entendant le bruit des vagues cogner contre mon oreille.
- C'est génial ! Je vais le faire écouter à Mytho !
Rachel me sourit.
- Vas-y. Pendant ce temps, je vais voir si je ne peux pas préparer une tarte pour le retour de Charon.
- Tu sais où se trouvent les ustensiles, dis-je en montant quatre à quatre les marches. Mytho ! Regarde ce que Rachel a ramené !
J'ouvris la porte de sa chambre à la volée... et me figeai d'horreur devant le spectacle qui m'attendait. Durant le quart d'heure où je l'avais laissé seul, Mytho s'était levé, avait vu un chat miauler de détresse du haut de l'arbre qui se trouvait près de la fenêtre, et sans respecter la promesse qu'il m'avait faite, il avait grimpé sur le rebord de la fenêtre pour tenter de sauver la pauvre bête terrorisée. Je me précipitai pour le rattraper, jetant à terre le coquillage fragile qui se brisa en mille morceaux.
- Mytho ! Redescend !
Son pied glissa, et je hurlai de toutes mes forces en forçant mes muscles à se tendre au maximum. Ce fut juste : une seconde plus tard, et il aurait chuté dans le vide. Encore une fois.
- Fakir ? Qu'est-ce qui se passe ? fit la voix paniquée de Rachel.
Je l'entendis à travers un rêve monter l'escalier et s'approcher de nous. Écroulé par terre, je serrai Mytho de toutes mes forces en pleurant et criant à la fois. Je ne sus quels propos décousus je tins ; lorsque la raison me revint, j'étais dans le lit de Mytho, perdu dans ses bras. Je maudis ma faiblesse.
- Fakir ? fit Charon qui nous veillait.
Je lui fis un faible sourire. Charon me serra contre lui.
- Tu as fait une sacrée frayeur à Rachel. Ne recommence pas, veux-tu ?
- Mytho ? Comment va-t-il ?
Charon soupira et me relâcha.
- Bien. Il n'a pas quitté le lit depuis que je vous y ai mis, et il a fini par s'endormir.
- Il y avait un chat...
- Je sais. Je l'ai fait redescendre. Sa jeune maîtresse a été très heureuse de le récupérer.
- Tant mieux.
Le visage de Charon prit un air sombre.
- Fakir, ça ne peut pas continuer. Tu ne peux pas passer ta vie à courir après Mytho !
- Je suis son chevalier, fis-je avec obstination.
Charon ne répondit pas, mais je vis bien qu'il faisait des efforts pour ne pas lâcher sa colère. Je décidai de l'ignorer malgré l'accès de culpabilité qui me traversa. J'avais pris ma décision quant à mon avenir. Il serait lié à celui de Mytho. Personne ne pourrait m'en détourner, pas même Charon.
- Il y avait un coquillage, dis-je pour tenter de changer de sujet. Rachel nous l'avait amené.
- Je l'ai trouvé en morceaux à l'entrée de la chambre. Rachel a tout jeté à la poubelle.
- Ah. Dommage, j'aurais voulu le montrer à Mytho.
En morceaux. Comme le coeur de Mytho. Comme ma vie.
- Le bruit des vagues est pourtant si joli, murmurai-je. Mais connaissant Mytho, il aurait fait : « Peut-être », sans sourire, et il aurait tout oublié la seconde suivante. Il a bien oublié que je lui avais dit de ne plus sauver personne.
- Tu ne peux pas le changer, dit Charon. Il est le Prince sans coeur.
Je me mordis la lèvre inférieure avec rage. Qu'il était loin, le baiser que je lui avais donné ! Ses lèvres avaient été si douces et son regard, si vide ! Je détestais l'état dans lequel il se trouvait, mais plus que tout, je me détestais d'être un si piètre chevalier. Il fallait que je devienne plus fort et que je le garde plus près de moi encore. Je devais supprimer totalement ses instincts de prince.
- Il est le Prince, répéta Charon. Né prince, il mourra prince.
- Pas si je peux l'en empêcher, fis-je entre les dents.
Triste mais résigné, Charon me caressa la tête.
Et dans son lit, beau et indifférent, Mytho dormait.
À suivre dans le prochain thème...