Red Spy Queen, le commencement - Chapitre 16/18

Sep 15, 2013 21:05




Auteur : camille_miko
Base : Originale
Titre : Red Spy Queen - Le Commencement
Chapitre : 16/18
Disclaimer : Tout est à moi,
Rating : NC-17
Résumé : C'est l'histoire de deux femmes et d'un homme. Au début, ils n'avaient aucune importance. À la fin, ils ont sauvé le monde et le monde n'en sait rien. Sauf vous. Vous, vous savez tout.
Bêta : tidooo, Laurent

AO3 // FF.net //


Roxane venait de déposer son dossier de grossesse à l'infirmerie. La Mission "Parturiente" avait été une réussite. Le médecin avait été impressionné qu'elle ait déjà eu le temps de remplir tous les dossiers, d'avoir lu et sélectionné le cadre légal la concernant, ainsi que d'avoir sélectionné les points qui l'intriguaient le plus dans les conseils pour mener à bien sa grossesse sans -trop de- complications. Visiblement, la majorité des femmes enceintes gérées par eux, revenaient plusieurs fois, car la constitution du dossier était longue et complexe. Elle avait éclaté de rire en expliquant qu'elle avait une équipe avec elle, qui avait assuré et fait tout ce qu'il était nécessaire pour qu'elle puisse revenir le lendemain avec l'ensemble des réponses et des questions voulues. Il était prévu qu'elle revienne d'ici trois semaines pour que l'on juge l'évolution de sa grossesse et ses conséquences physiques. C'était le principal avantage à être un agent de terrain. L'Armée payait d'excellents médecins pour s'assurer que l'on reste en pleine forme et qui faisaient donc un suivi comme jamais personne ne pourrait rêver.
Elle avait filé après à l'autre bout du bâtiment, pour toquer à la porte.
- Entrez ! Oh ! Lieutenant Roche, la salua le Capitaine Leroi. Dites-moi.
- Je venais vous voir à propos de ce dont nous avions parlé l'autre jour. De ce qui me posait problème en entraînement, Capitaine, commença-t-elle.
Elle se doutait qu'il n'allait pas sauter de joie à l'idée d'avoir une équipe immobilisée, mais après tout, il n'y avait pas non plus de raison que ça se passe mal. Après tout, elle ne le savait que depuis quelques jours à peine. Elle ne pouvait pas faire mieux.
- Asseyez-vous et dites-moi tout.
- Je suis allée à l'infirmerie et ils m'ont fait passer quelques tests pour s'assurer de bien avoir cerné le problème. J'avais besoin d'en parler avec mon mari avant de le faire. Pour prendre nos décisions.
- Est-ce que cela est grave, Lieutenant ? Demanda-t-il.
- Non, pas réellement. Je vais accoucher en octobre, Capitaine. Je suis enceinte d'un mois et demi. Le médecin que j'ai vu m'a dit qu'avec les bons compléments et quelques petits trucs, je devrais pouvoir assurer sans aucun souci les missions pour encore deux mois, mais qu'après, il serait bon que je sois limitée au service de renseignements pur et non plus d'actions. Les changements corporels et hormonaux feront que je ne serai plus fiable pour mon équipe et pour moi.
- Je vous avouerai, Lieutenant, que ce que vous m'apprenez ne m'étonne guère. Nous avions supposé avec les Généraux qu'après votre mariage, vous envisageriez peut-être de fonder une famille. Je suppose que l'agent Joker et le Lieutenant Paci sont au courant.
- En effet, Capitaine, répondit-elle avec un petit sourire.
- Je suppose que j'ai donc bien fait de ne pas parier avec nos Généraux, sur qui de votre équipe ou de votre hiérarchie vous informerez en premier. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, Roxane. Allez-vous reprendre le service actif après votre accouchement et si oui, dans quel délai ? Est-ce que je dois envisager de reformer une équipe après votre départ.
