Retour du challenge XIXe siècle et nouvelle lecture : Louis Lambert - Balzac

Jan 15, 2017 19:10

Vingt livres lus pour le challenge XIXe siècle 2016, et toujours plus de titres qui me font envie, d'auteurs à (re)découvrir, de passerelles à explorer d'une œuvre à l'autre... Il faut dire qu'avec mes compagnons de challenge, l'émulation est efficace : à nous tous, nous avons lu l'année passée un total de 120 auteurs et près de 350 titres, dans des genres très différents, du plus classique au plus méconnu.
Evidemment, je remets ça en 2017 (par ici sur le forum Babelio), et en profite pour remettre à jour mes listes de lecture.



Edit de janvier 2018 :

- Balzac - Les Chouans (1829) / Louis Lambert (1832)
- Nelly Bly - Le Tour du monde en 72 jours (1890)
- Colette - Claudine à l'école (1900) / Claudine à Paris (1901) / Claudine en ménage (1902) / Claudine s'en va (1903) / L'ingénue libertine (1909) (lus mais non chroniqués)
- Joseph Conrad - Le Nègre du Narcisse (1897)
- Dostoïevski - Le Double (1846) / Humiliés et offensés (1861)
- Alexandre Dumas - De Paris à Cadix - impressions de voyage (1847)
- Elizabeth Gaskell - La sorcière de Salem (1861)
- Ivan Gontcharov - Oblomov (1859)
- Sophie Kovalevskaia - Une nihiliste (1890)
- Gaston Leroux - Le fantôme de l'Opéra (1910)
- Jack London - Le fils du soleil (1912)
- Albert Robida - Le vingtième siècle (1883)
- Olive Schreiner - La nuit africaine (1883)
- Alexis de Tocqueville - Quinze jours dans le désert (1831)
- Elizabeth Von Arnim - La Bienfaitrice (1901)

Soit 20 lectures mais seulement 15 titres chroniqués.

Commençons sans attendre par un petit Balzac...


Balzac - Louis Lambert (1832)
(227 pages, soit 50 km de plus pour le challenge Tour du Monde. Total : 9150 km et 36 069 pages pour 98 titres.
1er titre pour le challenge XIXe siècle 2017)

C'est au collège que le narrateur rencontre Louis Lambert, et pendant quelques années les deux garçons seront inséparables - deux garçons à l'intelligence remarquable, avides de lectures dépassant de très loin ce qu'on attendrait de leur jeune âge, épris d'un même goût pour le monde des idées, d'un même désir d'idéal. Etouffant tous deux dans l'atmosphère étriquée, crasseuse, viciée, d'un minable internat de province. Mais l'esprit de Louis va déjà bien plus haut que celui de son très cher compagnon, il se passionne pour les doctrines de Swedenborg, s'interroge sur les rapports de la matière et de l'esprit, entreprend la rédéction d'un traité de la Volonté où éclate un évident génie que leurs professeurs, évidemment, ne verront pas.
Il pourrait devenir un immense penseur, Louis, de ces hommes dont les idées bousculent la société, révolutionnent le monde, révèlent l'humanité à elle-même. Il pourrait - si son esprit n'allait décidément trop haut, trop loin, jusqu'à n'être plus de ce monde.

Assez pénible lecture que cette longue nouvelle, pourtant riche et théoriquement intéressante.
La description des premières années de pensionnat est assez séduisante, avec cette ambiance poussiéreuse, mesquine, cruelle pesant sur les épaules encore frêles des deux adolescents, avec cette amitié superbe faite de souffrance commune, d'intime compréhension et de tendresse presque amoureuse. Mais Swedenborg, même réinterprété par un personnage romanesque et résumé en quelques pages, j'ai déjà beaucoup plus de mal - c'est intrigant, sans aucun doute, il y a même là à quelques petites choses qui ont assez vivement titillé mon intérêt, cette idée de la volonté comme force vive, agissante, susceptible de s'arracher aux contraintes de la matière, interrogeant bien des mystères, cette ambition de réunir le mysticisme et la science... C'est intellectuellement assez accrocheur, mais c'est évoqué de manière assez confuse, suivant l'évolution d'un esprit en formation, un esprit formidable toujours avide de bondir plus loin et que j'ai bien du mal à suivre, moi, ne connaissant pas grand chose des sujets auxquels il s'intéresse. Et puis surtout, ce mysticisme m'est définitivement étranger, il y a dans tout cela un fond d'idéalisme romantique qui m'agace bien plus qu'il ne me séduit, et l'angélisme qui sous-tend toute l'affaire, même pris dans un sens plus intellectuel que proprement religieux, a franchement tendance à me rebuter. Rien à faire : aux anges, je préfère de longue date les démons.

Reste tout de même l'essentiel, au fond assez fascinant : le destin ambigu, affreusement malheureux ou parfaitement idéal, d'un homme trop spirituel pour ce monde, l'interrogation irrésolue sur la frontière si mince qui sépare le génie pur de la folie.
Les ambitions philosophico-scientifiques du texte le rendent inévitablement assez daté et la lecture en est parfois ardue, mais on y découvre un Balzac relativement méconnu, dont l'extrême curiosité intellectuelle mérite le détour.

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