[Fic] Neverwhere - L'Emissaire - chapitre 9 - PG

Jul 19, 2013 16:29

Titre : L’Émissaire (partie 9/15)
Auteur : soleil_ambrien
Fandom : Neverwhere
Persos/Couple : Richard, le Marquis de Carabas
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à Neil Gaiman.
Prompt : Richard apprend à vivre et non plus simplement survivre dans London Below... en s'inspirant plus qu'un peu de la technique du Marquis.
Notes : Début ici.


9. Le Peuple des Egouts

Ils étaient de retour dans des tunnels malodorants. Richard se réjouissait d’avoir choisi des bottes de motard : elles le protégeaient correctement de la vase, contrairement à ses anciennes baskets. À chaque pas, elles soulevaient des éclaboussures de boue.

« Attention aux lances dans l’eau, le prévint le Marquis. À ta place, je marcherais plutôt sur le côté.
-Les fonctionnaires de la municipalité ont installé des piques pour embrocher les gens ? » s’enquit Richard d’un ton qu’il espérait détaché. Il y arrivait de mieux en mieux. Cependant, cette fois, le Marquis éclata d’un rire narquois.

« Bien sûr que non. C’est le Prince Régent qui les a mises là, du temps de son règne sur l’En Dessous. »

Il ne chercha pas à en savoir plus. En revanche, la progression devenait de plus en plus pénible. L’odeur, surtout, était franchement épouvantable. Au bout d’un moment, enlisé, Richard finit par se demander ce qu’il faisait là.

« Franchement, pourquoi j’ai accepté ce job, quoi ? se plaignit-il À part moi, je n’ai jamais vu personne aussi doué pour se foutre dans la merde.
-Au sens propre, releva malicieusement son compagnon.
-Ah, c’est malin », grogna-t-il.

*

Au bout d’un certain temps d’arpentage des couloirs emplis de boue, ils débouchèrent enfin sur une sorte d’île de béton. Là, des petites cahutes avaient été construites par des habitants qui ignoraient probablement tout de l’hygiène moderne - même si l’une des huttes avait le panneau « Farmassi » suspendu à son entrée.

« Bon, commença Carabas. Je suppose que c’est ici qu’ils se sont installés.
-Non, sans blague ? ironisa Richard. Etant donné l’odeur, je croyais que c’était la demeure du Comte. Vous faites là preuve d’un sens de la déduction sans antécédents, c’est vraiment impressionnant ! »

Le Marquis s’arrêta un instant et considéra le chevalier (d’industrie) qui l’accompagnait. Certes, celui-ci était encore loin de l’égaler dans l’art du sarcasme, mais il suivait de près ses traces, et une fois de plus, il se sentit déconcerté - bien que, comme la dernière fois, cela l’amusait aussi. On verrait bien si cela continuerait.

« Tiens, on dirait que tes crocs se sont mis à pousser, nota-t-il. C’est une bonne chose, tu t’adaptes… Dommage que tu me copies autant.
-Dommage, oui, maugréa Richard. Je vous assure que je ne fais pas exprès. Bon, on les aborde pour parler de la Maison de l’Arche, ou on continue à taper la discute ? Parce qu’il me semble qu’on a une mission, en fait, hein.
-Bon, ça va », protesta son interlocuteur.

Les émissaires de Porte se mirent ainsi en quête de la cabane du dirigeant du village, mais en vain. Ils essayèrent de s’adresser aux autochtones, ce qui s’apparentait à établir le contact avec une tribu étrangère, et cela ne menait nulle part.

« Chers membres du Peuple des Egouts, commença le chevalier, nous souhaiterions nous entretenir avec votre roi, ou du moins, avec la personne qui détient un titre équivalent dans votre… » Il retint à temps l’expression ’buis-buis’. « …village. »

Les habitants dudit buis-buis les observaient tous deux avec des yeux ronds. Ils étaient encore plus mal vêtus que des clochards, nippés de haillons poussiéreux, le visage crasseux. Leur odeur mêlait celle des égouts, de la saleté et des ordures. Bref, un mélange détonnant. Le chevalier se surprit à sortir le mouchoir de Porte dans l’intention d’en montrer les armes, mais de finir par s’en couvrir le nez.

« Nous vouloir voir votre roi, expliqua de nouveau Richard, en simplifiant au maximum. Roi, chef, dirigeant, lord, seigneur, euh… »

L’éloquence qui l’avait un instant habitée lors de leur visite chez les Parle-aux-Rois le déserta soudain. Certes, le Lord s’agitait sans cesse, mais au moins, il comprenait lorsqu’on s’entretenait avec lui. Du moins, il en donnait l’impression. Alors que là…

« Ne te fatigue pas », lui souffla Carabas, avant de lancer une bourse remplie de pièces aux villageois. Ceci dit, même la vue de l’or n’eut aucun effet sur eux. C’était à n’y rien comprendre.

Finalement, au fil de multiples échanges gestuels avec les habitants, il s’avéra qu’un tel poste (celui de dirigeant suprême) n’existait pas chez eux. Et aussi qu’ils troquaient encore plus que dans le reste de la Londres d’En Bas. La preuve : on essaya de leur refourguer tout un barda en échange des pièces, et cela allait de la boîte de sardines périmées à la chaise de jardin en plastique cassée, en passant par le deltaplane en pièces détachées.

« Sérieusement, siffla Richard, comment un truc pareil a pu se retrouver dans les égouts ou même dans le métro, quoi ? Et pourquoi pas une armoire en chêne, ou bien un lit en bronze, tant qu’on y est ? »

Carabas eut un drôle de sourire.

« Oh, tu serais surpris de voir ce que les gens peuvent jeter, parfois… Ou plutôt, être convaincus de devoir jeter.
-Comment ça ? s’étonna le chevalier. Vous avez déjà vu un lit ou une armoire dans le métro, vous ?
-C’est exact, s’amusa le Marquis. Seulement, ce n’est pas le moment d’en parler. Nous avons une mission, comme tu le rappelais tantôt. »

Son compagnon émit une sorte de grognement mécontent et reprit les transactions.

En vérité, il fut impossible de négocier quoi que ce soit en rapport avec le Consortium envers le Peuple des Egouts. Pour commencer, leur manière de vivre ensemble évoquait un peu le grand n’importe quoi, sans vrai chef ou sommité capable de parlementer ; ensuite, ils n’avaient pas envie d’être ralliés à quoi que ce soit et l’avaient fièrement exprimé ; et pour finir, rester trop longtemps auprès d’eux était tout simplement impossible, étant donné leur odeur. Bref, fiasco total pour les deux compères.

*

« Trois fiefs, trois échecs, se lamenta Richard.
-Tu ne pensais tout de même pas que tout se passerait comme hier, n’est-ce pas ? l’interrogea le Marquis en lui tapotant sur l’épaule. Allez, viens, on va essayer Shepherd’s Bush.
-Quoi ? s’alarma Richard. Nan mais, vous bluffez, là…
-Pas le moins du monde, démentit son compagnon d’infortune. Il faudra bien qu’on aille par là, c’est le chemin le plus rapide. Et quitte à passer, autant tenter de les convaincre, non ?
-Le raisonnement tient debout. » constata le Guerrier. Il redressa le menton et progressa dans la boue (ou quoi que ce pût être d’autre).

Ce fut donc avec une assurance toute feinte - et partiellement empruntée au Marquis - que Richard s’élança au-devant de gros ennuis.

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4 ( part. 2)
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 10
Chapitre 11

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