Titre : L’Émissaire (partie 8/15)
Auteur :
soleil_ambrienFandom : Neverwhere
Persos/Couple : Richard, le Marquis de Carabas, le lord Parle-Aux-Rats
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à Neil Gaiman.
Prompt : Richard apprend à vivre et non plus simplement survivre dans London Below... en s'inspirant plus qu'un peu de la technique du Marquis.
Notes : Début
ici. Héhéhé, j'en suis à la moitié ! =D
8. White City
Après avoir descendu des échelles rouillées et des escaliers de secours en colimaçon, ils atteignirent la station d’East Action.
Muni d’une assurance toute neuve (sans doute due à ses habits, qui l’étaient aussi), Richard voulait aller voir de suite le Peuple des Egouts, mais le Marquis lui apprit qu’il valait mieux attendre que la nuit soit tombée pour leur rendre visite. Lorsque Richard demanda pourquoi, il leva un premier doigt.
« Premièrement : le sulfure d’hydrogène.
-Le quoi ? répéta-t-il sans comprendre.
-Le gaz qui sent l’œuf pourri, simplifia Carabas. On en trouve en plus grande quantité dans les égouts pendant la journée.
-Mais ce n’est qu’une mauvaise odeur, non ? protesta-t-il. On pourrait le supporter, en se faisait un peu violence… »
Le Marquis le regarda avec commisération. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas pris avec lui cette attitude qui lui donnait un rôle de petit enfant ignorant, et il se sentit très vexé.
« C’est un gaz mortel, à hautes doses.
-Oh, émit-il, l’air bête.
-Deuxièmement, et cause du premièrement… » Il leva un second doigt. « Les fosses sceptiques. Pour appeler ça poliment. Le jour, elles nous arrivent au moins jusqu’à la taille. Alors que la nuit, on n’en a que jusqu’aux genoux, maximum. Ce qui est déjà assez désagréable, crois-moi. »
Ils échangèrent une grimace.
« Bien. Allons chercher les Parle-aux-Rats, alors. »
Ils parcoururent en silence plusieurs miles sous terre. Richard réalisa qu’ils se dirigeaient vers White City. On en voyait déjà les tours, au loin, même s’ils n’étaient pas encore dans la vallée proprement dite.
« Si cela ne te gêne pas, je préfèrerais qu’on n’entre pas dans cette cité, commenta Carabas. La ville ne m’aime pas vraiment. »
D’ordinaire, le Marquis pratiquait ce qu’il appelait le semi-mensonge. C’est-à-dire que d’un côté, il ne mentait pas vraiment, mais en même temps, il abusait un peu, quand même.
Dire que les gens de la Cité Blanche ne l’appréciaient pas beaucoup revenait à comparer la tuberculose à un vilain rhume. Toutefois, Richard semblait comprendre la vérité derrière la parade. Il avait toujours été dans le caractère de Richard de poser plein de questions, et depuis qu’il était tombé dans les failles, il n’arrêtait pas. Ici, en revanche, il en profita pour montrer qu’il avait très bien compris les raisons de la réticence du Marquis.
«La Cité Blanche pourrait ne pas être totalement enchantée de vous revoir dans ses remparts ? parodia-t-il, amusé.
-C’est à peu près cela, oui », acquiesça-t-il.
La retraite de la Cité Blanche avait coûté douze hommes au Comte, et au moins autant aux habitants de la ville, si ce n’était même plus. Inutile d’espérer de la clémence de leur part.
« Mais White City a rallié le Consortium, se souvint Richard, après un temps de réflexion. Porte nous l’a dit hier. »
Carabas esquissa un sourire sans joie.
« Ils ignoraient probablement que je travaillais pour elle. C’est sans doute pour cela qu’elle y est allée seule, d’ailleurs. »
Ils avancèrent de plus en plus dans les tunnels mal éclairés, qui débouchaient sur ce que Richard aurait appelé une clairière, s’ils avaient été à la surface. Ou plutôt une vallée.
