Auteur : Dozen and One Stars Traductrice : Hermi-kô Jouer au Démon Mamori sourit tandis qu'elle mordait dans un délicieux chou à la crème de chez Kariya que son amie lui avait offert. Elle s'était réveillée en retard ce matin-là et avait totalement loupé le petit-déjeuner aussi était-ce la première chose qu'elle mangeait. Certes ce n'était pas la plus équilibrée des nourritures mais elle faisait suffisamment attention le reste du temps pour se permettre un petit chou à la crème de rien du tout quand elle en avait envie. Elle prenait à peine sa deuxième bouchée quand la seule personne qu'elle ne voulait pas voir ouvrit la porte du club d'un coup de pied et entra.
« Tu peux même pas attendre midi avant de te goinfrer ? »
Elle lâcha un grognement à la remarque désobligeante du quarterback. La manager de Deimon finit prestement sa pâtisserie et jeta l'emballage à la poubelle avant de lui répondre. « J'ai sauté le petit-déjeuner et c'était la seule chose disponible. »
« Si ça te plait de penser ça. Le fait est que tu t'empiffres dès qu'il est question de sucre. » Hiruma prit place sur une chaise près d'elle et commença à nettoyer l'un des flingues de sa collection.
Ses yeux à elle se plissèrent. « Comme si toi tu étais mieux avec ton obsession malsaine pour les armes à feu et les explosions. » Une expression rusée passa sur sa figure. « On dirait que tu essayes de compenser pour quelque chose d'autre. »
« Qu'est-ce que ça veut dire, merde ? » C'était elle ou bien il semblait y avoir un mordant supplémentaire à son ton aujourd'hui ?
Elle se contenta de sourire et de regarder son expression hargneuse. « Qu'est-ce que tu crois ? »
Il ne prit pas la peine de répondre cette fois et continua de tripoter son flingue. Alors qu'ils étaient assis dans un silence tendu une idée commença à faire son petit bout de chemin dans la tête de Mamori. Elle avait quelques détails à régler … attendez… donnez-lui une minute… ok elle était prête. Ce plan était sans faille. C'était simple. C'était diabolique. C'était bien trop tentant pour le blondinet pour qu'il refuse.
« Je parie que je peux tenir plus longtemps sans sucreries que toi sans armes à feu. Le premier à craquer perd. » Le défia Maori. Elle se tint plus droite sur son siège et croisa les bras en ayant l'air des plus sérieuses alors qu'elle le regardait dans les yeux.
Un rictus fleurit sur ses lèvres à lui. Il se pencha au-dessus de la table de roulette. « Ça veut dire pas de sucreries d'aucune sorte. La caféine compte comme du sucre. Pas de café. Pas de thé. Pas de chocolat chaud. Pas de soda ou de chocolat au lait. »
Mamori leva les yeux au plafond. « Bien sûr. Ça marche aussi pour to. Pas de lance-flamme, de fusils, de couteaux, d'explosifs, ou d'objets du quotidien reconvertis en armes. Ça veut dire que tu ne peux pas te mettre à balancer des stylos et des choses à la tête des gens pour changer. »
« Si je gagne tu devras être une servante obéissante et faire ce que je veux sans poser de questions. » Il semblait être d'accord avec ses termes.
La jeune fille aux cheveux auburn hocha la tête. « D'accord mais si je gagne tu devras arrêter de m'appeler 'fichue manager' et te mettre à m'appeler par mon nom véritable. »
Hiruma haussa un sourcil. Pour la deuxième fois de sa vie, la première fois étant quand elle avait su répondre correctement à ses questions sur le foot, il fut surpris par sa réponse. Il s'attendait à ce qu'elle lui demande de laisser le foutu minus tranquille ou de lâcher un peu la bride à l'équipe. Au lieu de ça elle voulait qu'il l'appelle par son nom. A quoi jouait-elle ?
« Alors avons-nous un marché ? » Demanda Mamori en tendant la main.
Hiruma la regarda un moment avant qu'un sourire diabolique ne s'affiche sur son visage. Sa grande main bronzée couvrit totalement celle de Mamori quand il la lui serra. « Marché conclu. »
Il ne fallut pas longtemps avant que toute l'école n'apprenne pour le pari. Ça fit même la une du journal de l'école.
Il semblait que le pari avait un effet intéressant sur le quarterback et la manager. Hiruma avait développé une habitude des plus chiantes de taper des doigts et de tout ce qu'il avait en main un peu partout autour de lui. Il se mit à taper de plus en plus à l'ordinateur et, si c'était même possible, il devient encore plus rude qu'à l'accoutumée. Hurlant à la moindre petite chose. Il avait plus d'énergie qu'il ne pouvait en contenir.
