Repères - Défi Quai 9 3/4

Aug 28, 2009 00:20

 
Titre : Repères
Disclaimer : Tout à JKR, rien à moi, me fais pas d'argent sur tout ça
Rating : G 
Type : fanfic
Défi : Quai 9 3/4 
Personnages : Sirius, éventuellement 
Nombre de mots : 1630 
Note : Ma première participation sur cette communauté, donc, bon. J'accepte quand même les jets de pierre, hein ^^. Ce texte était sensé au départ n'être constitué que de plusieurs drabbles, il a pris beaucoup plus d'ampleur et j'avoue, j'ai laissé faire sans trop résister. 
Merci à jufachlo  pour son travail efficace de bêta ! 
Note 2 : Est-ce que je peux avoir un tag auteur, s'il vous plaît ?

Il a beau arborer l’air du garçon blasé que rien n’effraie, ses entrailles se tordent comme s’il avait avalé un million de punaises. Il n’a que onze ans. Non, onze ans et demi, pense-t-il, ça compte ! La main de Sirius se pose sur son épaule tandis que le bruit sur le quai s’amplifie dangereusement.

Il n’a jamais été en compagnie d’autant de monde en même temps. La famille Black ne noue que très peu de liens, bien choisis, et le calme règne en son sein.

«  Allez, ça va bien se passer, t’inquiètes.

-          Je sais, c’est bon, tu m’as raconté des centaines de fois comment ça se passe », répond Regulus abruptement.

Sirius retire sa main.

Regulus en a assez du côté protecteur de son frère. Il est grand, il sait ce qu’il fait. Il sera réparti à Serpentard et aura enfin des amis. Il connaîtra enfin du monde, à part de sa famille de sangs-purs. Il quittera enfin l’atmosphère feutrée et malaisée du Manoir.

Ses parents ne sont pas présents, cela fait partie de leur éducation, Sirius le lui a expliqué. Ils pensent que leurs enfants doivent apprendre tout, très tôt, et seuls. Pour les armer.

La vapeur s’échappe de la cheminée du train dans un sifflement caractéristique. Regulus inspire profondément, empoigne sa valise et monte dans le train.

Sirius s’est éloigné et monte par une autre porte.

***

Il est étrangement bien plus stressé que l’année dernière lorsqu’il passe le mur de briques. Sirius aperçoit l’un de ses amis, plus loin, et fait un signe de la main.

Il reste quand même à son côté, et Regulus en ressent un réconfort honteux.

Il s’est fait de nouveaux amis, durant l’année. Mais malgré ses airs de n’avoir qu’en faire, ses mains fourmillent douloureusement à l’idée qu’ils puissent l’avoir oublié pendant ces deux longs mois.

Il a bien reçu quelques lettres de ceux-ci, mais trop formelles pour des enfants de douze ans, manquant de la spontanéité nécessaire à la construction de l’amitié. Et il a peur de retrouver la solitude de ses débuts à Poudlard.

«  Regulus ! »

Il ne peut s’empêcher de sourire de soulagement et file vers le wagon d’où s’est échappée la voix, avec un regard pour Sirius, qui se dirige déjà vers un endroit bien plus bruyant.

***

Il les cherche des yeux, avec l’espoir de retrouver au moins l’un d’entre eux. Il se tord le cou pour voir au-dessus de la foule, mais Sirius le tire en arrière.

Il se dégage vivement et adresse un regard agacé à son frère.

«  Quoi ?

-          Reg … Fais gaffe à tes fréquentations … je … laisse-moi parler ! Cette année je vais être encore plus occupé et j’aurai pas trop le temps de te voir, donc fais gaffe.

Regulus sourit. Comme si Sirius avait encore une influence sur lui.

-          J’ai treize ans, Sirius. Mêle-toi de tes fesses, je fréquente qui je veux. »

Sirius secoue la tête et lui fiche un coup de poing sur l’épaule, pas assez fort pour le blesser, trop pour lui laisser un doute sur sa signification.

-          Fais gaffe, répète-t-il. On se voit à Poudlard ».

Et il s’éloigne, la mine un peu triste, et résignée, songe Regulus sans vraiment comprendre pourquoi.

Il entre dans le train, une moue agacée corrompant son visage. Il va trouver un compartiment vide et attendre. Il a fini par comprendre qu’un Black attire, quoiqu’il arrive. Alors il se répète qu’ils le rejoindront de toute façon.

***

Une drôle de sensation gigote dans son estomac tandis qu’il franchit le passage. Sa valise dans sa main gauche, son balai fièrement brandi dans sa main droite, il tente malgré lui d’apercevoir son frère dans la foule.

Il ne l’a pas vu depuis plus d’un mois, et sait que s’il veut avoir de ses nouvelles sans trahir son nom, il devra jouer au plus fin à Poudlard.

Il est l’unique fils Black, désormais. Il a encouragé Sirius à partir, par son silence et son regard baissé, alors que sa mère le reniait par les mots et par les gestes.

Regulus n’a pas jugé Sirius. Il le croit simplement assez faible pour se laisser gangréner par les idées dans lesquelles il baigne à chaque heure de chaque jour. Des idées à l’opposé de celles que prônent noblement et assidûment les Black et dans lesquelles Regulus est déjà pleinement plongé. Tant de contradictions dans une fratrie si restreinte, comme si deux grains de poussière se battaient dans une bulle de savon, à coups de sous-entendus. L’un a choisi le destin tout tracé par les soins de sa famille, l’autre l’a rejeté de toutes ses forces.

