Black Cat - Kranz/Bardol - Liste 1 - Thème 1/Vision
Titre: Vainqueurs et vaincus
Auteur: drakys
Fandom: black cat
Pairing: kranz/bardol
Disclaimer: kentarô yabuki
Rating: PG
Liste/Thème: liste 1 - thème 1/vision
Notes: vieux truc récupéré et remis à neuf pour l'occasion. et si je suis chanceuse, c'est potentiellement meilleur qu'à la première ébauche!
Kranz savait bien qu'il détestait les entraînements avec passion. Il ne voulait pas les lui imposer, mais Bardol ne lui disait jamais non. Oh, l'autre homme s'en plaignait à chaque occasion qu'il le pouvait, mais il ne disait jamais simplement non. Ce qui faisait généralement penser à Kranz que l'autre homme ne détestait pas les entraînements autant qu'il le disait.
Il l'entendit exhaler lentement à ses côtés pour reprendre son souffle et il supposa que Bardol s'essuyait le visage avec une serviette.
"Putain, t'essaies de me crever?", grogna le numéro huit en agrippant la bouteille d'eau que Kranz lui tendait.
Il y eut un silence le temps qu'il boive, avant qu'il soupire bruyamment de contentement. Le blond devina qu'il se versait le reste du contenu de la bouteille sur la tête et en fut convaincu en recevant des gouttes d'eau quand Bardol s'ébroua.
"Si c'était pas de moi, tu t'encroûterais", dit-il posément en enlevant son casque.
Il s'épongea d'un coup de serviette et ses doigts cherchèrent ensuite le long du banc la courroie de son sac. Il perçut le bruit du tissu frottant par terre et comprit que Bardol venait de repousser son sac du pied. Kranz s'immobilisa aussitôt, son regard aveugle posé sur son partenaire.
"Tu crois que c'est drôle?", interrogea-t-il sévèrement.
"Pfft, tu sais bien où le trouver, tu m'as entendu. Je vois pas pourquoi tu chiales!"
Kranz secoua la tête et tendit la main vers la courroie de son sac; Bardol lui agrippa le poignet pour l'en empêcher. Le blond fronça légèrement les sourcils, se libérant aisément. Il resta immobile une fraction de seconde, envoyant ensuite son poing en direction du visage du brunet. Bardol se pencha en arrière, évitant le coup, sourire aux lèvres.
"C'est encore l'entraînement?", demanda-t-il sur un ton léger. "Ou t'es juste énervé maintenant?"
Le blond ne lui répondit pas, enchaînant les coups rapidement, chacune des parades de l'autre homme précisant sa position et ses réactions les plus probables et bientôt, Bardol dut tenir le rythme non plus en évitant, mais en se défendant. Ils étaient tous les deux fatigués, mais Kranz savait bien qu'il tenait la fatigue beaucoup mieux que l'autre homme.
Aussi Kranz finit par réussir sans trop de difficulté à violemment le plaquer contre le mur, lui coinçant solidement un bras sous sa gorge. Leurs respirations rapides les empêchèrent un moment de parler: Bardol ne réussit même pas à articuler une excuse idiote pour justifier sa défaite, Kranz n'arriva même pas à lui faire remarquer combien il était nul. Le blond ne le relâcha pas immédiatement, comme indécis à s'éloigner de lui.
Mais leurs respirations reprenaient leur rythme normal et il ne pouvait pas indéfiniment retenir Bardol prisonnier. Inconscient du geste avant de l'avoir commis, Kranz lui effleura le visage de sa main libre, écartant doucement les mèches de cheveux qu'il avait collées au front, et il le sentit tiquer. Aussitôt les doigts de Bardol se refermèrent en étau autour de son poignet.
"Tu fais quoi?", demanda sèchement le numéro huit.
"Je-", commença Kranz avant de réaliser les implications de ce qu'il venait de faire.
Il libéra sa main et relâcha immédiatement Bardol, reculant d'un pas et se détournant pour ne plus lui faire face. Il se sentait vulnérable sans son casque et ne voulait pas que l'autre homme puisse scruter son visage.
"Laisse tomber", dit-il sèchement avant d'estimer la distance qui les séparait du banc pour aller y reprendre son sac.
Il le jeta sur son épaule et reprit son casque, s'éloignant à grands pas et n'arrivant pas entièrement à ignorer cette impression qu'il avait de fuir. Bardol le rattrapa, évidemment, c'était à prévoir. Le damné brunet n'allait pas le laisser s'échapper comme ça!
