Title: Les liaisons dangereuses Tokyo
Rating: NC-17
Characters/Pairings: mystère et boule de gomme....
Summary: Masaki entre dans une prestigieuse université de Tokyo, réservée à l'élite. Il y fait de nombreuses rencontres plus ou moins heureuses...
Ceci est une version moderne des "Liaisons Dangereuses" de Choderlos de Laclos.
Notes/Warnings: Attention cette fic contient des scènes pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes...si vous l'êtes passez votre chemin ou entrez à vos risques et périls!
Appuyé d'une main contre la vitre, l'autre tenant un verre de scotch, Matsumoto observait d'un œil amusé la foule hétéroclite qui sur la piste de danse se déhanchait avec application...
De sa loge privée qui surplombait la boite de nuit, le son strident de la musique lui parvenait de manière étouffée lui permettant de ne pas être pris par l'atmosphère surchauffée du club, et de garder le recul qu'il aimait avoir sur eux. Leurs manœuvres grossières pour se rapprocher de leurs cibles, les filles mettant en valeur leur décolleté avant d'approcher le garçon de leur choix, ceux qui allaient commander un verre avant de traverser la piste pour aller l'offrir ou le boire seul... toujours la même chose, toujours les mêmes ficelles. On aurait pu penser qu'à force de trainer ici, il s'en lasserait mais chaque soir amenait son lot de surprises, lui donnant même parfois envie de se mêler lui aussi à la faune d'en bas.
Il aurait pu en écrire un roman de leurs comportements si semblables et si dérisoires, à défaut il en ferait son mémoire de fin d'étude... Un vrai entomologiste en herbe...
Jun reprit une lampée d'alcool et sourit en voyant un groupe d'adolescents mal dégrossis s'encourager les uns les autres pour aborder deux jeunes filles qui, ça ne faisait aucun doute, avaient repéré une bande d'étudiants un peu plus loin à une table. Voilà qui promettait quelques désillusions... Si seulement chacun ne cherchait pas à chasser hors de sa catégorie, les choses se passeraient sûrement mieux. Mais la nature humaine était bien mal faite, et aventureuse, à ses risques et périls.
Alors que le premier garçon se faisait renvoyer à ses amis sans douceur, Jun fut tiré de sa contemplation par des coups légers frappés à la porte.
Il se retourna et vit une jeune femme entrer timidement en tenant son sac à deux mains. Un sage serre-tête dans les cheveux lui donnait un air encore plus innocent qu'un twin-set rose pâle ne démentait pas. Une jupe droite et des souliers à bout rond complétaient le tableau...
Jun arqua un sourcil étonné et s'adossa à la vitre, la laissant venir. A vrai dire, il se doutait la raison de sa visite mais il voulait voir quelle grande scène elle était capable de jouer.
« Matsumoto-kun, je...
-Erika-chan... qu'est-ce que tu fais là ?
-Je voulais te voir. » souffla-t-elle en relevant la tête semblant surprise de sa propre audace.
« Et donc tu es venue... mais ton mari, il ne va pas s'inquiéter ?
-Je... je l'ai quitté !
-Tiens donc...
-Je l'ai fait parce que je t'aime, pour que nous puissions être ensemble ! »
Elle courut à lui, l'entourant de ses bras et posant la tête sur son torse. Jun ne fit aucun mouvement, ne réprimant cependant pas un soupir ennuyé.
« Et... puis-je savoir ce qui t'a donné cette brillante idée ? »
Elle releva lentement les yeux vers lui jusqu'à croiser les siens qui n'affichaient qu'une indifférence blasée. Erika sentit une angoisse terrible la saisir. Jamais il ne l'avait regardée ainsi, comme si elle ne représentait rien d'autre pour lui qu'une nuisance passagère. Peut-être y avait-il un malentendu, ce n'était pas possible, tenta-t-elle de se rassurer en sentant son cœur s'emballer, pas lui, pas son Jun...
« Mais... nous nous aimons tous les deux... Tu m'as dit que... tu m'aimais...
-J'ai fait ça, moi ? Vraiment ? Peut-être...
-Mais... on s'est aimé, on a fait l'amour...
-Oui, bien sûr, et alors ? »
Une idée terrible lui traversa l'esprit. Et si c'était ça ?
« C'est de ma faute ? » dit-elle le regard désespéré « Je n'ai pas été à la hauteur ? »
Jun lui sourit et s'approcha d'elle pour la prendre dans ses bras, l'apaisant en passant sa main dans ses cheveux parfaitement lissés, comme si elle était une enfant idiote.
