Ce vendredi 7 octobre, nous avons rendez-vous à midi et demie à Marsalforn pour un baptême de plongée. Ce qui nous laisse juste le temps de visiter, en matinée,
les temples de Ġgantija - grand site mégalithique situé tout près d'où nous logeons. Connu de longue date, fouillé dès le début du XIXe siècle, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1980, le site fut construit entre 3600 et 3200 av. J. - ce qui en fait l'un des plus anciens bâtiments religieux de l'histoire de l'humanité, antérieur à Stonehenge ou aux pyramides d'Egypte.
Bon, concrètement, aux yeux du profane, ça ressemble surtout à un gros tas de gros cailloux mais le visitor's center est très intéressant, avec en prime pas mal d'objets trouvés au cours des fouilles.
Le site est un haut lieu touristique depuis le XIXe siècle - et le XIXe siècle en a laissé quelques traces !
On abrège un peu la fin de la visite pour ne pas être en retard à notre rendez-vous, et on fait bien car le centre de plongée -
Atlantis Diving center, que je recommande - n'est pas évident à trouver. En désespoir de cause, et comme le GPS raconte n'importe quoi, nous nous garons près du port et appelons le centre au secours : pas de problème, ils ont l'habitude, une voiture vient nous chercher.
Quelques documents à remplir, un peu impressionnants, puis on enfile les combinaisons, on charge le matériel dans un 4x4, et nous voici parties avec notre professeur (francophone, très pro et rassurant) vers la petite baie de Xwejni où le fonctionnement des bouteilles et des gilets nous est expliqué en détail avant la mise à l'eau. Puis il faut bien se la mettre sur le dos, la bouteille, et là je regrette bien de ne pas avoir une bonne dizaine de kilos de muscles supplémentaires sur les os ! Franchir les quelques vingt mètres qui nous séparent de la mer relève un brin du supplice, surtout lorsqu'on boulet nous interrompt pour poser des questions sur les meilleurs sites de plongée de l'île, puis je peux enfin me libérer de cette foutue pesanteur et tout commence à aller beaucoup mieux.
Quelques exercices pour s'habtuer au fonctionnement du matériel permettent de se mettre en confiance, et nous voici bientôt partis vers les jolis fonds transparents de Gozo. Même sous l'eau, tout ce que j'ai sur le dos me gène encore un peu, et m'arrêter en cours de route amène un vague relent de claustrophobie, mais j'oublie tout dès qu'on commence à nager, filant derrière un banc de poisson, soulevant de longs écheveaux d'algues ondoyantes... l'expérience est magique, abolit le temps, la profondeur, tout ce qui n'est pas la beauté rare de l'instant. Nous sortons de là avec une fière envie de recommencer à la prochaine occasion !
Le temps de repasser au centre de plongée pour laver le matériel, récupérer nos affaires, l'heure du déjeuner est plus que largement dépassée lorsque nous pouvons enfin nous installer à la terrasse du Pierre's restaurant, conseillé par notre moniteur, qui sert à peu près à toute heure de délicieux poissons grillés, les pieds dans l'eau devant la baie de Marsalforn. La pause est bienvenue, nous la faisons traîner un bon moment en dévorant à belles dents !
Nous reprenons ensuite la voiture en direction de la grotte de Calypso, au-dessus de la baie de Ramla. Selon la tradition, c'est en ce lieu que la nymphe ensorceleuse retint Ulysse pendant sept ans... mais si la légende est jolie, le lieu est un peu décevant : un glissement de terrain rend la caverne dangereuse et un gros rocher en interdit l'accès. Ne reste qu'à rêver devant le bout d'escalier qui s'enfonce dans la terre et profiter du très joli point de vue sur la baie en contrebas.
Et justement, en contrebas, un détail ne tarde pas à attirer mon attention : ce grand bâtiment de toute évidence désaffecté, à mi-pente en descendant vers la plage.
Le soleil décline, le vent fraîchit, il est trop tard pour retourner se baigner... et si nous allions plutôt jeter un coup d'oeil ?
De fait, le long de la petite route qui descend depuis la caverne, plusieurs maisons abandonnées se découvrent déjà, qui confèrent à ce coin de côte une ambiance très particulière de paisible désolation...
Ca a de la gueule, quand même, ce bâtiment. Qu'est-ce que ça a bien pu être ?
Portes ouvertes aux quatre vents, pas de clôture, ni même de panneau défense d'entrer : cela ressemble presque à une invitation !
Nous en sommes là de notre exploration lorsqu'entre en scène Johnny. Cinquantenaire à la gueule burinée, casquette, clope au bout des doigts, anglais hasardeux, il se présente comme un ancien videur de ce qui fut autrefois une boite de nuit. Quelques mots échangés et le voilà qui s'improvise guide... sans vraiment nous demander notre avis ! Un peu méfiantes mais trop curieuses pour refuser l'aventure, nous lui emboitons le pas vers les profondeurs du bâtiment, que nous visiterons du coup de fond en comble.
Nous accordons une affectueuse étreinte et une bise à notre guide, un brin collant quoique pas mal intentionné. Il nous fait un peu de peine, au fond, à revenir traîner ainsi sur les vestiges de ce lieu qui dut être superbe et où il travailla une bonne partie de sa vie. Mais non, nous n'irons pas pour autant prendre un verre avec lui !
Il est temps de rentrer et c'est un de nos colocataires qui aura ce soir la faveur de notre compagnie - un cuisinier anglais qui a déjà vécu à Xaghra, toujours partagé entre les agréments de la vie gozitaine et le salaire assez piteux que l'on récolte ici, qui permet bien de vivre ici où rien n'est bien cher mais auquel il a du mal à se résigner par principe.
L'itinéraire de la journée, pour le coup, ressemble à ça :
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