"Qu'est-ce que tu veux?", demanda-t-il sur le ton le plus neutre possible, gardant à son visage l'expression la plus détachée qu'il put y imprimer.
Pourquoi n'avait-il pas remis son casque? Maintenant, il fallait qu'il fasse un effort pour supprimer de son expression absolument tout ce qui pouvait lui passer par la tête.
"Ce que je veux?", répliqua aussitôt Bardol. "Hé ho, c'est pas moi qui caresse la p'tite frimousse de mon pote avant d'essayer de filer!
- Bardol, t'es lourd", lui répondit simplement le blond en s'efforçant d'avoir l'air parfaitement ennuyé.
"Tu faisais quoi?", insista l'autre homme en lui agrippant le poignet.
Kranz savait qu'il aurait dû se libérer et garder le silence, mais au contraire il s'arrêta et baissa la tête. Il serra la mâchoire, comme honteux d'avoir une telle faiblesse. Mais c'était sa pire faiblesse: l'ignorer ne la rendrait que pire, ne pas l'ignorer pouvait devenir absolument enrageant.
"Voir", murmura-t-il d'une voix à peine audible.
"Voir?", répéta Bardol, la confusion perçant dans sa voix. "Mais tu peux pas-"
Kranz libéra son poignet et sa main alla légèrement toucher à nouveau le visage de l'autre homme, l'interrompant au milieu de sa phrase. Il laissa le bout de ses doigts glisser contre la peau de Bardol, essayant de dresser la cartographie de ses traits pour s'en faire une image mentale. Il se pencha vers Bardol, jusqu'à ce que leurs lèvres s'effleurent presque.
"Je veux te voir…", avoua-t-il.
Bardol se recula vivement pour échapper à son contact et Kranz n'osa pas relever la tête, sentant bien que l'autre homme était maintenant sur la défensive. Quel imbécile il était, de lui avoir dit ça comme ça! S'il n'avait pas compris avec ça-
"Tu fous quoi!?", s'écria le brunet, piqué au vif par le geste de toute évidence inattendu.
Il serra néanmoins les dents, retenant un sourire. ...Est-ce qu'il était seulement possible que Bardol n'ait pas encore compris? Il ne pouvait quand même pas être aussi crétin!
"Tu voulais savoir", répliqua Kranz sur un ton égal, camouflant bien mieux ses émotions que l'autre homme.
"Ouais, bah c'était pas une raison pour-", le numéro huit s'interrompit et Kranz ne comprit pas son silence soudain, ne pouvant pas le voir porter une main contre sa joue avant de la retirer vivement et de froncer les sourcils. "Qu'est-ce tu racontes, de voir!? Tu peux pas voir!"
Kranz réprima un soupir irrité et adopta un ton qu'il savait que l'autre homme détestait.
"Il existe différentes façons de voir", expliqua-t-il lentement, comme si Bardol n'était qu'un enfant stupide. "Sans mes yeux, j'ai d'autres façons de percevoir ce qui m'entourent. Comment crois-tu que je pourrais combattre autrement?
- Et qu'est-ce que me voir a à faire là-dedans?"
Kranz resta une trop longue seconde interdit, presque surpris que l'autre homme ne se soit pas faire avoir par sa tentative pour changer la direction qu'avait pris la conversation. Le blond ne répondit pas aussi rapidement qu'il aurait aimé.
"Si tu ne comprends pas, je ne vais certainement pas t'expliquer!", siffla-t-il, aussitôt agacé de ne pas avoir pu donner la réponse sur un ton plus impersonnel.
Bardol ne pouvait franchement pas être aussi naïf! D'accord, il pouvait être un peu lent parfois, mais là, ça ne prenait pas un dessin pour comprendre. Kranz n'allait quand même pas s'abaisser à mettre un et un ensemble pour lui.
Il y eut un silence pendant un moment, comme si le numéro huit était en train de faire un effort mental pour comprendre ce qui venait de provoquer ce très rare accès de colère chez son partenaire. Et bien sûr, au lieu de se taire judicieusement, il fallait que Bardol la ramène encore. Pourquoi fallait-il que ce stupide crétin fasse un devoir d'être aussi chiant?
"Quoi? Kranz l'illustre à la parole d'or qui veut pas répandre son savoir? Faut marquer le calendrier d'une pierre blanche, ça reviendra pas de sitôt!"
