2/ Biographies et autobiographies :
John Franklin, l'homme qui mangea ses bottes - Anne Pons (Fayard, 2009)
Après la chute de Napoléon, privée de grand ennemi à combattre, la Royal Navy dut songer à reconvertir une partie de ses officiers. Au temps de la guerre succéda alors le temps des explorations, et tout particulièrement celui de la recherche du passage du Nord-Ouest, cette semi-mythique voie d'eau navigable qui permettrait de relier l'Europe à l'Asie par le nord du Canada.
Beaucoup d'hommes périrent dans cette quête, et John Franklin fut peut-être le plus célèbre d'entre eux. Disparu en 1846 dans les glaces du grand Nord avec ses deux navires et 130 hommes, il fut frénétiquement recherché sur les instances de son influente épouse, et des explorations se montent encore de nos jours pour tenter de retrouver les épaves.
Mais avant cette fatale aventure, il combattit à Trafalgar, faillit périr lors d'une première expédition terrestre, désastreuse, jusqu'à la côte nord du Canada (dont le récit rappelle assez
le Grand Passage de Kenneth Roberts), remit le couvert quelques années plus tard, épousa une indomptable lady aussi aventureuse que lui-même, et gouverna pendant sept ans la Tasmanie.
Aventurier très comme il faut, perpétuellement inadapté aux circonstances mais mû par un sens du devoir et un enthousiasme inflexibles, il illustre à merveille cette ère des gentlemen explorateurs, victimes de leur prétendue supériorité sur le monde sauvage mais dont l'acharnement à découvrir, malgré tous les dangers et tous les désastres, ne peut que forcer l'admiration.
Avec son superbe
Terror, Dan Simmons m'avait donné très envie d'en apprendre plus sur la dernière expédition Franklin et son commandant. Commençant par le plus immédiatement accessible, me voici donc lancée dans cette biographie - à ma connaissance, la seule publiée en français, et qui à défaut d'aller très loin dans la recherche et l'analyse des faits, compile les informations d'un assez large panel d'ouvrages sur le sujet. La plume est bien moins celle, rigoureuse et factuelle, de l'historienne, que celle, plus libre et poétique, d'une auteure fascinée par son sujet et sachant fort bien en rendre la puissance.
Cela manque parfois un peu de rigueur à mon gré - les premiers chapitres, notamment, sont organisés de manière un poil brouillonne - mais c'est une lecture intéressante et agréable, qui forme une bonne introduction au sujet. Les plus curieux trouveront en outre largement de quoi se nourrir dans la bibliographie finale !