Titre : Quand tu danses
Auteur : Mokoshna
Couple : Fakir/Mytho
Fandom : Princess Tutu
Rating : PG
Thème : 17.kHz
Disclaimer : Princess Tutu est la propriété de HAL Filmaker et de Ikuko Itô.
Avertissements : Spoilers de toute la série, Yaoi, UA.
Notes de l'auteur : Pardon pour ce retard phénoménal ! Mais juré, je finirai cette série de thèmes !
Je dis sans doute n'importe quoi ou de manière maladroite dans le premier paragraphe. Que ceux qui connaissent plus de notions de physique que moi ne m'en tiennent pas rigueur : je n'avais absolument pas d'autre idée pour introduire le thème de ce chapitre.
Chapitre 1 -
Chapitre 2 -
Chapitre 3 -
Chapitre 4 -
Chapitre 5 -
Chapitre 6 -
Chapitre 7 -
Chapitre 8 -
Chapitre 9 -
Chapitre 10 -
Chapitre 11 -
Chapitre 12 -
Chapitre 13 o-o-o
14
Princesse et chevalier
Je me réveillai meurtri, seul, sans Mytho. La princesse Tutu me veillait, penchée sur le lit de mon Prince ; une prise de position que je ressentis comme une injure, mais sans avoir le cœur de lui en vouloir. C'était comme si tout mon ressentiment, toute mon amertume avaient disparu avec Mytho ; un sentiment bien étrange en vérité. Gagnais-je en maturité ou avais-je définitivement abandonné tout espoir de concrétiser mon amour ? Mytho m'avait bien fait comprendre qu'il avait choisi Tutu, après tout. C'était comme les airs de musique que me jouais Rachel sur sa flute : quand elle soufflait avec modération, une mélodie composée de notes harmonieuses s'élevait dans les airs. Trop fort, cela vrillait les tympans, c'était douloureux ; cette douleur, je l'avais ressentie il n'y avait pas si longtemps. Mais d'après ce que m'avait expliqué Charon, à partir d'une certaine fréquence, quand les kilohertz s'ajoutaient en trop grand nombre, il était possible de ne plus rien entendre, car alors le son passait sur une fréquence qui n'était plus audible par l'oreille humaine. Peut-être était-ce ce qui m'arrivait : j'avais été tellement assommé de douleur que je ne ressentais plus rien, à présent. La fréquence était trop grande pour moi.
Je détournai mon esprit de ces pensées déprimantes. Il y avait bien plus important à faire : chercher Mytho que Krähe nous avait enlevé. Même si je ne désirais pas vraiment m'associer avec elle, je n'avais d'autre choix que d'aller avec Tutu. Qu'aurais-je pu faire d'autre, avec mes maigres forces ? Elle avait beau être maladroite, cette Ahiru disposait de pouvoirs qui dépassaient les miens. Plus que moi, elle méritait le Prince.
Après moult errances dans la ville, nous finîmes par trouver Krähe, ou plutôt Rue. Que j'avais eu raison de me méfier d'elle dès le début ! Elle était en réalité cette Princesse Krähe que nous redoutions. Elle nous asséna à chacun une lourde vérité, à Ahiru et à moi. J'étais la réincarnation d'un chevalier inutile qui avait été terrassé par l'ennemi du Prince avant d'avoir pu porter un seul coup. Tutu était une jeune fille au rôle insignifiant qui ne méritait pas sa place dans l'histoire. Quelle humiliation ! Après s'être moquée de nous, Krähe s'empara de l'épée du Prince et disparut de nouveau.
Peu après, nous rencontrâmes Edel qui nous conduisit à l'entrée du repaire où Krähe avait emmené mon Prince. Ahiru semblait énormément tenir à elle malgré son statut de marionnette, qu'elle nous révéla sans sourciller. Cela ne me concernait pas : une fois mon Prince délivré et Krähe mise hors d'état de nuire, il serait bien temps de songer au reste. Qu'allais-je devenir ? Mytho et Ahiru finiraient ensemble, sans aucun doute : c'était là le destin des princes et des princesses. Le chevalier n'avait pas sa place, à plus forte raison s'il était amoureux fou du prince. Edel nous montra une porte dérobée menant à une grotte. Il était temps d'aller sauver Mytho.
