TECHNICOLOR - CHAPITRE 3
Genre : UA, angst, fluff…
Fandom : Queer as folk US
Date : Mai 2007-Novembre 2007
Censure : NC-17 pour ce chapitre
Mots : 6 768 mots
Personnages : Brian/Justin + guest stars
Résumé : Saison 1-Episode 20: Brian a obtenu un poste au sein de la très prestigieuse agence de publicité Kennedy&Collins. Il est parti sans un regard en arrière. Cinq ans plus tard, il est associé dans l'entreprise et tout se passe plutôt bien. Il rentre pour la première fois à Pittsburgh pour une brève visite avant de retourner à sa petit vie new-yorkaise. Mais des fois, la vie réserve des surprises.
Disclaimers : Queer as folk est la propriété de Cowlip et Showtime. Je ne fais que jouer avec.
Notes : Merci à
calliopel pour sa bétalecture. Cette fic a fait partie de mon NaNoWriMo 2007.
≈ Paris - Janvier 2008 ≈
La porte de la suite claqua, il ouvrit un œil et fit une grimace. Trois, deux, un…
-Brian !
Bingo. Il se retourna dans les draps défaits et soupira. Le matelas s’enfonça à coté de lui et il l’ignora. C’était peut-être comme les T-Rex. S’il restait immobile assez longtemps, il l’oublierait peut-être. Il maudissait Gus et sa nouvelle passion pour les dinosaures.
-Brian, chantonna la voix rauque.
Il sourit discrètement. Une main glissa sur son torse, passant sous le drap. Il sentit le souffle parcourir sa gorge et les lèvres fraîches se poser sur sa peau. Il frissonna au contact froid malgré lui. Il garda les yeux fermés. Autant en profiter au maximum.
-Brian, je sais que tu es réveillé. Je ne te toucherai pas plus bas, tant que tu n’ouvriras pas les yeux.
Il fit une grimace. Salaud.
-C’est mesquin, grogna-t-il.
Il ouvrit les yeux et sourit. Justin avait les joues encore roses de froid, ses cheveux dans tous les sens à cause du vent. Les deux yeux bleus pétillaient de bonheur et de plaisir. Le seul problème de l’équation était probablement le caban noir, le pull et le jean qu’il portait encore.
-Tu es habillé.
-Excellente observation. Je t’ai ramené des croissants.
Brian attrapa tant bien que mal sa montre sur la table de nuit, appréciant les petits baisers sur son torse. 10h00.
-C’est l’heure du déjeuner.
Le petit air innocent et le sourire coupable sur le visage de Justin le firent rire.
-Ok. Où est-ce que tu t’es arrêté ?
-Dans le parc.
-Beaucoup de croquis ?
-Je suis parti de la chambre à huit heures.
-Donc beaucoup, acquiesça Brian en soupirant. Et ma gâterie du matin ?
-Oh mais je peux me faire pardonner ce manque de professionnalisme, chuchota Justin à son oreille.
-Enlève ça.
-A vos ordres, patron !
Brian le regarda enlever ses vêtements avec un sourire. Enfin un peu de calme.
Depuis septembre, tout s’était bousculé autour d’eux. Jusqu’à la semaine dernière, il n’aurait pas pu se rappeler un seul jour de tranquillité, de repos et de calme avec Justin.
≈ Pittsburgh Thanksgiving 2007 ≈
-Hey Mikey !
Michael le regardait avec de grands yeux écarquillés comme s’il venait de débarquer ou qu’il était nu sur le pas de sa porte. Brian sourit intérieurement. Effet réussi. Il resserra un peu plus son bras autant des épaules d’un Justin au bord de l’éclat de rire.
-Brian.
-Michael ? Ca va ? interrogea Debbie en le rejoignant. Sunshine !! s’écria-t-elle.
Justin lui sourit et se désincarcéra de la prise de Brian. Brian le regarda disparaître dans les bras de Debbie.
-Sunshine ! Je suis tellement contente de te voir !
-Moi aussi Deb.
-J’aimerai boire quelque chose avant de prendre racine sur le porche, protesta Brian.
-Connard, lui lança Debbie en rigolant. Viens m’embrasser au lieu de râler.
Brian sourit et vint l’embrasser sur la joue.
-Joyeux Thanksgiving.
-C’est bon de te voir. Tu as enfin répondu à l’invitation.
-Justin et moi voulions expérimenter les joies de la première classe.
Justin rougit légèrement pour son plus grand plaisir, lui frappa l’épaule et entra dans la maison. Michael ferma la porte derrière eux et les suivit sans rien dire, probablement encore un peu sous le choc.
-Justin !
-Hey Gus !
Brian regarda son fils sauter dans les bras de Justin. Apparemment, il avait manqué toute la partie « Justin fait partie de la famille » pendant les années passées loin de Pittsburgh. Gus ébouriffa les cheveux un peu longs de Justin et l’embrassa sur la joue. Jenny tendait les bras vers eux et Brian eut pitié d’elle.
