"Les Cités des Anciens - Intégrale, tome 2" de Robin Hobb
roman fantastique - 1118 pages
♥ ♥ ♥ ♥ 4/5
Rooooh, qu'il est joli, ce second intégral des « Cités des anciens » ! Je l'ai attendu patiemment pendant une année et c'est avec ravissement que j'ai contemplé la superbe tête de dragon qui orne sa couverture. Faut dire que les dragons et moi, c'est une longue histoire d'amour et que les grosses bébêtes écailleuses et volantes ont toujours su réveiller chez moi un enthousiasme enfantin. Pourtant, ils ne sont guère sympathiques, les dragons version Robin Hobb. A vrai dire, ceux sont même de sacrées saletés, arrogantes, désagréables, nombrilistes et que leurs malformations dues à une trop longue gestation ne rendent que plus irascibles. Après avoir été nourris et dorlotés par leurs pauvres gardiens humains depuis les berges humides du Désert de la pluie jusqu'aux ruines de la cité perdue de Kelsingra, on pouvait penser que les sales bêtes montreraient un brin de gratitude. Mais niet ! Je t'en foutrais de la reconnaissance ! Pourtant et à leur vif déplaisir, ces dragons impotents ont toujours besoin de l'aide des humains. La plupart sont toujours incapables de voler et, par conséquent, de se nourrir et de se protéger. de leur survie dépend la perduration de leur race et celle-ci est gravement menacée, notamment par les sbires du sanguinaire duc de Chalcède, prêt à tout pour s'approprier de la chair de dragon et vaincre ainsi la maladie qui le ronge.
Il y a quelque chose de magique chez Robin Hobb, quelque chose que je ne parviens pas à expliquer… Nan, par ce que si je voulais être vraiment de mauvaise foi, je dirais que l'on peut résumer la première moitié de cet intégral de cette façon : au début du récit, les personnages se trouvent sur la berge d'un fleuve et veulent le traverser. Et, au bout de 600 pages, ils y arrivent ! Ouais, je sais, dit comme ça, ça fait un peu peur... Et le truc incroyable, le truc incompréhensible et qui me plonge dans des abîmes de perplexité, c'est que, pendant ses 600 pages, je ne me suis pas emmerdée une seconde ! Je ne vais pas dire non plus que j'avais une envie monstrueuse de découvrir la suite, mais j'ai avalé ce gros pavé avec la plus grande facilité et un plaisir constant. Bien sûr, cette saga souffre des défauts habituels à toutes celles de Robin Hobb, notamment des intrigues de coeur qui fleurent parfois le soap opera et une fin honteusement précipitée - toute l'action du récit semble comprimée dans les 150 dernières pages et on peut facilement s'amuser à imaginer ce qu'aurait donné la même histoire racontée par un autre auteur, David Gemmel par exemple : beaucoup plus de bastons et beaucoup moins de prises de tête assurément. Mais Robin Hobb ne serait pas Robin Hobb sans ses petits tics de narration bien pardonnables et son rythme savoureusement… Allez, je ne vais pas dire « plan-plan »… Disons : « décontracté ».
Robin Hobb sait éveiller chez nous l'âme d'un explorateur - d'autant plus facilement qu'elle nous permet de voyager sans quitter notre fauteuil - et nous fait découvrir à chaque saga de nouveaux horizons, tous plus fascinants les uns que les autres. On passera beaucoup de temps, bien sûr, dans la cité perdue de Kelsingra riche de nombreux mystères, mais on aura aussi le plaisir douteux de fouiner dans le coin du duché de Chalcède. Et je vous le dis tout de suite, Chalcède, moi, j'irai pas y passer mes vacances. Grâce aux sagas précédentes, on savait déjà que naître femme ou esclave là-bas n'était pas une sinécure. Eh bien, j'ai un scoop : la vie à Chalcède, c'est pourri pour tout le monde ! Vous pouvez naître noble et riche, ça n'empêchera pas votre famille d'être prise en otage et vous-même envoyé à l'autre bout du monde pour commettre une mission suicide avec menace de recevoir la main de votre gamin dans une jolie petite boite en cas d'échec. On ne s'étonnera donc pas que tous les chalcèdiens qui apparaissent dans le récit se comportent comme des connards vindicatifs et violents. Ils ont des raisons d'être de mauvais poil, les pauvres bougres.
Oh, mais que vois-je : Amazon fait une petite promo sur les premiers tomes en version numérique du cycle du « Fou et l'Assassin » ! Si on me prend par les sentiments, forcément…