- Je reste, Capitaine. N'en doutez pas. J'ai déjà pris rendez-vous avec le Commandant Filt et le Sous-Lieutenant Marot pour adapter mon entraînement à ma grossesse et prévoir mon entraînement après mon accouchement pour pouvoir réintégrer le service actif le plus rapidement et de la meilleure manière. Je ne pars pas.
- Bien, Lieutenant. Je n'en attendais pas moins de vous. Vous savez, votre équipe ira loin, mais pour cela, il faudra que vous restiez une équipe tous les trois. Si l'un d'entre vous décide de partir, aucun des deux autres ne pourra continuer à évoluer positivement au sein de notre section. Je vous le dis à vous, car si quelqu'un doit partir, j'ai bien peur que ce ne soit vous. Vous êtes mariée à un civil et vous semblez tenir à cette relation. Vos deux autres collègues n'ont pas ce genre de liens et n'envisagent pas la présence d'une autre personne dans leur quotidien. Vous, de par votre relation, vous avez toujours vécu aussi en dehors de la base. Votre conjoint pourrait un jour aspirer à une autre vie. Une vie où sa femme ne met pas la sienne en danger, même si c'est pour la meilleure cause qui soit, où elle ne découche pas plusieurs nuits par mois pour son travail. Je sais qu'il le tolère actuellement. Néanmoins, un jour, tous les conjoints finissent par demander un changement de vie. A ce moment-là ce sera à vous de faire un choix. Soit vous désirerez mener une vie familiale plus classique, soit vous ne voudrez pas abandonner votre travail. Les deux sont admirables, mais tous deux nécessiteront vraisemblablement le sacrifice de l'autre possibilité pour être maintenu. Je vous conseille d'y réfléchir dès maintenant et durant votre congé maternité. Je ne suis pas certains que vos collègues puissent comprendre les enjeux de la question qui se pose à vous, mais vous n'aurez pas de seconde possibilité, si vous vous trompez.
Roxane le regarda interdite, durant quelques secondes.
- Mon mari ne me demandera pas de faire cela, Capitaine. Il sait l’importance que ce travail a pour moi. Il sait que tout cela n’a rien d’anodin. Il sait aussi que je ferais le nécessaire pour équilibrer ma vie privée et ma vie professionnelle, comme je l’ai toujours fait jusqu’à présent.
Le capitaine Jeremy Leroi la regarda sortir, en soupirant. Bien souvent, il vivait cette scène. Jusqu’au moment de la première grossesse, les époux ou épouses acceptaient que leurs conjoints se mettent en danger. Simplement, quand une famille commençait se fonder, ils n’en voulaient plus de cette inquiétude. Ils voulaient savoir que leurs conjoints étaient en sécurité et seraient présents pour le repas du soir. Cette histoire vieille comme l’instauration des combats armés était régulière. Il avait vu des carrières fantastiques exploser en plein vol, simplement parce que l’époux finissait par avoir des scrupules. Cette histoire marchait bien mieux avec les femmes que les hommes. La société acceptait que les hommes se mettent en danger pour protéger leur monde et les valeurs en auxquelles ils croyaient et adhéraient. Par contre, elle ne le tolérait pas venant des femmes. Le déclic était la grossesse. C’était le moment où elles cessaient d’être des femmes, des épouses, des amantes pour devenir exclusivement des mères, aux yeux de la société. Personne n’était choqué qu’une mère prenne du temps avec son enfant, et que pour cela, elle cesse de travailler. Il n’en était pas de même pour un homme. Bien plus loin que cela, certains estimaient qu’une femme n’avait pas à faire ce travail et saisissait cette occasion pour les forcer à cesser. Pire encore à ses yeux, il y avait ces femmes qui se censuraient d’elle-même. Elles ne pouvaient pas faire cela à leurs enfants. Pourtant, elles aimaient ce travail, elles y étaient bien souvent brillantes. Roxane était typiquement l’une de ces femmes. Elle était douée à ce travail. Elle avait fait le choix d’équilibrer sa vie dans l’armée et sa vie à l’extérieur. Elle avait refusé de vivre sur la base, dans l’un des logements familiaux. Ils avaient un certain nombre de maisons de taille raisonnables et parfaitement acceptables pour une famille et elles étaient réservées en priorité à