Regulus secoue la tête. Il a essayé, déjà, très fort et malgré la pression des véritables Black, de le comprendre. Mais là, Sirius a franchi l’infranchissable et ne mérite plus ses égards.

La sensation remonte jusqu’à sa poitrine lorsqu’il le voit, prêt à entrer dans le train accompagné d’une troupe frétillante de Gryffondors qui ne pensent qu’à s’amuser aux dépens de tout Poudlard.

Leurs regards se croisent, et toute la fraternité qui aurait pu les unir se meurt dans le trop vaste espace qui les sépare.

***

Un froid inhabituel règne en cette fin d’été. Il s’est dépêché de monter dans le train et attend dans un wagon vide, caressant doucement son hibou.

Il s’oblige à se préparer à ce qui l’attend. L’étau se resserre chaque année davantage autour de lui et l’échéance se rapproche. Ses aînés de Serpentard vont être encore plus pressants cette année. Severus en particulier ne le lâchera pas, il dit qu’ils ont vu du potentiel en lui, et qu’ils ne supporteraient pas la déception.

Regulus n’a pas su interpréter cette dernière partie de l’avertissement, et il appuie son front contre la vitre, accablé par un été chargé d’appréhension mêlée d’intense fierté.

Il parcourt le quai du regard, aperçoit Sirius et ses amis qui rient et s’agitent dans tous les sens. Des filles leur tournent autour telles des vautours, et son grand frère semble parfaitement savoir ce qu’il fait.

L’imbécile.

« Regulus, salut ! »

Il détourne le regarde de la fenêtre  et sourit d’un air assuré aux nouveaux venus en leur tendant la main. Ses amis de dortoir. Qui le suivent et le soutiennent depuis cinq longues années. Et à qui il s’apprête à raconter vaguement son été, chargé de leçons particulières assurées par sa propre mère.

Le seul héritier digne des Black a un rôle à jouer. Un rôle qu’il n’aurait pas eu à assumer si vite si le paria de la famille n’avait pas rejeté le sien. Toute la pression du devoir est sur les épaules du jeune homme de quinze ans qu’il est, et sa mère ne manque pas de s’en assurer.

Elle lui apprend tout ce qu’il a besoin de savoir sur ses prochaines attributions, qu’elle juge certaines, avec une fierté incommensurable.

Ses compagnons savent. Mais se contentent d’allusions, depuis longtemps, et il en a autant à leur égard. Il se sent à la fois compris et seul au monde, parmi eux, sans vraiment pouvoir l’expliquer.

***

Etrange, comme un secret aussi mal gardé peut ne faire aucun bruit.

Chacun sait qu’il vient d’être enrôlé. Pourtant, sur le quai, ce premier septembre, personne ne semble avoir changé, le monde semble tourner de la même manière. Il sourit, désabusé. A quoi s’était-il attendu, à ce que ses condisciples de Serpentard lui fassent une haie d’honneur à son arrivée ?

Seul son idiot de frère lui a envoyé une lettre d’insultes mâtinée de reproche condescendant, sans aucune compréhension. Il ne s’est jamais attendu à quoi que ce soit de subtil de la part de Sirius, mais la fraction d’instinct familial qui subsiste en lui le picote, sans qu’il en ait vraiment honte.

Rien ne l’atteint plus comme avant. La marque qui orne désormais son bras gauche le rend plus fort que quiconque, et rend banales et tolérables toutes les émotions qui peuvent l’étreindre.

Seul le Seigneur des Ténèbres aura désormais un pouvoir d’influence sur Regulus, un pouvoir tout court. C’était écrit, à sa naissance ses parents l’avaient offert à ce côté de la magie. Il vient d’embrasser son destin sans regret ni état d’âme.

Il aborde cette année avec un mélange d’assurance et d’indifférence, qu’une légère inquiétude gâche à peine.

Avec un sourire, il songe que la seule chose qui lui manque, c’est la coupe de quidditch à brandir à la fin de l’année. Cette fois, il la brandirait bien haut dans les airs, et enverrait la photo à Sirius.

***

La peur. Voilà l’émotion qui l’étreint sans que sa marque puisse le protéger un seul instant. Alors qu’il monte précipitamment les marches pour entrer dans le train, il entend à nouveau les propos de sa mère. Soumission, obéissance, fierté et mort. Toujours plus violents. Les valeurs de tout bon mangemort.

Il ferme les yeux alors qu’il s’assoit sur une banquette. Il ne peut empêcher une larme de suivre son chemin sur sa joue pâle, comme chaque jour depuis des semaines. Il n’a pas le droit à l’erreur. Des sentinelles sont postées dans chaque recoin des quartiers de Serpentard, il sait qu’il est surveillé. Des fils et filles de.

La colère, parfois, le submerge. Envers ses propres choix, envers le destin qui l’a inévitablement conduit à ce qu’on lui demande aujourd’hui. Et pour tout ce qu’il a abandonné, abstraitement ou concrètement. Mais la peur est plus puissante que la colère, et ne lui permet aucun équilibre, quel qu’il soit.

Son avenir devrait lui appartenir, comme le destin de ces jeunes hommes et jeunes femmes qui s’agitent innocemment sur le quai, embrassant leurs parents, leurs sœurs, leurs frères, leur appartient.

Le train tremble, siffle et s’engage sur les rails.

Trop loin, trop vite. Regulus est perdu.

défi : quai 9 3/4, auteur : rebecca_vonbird, sirius, fanfic

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