Titre : Quand tu danses
Auteur : Mokoshna
Couple : Fakir/Mytho
Fandom : Princess Tutu
Rating : PG
Thème : 26.Si seulement tu étais à moi
Disclaimer : Princess Tutu est la propriété de HAL Filmaker et de Ikuko Itô.
Avertissements : Spoilers de toute la série, Yaoi, UA.
Notes de l'auteur : Désolée pour le retard ! On arrive enfin aux épisodes de l'anime, l'histoire ne devrait pas tarder à se détacher de l'original.
Bonne lecture !
Chapitre 1 -
Chapitre 2 -
Chapitre 3 -
Chapitre 4 o-o-o
5
La mélancolie du chevalier
Plus que son silence, plus que sa froideur, c'étaient les rares moments où Mytho faisait preuve d'humanité qui me brisaient le coeur. Quand il m'avait sauvé de ma chute dans la rivière et quand il m'avait embrassé pour me donner le médicament. Je savais pertinemment que cela n'était pas une preuve, mais malgré moi, j'adorais ces instants ambigus qui me faisaient regretter son absence de coeur, le manque de chaleur de sa voix et de ses yeux. Mytho, mon Prince.
J'étais un chevalier, pas une princesse. Depuis que j'avais surpris Mytho en train de danser avec Rue, je ne cessais de repenser au beau couple qu'ils faisaient et cela me déprimait. J'étais un chevalier, pas une princesse. Les chevaliers laissent les princes se marier avec leur princesse, ils ne désirent pas prendre la place de... de qui, d'ailleurs ? J'étais un chevalier. Le chevalier du prince.
- Si seulement tu étais à moi, murmurai-je dans un demi-songe en repensant aux yeux de Mytho.
Je sursautai. Qu'avais-je dit ? Mytho, à moi ? C'était absurde. Le Prince était à tout le monde. Le Prince aimait tout le monde sans discrimination. De quel droit le chevalier pouvait-il espérer plus que ce qu'il avait déjà ? Son rôle était déjà décidé ; en changer aurait été une hérésie.
Seulement, je ne voulais plus que Mytho soit le Prince, juste un garçon ordinaire qui n'irait pas risquer sa vie à la moindre occasion. S'il n'était plus que Mytho, avais-je le droit de le voir comme... mien ?
- C'est ridicule, grognai-je à voix haute. Ressaisis-toi, Fakir.
La nouvelle de l'union de Mytho et de Rue avait déjà fait le tour de l'école. Les filles pleuraient et les garçons enviaient Mytho, sans lui en vouloir car il était impossible de le détester. Moi, je ne savais quoi penser, j'étais perdu dans mes propres sentiments. Comme j'aurais voulu que l'on m'arrache aussi le coeur ! Je les voyais ensemble, et cela me faisait mal.
Il fut convenu, selon un accord tacite entre Rue et moi, que nous partagerions le temps libre de Mytho entre nous. Tant que je ne piétinais pas ses plates-bandes, elle nous laissait en paix quand je le disputais à propos des actes inconscients qu'il faisait : sauver un chat sur le point d'être écrasé en se jetant sous les roues d'une charrette, se précipiter dans une mêlée entre des chiens féroces et un oiseau... Même avec cela, il ne cessait de se mettre en danger, tout ça pour s'excuser quand je le grondais.
Dans ces conditions, à quoi pouvais-je servir ? Où était ma place, à moi Fakir ?
x
Un beau jour, sans prévenir, Mytho plaqua Rue pour une intrigante du nom de Fourmilie, juste parce que celle-ci le lui avait demandé. Quel être cruel il était, mon Mytho ! Il n'y avait personne qu'il aimait au-dessus des autres, alors il ne faisait aucune distinction entre une fille et la suivante. Il lui suffisait de lui donner un ordre et il s'exécutait. Au fond de moi, j'en étais peiné mais aussi un peu heureux, d'une certaine manière : si personne ne pouvait prendre la première place dans son coeur, j'étais bien libre de rester à ses côtés pour toujours sans que cela inspirât interrogation ou dégoût. Il ne pouvait être mien, mais il n'était à personne d'autre non plus.