celles-ci. Les militaires célibataires devaient soit vivre en collocation pour accéder à elles, soit vivre dans des studios s’ils désiraient rester sur la base. Seuls les gradés avaient droit à quelques extras, mais ceux-ci n’étaient pas forcément très encourageants. De par leurs soldes plus conséquentes, ils n’étaient pas prioritaires pour l’obtention d’un logement sur la base par rapport à quelqu’un de moins gradé. Les seuls ayant un logement sur la base étaient les dirigeants de celle-ci, car ils ne devaient pas être tenus à l’écart de leur lieu de travail durant leurs astreintes. Ils n’avaient bien souvent pas le droit de s’éloigner de plus de dix kilomètres de la base et surtout devaient constamment être joignables et localisables. Ce n’était pas toujours une sinécure. Quoi qu’il en était, le Lieutenant Roxane Roche était typiquement l’une de ces femmes qui quelques mois après leur accouchement finiraient par partir.
C’était dommage, car comme il lui avait dit, elle avait de l’avenir dans le service. Tous les trois avaient su acquérir une véritable symbiose, une capacité à travailler ensemble qui les rendait efficaces. Ce n’était pas donné à tout le monde. Certaines équipes ne fonctionnaient pas très bien, car les caractères ne correspondaient pas à une réellement adaptation les uns aux autres. D’autres au contraire, comme eux trois, arrivaient à immédiatement se comprendre. C’était une véritable chance et une grande richesse quand cela advenait. C’était des équipes qui bien souvent, tant qu’elles restaient ensemble, grimpaient hiérarchiquement. Au bout de dix ans, il n’était pas rare de les retrouver à la tête d’un groupe d’équipes, dans la sélection ou l’entraînement. A la base de Lyon, il y avait une équipe assez complémentaire, où tous les trois avaient des aptitudes réellement différentes. Le premier était devenu chef-recruteur et son service tournait particulièrement bien, car il connaissait la réalité du terrain de ce que les futures recrues auraient à faire pour devenir des soldats, mais aussi ce qu’ils auraient à traverser pour le rester. Ce n’était pas rien et il pouvait parler en connaissance des choses. Le second était devenu responsable de la coordination des opérations. C’était en grande partie son rôle déjà à l’époque où l’équipe travaillait ensemble, mais cela avait pris une plus grande envergure. Il avait récemment géré l’envoi d’hommes, de vivres et d’outillages au Soudan où une nouvelle guerre civile menaçait d’éclater. Le gouvernement français avait suivi l’injonction des Nations Unies d’aller sur le terrain pour apporter leur soutien logistique dans la reconstruction des canalisations d’eau potable. Il y avait aussi bien évidemment des armes dans l’envoi. Les dernières missions Casques Bleus auxquelles l’Armée Française avait participé rendaient les militaires très inquiets. Nombre d’entre eux refusaient l’idée de partir en tant que Casque Bleus de l’ONU, alors, il fallait ruser. Certes, l’Armée n’était pas le lieu d’expression privilégié de toutes les opinions, mais envoyer une troupe qui refusait le principe même de sa mission avant même qu’ils n’aient été désignés pour celle-ci rendait la chose presque impossible à gérer en interne. Enfin, le troisième était devenu un chef instructeur. Il gérait l’entraînement de ses nouvelles recrues, avant d’essayer de trouver quelles étaient les spécialités où leurs aptitudes s’épanouiraient le mieux. Ce n’était pas simple, mais pour autant, il n’aurait pas laissé un autre le faire. On les voyait souvent ensemble, ces trois-là. Dès qu’ils le pouvaient, ils étaient ensemble, en fait. La rumeur voulait que pendant que le premier examinait les dossiers de candidature, il allait toujours s’installer dans le bureau du second, d’où on voyait le terrain d’entraînement du troisième. Ils avaient obtenu une collocation tous les trois ensemble. Bien sûr, des rumeurs avaient circulé. Elles s’étaient rapidement tues. Les plus anciens, en particulier ceux qui avaient déjà travaillé avec eux, ne s’amusaient pas à avoir ce genre de propos, et s’arrangeaient bien souvent pour que les petits nouveaux oublient rapidement leurs idées.