Qu'il était long, ce chemin menant sous terre ! Un immense précipice qui s'enfonçait loin, loin dans le sol, bien en-dessous de la ville. De quand datait-il ? Le chemin était creusé à même la roche, ce qui voulait dire que d'autres avant nous l'avaient emprunté.
Ahiru me suivait tandis que je menais la marche. Plus d'une fois, je fus surpris par mon manque de grâce, la facilité avec laquelle elle trébuchait sur le moindre bout de roc qui dépassait ou se cognait sur tout obstacle qui se mettait sur sa route. Dire que cette fille était la Princesse Tutu ! N'aurais-je pas assisté à sa transformation, j'aurais eu peine à le croire.
Nous marchâmes longtemps, longtemps. Au bout d'un moment, Ahiru rompit le silence.
- Dis, Fakir !
- Quoi ? fis-je, exaspéré.
- Non, rien du tout.
- Si tu ne veux pas le dire, il ne faut pas l'ouvrir !
Qu'est-ce que Mytho trouvait à cette fille sans charme ?
- Ah, ce n'est pas ça. Je ne pense pas que tu sois un chevalier raté.
Se moquait-elle de moi ?
- Que veux-tu dire ?
- Ben, rien de particulier. Je te trouvais désagréable au début mais maintenant, je crois te comprendre un peu.
- Je te préviens, je ne compte pas m'allier avec toi. Je sauverai Mytho moi-même, c'est tout !
- Oui. Je sais.
Ses yeux ne cessaient d'aller d'un point à un autre. Elle tourna autour du pot jusqu'à ce que je lui demande de ne plus le faire.
- Pour être franche, dit-elle alors que je l'aidais à descendre d'une hauteur, je n'ai jamais réfléchi aux qualités de Mytho. La première fois que je l'ai vu, je l'ai juste trouvé très beau. Et en le regardant bien, ses yeux étaient si tristes que j'ai voulu faire quelque chose pour lui en devenant la Princesse Tutu. Il ne s'agissait vraiment que de ça au début.
Comme c'était étrange ! Tout ce que cette fille disait, j'aurais pu le dire moi-même. La beauté et la grâce de Mytho étaient ce qui m'avait attiré chez lui tout d'abord. Sa tristesse, toute la mélancolie qui se dégageait de son être m'avaient touché à un tel point que je m'étais juré de tout faire pour l'aider, comme Ahiru. Nous n'étions pas si différents, sur ce point : Mytho nous avait charmés dès notre première rencontre. Nous ne pouvions le laisser seul. Et maintenant que j'avais goûté à ses baisers, il m'était impossible de penser à tout autre que lui.
- Mais maintenant, je...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase : nous fûmes attaqués par un groupe de corbeaux qui nous fit tomber dans le vide. Que de choses arrivèrent alors ! Je découvris la véritable identité d'Ahiru : celle de ce petit canard jaune que je voyais sans cesse, celui qui m'avait surpris dans une position si vulnérable au bord de l'étang. Elle avait entendu ma confession ! Que n'aurais-je pu revenir en arrière pour m'arracher la langue ! Je rougis, me cachai le visage, mais elle était déjà partie en expédition.
Grâce à ses talents de nageuse, elle trouva un passage sous l'eau qui menait à un lac caché au plus profond de la grotte. C'était sans doute là qu'était Mytho, me dit-elle. Nous nageâmes en silence, mais je ne cessais de repenser à toutes nos précédentes rencontres. Lorsque nous arrivâmes au bout du tunnel, je souriais malgré moi.
- Quoi ? demanda-t-elle, confuse.