Mamori avait plutôt la réaction opposée. Son attitude n'avait pas beaucoup changé. Elle était toujours l'élève parfaite, organisée, et aussi joyeuse qu'avant. En fait elle semblait apprécier l'épreuve si le rire étouffé qu'elle retenait dès qu'elle voyait Hiruma lui lançait un regard meurtrier était d'une quelconque indication. Agissant comme médiateur entre Hiruma et le reste du monde, elle restait positive. Pour la première fois il semblait qu'Hiruma pourrait perdre.
Et donc c'était le sujet de toutes les conversations du moment que le quarterback n'était pas présent.
Ce qui nous amena à la salle du club une semaine plus tard où Mamori aidait Sena, Monta et Kurita à faire leurs devoirs. « … Alors vous voyez, en ajoutant trois ici et là, vous résolvez l'équation. »
Le regard que partageaient l'attrapeur et le running-back caché montrait qu'ils ne « voyaient » pas en fait.
Elle regarda par-dessus son épaule le lineman en chef qui avait du mal avec ses maths. « Tu t'en sors, Kurita ? Est-ce que tu comprends pourquoi ton cosinus est à l'envers et pourquoi ta courbe va de gauche à droite au lieu d'aller de haut en bas ? »
Son air défait montrait qu'il éprouvait encore quelques difficultés à comprendre ce qu'il se passait sur sa feuille.
« Bon, et si on faisait une pause ? » Mamori se mit à ranger les livres qu'ils utilisaient et sortit une orange de son sac. « On essaiera plus tard. »
Les garçons étaient plus que tentés par son offre et sortirent leur goûter. En voyant Kurita engloutir une barre de chocolat, Monta se souvint de quelque chose qu'il avait voulu demander à Mamori mais n'arrêtait pas d'oublier. « Comment peux-tu rester aussi calme avec ce pari ? N'as-tu pas peur de perdre ? »
« Pas vraiment. » Mamori mangea l'un des quartiers de son orange. « Je pense pouvoir tenir plus longtemps que lui. »
Kurita se joint à leur conversation. « Comment peux-tu être aussi confiante ? »
« Combien de temps Hiruma a-t-il passé sans tirer un coup de feu ou faire exploser quelque chose depuis que vous le connaissez ? » Demanda Mamori en mangeant un autre quartier d'orange en attendant sa réponse.
Le gentil lineman ne pouvait pas se souvenir d'un seul jour sans avoir entendu une rafale de balles.
Cette fois la manager de Deimon laissa un sourire s'épanouir sur ses lèvres en finissant son orange. Se levant elle jeta les pelures avant d'expliquer d'où lui venait sa confiance. « Exactement. J'ai un avantage sur lui. Ma grand-mère est catholique alors en son honneur nous célébrons le carème tous les ans. »
Leurs visages dénués d'expression montraient qu'ils n'avaient pas la moindre idée de ce dont elle parlait.
« C'est une tradition de la religion catholique d'abandonner quelque chose les quarante jours qui précèdent Pâques. » Elle choisit d'ignorer les regards confus qu'ils lui adressèrent quand elle parlait de Pâques. « Chaque année j'abandonne les sucreries. Je fais ça depuis l'école primaire alors j'ai appris à m'en accommoder. »
« Comment tu fais ? » Demanda Monta.
Mamori haussa les épaules en rouvrant les livres. « Je fais autre chose. Je mange plus de fruits. Bon, donc, cet exercice … »
Inconnu d'eux le quarterback avait été sur le point d'ouvrir la porte d'un coup de pied quand il avait entendu leur conversation et était maintenant en train de calculer comment il allait gagner. Il avait déjà arrangé les détails. Un grand sourire démoniaque fleurit sur son visage. Alors elle croyait qu'elle pouvait l'avoir ? Eh bien elle allait être surprise. Comme l'avait dit Shakespeare, 'Faible, est cette femme.'
Dans les semaines qui suivirent un changement apparut chez Hiruma. Il n'était plus plein d'énergie dont il ne savait que faire et était théoriquement revenu à la normale. Il jurait, menaçait et donnait des ordres de droite et de gauche. Rien de nouveau si ce n'est le manque d'explosions et d'artillerie qu'il utilisait pour ce faire. En fait la seule différence était l'étrange sourire arrogant qu'il lui adressait dès qu'ils se croisaient. Bien qu'elle détestait l'admettre, ce sourire lui portait sur le système. Qu'est-ce qu'il pouvait bien mijoter ?
