Série : Havoc et Fury, une histoire à suivre
Chapitre #17, Second bests
Personnages/Couples : Jean Havoc, Cain Fury ; Havoc => Fury, Fury => Roy, Roy/Riza
Thèmes #01 et 04, «
regarde-moi » / « toi et moi » (
30_baisers)
Genre : shōnen ai
Gradation : PG / K+
Nombre de mots : 1000
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***
Le Colonel est de retour, pour de vrai. (La "petite fête" en son honneur, malgré les dérapages, ne l'a pas fait fuir à toutes jambes.
En fait, quelques jours plus tard, signe s'il en est qu'il reprend du poil de la bête, il a même fait remarquer à Havoc que ces derniers temps, ce dernier a l'air d'une loque. Depuis la fête, en fait, précisément. Que quelque chose le ronge et qu'il est infoutu de l'affronter. Alors comme ça, son coup de gueule et ses diatribes sur le fait d'assumer ses problèmes et sur la lâcheté, ça n'était que du flan ? Il n'est pas heureux de le revoir, hm ?
Ça n'arrange pas l'humeur de Havoc ; au contraire, même.)
Depuis, leur petite routine a repris doucement, à commencer par des tonnes de rapports administratifs à vérifier avec Mustang qui doit se remettre en route. Penchés sur leurs dossiers, plusieurs jours de suite sans répit, c'est à peine s'ils voient le temps passer.
Quand les piles diminuent enfin et qu’ils peuvent s’accorder plus souvent une petite pause par-ci par-là, Fury ne peut s’empêcher de remarquer que Havoc n’a pas l’air particulièrement content. Il n’aurait jamais cru que ce retour lui déplairait, pourtant. Le grand sous-lieutenant mâchonne le bout de sa cigarette, au lieu d’aller en profiter pour s’en griller une. Il se contente de… bouder, oui, dans son coin, autant que possible à l’écart des autres. Quelque chose cloche, sans nul doute. Bien que ça ne le regarde pas, il ne peut pas ignorer un ami qui rumine de sombres pensées. Avec ou sans les injonctions des collègues à l'aider, quelques jours plus tôt, il serait venu lui demander de toute façon :
« Mon lieutenant ? excusez-moi, mais… est-ce tout va bien ?
- Ah ? Mouais. Bof.
- Je sais que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais, vous avez l’air… contrarié.
- P’tet'. »
Fury se mord la lèvre, dépité. Il n’aurait peut-être pas dû commencer ça, en fait. S'il y réfléchit, une telle conversation avec lui ne peut qu’importuner Havoc, et n’aboutir à rien.
Cependant…
« C’est pareil pour toi, non ?
- Moi ?
- Tu passes ton temps à les regarder. À croire que tu es jaloux, » indiqua-t-il platement, pointant Le-Colonel-et-Son-Lieutenant (celle-ci penchée sur le bureau de celui-là pour lui expliquer un dossier de très près).
Fury baisse le nez.
« Oui. Un peu, » avoua-t-il. Effectivement, cete situation le contrarie, mais il essayait de ne pas le montrer. Ça n'était pas censé le concerner.
Un silence gêné s’ensuit, chacun ignorant comment poursuivre cette conversation.
« Pardon, reprend enfin Fury, sans appel.
- He ?
- L’adjudant Farman me répète depuis des jours que je devrais essayer de vous aider à trouver une petite amie -j’ai beau lui dire que je ne saurais pas faire, il insiste- et… ben, vraiment, je suis incapable de faire quoi que ce soit. Le premier lieutenant…
- C’est pas elle, coupe Havoc.
- Oh. »
Nouveau silence.
« C’est encore plus compliqué, alors, admet Fury, malheureux.
- Mouais.
- Je suis désolé.
- T’as pas à l’être. C’est pas ta faute.
- Je me sens coupable, quand même.
- Faut pas. C’est vrai qu’il y a un peu de quoi, mais, t’y peux rien, vraiment. C’est juste qu’on a pas de chance, toi et moi : on sera toujours des laissés-pour-compte, des seconds choix. Enfin, j’ai l’habitude.
- C’est triste.
- Ça dépend pour qui… après tout, il me reste peut-être une petite chance.
- Vraiment ? »
Fury déborde d’espoir à cette idée.
« Ouais.
- S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire, lieutenant ?
- Hmm… peut-être.
- Je vous en prie, demandez-moi ? »
Havoc sourit.
« Ouais, justement. Mais pas tout de suite.
- Je… je vous demande pardon ?
- T’as cru que je voulais Riza ?
- Oui.
- Puis Roy.
- …Oui.
- Et ça ne t’a pas choqué.
- …Non, reconnaît Fury, rougissant.
- Parce que tu es dans le même cas. »
Fury se tortille, mal à l’aise, n’osant plus regarder Havoc dans les yeux.
« Sauf que tu te trompes, là aussi.
- Ah ? »
Il écarquille les yeux, essayant de comprendre. Il a beau repasser cette conversation et ce qu’il croyait avoir observé, il ne voit vraiment pas.
« La personne qui m’intéresse, là pour le moment, c’est toi. »
Ensuite, c'est Havoc qui rompt le contact, cette fois. Cet accès de sincérité est sorti tout seul, mais reste dur à assumer, une fois échappé. Il ne peut plus regarder en face le jeune sergent-major qui tombe visiblement des nues :
Le lieutenant Havoc, qui s’intéresserait à lui, insignifiant petit Fury ? impossible ! Le pauvre ne devait pas avoir les yeux en face des trous…
« Mais enfin Lieutenant, regardez-moi : je ne vaux rien…
- T-t. J’ai regardé. Tout ce que j’ai pu. Et ce que j’ai vu me plaît. Sauf… c’est vrai, deux petits défauts. »
Et Cain a beau se dire et répéter lui-même qu’il est indigne d’intérêt, ça fait mal, malgré tout, d’entendre l’autre affirmer que oui, il est loin d’être parfait. Ça fait mal, mais il veut savoir quand même. Tant pis s’il croyait ne pas se soucier de l’opinion de cet homme.
« Lesquels ?
- T’as une image de toi déplorable ; c’est pas très encourageant. »
Oui, oui, bien sûr. Ça, il le sait bien. Mais il n’y peut rien non plus.
« Et… le deuxième ?
- On dirait que tu ne vois que le Colonel. Tu sais, j’aimerais bien qu’un jour, tu l’oublies un peu et que tu prennes le temps de jeter un œil de mon côté. Ok ? »
Et là-dessus, Havoc vérifie que personne ne les regarde avant de plaquer un baiser rapide au coin de ses lèvres, et le laisse là à essayer de remettre ces idées en ordre.
(Puis il prendra une vraie pause-cigarette et se demandera, nom de dieu, mais qu'est-ce qui l'a pris, d'abord de faire ça, ensuite de faire ça à ce moment-là. Et dans un endroit pareil. Leur coin était désert à ce moment-là, mais, c'était quasiment au vu et au su de tous !)
***
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