Je trouvai Mytho seul dans l'un des nombreux couloirs qui menaient au parc. Il regardait au loin, sans direction précise, sans intérêt.
- Tu as plaqué Rue ? demandai-je, les mains dans les poches et le coeur dans les talons. Tu es vraiment sans coeur !
- Tu trouves ?
- Comme tu ignores les sentiments, tu agis comme ça, froidement.
- Pardon.
- Idiot. C'est mieux ainsi.
Mieux pour qui ? Pour Mytho ? Pour Rue et Fourmilie ? Ou pour moi ?
L'histoire ne s'arrêta pas là. Fourmilie défia publiquement Rue dans un pas-de-deux avec Mytho. Je restai à l'écart sans me manifester, pourtant plusieurs fois je fus tenté d'intervenir en la voyant soulever Mytho comme un simple fétu de paille. Ce porté, j'étais le seul à pouvoir le faire ! De quel droit cette étrangère se permettait-elle de mettre la main sur mon Mytho ?
Je ris sous cape. Ma possessivité avait pris des proportions inquiétantes.
Rue invita une fille quelconque dans l'assemblée, que je reconnus vaguement comme étant celle que Mytho avait secouru l'autre jour. Sa partenaire fut si nulle qu'elle sut à peine où mettre les pieds ; pourtant, leur danse à elles était plus vivante, plus sincère que les pas mécaniques et sans âme qu'avaient faits Mytho et Fourmilie. Un peu par amusement et beaucoup par dépit, je les applaudis et Mytho m'imita. Bientôt, toute la salle nous suivit. Fourmilie s'en alla humiliée. J'étais satisfait.
Quelle erreur ! J'étais persuadé que Foumilie irait se terrer dans un coin après sa défaite. Puis, à la fin des cours, je m'aperçus que Mytho avait disparu. Une élève m'informa qu'il s'était dirigé vers le kiosque à musique avec Fourmilie. Je m'y rendis en pestant. Finies les disputes et les rivalités ; je n'avais aucunement l'intention de laisser ces femmes se servir de Mytho pour leur pathétique querelle de ballerines. Si pour cela je devais séparer Mytho pour le rendre à Rue, eh bien ! Je le ferais.
- Mytho !
Avant même d'arriver au kiosque, je le vis, mon Mytho, mon Prince. Il s'écroula en poussant un gémissement. Je me jetai vers lui et le rattrapai de justesse.
- Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je. Mytho !
- Quel est donc ce sentiment ?
- Sentiment ?
Il tenait ses mains jointes sur le coeur, mon Mytho. Son regard fut voilé, l'espace d'une seconde qui parut durer une éternité. Il s'agrippa à moi.
- Ramène-moi, murmura-t-il.
- Mytho...
- Je t'en prie, Fakir !
C'était la première fois qu'il me suppliait de quoi que ce soit. J'en étais bouleversé.
- On va rentrer, fis-je en le soutenant.
Le retour fut long et pénible. Je réussis à éviter les zones fréquentées ; nous parvînmes bientôt à notre chambre. Je refermai la porte derrière moi et l'allongeai sur son lit.
- Embrasse-moi, fit Mytho contre mon oreille en me tirant à lui.
- Quoi ?
- Je me sens si humilié, ajouta-t-il. Comme si on m'avait traîné dans la boue.
Je le serrai contre moi, troublé et indécis. Il leva la tête et m'embrassa, mon Mytho, ma malédiction. Ses lèvres étaient froides et dures.
Puis son regard reprit le même air vide que d'ordinaire. La tempête était passée ; sans plus de façons, il s'endormit dans mes bras.
Dans mes bras, mais jamais tout à fait à moi. C'était mon seul regret et ma seule consolation. Pourquoi avait-il fallu qu'il réagisse de la sorte ?
- Sans coeur, fis-je dans un souffle. Tu nous laisses espérer puis nous mets de côté comme des jouets qui ne t'intéressent plus. Tu es vraiment cruel, mon Mytho.
Pourtant, je n'aurais voulu qu'il change pour rien au monde, car c'était le seul espoir que j'avais de pouvoir rester avec lui. Ainsi, je lui étais indispensable.
J'étais son fidèle chevalier. Je savais où était ma place.
À suivre dans le prochain thème...