Aujourd'hui était un jour très spécial pour la manager. Un jour qui était normalement célébré avec quantité de gâteaux et de glaces mais à cause du pari avait dû être refait sans une once de sucre. « Joyeux anniversaire … la la la … joyeux anniversaire … la la la … joyeux anniversaire Mamori … joyeux anniversaire… la la la. Et plein à venir … »
Il s'agissait bien de son dix-septième anniversaire et par précaution les bougies n'avaient pas été placées sur un gâteau mais sur une pizza. Oui oui puisque Mamori ne pouvait pas manger de sucrerie ses amis s'étaient arrangés pour qu'une pizza avec des bougies soient livrés pour midi. Les pauvres pizzaiolos eurent beaucoup de mal à faire tenir dix-sept bougies sur une pizza mais ils y parvinrent (ils finirent par empiler des tranches d'olive et a placé les bougies au milieu des piles)
« Allez Mamori ! Fais un vœu ! » S'exclama l'une de ses amies à l'autre bout de la table.
La brunette dont s'était l'anniversaire sourit et releva la petite tiare en plastique que sa meilleure amie Ayumi avait mise sur sa tête. Elle semblait réfléchir un moment avant d'arriver à une conclusion et de souffler toutes les petites flammes dansantes en deux temps trois mouvements. Un sourire illumina son visage tandis que tout le monde commençait à applaudir et à se rapprocher pour prendre une part de pizza.
Ayumi joua des coudes pour se rapprocher de la principale intéressée et des jeunes affamés. « Hé on se recule ! Allez ! Vous connaissez tous la règle ! Mamori la première et puis ce sera votre tour. »
Et dès que la première part fut sur son assiette en papier tout le monde se servit et la pizza disparut en un temps record. Mamori eut à peine le temps d'avaler sa dernière bouchée qu'un présent emballée de papier brillant rose lui fut fourré sous le nez. Qui fut rapidement suivi par un cadeau avec un ruban violet et un sac rouge avec des fanfreluches un bouquet de rose digne d'une princesse avec des ballons au motif de cupcake accrochés à l'anse. Plein d'autres cadeaux suivirent.-
Mamori éclata de rire à l'excitation de ses amies.
« Ouvre d'abord le mien ! »
« Tu vas adorer ce que je t'ai trouvé … »
« … j'espère que ça t'ira. »
« Qu'est-ce que tu attends ? Ouvre-les ! »
Après une journée passée à déballer des cadeaux et à se casser la voix à chaque fois pour faire bonne impression, Mamori était épuisée. Encombrée par tous les jolis cadeaux qu'elle avait reçu elle pénétra dans la salle du club et ne regarda pas autour d'elle avant d'avoir déposé toutes ses affaires sur la table de roulette la plus proche. Ce ne fut qu'une fois débarrassée de tout ça qu'elle remarqua la salle dans laquelle elle était entrée. Qui n'était plus du tout aux couleurs de Las Vegas. Oh non. Loin de là.
Mamori n'en croyait pas ses yeux. Qu'est-ce qui était arrivé à leur club ? On aurait dit que les Oompas-Loompas avaient décidés de s'installer là pour de bon.
On aurait dit que quelqu'un avait décidé que jouer et Willy Wonka allaient main dans la main quand il s'agissait de décoration. La salle entière était emplie de délices au chocolat et aux fruits. Des petits morceaux de caramel et de chocolat à la menthe étaient dispersés aux quatre coins de la pièce comme des confettis. Un petit arbre à sucette était placé sur le comptoir avec une fontaine à soda à côté.
Ce n'était même pas tout ce qu'il y avait ! De la réglisse, du chewing-gum, du pop-corn, des fraises recouvertes de chocolat et d'autres sucreries qu'elle ne reconnut pas étaient parsemés avec ingéniosité çà et là. Elle pouvait presque entendre sa dent sucrée l'implorer de croquer un tout petit bout des merveilles devant ses yeux.
Qui ferait quelque chose d'aussi cruel ? Et pour son anniversaire en plus ! Tout le monde à l'école savait qu'elle n'avait pas le droit aux sucreries. Alors pourquoi se donner autant de mal ? Pourquoi !