C’était une grande fierté pour l’Armée. Même après la fin officielle de leur collaboration, ces trois hommes ne pouvaient pas réellement s’éloigner les uns des autres. Jeremy Leroi n’était pas certain que ce soit une véritable réussite d’avoir créé un lien aussi fusionnel, mais il fallait reconnaître que dans l’hypothèse d’une collaboration à réactiver, les choses seraient bien moins complexes ainsi. L’équipe Heaven avait le même genre de potentiel. Isabelle Paci était une organisatrice sans faille. Le Joker avait pour lui des années d’espionnage en solo, qui lui permettaient de savoir se fondre dans le décor et surtout s’adapter à n’importe quel groupe. Quant à Roxane Roche, elle avait de réelles compétences en tant que porte-parole d’un groupe et de tireur. Si elle revenait de sa grossesse et qu’elle restait réellement, l’un des projets qui lui serait attribué était de la former à devenir tireuse d’élite. La hiérarchie avait amorcé l’idée depuis longtemps, quand ils s’étaient rendus compte que les armes ne la rebutaient pas et qu’elle prenait plutôt plaisir à l’exercice du tir. Après l’avoir vue dans un certain nombre de missions où elle avait eu à faire usage de son arme, ils avaient pu voir que si elle ne prenait aucun plaisir à blesser ou ôter la vie d’une tierce personne, elle le faisait sans aucune hésitation si cela signifiait protéger sa propre vie, celle d’un de ses collègues ou d’un civil. Il avait dû lui apprendre à vivre après cela, avec ça, par contre. La première fois, elle avait été dévastée et avait fini par lâcher le morceau auprès d’un médecin de l’infirmerie. Celui-ci lui avait conseillé d’en parler avec l’un des psychologues attitré de la base. Elle avait avoué qu’elle craignait le regard de ses camarades, en particulier du Joker, qui était un professionnel. Contrairement à elle et Isabelle. Elle ne l’avait pas dit à son équipe, mais cela se sentait dans tous ses mots, toutes ses attitudes, tout son ressenti. Ce qu’elle n’avait pas compris, c’était que ses deux collègues avaient assimilé que cela n’allait pas, qu’elle devait parler, qu’ils essayaient de l’y encourager, mais ne savaient pas pour autant comment le faire. Le jour où ils avaient deviné qu’elle voyait un psychologue de la base, ils avaient déboulé dans son bureau pour le bombarder de recommandation -ne la brusquez pas, proposez-lui du thé, …- mais aussi de consignes -elle a mal vécu d’avoir tué quelqu’un, faites-la parler à ce propos. Le psychologue avait fini par comprendre très rapidement que le plus sain serait encore d’expliquer à Roxane que ses deux collaborateurs s’inquiétaient pour elle, qu’ils avaient conscience de ce qu’elle traversait et qu’ils ne désiraient rien de moins d’elle, qu’elle aille mieux. Une fois que cela avait été dit, elle n’était presque pas revenue, mais bien plus que cela, son état s’était amélioré et assez rapidement. Cette équipe était faite un peu de bric et de broc, quand on y pensait. Deux jeunes civiles, qui étaient devenues des militaires par la force des choses. Un soldat qui n’entrait définitivement pas dans les moules. Trois terriens qui définitivement ne supportaient pas l’autorité pesante de l’Armée, qui râlaient régulièrement en découvrant leurs missions, mais les accomplissaient toujours. Et peut-être -peut-être bien…-, peut-être étaient-ils l’une des équipes les plus efficaces qu’il ne lui avait été donné de rencontrer sur la base. Ils savaient se comprendre sans un mot d’une manière qu’il respectait. Cette équipe n’était définitivement pas classique. Elle n’était pas comme toutes les autres et pourtant, elle avait ce je-ne-sais-quoi qui la rendait efficace et réellement apte à effectuer son travail.