La Cité Blanche se dressait devant eux, aussi transparente et aérienne que du verre soufflé. Ses murs brillaient d’une étrange lueur phosphorescente, qui éclairait le vaste espace souterrain où elle se trouvait. À ses alentours s’étendait un bidonville.
« Le domaine des Parle-aux-Rats, annonça sommairement le Marquis. Et il vaudrait mieux qu’on y reste.
-Pourtant, je croyais que j’avais déjà visité leur repaire, murmura-t-il d’un surpris.
-C’était juste l’une de leurs tanières parmi d’autres, corrigea son interlocuteur. Ils en ont plusieurs. En fait, ils sont un peu partout. »
Comme les rats, pensa Richard sans le dire.
Ils arrivèrent aux abords du bidonville, qui s’appuyait contre les remparts extérieurs de la Cité Blanche. Il était composé de petites huttes faites de tôle, de briques cassées, de bouts de pierres mal taillées, de cartons et de caddies démantelés. Il y régnait une odeur de déchets, de pourriture, de marbre abîmé, de dalles humides et de froidure. Par chance, le Lord Parle-aux-Rats était présent, et n’était pas allé visiter un autre de leurs abris.
Il ne mettait pas Richard très à l’aise. La première fois qu’ils s’étaient rencontrés, il lui avait tout de même mis un éclat de verre sous la gorge. En même temps, la dernière fois qu’il l’avait vu, il lui avait assuré que son peuple le traiterait bien s’il revenait leur rendre visite.
L’homme aux vêtements en fourrure de chat parut assez fébrile lorsqu’il aperçut Carabas. En même temps, pour être honnête, il était tout le temps fébrile.
« Dis-dis-dis, fit-il en commençant au milieu d’une phrase. Les dettes ont été payées, dis, payées ? Oui-oui. Les rats ont-ont remboursé les faveurs qu’ils devaient au Marquis. Toutes, toutes les faveurs.
-Soyez tranquille, Lord Parle-aux-Rats, l’apaisa l’intéressé. Nous venons pour autre chose.
-Nous ? répéta-t-il, interloqué et nerveux. Nous-nous-nous ? »
Puis il remarqua Richard et il sourit en montrant ses dents jaunes.
« Bien-bien-bien », fit-il. Et la négociation commença.
Malgré sa légère gêne vis-à-vis du Lord, Richard se rendit compte qu’il parvenait très bien à lui parler, et même à argumenter, un peu à la manière de Carabas - en montrant les aspects positifs d’un marché sans évoquer leurs contreparties, en se servant d’un langage corporel assez persuasif, en faisant preuve d’une certaine assurance…
Le Marquis s’en aperçut, évidemment, et ce constat le mit légèrement mal à l’aise, même si, d’un autre côté, c’était un peu amusant de voir qu’il jouait ainsi, sans le vouloir, le rôle de mentor. Certes, le nouveau chevalier ne parlait pas encore de commerce de faveurs (ce qui était sa spécialité à lui seul, pour le moment), mais il se débrouillait tout de même pas trop mal.
Ledit chevalier se sentait lui-même surpris par ses propres performances oratoires. Le chef des Parle-aux-Rats l’écoutait avec attention, de même que le reste de son peuple dépenaillé. Pour quelqu’un qui n’avait jamais été fichu de prononcer un discours convenable, même à ses fêtes d’anniversaire - enfin, quand on ne les avait pas oubliées - c’était assez surprenant.
Pourtant, cette éloquence nouvellement acquise ne servirait pas cette fois-ci. En effet, ils devraient probablement revenir. Car le Lord Parle-aux-Rats n’avait pas envie d’être fédéré - davantage parce qu’il s’agitait trop et ne les comprenait donc pas que parce qu’il était vraiment hostile à l’unification de l’En Dessous.
Qu’importe. Au moins, ils avaient parlé du Consortium à ce peuple, et avaient ici semé l’idée d’une fédération.
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part. 2)
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