« Foutue manager ! »
Elle sursauta un peu et tourna la tête pour voir Hiruma lui adressant son sourire le plus démoniaque depuis le pas de la porte. Elle aurait dû s'en douter. « Qu'est-ce que ça veut dire ? »
« C'est ton satané cadeau d'anniversaire. » Il avait l'air très content de lui. « Qu'est-ce qu'il y a ? Tu n'aimes pas ? »
Elle lui lança un regard courroucé en se tenant dans la pose de la femme enragée qui met ses mains sur ses hanches. « Tu sais fichtrement bien que je ne peux rien manger de sucré. Je ne perds pas ce pari pour un tas de sucreries que tu m'offres comme ça. Alors pourquoi te démener de la sorte ? »
« Je me disais que tu ne pourrais pas résister. » Lui répondit-il nonchalamment avec un haussement d'épaules.
Maintenant c'était juste insulter sa détermination et sa force d'esprit. Elle leva le nez. « J'ai plus de self-control que ça, merci bien. Je suis surprise que tu n'exploses pas avec toute l'énergie que tu exsudes. »
Il choisit d'ignorer sa pique évidente et prit un toffee sur l'un des meubles. Enlevant le papier il le mit dans sa bouche.
« Qu'est-ce que tu fais ? » Mamori le regarda d'un air confus tandis qu'il savourait le bonbon.
Hiruma lui lança un regard surpris. « De quoi ça a l'air, hein ? Je mange, merde. »
« Mais tu n'aimes pas le sucré. » La brunette était très confuse. Maintenant il était juste méchant. Il jouait avec son esprit. Il la rendait confuse et essayait de la persuader de goûter à un bonbon et zut alors il réussissait son coup !
Il traversa la pièce. « Je peux faire une exception pour cette fois. »
Dans une tentative de penser à autre chose elle se détourna de lui et se concentra sur ses cadeaux. Prenant un siège elle se mit à tout déballer. Puis elle sortit un carnet de son sac et se mit à rédiger une liste de qui lui avait donné quoi. Elle allait devoir commencer à écrire des mots de remerciements très bientôt. Il ne fallut pas longtemps avant d'avoir l'impression qu'on la regardait.
Relevant la tête elle sauta sur ses pieds jusqu'à trouver la table pressée contre son dos. Hiruma ne connaissait pas le concept d'espace personnel. Se penchant jusqu'à ce que ses mains se retrouvent de part et d'autre d'elle sur la table il rapprocha son visage du sien. « H-Hiruma ? »
« Tu es sûre que tu n'en veux pas un bout ? »
Ça la fit sortir de sa torpeur. Alors il essayait de l'intimider ? Ha ! Il allait devoir faire mieux s'il comptait la faire craquer. Elle se pencha pour qu'il y ait encore moins d'espace entre eux. « Seulement une fois que tu auras perdu. »
Soudain elle ne regardait plus ses yeux d'un bleu perçant. Ils étaient fermés et sa bouche était sur la sienne. Elle lâcha un cri étranglé. Un millier de questions explosèrent dans sa tête. La plus récurrente étant mais qu'est-ce qu'il fout ! Bien que tandis que le baiser se prolongeait les questions se mirent graduellement à disparaître et ses yeux à se fermer. Et puis on aurait dit que quelque chose se glissait dans sa bouche.
Qu'est-ce que … ?
Et puis aussi soudainement que le baiser avait débuté il s'arrêta. Il n'était plus en train de l'embrasser mais il y avait quelque chose dans sa bouche. Quelque chose de sucré comme du toffee. Du toffee ! Ses yeux s'agrandirent sous la réalisation alors qu'elle avalait le bonbon d'un coup et sa main s'envola vers ses lèvres où il y avait toujours une sensation de picotements.
S'écartant il y avait un éclat triomphant et quelque chose d'autre, quelque chose de plus profond dans ses yeux à lui. Il se pencha jusqu'à ce que sa bouche soit à hauteur de son oreille. « J'ai gagné. » Note de l'auteur : La citation qui m'a inspiré le prochain one shot : « On ne peut pas voir de superstition en cela que le Démon est précis. » Merci pour tous les encouragements ! J'espère que vous avez apprécié le contact entre eux deux ! Note de la traductrice : Argh, des citations, encore et toujours ! J'ai eu du mal et désolée si elles semblent bizarres. Ce qu'Hiruma pense et que j'ai traduit par « Faible, est cette femme » est dans la version originale « Frailty, thy name is woman » de Shakespeare dont je n'ai pas trouvé de traduction officielle. Et la citation dont il est question juste au-dessus de mon commentaire est « We cannot look to superstition in this for the Devil is precise » d'Arthur Miller. Bonne lecture ! *Hermi-kô***