Le Capitaine Leroi suivit du regard la silhouette fine et un peu vacillante de Roxane Roche, en bas du bâtiment, qui se dirigeait vers ses deux camarades qui l’attendaient visiblement pour aller déjeuner. Cette équipe, qui tournait si bien, était aujourd’hui en danger. Il n’avait aucune idée de comment la sauver. Roxane Roche serait-elle la même une fois mère et fraîchement divorcée pour avoir choisi le service plutôt que sa famille ? Une fois divorcée ferait-elle encore le choix du service, plutôt que celui de son enfant ? Il n’en était pas certain et il devait avouer qu’elle fonctionnait bien aussi parce qu’elle était telle qu’elle était maintenant et non pas une autre. L’équipe Heaven allait très vraisemblablement être éclatée dans quelques mois, un an tout au plus. Encore faudrait-il qu’Isabelle Paci fasse le choix de rester. Cela se savait que sa présence était principalement liée depuis le début à celle de Roxane. Sans l’une, l’autre ne se serait jamais lancée dans tout cela. Allait-elle continuer sans l’autre ? Rien n’était moins sûr. Cette grossesse posait bien des problèmes sur toute l’équipe. A commencer par le Joker. Supporterait-il d’être attribué à une autre équipe, d’avoir une nouvelle identité et de travailler avec d’autres personnes ? Ce n’était pas certain. Il avait déjà perdu une équipe par la faute d’un manque de préparation pour une mission, il ne vivrait certainement pas sereinement la perte d’une seconde équipe fusse par la décision de ses deux autres membres. Hormis les Généraux et lui, personne n’était au courant du passé du Joker. Ils avaient fait le choix de ne pas le révéler aux deux jeunes femmes et une interdiction avait été faite au jeune homme d’aborder le sujet. Il avait été blanchi de toutes les charges qui avaient pesé sur lui à l’époque. Il avait même été affecté à une nouvelle base, avec un nouveau nom de code. Celui-ci, il l’avait choisi. Le précédent -Archange- avait été un très mauvais clin d’œil à son identité. Cette fois-ci, Joker était une manière de ne pas oublier qu’il y avait des blessures qui n’étaient pas guéries sous le masque. Une manière de forcer sa hiérarchie à ne pas oublier le carnage qui avait été fait en envoyant des agents trop peu expérimentés sur le terrain. Ils n’avaient pas bien préparé la mission. Certaines informations n’avaient pas été prises. Joker -Archange à l’époque- n’avait pour rôle que de leur faciliter l’évacuation. Il était là, avec son oreillette, bien au chaud dans une fourgonnette qui les attendait. Il devait simplement leur donner des indications par le micro. Il les avait entendus se faire massacrer. Les cris résonnaient encore dans ses cauchemars. L’ensemble de la hiérarchie en était fermement convaincu. Jamais, au grand jamais, il ne pourrait oublier. Il avait une vision thermique de la scène et grâce à cela il avait vu ses collègues se faire descendre. La mission avait été un échec critique, mais il avait fallu attendre plusieurs heures avant d’arriver à l’ôter de son poste d’observation. Il était resté là à les écouter rendre leur dernier souffle et à voir peu à peu la vie s’échapper de leurs corps qui refroidissaient. Ils avaient été enterrés avec les mérites qui leur étaient dus. Leurs familles avaient obtenu tout ce que des héros pouvaient obtenir. Jok’ lui n’avait pas pu venir à la cérémonie. Il était suspecté de les avoir emmener droit dans un guet-apens. De toute façon, les