Le blond s'en voulut amèrement de même avoir cédé à lui dire ce qu'il pensait. À quoi il avait pensé? Ou plutôt, est-ce qu'il avait seulement pensé? Il commençait à être tenté par des moyens extrêmes, comme de lui écraser son poing en plein visage: ça ne le ferait bien sûr pas taire, mais ça risquait au moins de définitivement changer le sujet. Il se contint.
"Ah", laissa-t-il tomber, venimeux. "Tu ne comprends toujours pas. Excuse-moi, j'oublie toujours à quel point tu es bête."
Une bonne petite insulte bien placée, ça devrait le débarrasser des questions emmerdantes auxquelles il n'avait que très peu envie de répondre. Il s'était déjà bien assez incriminé comme ça. Bardol allait lui piquer une bonne petite crise et le sujet allait très vite changer de lui-même, avec le brunet vantant bien haut les nombreuses qualités de son cerveau.
Les mots piquèrent bien sûr Bardol et le blond sentit comme la tension monter entre eux. Kranz se prépara à se défendre, certain qu'ils allaient encore en venir aux poings. Il tressaillit quand la main de Bardol se referma autour de son poignet et que l'autre homme ramena les doigts contre son visage.
"T'as raison, je comprends rien. De toute façon, regarde, tu verras bien qu'il y a rien d'extraordinaire chez moi."
Le blond hésita, incertain de ce que le numéro huit essayait de faire, mais sa main resta néanmoins contre la peau de l'autre homme quand Bardol lâcha son poignet. Il hésita un peu plus longtemps. Il devait y avoir une attrape. Bardol allait se payer royalement sa gueule... non?
Il laissa ses doigts effleurer le visage, courir le long des pommettes pour redescendre jusqu'à la bouche. Si seulement il n'avait pas l'impression que Bardol était sur le point de lui rire au nez... Il laissa son pouce poser une pression légère contre les lèvres juste une fraction de seconde, hésitant assez pour ne pas se pencher vers lui. Si seulement il arrivait à l'embrasser...
Comment Bardol pouvait-il ne pas comprendre? Il était décidément stupide, parce que le blond refusait de croire qu'il puisse être si cruel.
"Tu es vraiment bête", murmura-t-il, vaincu, en retirant sa main.
(13 septembre 2006)
Auteur: drakys
Fandom: black cat
Pairing: kranz/bardol
Disclaimer: kentarô yabuki
Rating: PG
Liste/Thème: liste 1 - thème 1/vision
Notes: vieux truc récupéré et remis à neuf pour l'occasion. et si je suis chanceuse, c'est potentiellement meilleur qu'à la première ébauche!
Kranz savait bien qu'il détestait les entraînements avec passion. Il ne voulait pas les lui imposer, mais Bardol ne lui disait jamais non. Oh, l'autre homme s'en plaignait à chaque occasion qu'il le pouvait, mais il ne disait jamais simplement non. Ce qui faisait généralement penser à Kranz que l'autre homme ne détestait pas les entraînements autant qu'il le disait.
Il l'entendit exhaler lentement à ses côtés pour reprendre son souffle et il supposa que Bardol s'essuyait le visage avec une serviette.
"Putain, t'essaies de me crever?", grogna le numéro huit en agrippant la bouteille d'eau que Kranz lui tendait.
Il y eut un silence le temps qu'il boive, avant qu'il soupire bruyamment de contentement. Le blond devina qu'il se versait le reste du contenu de la bouteille sur la tête et en fut convaincu en recevant des gouttes d'eau quand Bardol s'ébroua.
"Si c'était pas de moi, tu t'encroûterais", dit-il posément en enlevant son casque.
Il s'épongea d'un coup de serviette et ses doigts cherchèrent ensuite le long du banc la courroie de son sac. Il perçut le bruit du tissu frottant par terre et comprit que Bardol venait de repousser son sac du pied. Kranz s'immobilisa aussitôt, son regard aveugle posé sur son partenaire.
"Tu crois que c'est drôle?", interrogea-t-il sévèrement.
"Pfft, tu sais bien où le trouver, tu m'as entendu. Je vois pas pourquoi tu chiales!"
Kranz secoua la tête et tendit la main vers la courroie de son sac; Bardol lui agrippa le poignet pour l'en empêcher. Le blond fronça légèrement les sourcils, se libérant aisément. Il resta immobile une fraction de seconde, envoyant ensuite son poing en direction du visage du brunet. Bardol se pencha en arrière, évitant le coup, sourire aux lèvres.