« Bien sûr que non, qu'est-ce que tu vas imaginer ? Tu as été géniale ! Ces petits cris que tu poussais étaient absolument... heu... délicieux ! Je suis sûr que ton mari va adorer... »
Elle se mit à sangloter en réalisant le désastre qu'était devenue sa vie... Comme il l'avait séduite, lui faisant penser qu'elle était la seule femme au monde pour lui, l'avait détournée de son mari avant qu'elle ne s'abandonne totalement, à cœur perdu.
« Mais... j'aimais mon mari, avant que tu n'arrives... jamais je ne l'aurais trompé si je ne t'avais pas aimé...
-Oh, ça je le sais.
-Mais... pourquoi ?
-Tu es mignonne Erika, mais c'est une histoire entre moi et ton avocat de mari.
-Tu m'as séduite pour te venger de lui ? »
L'horreur de la réalité crue la saisit soudain.
« Non, bien sûr que non... pas seulement.
-Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je lui ai dit que je le quittais !!! »
La panique la faisait trembler de la tête aux pieds et Jun la regarda avec une fausse compassion.
« Oui... c'est dommage. Tu n'as qu'à t'excuser, un homme si honorable, il ne pourra que te pardonner tes errances amoureuses. Maintenant, si tu veux bien, j'ai autre chose à faire ce soir.
-Tu vois une autre femme ?
-Ca ne te regarde pas. Erika, sois raisonnable, conserve le peu de dignité qu'il te reste encore.
-Je te jure que je vais me tuer, tu auras ma mort sur la conscience !! »
Jun soupira avec lassitude avant de prendre sa veste de grand couturier et d'ouvrir la porte de sa loge.
« Tu te suiciderais pour un sans cœur comme moi ? Je n'en vaux pas le coup... »
Puis il sortit, la laissant seule et il entendit son cri d'animal agonisant qui parvint à surpasser la musique du club, faisant se retourner les videurs à l'entrée.
Il les salua et s'alluma une cigarette avant de monter en voiture.
Ca arrivait souvent... des filles ou des garçons qui n'avaient pas compris la façon dont il fonctionnait. Bien sûr pour eux, plus dure était la chute.
Mais il ne s'en préoccupait pas vraiment. Lui il aimait la chasse et l'hallali. Ce moment où ils s'abandonnaient totalement dans ses bras, où il lisait dans leurs yeux leur totale reddition au goût de sacrifice. Et ça n'allait jamais au-delà de cette nuit ou de ce moment où il avait la sensation de les aimer réellement comme le chasseur aime la proie qui lui fait ressentir le frisson de la prise. Avant que le dégoût ne le prenne et qu'il s'en débarrasse avec plus ou moins de dureté. Tout dépendait de la dignité avec laquelle l'autre acceptait le fait qu'il avait perdu.
Cette petite Erika par exemple était la femme bien-aimée et quasi virginale de l'avocat de sa mère. Celui-là même qui avait dans tout Tokyo répandu la rumeur de son homosexualité. Bien entendu, ce n'était que la plus stricte vérité, puisqu'il l'avait lui-même surpris dans le bureau de sa mère alors que son jeune secrétaire l'avait « pris en main ». Mais de quel droit s'était-il permis d'en faire part à toute cette bande de bourgeois bien-pensant ? Jun sourit à l'idée qu'il ne serait sûrement pas si prompt à raconter les aventures sexuelles de sa propre femme avec un bisexuel notoire...
Elle avait bien tenté de résister, effarouchée et prude, mais avait vite cédé face à sa cour obstinée et à ses regards langoureux. C'était même elle qui lui avait donné rendez-vous dans ce sordide love hotel du centre...et c'était ça qu'elle aavit appellé 'faire l'amour'...
Jun se gara dans la cour de sa maison et fut accueilli par le majordome de la maisonnée et quelques servantes.
Il les salua avec amabilité, lançant un clin d’œil complice à la plus vieille des employées de la famille qui l'avait élevé bien plus sûrement que sa propre mère.
« Matsumoto-san, votre ami vous attend dans le fumoir.
-Très bien, j'y vais... vous pouvez nous amener à boire ?
-C'est déjà fait, Monsieur.
-Merci. Vous pouvez aller vous coucher, je me débrouillerai seul.
-Vous ne rentrez pas au dortoir ?
-Non, je vais dormir à la maison. Réveillez-moi pour les cours demain. Bonne nuit.
-Bonne nuit, Monsieur. »
Jun se frotta les mains de contentement. C'était une bonne surprise, il ne s'était pas attendu à avoir sa visite ce soir...
« Komban wa ! » lança-t-il joyeusement avant d'aller se servir un verre.
« Tu rentres bien tard, tu étais au club ?