deux familles avaient refusé qu’il soit présent. Il n’avait pu se recueillir que deux semaines après tout cela, une fois innocenté. Un copain de la base, Bastien, avait été présent aux funérailles et il lui avait tout raconté. Il était venu avec lui pour l’occasion. C’était son dernier souvenir de Brest. Après cela, il avait été muté sur Paris, son identifiant changé. Il n’avait rien pu dire à Bastien. Pourtant, tous les ans, Bastien continuait à recevoir une enveloppe avec quelques billets pour s’assurer que deux énormes gerbes seraient déposées sur leurs tombes. Il y avait juste une carte postale avec quelques mots au dos. « Pense à toi ». « Félicitations pour ta médaille ». « T’as intérêt à bien t’occuper de ta femme ». Les cartes et l’enveloppe étaient toujours postées d’un endroit différent. Généralement, Jok prenait le premier week-end d’octobre comme congé pour pouvoir voyager dans la France et envoyer sa lettre. Bastien n’était pas bête. Il avait dû rapidement comprendre quand l’Armée lui avait dit qu’il n’y avait aucun agent Archange dans leurs rangs et qu’en même temps, Archange ne reprenait pas contact avec lui, dans l’hypothèse d’un retour à la vie civile. Un changement d’affectation, de passé était la seule raison de toutes ces réponses de la part de l’Armée. De tout en somme. Le Joker était un autre quand il était arrivé à Paris. Pourtant la blessure était toujours présente et elle se voyait dans sa manière d’être et d’agir envers Isabelle et Roxane.
Les deux jeunes femmes n’en avaient pas conscience et peut-être était-ce mieux ainsi. Il ne savait pas réellement quelle était la meilleure solution. Oh, bien sûr, il se doutait bien que s’il avait désiré leur en parler, interdiction ou non, il s’en serait éperdument moqué et aurait fait ce qu’il voulait. Pourtant, l’aurait-il fait ? C’était aussi reconnaître qu’il n’avait pas su protéger comme il faut une de ses anciennes équipes. C’était un semi aveu d’impuissance, que, oui, peut-être il les avait mis en danger par le passé, que peut-être il le ferait dans le futur. Cela avait son importance et tout le monde comprenait qu’il fasse le choix de ne jamais le dire. Il était certes, le moins rebelle des trois, mais c’était aussi une manière de l’aider que de lui interdire d’évoquer la chose. Tant qu’on ne parlait pas de quelque chose, il n’y avait aucune raison que ses collègues le découvrent, qu’ils le jugent pour ce qu’il avait fait et décidé de le mettre au ban ou non de leur groupe. C’était une manière tordue de le protéger. Il aurait mieux valu que l’Armée reconnaisse ses tords dès le début, mais elle n’était pas douée pour cela. Mettre les choses sous le tapis lui convenait parfaitement.
Alors qu’il les regardait tous les trois sortir peu à peu du champ de vision qu’il avait depuis sa fenêtre, le Capitaine Leroi se surprit à espérer que sa jeune recrue ne soit pas très maternelle, malgré ses prédispositions évidentes. Ainsi peut-être éviterait-il à son équipe d’exploser et cela permettrait de ne pas perdre définitivement trois agents qui pourraient aller très loin et apporter beaucoup à l’Armée.

A suivre...

La fin approche de plus en plus.
Il y aura normalement, deux scènes "off" (et bien kinky) qui seront publiés avant que la deuxième partie puisse être publiée.

Pour commencer au début :
AO3 // FP.com // LJ

originale:red_spy_queen_le_commencement, originale

Previous post Next post
Up