"C'est encore l'entraînement?", demanda-t-il sur un ton léger. "Ou t'es juste énervé maintenant?"
Le blond ne lui répondit pas, enchaînant les coups rapidement, chacune des parades de l'autre homme précisant sa position et ses réactions les plus probables et bientôt, Bardol dut tenir le rythme non plus en évitant, mais en se défendant. Ils étaient tous les deux fatigués, mais Kranz savait bien qu'il tenait la fatigue beaucoup mieux que l'autre homme.
Aussi Kranz finit par réussir sans trop de difficulté à violemment le plaquer contre le mur, lui coinçant solidement un bras sous sa gorge. Leurs respirations rapides les empêchèrent un moment de parler: Bardol ne réussit même pas à articuler une excuse idiote pour justifier sa défaite, Kranz n'arriva même pas à lui faire remarquer combien il était nul. Le blond ne le relâcha pas immédiatement, comme indécis à s'éloigner de lui.
Mais leurs respirations reprenaient leur rythme normal et il ne pouvait pas indéfiniment retenir Bardol prisonnier. Inconscient du geste avant de l'avoir commis, Kranz lui effleura le visage de sa main libre, écartant doucement les mèches de cheveux qu'il avait collées au front, et il le sentit tiquer. Aussitôt les doigts de Bardol se refermèrent en étau autour de son poignet.
"Tu fais quoi?", demanda sèchement le numéro huit.
"Je-", commença Kranz avant de réaliser les implications de ce qu'il venait de faire.
Il libéra sa main et relâcha immédiatement Bardol, reculant d'un pas et se détournant pour ne plus lui faire face. Il se sentait vulnérable sans son casque et ne voulait pas que l'autre homme puisse scruter son visage.
"Laisse tomber", dit-il sèchement avant d'estimer la distance qui les séparait du banc pour aller y reprendre son sac.
Il le jeta sur son épaule et reprit son casque, s'éloignant à grands pas et n'arrivant pas entièrement à ignorer cette impression qu'il avait de fuir. Bardol le rattrapa, évidemment, c'était à prévoir. Le damné brunet n'allait pas le laisser s'échapper comme ça!
"Qu'est-ce que tu veux?", demanda-t-il sur le ton le plus neutre possible, gardant à son visage l'expression la plus détachée qu'il put y imprimer.
Pourquoi n'avait-il pas remis son casque? Maintenant, il fallait qu'il fasse un effort pour supprimer de son expression absolument tout ce qui pouvait lui passer par la tête.
"Ce que je veux?", répliqua aussitôt Bardol. "Hé ho, c'est pas moi qui caresse la p'tite frimousse de mon pote avant d'essayer de filer!
- Bardol, t'es lourd", lui répondit simplement le blond en s'efforçant d'avoir l'air parfaitement ennuyé.
"Tu faisais quoi?", insista l'autre homme en lui agrippant le poignet.
Kranz savait qu'il aurait dû se libérer et garder le silence, mais au contraire il s'arrêta et baissa la tête. Il serra la mâchoire, comme honteux d'avoir une telle faiblesse. Mais c'était sa pire faiblesse: l'ignorer ne la rendrait que pire, ne pas l'ignorer pouvait devenir absolument enrageant.
"Voir", murmura-t-il d'une voix à peine audible.
"Voir?", répéta Bardol, la confusion perçant dans sa voix. "Mais tu peux pas-"
Kranz libéra son poignet et sa main alla légèrement toucher à nouveau le visage de l'autre homme, l'interrompant au milieu de sa phrase. Il laissa le bout de ses doigts glisser contre la peau de Bardol, essayant de dresser la cartographie de ses traits pour s'en faire une image mentale. Il se pencha vers Bardol, jusqu'à ce que leurs lèvres s'effleurent presque.
"Je veux te voir…", avoua-t-il.
Bardol se recula vivement pour échapper à son contact et Kranz n'osa pas relever la tête, sentant bien que l'autre homme était maintenant sur la défensive. Quel imbécile il était, de lui avoir dit ça comme ça! S'il n'avait pas compris avec ça-
"Tu fous quoi!?", s'écria le brunet, piqué au vif par le geste de toute évidence inattendu.
Il serra néanmoins les dents, retenant un sourire. ...Est-ce qu'il était seulement possible que Bardol n'ait pas encore compris? Il ne pouvait quand même pas être aussi crétin!