Je sortis du lac, mon cœur lourd de la décision que je venais de prendre. Si cette fille n'était pas digne de gagner l'affection de Mytho, personne ne le pourrait. Je ne pouvais m'empêcher d'admirer sa force. Qu'un si petit canard ait eu le courage et l'audace d'aller aussi loin pour aider son Prince ! Moi, qu'avais-je à lui offrir à côté ?
- La Princesse Tutu est un canard, ris-je.
Elle me regarda avec de grands yeux teintés d'innocence.
- Je vais t'apprendre quelque chose. Quand j'étais gosse, j'ai lu Le Prince et le Corbeau à Mytho. Et il ne s'est alors intéressé ni à lui-même ou au Corbeau, mais à Tutu qui n'apparaissait que quelques lignes. Il m'a demandé plusieurs fois pourquoi Tutu disparaissait en particules de lumière. Il a souhaité retrouver son cœur parce que c'était Tutu qui devait le lui rendre.
- Pourtant Mytho s'est lui-même arraché le cœur...
- Il est comme ça. Il veut protéger les petits et les faibles. C'est son vœu le plus cher. Et il se moque de ce qui peut lui arriver. Il a beau avoir perdu son cœur, il n'a pas oublié ça. Il est comme ça.
Mon Mytho, mon Prince si beau et si pur. Plus je parlais et plus je me rendais compte à quel point mes exigences étaient vaines. Je n'étais pas fait pour lui ; à peine méritais-je le titre de chevalier, moi le garçon orgueilleux et impur qui lui avait fait tant de mal. Non, ce qu'il lui fallait, c'était cette fille aux attentions maladroites mais honnêtes et au cœur gonflé de gentillesse.
Ahiru me sourit, toute trempée qu'elle était.
- Mytho a beaucoup de chance de t'avoir près de lui, dit-elle d'une voix sereine.
- Tu parles.
- C'est vrai. Tu... tu resteras avec lui, n'est-ce pas ? Même si je ne suis plus là pour l'aider...
- Ne dis pas de bêtises, grognai-je en avançant. Les histoires sont faites pour être changées. Tu ne finiras pas comme dans le conte.
- Mais...
- Tu es la princesse qu'il a choisi. S'il pouvait laisser parler son cœur, c'est toi qui serais à ses côtés en ce moment-même, pas Krähe qui l'a pris de force. Crois-moi.
Ahiru me fit le plus doux des sourires.
- Je ne crois pas que c'est d'une princesse dont il a besoin.
Je secouai la tête.
- Bien sûr que si !
- Quelquefois, les princes ne finissent pas toujours avec les princesses.
- Avec qui veux-tu qu'ils finissent, alors ? fis-je sur un ton amer. Avec les sorcières ?
Ahiru me regarda comme si je lui avais avoué que j'avais l'intention de m'arracher le cœur, mais ne dit rien.
- Allons-y, fis-je d'une voix forte.
Elle mit un peu de temps avant de me répondre :
- Oui.
Nous marchâmes en silence cette fois. La grotte s'enfonçait encore ; nous trouvâmes un lac énorme au centre duquel un nid blanc gigantesque avait été aménagé. Un seul rai de lumière vive tombait sur le lit de roses qui s'y trouvait ; et allongé paisiblement en son sein, aussi beau qu'un ange, était Mytho.
Krähe apparut dans un tourbillon de plumes noires alors que nous nous précipitions vers lui. Ahiru se transforma aussitôt en Princesse Tutu.
- Je t'en prie, arrête ça !
- Tu as raison, finissons-en, clama Krähe avec un sourire pervers. Ici repose le sentiment d'amour du Prince, sa capacité d'aimer les gens et le monde entier. Il n'est encore à personne.
Ce disant, elle serra contre elle un écrin noir tout simple.
- Laquelle de nous deux ce fragment choisira-t-il ? Confronté à nos sentiments, vers laquelle ira-t-il ?
Elle le tendit bien en vue.
- Si le fragment te choisit, je te le rendrai, ainsi que Mytho. Alors, et si tu déclarais tes sentiments ? Allez, Princesse Tutu.
Krähe fit suivre ses mots d'un rire sinistre.
À suivre dans le prochain thème...