Good Omens- Crowley et Aziraphale - Liste n°2 - thème 2 Amour.

Oct 04, 2006 17:31

Titre: Pour la bonne cause.
Auteur: Modocanis
Couple: Crowley et Aziraphale
Fandom: Good Omens
Rating: G.
Thème: 2. Amour
Disclaimer: tout à Neil Gaiman et Terry Pratchett.
Notes: Premier post. J’espère ne pas avoir trahi l’esprit de la communauté, d’autant plus que le thème se trouve un peu entre les lignes.

Même un démon connaît ces journées qui ne démarrent pas et où on n’a qu’une envie, ne pas quitter son lit. Crowley avait dû faire un effort pour se lever ce matin là. Il y avait plusieurs choses qui l’incitaient à rester couché, notamment une sensation qu’il n’arrivait pas à identifier.
Tous les signes étaient réunis pour le dissuader de rendre visite à Aziraphale, ce qui équivalait bien sûr pour lui à un défi.

Planté devant la librairie de l‘ange, il n’arrivait cependant pas à faire taire ses doutes. Il ne sentait rien de particulier, mais se demandait si, finalement, il n’aurait pas dû appeler avant de venir.

Quand il se décida à ouvrir la porte de la boutique, une petite plume grise et duveteuse passa presque sous son nez, emportée par un courant d’air. Il avait déjà vu des choses bien plus curieuses sortir de cet endroit, mais il avait une sorte de pressentiment qui, hélas, se confirma rapidement.

Il était rare qu’Aziraphale l’accueille à sa porte. Crowley prenait le soin de sonner une fois par siècle, et ce n’était pas les verrous qui l’arrêtaient.

Il y avait pourtant quelqu’un qui l’attendait, bien campé sur le sol et l’air revêche de circonstance. Et si cet être appartenait à une espèce dotée de plumes, on ne pouvait pas décemment le comparer à un ange. Il en aurait même été offusqué, et n’aurait pas manqué de le faire savoir. Il était fier et susceptible comme tous ses congénères.

Crowley aurait beau préférer ne pas avoir à le reconnaître, il faisait bel et bien face à un canard.

Qui plus est, l’animal n’était pas seul. Ses frères et sœurs, installés sur les tables et les étagères, considéraient l’intrus avec un intérêt tout relatif.
En faisant quelque pas dans la librairie, Crowley constata que les volatiles en occupaient chaque centimètre carré. Tout chez eux suggérait qu’ils avaient pris leurs aises.

Le démon supportait déjà moyennement la présence de ces palmipèdes dans les parcs londoniens. Il leur trouvait des analogies avec les vicaires. Mais en voir un si grand nombre réunit dans un espace aussi exiguë ressemblait fortement à l’un de ses cauchemars récurrents. Il sentit poindre en lui l’envie de retourner illico sous sa couette. S’il n’avait pas connu Aziraphale, il se serait pincé.

En sondant la pièce du regard, il repéra enfin le propriétaire légitime des lieux. Il disparaissait à moitié derrière un journal ouvert et avait des plumes jusque dans les cheveux, mais il n’y avait guère de doutes possibles.

Sa lecture l’occupait assez pour qu’il n’ait pas remarqué l’arrivée du démon. Elle passionnait aussi quatre ou cinq canards qui tendaient le cou pour pouvoir regarder l’article.

Crowley se dit qu’il était encore temps de faire demi-tour et d’aller arroser ses plantes, mais la curiosité fut encore une fois la plus forte. Il s’éclaircit la gorge pour attirer l’attention de l’ange et demanda:

« Aziraphale? Tu peux m’expliquer? »

L’ange releva brusquement la tête. Il avait son expression spéciale « grandes causes ». Quand il bondit sur ses pieds, Crowley recula légèrement bien qu’il y ait plusieurs dizaines de livres et de canards entre eux-deux.

« Tu n’es pas au courant? C’est dans tous les journaux! Ils appellent ça la grippe aviaire! Par, je cite, mesure de précaution, il a été décidé d’euthanasier tous les canards de Saint-James Park! »

Aziraphale était rarement aussi agité. Il semblait prêt à réduire le journal en miettes, et ses nouveaux compagnons partageaient visiblement ses sentiments.
Crowley n’était pas vraiment surpris. Consterné aurait été un terme plus approprié.
Il n’avait pas envie d’entrer dans la logique de l’ange, mais essaya tout de même:

« Donc, si je comprends bien, ce sont les canards de Saint-James qui sont ici, dans ta librairie.

-Bien sûr! Qui veux-tu que ce soient?

-Ah. Je me disais aussi que je les connaissais. »

Plusieurs coin-coin affirmatifs accompagnèrent sa remarque, ce qui ne dissipa pas toutefois toutes les interrogations du démon.

« Mais…Qu’est-ce qu’ils font ici? »

L’expression décidée d’Aziraphale l’incita encore une fois à prendre la fuite le plus rapidement possible. Encore quelques minutes, et il serait trop tard.

« Je ne pouvais pas laisser faire ça tout de même! Dès que j’ai su, j’ai été les chercher! »

Il était trop tard.

« …D’accord. J’aurais du y penser tout de suite…Et tu comptes faire quoi? Les garder ici jusqu’à la prochaine migration?