"Tu voulais savoir", répliqua Kranz sur un ton égal, camouflant bien mieux ses émotions que l'autre homme.
"Ouais, bah c'était pas une raison pour-", le numéro huit s'interrompit et Kranz ne comprit pas son silence soudain, ne pouvant pas le voir porter une main contre sa joue avant de la retirer vivement et de froncer les sourcils. "Qu'est-ce tu racontes, de voir!? Tu peux pas voir!"
Kranz réprima un soupir irrité et adopta un ton qu'il savait que l'autre homme détestait.
"Il existe différentes façons de voir", expliqua-t-il lentement, comme si Bardol n'était qu'un enfant stupide. "Sans mes yeux, j'ai d'autres façons de percevoir ce qui m'entourent. Comment crois-tu que je pourrais combattre autrement?
- Et qu'est-ce que me voir a à faire là-dedans?"
Kranz resta une trop longue seconde interdit, presque surpris que l'autre homme ne se soit pas faire avoir par sa tentative pour changer la direction qu'avait pris la conversation. Le blond ne répondit pas aussi rapidement qu'il aurait aimé.
"Si tu ne comprends pas, je ne vais certainement pas t'expliquer!", siffla-t-il, aussitôt agacé de ne pas avoir pu donner la réponse sur un ton plus impersonnel.
Bardol ne pouvait franchement pas être aussi naïf! D'accord, il pouvait être un peu lent parfois, mais là, ça ne prenait pas un dessin pour comprendre. Kranz n'allait quand même pas s'abaisser à mettre un et un ensemble pour lui.
Il y eut un silence pendant un moment, comme si le numéro huit était en train de faire un effort mental pour comprendre ce qui venait de provoquer ce très rare accès de colère chez son partenaire. Et bien sûr, au lieu de se taire judicieusement, il fallait que Bardol la ramène encore. Pourquoi fallait-il que ce stupide crétin fasse un devoir d'être aussi chiant?
"Quoi? Kranz l'illustre à la parole d'or qui veut pas répandre son savoir? Faut marquer le calendrier d'une pierre blanche, ça reviendra pas de sitôt!"
Le blond s'en voulut amèrement de même avoir cédé à lui dire ce qu'il pensait. À quoi il avait pensé? Ou plutôt, est-ce qu'il avait seulement pensé? Il commençait à être tenté par des moyens extrêmes, comme de lui écraser son poing en plein visage: ça ne le ferait bien sûr pas taire, mais ça risquait au moins de définitivement changer le sujet. Il se contint.
"Ah", laissa-t-il tomber, venimeux. "Tu ne comprends toujours pas. Excuse-moi, j'oublie toujours à quel point tu es bête."
Une bonne petite insulte bien placée, ça devrait le débarrasser des questions emmerdantes auxquelles il n'avait que très peu envie de répondre. Il s'était déjà bien assez incriminé comme ça. Bardol allait lui piquer une bonne petite crise et le sujet allait très vite changer de lui-même, avec le brunet vantant bien haut les nombreuses qualités de son cerveau.
Les mots piquèrent bien sûr Bardol et le blond sentit comme la tension monter entre eux. Kranz se prépara à se défendre, certain qu'ils allaient encore en venir aux poings. Il tressaillit quand la main de Bardol se referma autour de son poignet et que l'autre homme ramena les doigts contre son visage.
"T'as raison, je comprends rien. De toute façon, regarde, tu verras bien qu'il y a rien d'extraordinaire chez moi."
Le blond hésita, incertain de ce que le numéro huit essayait de faire, mais sa main resta néanmoins contre la peau de l'autre homme quand Bardol lâcha son poignet. Il hésita un peu plus longtemps. Il devait y avoir une attrape. Bardol allait se payer royalement sa gueule... non?
Il laissa ses doigts effleurer le visage, courir le long des pommettes pour redescendre jusqu'à la bouche. Si seulement il n'avait pas l'impression que Bardol était sur le point de lui rire au nez... Il laissa son pouce poser une pression légère contre les lèvres juste une fraction de seconde, hésitant assez pour ne pas se pencher vers lui. Si seulement il arrivait à l'embrasser...
Comment Bardol pouvait-il ne pas comprendre? Il était décidément stupide, parce que le blond refusait de croire qu'il puisse être si cruel.
"Tu es vraiment bête", murmura-t-il, vaincu, en retirant sa main.
(13 septembre 2006)