Titre : Pray for One, Pray for Two …
Auteur : Dùlin
Pairing : 1xR (Heero/Relena) dans le passé, 4+R (Quatre/Relena) dans le passé et non réciproque, 1+4+1
Fandom : Gundam Wing
Thème : #6 - entre le rêve et la réalité (the space between dream and reality)
Rating : R
Warnings : angst, allusions à la mort, Quatre POV, New Type-ness, post-EW (AC 230). Fic #2 du Peace Arc.
Suite de #20 - Repose en paix.
Disclaimer : Ces garçons délicieux appartiennent à Sunrise et Bandai. Qui ne sont malheureusement pas moi. Le titre est tiré des paroles de la chanson que j’écoutais en écrivant, Something in my Eyes, extraite du Weiss Kreuz soundtrack.
“Fais comme chez toi.” dis-je avec un sourire ironique.
Techniquement, je possédais tout l’immeuble, mais j’aurais pu compter les nuits que j’avais passées dans cet appartement sur les doigts d’une main. Mon emploi du temps était si chaotique qu’avoir une résidence permanente n’était tout simplement pas envisageable. Tous mes pieds-à-terre étaient décorés de façon neutre et avec goût. La seule touche personnelle tenait dans un simple cadre que je posais toujours sur ma table de chevet, quel que soit l’endroit où je me trouvais.
Je quittai mes chaussures dans le hall d’entrée et Heero fit de même après une légère hésitation.
“Je reviens tout de suite.” dis-je.
Je le laissai dans le salon et allai jeter ma cravate et ma veste sur mon lit. Je songeai un instant à changer complètement de vêtements, mais je décidai de ne pas le faire. Une personne que j’avais aimée pendant presque toute ma vie était morte, ça m’avait pris deux ans pour venir me recueillir sur sa tombe, et son mari m’était littéralement tombé dessus à ce moment-là. Oh, et n’oublions pas notre aveu mutuel que nous nous aimions toujours. Au point où on en était, des tâches de boue provenant de sa tombe sur les genoux de mon pantalon n’allaient certainement pas rendre la situation plus tendue qu’elle ne l’était déjà.
Heero était assis sur le canapé, les yeux fermés, sa propre veste abandonnée sur l’accoudoir.
“Du thé ?” suggérai-je. Il ne buvait jamais d’alcool, et moi non plus.
Il acquiesça de la tête sans ouvrir les yeux, et j’allai à la cuisine. Je pris mon temps pour choisir une infusion qui nous plairait à tous les deux, et je me mis à fixer les deux mugs blancs que je venais de sortir du placard en attendant que l’eau frémisse. Je cherchais à gagner du temps et je le savais. Heero le savait aussi et je lui étais reconnaissant de ne pas me l’avoir fait remarquer.
“Tu n’as rien de mieux à faire ?” demanda-t-il quand je revins finalement dans le salon et que je lui tendis une tasse fumante.
Je haussai les épaules et m’enfonçai dans mon fauteuil avec un sourire las.
“J’étais censé dîner avec le Président Andersen, mais je vais appeler pour annuler.”
Il fronça les sourcils et but une gorgée de thé.
“Tu vas poser un lapin au Président élu de la Nation Unifiée de la Sphère Terrestre.”
“Oui.”
“Pourquoi ?”
“Parce que je peux. S’il tient à ce point à dîner avec moi, je suis sûr qu’on pourra trouver une autre date. Il est suffisamment intelligent pour savoir à qui il doit sa carrière politique. Il tient à rester dans mes bonnes grâces.”
“Ce n’est pas ce que je voulais dire.” dit-il doucement, en me regardant droit dans les yeux par-dessus le rebord de son mug.
“Je sais.” soupirai-je, et il ne releva pas. Une fois de plus.
Pendant un moment, aucun de nous ne parla. Nous nous contentâmes de boire notre thé et de prétendre que nous n’étions pas intensément conscients de la présence de l’autre, que nous ne sentions pas le poids de son regard peser sur nous. Le silence était si lourd que lorsque Heero posa sa tasse vide sur la table basse, le raclement de la porcelaine sur le bois me fit sursauter. Il me jeta un coup d’œil interrogateur et je ris nerveusement. Je pouvais sentir la tension qui régnait dans la pièce comme un courant électrique sur ma peau. Ç’avait toujours été spécial, avec eux deux. Personne d’autre ne pouvait me rendre nerveux comme ça.
A l’époque, si j’avais jeté mon dévolu sur un seul d’entre eux, je serais probablement arrivé à mes fins. Mais j’avais refusé de faire ce choix. Ils l’avaient fait pour moi, en se choisissant mutuellement, et je ne fus pas jaloux ou amer un seul instant. Ils n’avaient jamais pris mes sentiments pour eux à la légère, et moi de mon côté je n’avais jamais laissé ces sentiments s’immiscer dans ce qui avait été l’amitié la plus sincère que j’aie jamais vécue avec qui que ce soit. Ça ne me gênait absolument pas de rester célibataire. Je n’avais jamais manqué de partenaires consentants à chaque fois que j’en avais eu envie, et je n’étais pas soumis à la pression de devoir me marier et d’avoir un héritier, étant donné qu’il m’était assez facile d’en choisir un parmi mes quatre-vingt neveux et nièces.
Ç’avait marché pour nous. Et puis elle était morte.
“C’est à ça que c’était censé ressembler ?” demanda Heero dans un murmure.
“Quoi ?”
“La paix.”
“… Je ne sais pas.” finis-je par dire. “Je suppose que oui.”
“Je ne savais pas que ce serait si …” Il se tut, à court de mots.
“Douloureux ?” proposai-je.
Il sourit sardoniquement et tapota le canapé à côté de lui.
“On est trop vieux pour ça.” dit-il. “Viens là.”
J’avalai la boule dans ma gorge et posai ma tasse à côté de la sienne, me déplaçant lentement de mon fauteuil au canapé. Je m’assis à côté de lui sans trop savoir comment m’installer, mais il régla le problème en passant son bras autour de mes épaules, m’obligeant à m’appuyer contre lui. Je sentis ses doigts frictionner mon bras et je réalisai que j’avais froid.
“Elle … Elle me manque.” dis-je tout bas, sans le regarder.
“Je sais.”
Je me rapprochai de lui et il me serra plus fort. Je pouvais sentir son coeur battre aussi vite que le mien. Son visage, cependant, n’en laissait rien paraître, et il embrassa simplement mes cheveux tandis que je me mettais à l’aise contre lui, soudain exténué. Aller au cimetière avait dû me demander plus d’énergie que je ne l’aurais cru.
“Ca ne la gênerait pas, n’est-ce pas ?” demandai-je.
Je sentis son sourire contre ma peau.
“Non … Je ne crois pas que ça la gênerait.”
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