-S’il le faut, je le ferais!

-Il y en a un qui est en train de se faire un nid avec ton exemplaire original de Jane Eyre. »

Aziraphale déglutit difficilement.
Une veine pulsait sous son œil droit. Crowley n’avait plus vu ce phénomène depuis août 1572.

D’une toute petite voix, il croassa:

« Je sais.

-Ta vocation de martyr te perdra, mon ange. »

Aziraphale ne releva pas la pique, mais Crowley commençait toutefois à retrouver ses marques. Il en profita pour chasser un canard qui s’intéressait d’un peu trop près à ses chaussures. Il avait toujours été doué pour tirer parti de chaque situation.

« Je pourrais arranger ça, tu sais. Un ou deux coups de fil, une petite visite…

-Tu ferais ça? »

Il avait plutôt l’habitude de voir Aziraphale espérer, mais les canards qui imitaient ses gestes, lui donnaient encore plus envie de rire.
Il n’était plus question de cauchemar.

« Hum. Je pourrais, je n’ai pas dit que j’allais le faire.

-Oh! Crowley! Pour l’amour de D… »

Aziraphale étouffa avec difficultés le nom, plus qu’obsolète en la circonstance, qu’il allait prononcer.

Crowley eut un sourire qui n’appartenait qu’à lui.

« Là, il y a erreur sur la personne et le concept. »

Mais l’ange avait d’autres ressources.

« Au nom de notre accord? De notre amitié? »

Crowley fit mine de considérer ces propositions. Il aimait trop jouer à ce jeu pour ne pas le faire durer.

« Il va falloir faire beaucoup mieux que ça. »

Voir la déconvenue se peindre sur les traits d’Aziraphale, était quelque chose dont il ne se lassait pas.

« Tu vas m’être redevable sur ce coup là. Il va falloir que tu fasses quelque chose pour moi en échange…»

De leur côté, les canards avaient cessé leurs activités. Ils regardaient tour à tour l’ange et le démon sans chercher à le cacher. Il n’était pas dans leurs habitudes de justifier ou de dissimuler leurs actes.
Aziraphale commençait à comprendre. Le regard du démon ne trompait pas....Du moins, pas en cette circonstance.

« Tu sais de quoi je parle n’est-ce pas? »

Crowley s’avança et les canards, soucieux de ne pas interrompre leur échange, s’écartèrent sur son passage. Il avait un sourire transparent.

Aziraphale se mit peu à peu à reculer.

Se faisant, il trébucha sur un palmipède distrait et tomba en arrière, mais une étagère amortit sa chute. Le temps qu’il mit à retrouver ses repères suffit amplement à Crowley pour le rejoindre.

Entre le démon et l’ange, il n’y avait presque plus d’espace. Recroquevillé contre l’étagère, Aziraphale paraissait plus petit. Il tenta de parler, mais sa gorge était trop sèche. Le sourire du démon s’agrandit encore.

Les canards suivaient la scène avec autant d’attention que s’il s’était s’agit d’un épisode des Craquantes.

Crowley posa les mains sur l’étagère, de chaque côté de la tête d’Aziraphale. Il approcha lentement son visage du sien jusqu’à ce que leurs nez se touchent.

Les canards retinrent leur souffle.
Aziraphale les imita sans le vouloir.

« Accompagne-moi à la rétrospective du Benny Hill show. »

Une sorte de murmure de déception parcourut le public à majorité palmipède. Il attendait manifestement autre chose.

L’ange, quant à lui, oscillait entre l’horreur et la crise d’apoplexie.

« Non. Tout, mais pas ça!

-Mieux vaut ça que tout, je t’assure. »

Aziraphale repoussa brusquement l’un des bras de Crowley et s’éloigna de lui.

« Ce n’est pas moi qui ai fait ce pari stupide. Tu as perdu, tu dois assumer!

-Ça n‘a rien à voir. Tu vas m’accompagner. C’est ça ou Coin-coin ici présent passe à la casserole! »

Le canard le plus proche de Crowley essaya de lui pincer le doigt en guise de représailles.

En proie a un désespoir plus que visible, Aziraphale se mit à faire des allers-retours, en dépit de la difficulté de la chose. Il se tordait les mains et gémissait sans faire attention aux soupirs méprisants des volatiles présents.

Il finit par se retourner vers Crowley et lui lança un de ses regards les plus pitoyables. Il n’utilisait cette solution qu’en dernier recours.

Crowley s’avança de nouveau vers lui, et passa un bras autour de sa taille. Il le serra contre lui et caressa ses lèvres du bout des doigts.

« Ça ne marchera pas. Je passerais te prendre à dix-neuf heures trente. Sois prêt mon canard…Je veux dire mon ange. »

Avant qu’Aziraphale ne puisse se dérober, Crowley lui colla un baiser sur la joue. Puis il gagna la sortie en prenant soin de déranger plusieurs canards, surtout ceux qui n’étaient pas sur son passage.

Resté seul, Aziraphale sentit soudain peser sur lui les regards critiques de ses hôtes. Il essaya de se grandir avant d’annoncer:

« Une seule remarque, et c‘est la porte. »

~Fin.

good omens: crowley/aziraphale, 2-2: amour

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