-Ouais... J'ai eu la visite d'Erika.
-La femme de l'avocat ?
-Ouep… » dit-il en s'asseyant face à Nino, croisant les jambes avant de lui tendre le verre qu'il lui avait servi.
« Qu'est-ce qu'elle te voulait ?
-Elle a quitté son mari !
-Et bien... elle a dû tomber de haut la pauvre !
-La pauvre ? C'est elle qui est venue se mettre dans mon lit.
-Tu l'as un peu incitée à t'y attirer, non ?
-Bien sûr, c'est le jeu.
-Bien sûr... et alors ?
-Rien. Elle a pleuré, elle a menacé, c'est tout. » soupira-t-il en balayant d'un geste une poussière imaginaire sur son pantalon.
« T'es vraiment un sans cœur.
-Hum, c'est ce que je lui ai dit...
-Au moins t'es lucide là-dessus, c'est déjà ça !
-Tu cherches à te moquer de moi ? Regarde-toi dans une glace alors ! » rit Jun en le pointant du doigt.
« Je ne dis pas que je vaux mieux que toi !
-Nous sommes des alter egos que veux-tu... même si nous nous ne ressemblons pas vraiment...
-... ?
-Tu aimes prendre, Kazu. Moi j'aime recevoir. Il y a tout un monde de différence entre nous...
-Ça revient au même ! On gagne, ils perdent... » dit Nino en baillant et s'étirant lentement. Jun lui sourit et reprit :
« C'est pour écouter mes histoires que tu es venu depuis la fac ?
-Non... pas vraiment. Je suis venu voir mon meilleur ami. »
Jun se réinstalla tranquillement dans son fauteuil et fronça les sourcils. Il le connaissait sur le bout des doigts. Nino avait toujours une idée derrière sa jolie petite tête. C'est ce que Jun aimait tout particulièrement chez lui... son machiavélisme et sa grande intelligence. Ainsi que certaines parties de son anatomie, bien entendu, auxquelles il ne pouvait accéder malgré toute l'envie qu'il en avait. Entre eux, il n'y avait que la vérité toute nue, dans sa plus cruelle réalité. Sans jugement moral ni à priori et ils savaient tous deux la valeur d'une telle relation dans ce monde de faux-semblants où la réputation et la frustration étaient les seules valeurs sûres.
Cependant Jun sourit un peu plus en s'entendant qualifier de « meilleur ami »... depuis quand le lien qui les unissait pouvait-il se résumer à ce simple état de fait ? Qu'attendait-il de lui ?
« Je suis là. Et ?
-Et quoi ?
-Et ?
-Je... j'ai un service à te demander. » annonça Nino avec un petit sourire en coin.
« Je suis toujours curieux... » dit Jun en s'enfonçant dans son fauteuil avant de prendre une gorgée de son coûteux saké.
« Voilà... j'aurais besoin que tu séduises quelqu'un pour moi.
-Une fille ?
-Un garçon.
-Oh...
-Une perle. Je suis sûr qu'il va te plaire. Un diamant d'innocence... il vient d'entrer à la fac et il est dans la même filière que toi. » commença-t-il avec enthousiasme.
« Pour quelle raison ?
-Hein ?
-Pour quelle raison tu me demandes ça... ça m'intrigue. Il t'a fait quelque chose ?
-Pas vraiment. »
Nino se leva et posa son verre sur le guéridon pour se resservir. Jun attendit qu'il vienne se rasseoir avant de l'interroger à nouveau du regard.
« C'est à cause de Meisa.
-La reine des vierges effarouchées ?
-La présidente du club des jeunes chastes » le reprit Nino sans se départir d'un sourire. « Elle va se marier.
-Tiens donc... et ?
-Avec ce garçon dont je te parle. Et elle m'a largué.
-Ok... je saisis que tu lui en veuilles, elle a piétiné ta fierté de Don Juan. Tu es en colère. Et qu'est-ce que j'ai à voir dans l'histoire ? »
Nino se pencha en avant jusqu'à ce que ses genoux touchent ceux de Jun. Celui-ci ne put s'empêcher de poser ses yeux sur leurs jambes jointes, ressentant la brûlure du contact malgré le tissu qui les séparait. Puis il releva le regard pour rencontrer celui, hypnotique, de Nino qui requerrait toute son attention.
« Tu vas séduire son innocent futur mari pour qu'elle découvre qu'elle a épousé un mec qui aime se faire baiser par d'autres mecs. Photos à l'appui.
-T'es vraiment tordu... pourquoi tu balances pas sur le net une sextape de Miss vierge en pleine action ?
