Moi je n’ai pas changé d’adresse
Requête de :
tipitina pour
ecrirepouraiderPrompt : Jsquared college !fic
Censure : K+/PG
Date : 3 avril 2009
Jared entrouvrit la porte de la chambre. Un rai de lumière pénétra dans l’obscurité et frappa directement le lit à l’emplacement de l’oreiller de droite, du moins là où l’oreiller se serait trouvé s’il n’avait pas disparu sous la couette.
Jared haussa un sourcil et retint à peine un ricanement diabolique. Jensen s’obstinait. Depuis le temps il devrait savoir que cela ne servait à rien. Les mains dans les poches, il se rapprocha du lit. Au vu de la taille de ses jambes il n’eut besoin que de deux pas ; pourtant dans ces quelques secondes, la couette s’était déplacée comme d’elle-même, les bords se rapprochant du centre jusqu’à disparaître quelque part à l’intérieur d’une boule presque parfaite.
Bien tenté mais de toute façon voué à l’échec.
Jared étudia la situation, hocha la tête pour lui-même et après avoir sorti les mains de ses poches, il donna une grande poussée dans la boule qui roula par terre avec un couinement étouffé devenant en cri d’indignation, puis de douleur exagéré.
La tête de Jensen surgit des replis de la couette, les cheveux en bataille, la marque des draps sur le visage, le regard meurtrier.
« Le combat était perdu d’avance, Ackles.
- Je t’emmerde », marmonna Jensen.
Il cligna des yeux comme une chouette et s’extirpa à grands gestes paresseux de sa couette. Il y avait quelque chose de délicieusement sensuel à voir lentement apparaître ce corps pâle d’avoir trop vu l’intérieur de la bibliothèque et des couloirs de l’hôpital, les épaules larges et cette partie de clavicule dévoilée par un t-shirt trop large, les bras finement musclés, les hanches étroites et les longues jambes duvetées de blond.
Les doigts de Jared se crispèrent de l’envie de toucher.
Puis Jensen se gratta l’aine en baillant à s’en décrocher la mâchoire, il se prit les pieds dans la couette et Jared éclata de rire, une main sur son épaule pour le stabiliser.
Jensen lui flanqua un coup de coude.
« L’est quelle heure ? demanda-t-il.
- Presque midi, flemmard.
- C’est mon premier jour de vacances !
- Et tu crois que je vais te laisser dormir toute la journée ? Il faut en profiter ! »
Jensen grommela dans sa barbe naissante et sortit de sa chambre, probablement pour aller se faire un café. Sans aucun scrupule, Jared suivit des yeux la façon dont le boxer noir lui moulait merveilleusement le cul.
« Arrête de reluquer », lança Jensen sans se retourner.
Jared sourit largement.
« Arrête de t’afficher », rétorqua-t-il.
Un majeur apparut par-dessus l’épaule de Jensen, auquel Jared répondit par un bruit de succion.
« C’est une promesse ? » fit Jensen, moqueur.
Jared se mordit les lèvres pour ne pas confirmer, sachant que son « oui » aurait un ton trop sérieux. Jensen était en vacances, pour une semaine, après quelque mois de service intensif en hôpital dans le service de kinésithérapie.
Jared s’était demandé s’il attendrait quelques jours, que Jensen ait le temps de profiter de ses vacances au cas où les choses se passeraient mal. D’un autre côté, si tout se passait bien, et Jared y comptait, ils auraient une semaine entière pour profiter de l’un de l’autre.
Donc, c’était pour ce soir.
Enfin.
*
Jared allait sur ses huit ans lorsque les Ackles avaient emménagé dans la maison voisine. Enthousiastes dès qu’ils avaient constaté que les nouveaux arrivants avaient des enfants de leur âge, la smala Padalecki n’avait pas eu besoin de se faire prier pour aller les saluer. Megan, d’un an plus jeune que Mackenzie, s’était tout de suite liée d’amitié avec la cadette des Ackles. Jeff et Josh s’étaient vite trouvé des points communs. Mais Jared et Jensen… Trois ans de différence, à leur âge, c’était presque une vie entière. Cela n’aurait pas eu d’importance, Jared avait toujours été un enfant affectueux et social qui n’aurait pas retenu les onze années de Jensen contre lui. Mais à l’époque, ce dernier souffrait d’une timidité maladive. L’enthousiasme de Jared l’avait complètement paniqué (ou du moins c’était la conclusion que Jared en tirait) et il était resté muet comme une carpe. Après plusieurs tentatives infructueuses d’apprivoiser celui que Jared considérait comme « son » Ackles, il avait fini par se lasser, déçu, l’impression d’avoir été volé.
Les années passant, la timidité de Jensen s’était à peine améliorée malgré ses multiples activités (baseball, lacrosse et théâtre à la grande fascination de Jared qui s’était souvent demandé s’il se droguait pour réussir à monter sur scène).
Puis Jensen était parti à l’université. Trois ans plus tard, Jared l’y rejoignait. Leurs mères lui avaient recommandé il ne savait combien de fois de contacter Jensen tout de suite. Jared laissa passer un peu de temps, et à sa grande surprise, Jensen fut le premier à l’appeler et à lui proposer une rencontre.
Jared n’oublierait jamais la première fois qu’il avait vu Jensen à l’université. L’instant où il l’avait vu s’avancer vers lui.