-Parce qu'elle est en pleine action avec moi petit malin... et que ce n'est pas suffisant pour elle. Qu'elle se retrouve coincée dans un mariage avec un mec qui ne la touchera jamais ou qui la plantera au pied de l'autel sera bien plus distrayant.
-Et qu'est-ce que j'y gagne ?
-Un mignon petit mec.
-Ca m'intéresse pas. » répondit Jun sans réfléchir davantage, se reprenant totalement. « Culbuter un mec qui n’a rien vu ni rien fait, qui me tombera tout cru dans le bec avec deux œillades et une branlette, ça m'intéresse pas. » répéta-t-il avec calme. « Et puis... je suis déjà bien occupé par ailleurs.
-Oh, oh... le chasseur est à l'affût. Qui ? »
Nino sentit l'excitation familière le saisir. Il ne se lassait pas de l'imagination sans borne de son comparse et de l'audace dont il faisait preuve dans ses conquêtes, repoussant toujours les limites de la bienséance.
Jun baissa les paupières et reprit une gorgée d'alcool pour faire monter un peu plus la tension entre eux.
« Je ne sais pas si je dois t'en parler. »
Mais Nino le connaissait bien...
« T'en crève d'envie et t'as personne d'autre à qui en parler, alors qui ?
-Sakurai Sho. »
Nino ouvrit la bouche avant de la refermer. Et de se mettre à rire franchement.
« Monsieur-parfait-hétéro-premier-de-la-classe... Même pas en rêve !
-Il cèdera.
-Impossible. Il est pas gay, il a une petite copine dont il est raide dingue depuis des années et il est psychorigide. C'est le genre de mec à ramener au commissariat un portefeuille plein de pognon trouvé dans la rue... Il a jamais traversé hors des clous, ce gars-là.
-Justement, c'est là l'intérêt. »
Nino parut d'autant plus intéressé aussi... qu'avait-il en tête ? Pourquoi ce garçon mignon mais si insipide tellement éloigné de leur terrain de chasse habituel... ?
« Pourquoi lui ? » souffla Nino ouvertement sentant un frisson lui traverser l'échine alors qu'il voyait le regard de Jun changer pour devenir celui qu'il lui connaissait lorsqu'il était en mode séduction. Ce regard profond et presque animal auquel peu de personnes pouvaient se vanter d'avoir su résister.
« En dehors de l'attrait de pervertir Mister perfect ? » répondit Jun d'une voix un peu plus grave, son vernis craquant tout à fait « Parce que ce mec est tout ce que je déteste... des airs de sainte-nitouche, une petite amie parfaite, des notes parfaites, une famille parfaite... »
Nino l'observa sans parler un moment, se tendant sans s'en rendre compte vers lui. Putain... s'il était une de ces oies blanches...
Il se secoua pour reprendre ses esprits, et s'avachit dans son canapé pour se donner une contenance, souriant avec ironie.
« En tout cas, tu y arriveras pas. Laisse tomber et concentre-toi plutôt sur ma proposition.
-J'y arriverais !!
-Ok... alors si tu échoues... » dit Nino l'air joueur « Tu te feras tondre le crâne et tu deviendras bonze... »
Il se mit franchement à rire en imaginant son ami si élégant, le crâne rasé.
Mais Jun ne sourit pas, et le regarda avec sérieux.
« Et si je gagne ? »
Manifestement, il n'en démordrait pas ce soir...
Nino se leva et mettant un genou entre les jambes de Jun, se pencha sur lui jusqu'à balayer ses lèvres de son souffle.
Il sentit l'entrejambe de l'autre réagir à son contact et sourit en posant son verre, avant de mettre ses mains sur les accoudoirs, l'entourant tout à fait.
Jun déglutit douloureusement et ferma ses paupières à demi alors que Nino s'approchait de lui.
« Si tu gagnes » susurra-t-il à son oreille « Tu pourras faire de moi ce que tu veux pendant toute une nuit. J'accéderai à toutes tes demandes, aussi farfelues soient-elles...
-Tu... accepteras tout ?
-Tout et bien plus encore... »
Jun mit la paume de sa main sur la joue de Nino et tendit les lèvres vers lui, frottant son érection contre le genou de celui-ci en écartant un peu plus les jambes. Manifestement, il était déjà plus que prêt à récolter le prix de son audacieux pari...
Mais il n'avait pas encore gagné. Autant escalader l'Himalaya à mains nues, songea le président des étudiants sûr de son fait.
Nino laissa échapper un petit rire avant de reprendre sa place face à Jun.
« Pari tenu ! » lâcha Jun en lui souriant à son tour.
« J'attends de voir ça avec impatience... » murmura Nino.