« Ridicule » avait été sa première pensée. Jensen était d’une beauté ridicule. Il n’aurait pas su dire s’il le remarquait là parce qu’ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps, mais soudain ses yeux, ses cils, sa bouche, la douceur de ses traits…
Aujourd’hui, Jensen avait l’air moins fragile, plus masculin. Tout aussi beau, avec ce même effet d’anormalité par moment, mais il ne réveillait plus au premier coup d’œil un instinct de protection ou de prédation.
Il en fallait au moins un deuxième.
De fait, Jared avait été trop perturbé pour éprouver quoi que ce soit d’autre à ce moment et lorsqu’il s’en était remis, ils étaient tous deux sur la bonne voie pour devenir les meilleurs amis du monde, avec quelques années de retard.
Il avait fallu un mois à Jensen pour dire qu’il sortait avec un garçon. Qu’il finirait par en parler à ses parents, qu’il espérait que Jared comprendrait.
Deux heures de stupéfaction plus tard, Jared courait après Jensen et lui révélait sa bissexualité.
Le reste, c’était quatre années de complicité, de soutien. Jensen avait été là quand Jared avait décidé que Sandy était celle avec qui il voulait passer sa vie, là quand Sandy lui avait dit : « Tu te trompes de personne. ». Jared avait été là quand le petit ami de Jensen était parti sans un regard en arrière, là quand il avait failli renoncer à devenir kiné.
Ils avaient été présents l’un pour l’autre, toujours. Auraient pu être aveugle, toujours.
Jared, un peu à contrecœur, devait bénir Misha. Si Jensen ne s’était pas aussi bien entendu avec son nouveau binôme, si Jared n’avait pas explosé de jalousie, si Misha ne lui avait pas dit, l’air de le prendre pour un abruti : « Tu as remarqué que Jensen était fou de toi, hein ? »…
Jared s’était senti très bête.
*
« Ok, crache le morceau », fit Jensen d’un air suspicieux.
Comme Jared cessait de mâcher, il ajouta à la hâte :
« Métaphoriquement, bien sûr. »
Jared avala sa bouchée de pancakes et regarda quelque part au-dessus de l’épaule de Jensen.
« Quoi ? » demanda-t-il d’un ton innocent.
Jensen le fixa du regard, sourcils haussés, bras croisés.
« T’as un truc à dire. Une annonce à faire. Je te connais. Tu seras incapable d’attendre le moment que tu as prévu. Vas-y, dis-moi, ce sera fait. »
Jared soupira.
« T’aurais pas pu faire semblant ? marmonna-t-il. J’avais des choses de prévues, moi…
- Des choses de prévues ? »
Jared vit le regard de Jensen se faire prudemment neutre. Son ami se redressa légèrement dans sa chaise, les épaules presque sur la défensive.
« Des bougies, cette bière artisanale que t’adores, j’aurais pas cuisiné, mais j’ai fait une commande chez le traiteur… »
Il surveillait soigneusement les traits de Jensen. Ce dernier cilla et sourit d’un air crispé.
« Ça m’a pas l’air bon, ça, qu’est-ce que tu vas m’annoncer ? Tu déménages en Alaska ? »
Jared baissa les yeux, inspira un grand coup et redressa les épaules.
« Tu te souviens, y’a deux ans ? On s’était dit en rigolant que si à 40 ans on est encore célibataires, on s’installerait ensemble et on se marierait…
- Tu as quelqu’un et tu déménages avec elle. Lui.
- Jensen, tu me laisses finir ? J’ai pas besoin de déménager, j’y suis ! »
Jensen se figea.
« … hein ?
- Ce que je veux dire, c’est qu’on a emménagé ensemble avant d’avoir 40 ans et on peut peut-être aussi se marier avant ! Enfin non, c’est pas ce que je voulais dire mais… raaah, c’est pour ça que je voulais faire les choses bien ! »
Jensen le fixait sans rien dire, les yeux écarquillés.
« J’avais tout un discours, continua Jared. Sur le fait que je veux te réveiller plus agréablement le matin. Que je veux qu’on prenne un chien tous les deux. Que tu sois mon « accompagné » au mariage de ton frère et que je sois le tien.
- Ah, fit Jensen.
- Ouais. »
Il y eut un silence, puis Jensen repoussa sa chaise. Il se leva, contourna la table et s’arrêta devant Jared. Ce dernier s’écarta à son tour de la table. Jensen appuya les doigts sur la joue de Jared, se pencha.
Il avait le goût du café qu’il venait de boire, le menton rugueux de la barbe matinale. Jared posa les mains sur ses hanches et le tira en avant pour approfondir le baiser.
« Ok », finit par dire Jensen.
Jared se mit à rire, le visage contre le ventre de Jensen.
« Si j’avais su que ce serait aussi facile…
- Facile ? On m’a promis de la bière et de la bouffe de luxe. J’ai bien l’intention de recevoir mon dû. »
Jensen lui passa une main dans les cheveux, Jared entrouvrit la bouche, caressa des lèvres la peau sous le t-shirt. Jensen frissonna.
« Mon Ackles, souffla Jared avec un petit rire.
- Quoi ? »
Jared secoua la tête et l’embrassa sans répondre.
(fin)
Notes :
− Vous noterez l’absence totale d’université dans l’histoire. >.> mais j’ai l’autorisation de Tip !
− Tout le monde sait que Jensen est un chouia timide, mais le coup qu’il décrochait pas un mot plus jeune, je le tiens de là :
Yes He's Always Been Like That − V____V
− Oui, je continue dans les titres foireux
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