Il embrassa Lindsay sur la joue, salua Mel et récupéra la petite fille dans ses bras.
-Hey princesse.
-Il y a eu du changement depuis la dernière fois, on dirait, sourit Vic en venant à leur rencontre.
Brian se contenta d’hausser les épaules en essayant d’éviter que Jenny ne lui tire les cheveux. Emmett enlaça Justin en couinant et ce dernier alla saluer Ted et Blake amicalement.
Définitivement bien intégré.
-C’est pas tout ça mais si on passait à table ?
Brian rit en voyant Justin et Gus se précipiter presque vers la trop petite table de la cuisine et tendit Jenny à son père. Il s’installa entre Gus et Michael, le petit garçon tenant particulièrement à se retrouver entre lui et Justin, n’arrêtant pas une seconde de leur raconter tout ce qui lui était arrivé ces derniers temps, tout ce qu’il avait dessiné et que Justin devait absolument voir.
-Alors comment Sunshine s’est-il retrouvé sur le même vol que toi ? interrogea Debbie.
Il sourit, Debbie était égale à elle-même et allait droit au but.
-Voyons Deb, tu ne crois plus au hasard ?
-Jamais quand ça te concerne.
Vic se mit à rire discrètement. Il but une gorgée de son chianti, gracieuseté de Ted.
-Je bosse pour lui.
Les têtes se tournèrent vers Justin en une symphonie de craquements d’os particulièrement désagréable à entendre. Justin n’avait pas l’air de se formaliser plus que ça de la bombe qu’il venait de lancer sur la table.
-Deb, je t’ai dit que j’avais trouvé un travail dans une grosse boîte, non ?
-Bébé, si tu avais précisé que tu travaillais pour Brian, je suis sure que je m’en serais souvenue, contra Mélanie.
-Je n’ai pas dit que j’avais donné le nom de l’entreprise, sourit Justin.
-Depuis quand ?
-Fin juin, il me semble ? Brian ?
Brian faillit sourire devant le jeu que déployait Justin pour embrouiller tout le monde autour de cette table.
-Quelque chose comme ça.
-Et depuis quand vous envoyez-vous en l’air ? demanda Michael.
-MICHAEL ! Rabrouèrent les filles, bouchant les oreilles de Jenny.
-Approximativement, depuis le soir où j’ai été recruté, répondit nonchalamment Justin, ses mains encore sur les oreilles de Gus.
L’explosion dans la pièce faillit l’assourdir. Brian grimaça. Il aurait dû savoir que c’était une mauvaise idée. Une très mauvaise idée. Il avait l’impression de subir l’inquisition des beaux-parents quand on demande la main de la fille. Il frissonna d’autant plus de dégoût.
Définitivement la pire idée de sa vie.
-Mais parce que je lui ai sauté dessus. Nous savons à quel point je ne peux lui résister, répondit-il.
Brian sentait l’ironie, la fausse adoration dans sa voix. Justin jouait clairement avec eux. Il en sourit et reprit une gorgée de vin. Il suffit de quinze minutes de cacophonie de questions pour qu’ils changent de sujet à l’instant où Gus demanda quelques précisions vocabulaires sur leur conversation.
Les sujets s’étaient ensuite centrés sur les autres à son plus grand soulagement. Les progrès de Jenny, les anecdotes d’Emmett et Vic ou de Debbie, les derniers voyages de Ben.
-Je reviens de Rome ! s’exclama presque Justin.
Brian grinça des dents, ça allait repartir.
-C’était fabuleux. Bien que j’y sois allé pour le travail, je me suis vraiment plu là-bas.
-Quel genre de travail ?
-Un collègue de Brian et moi avons mené le contrat avec Dolce & Gabbana.
Emmett faillit s’évanouir et Brian se retint de rire encore une fois. Le reste de la soirée ne fut que discussions animées et récits de voyages. Il ne participa pas beaucoup aux conversations, se contentant de passer sa main dans les cheveux de Justin ou Gus et d’écouter son fils qui s’ennuyait visiblement de toutes ses discussions d’adultes.
Brian s’excusa une fois la table débarrassée et sortit dans la cour pour fumer. Il ne fallut pas deux minutes pour que la porte ne se rouvre. Il soupira, rejetant la fumée. Il ne fit même pas l’effort de se retourner.
-Hey kiddo.
Brian s’assit sur la table de bois, faisant face à Vic.
-Vic.
-Debbie m’envoie à la pêche aux infos pendant qu’elle se charge de Justin.
-Rassurant.
Le vieil homme s’appuya sur la table à ses cotés et ne dit rien.
-C’est plutôt bien, dit Brian au bout d’un moment.
-J’imagine.
-Où est ton autre moitié ?
-Dans sa famille, répondit Vic avec un sourire.
Brian prit une latte et recracha la fumée vers le ciel.
-Il est réapparu comme la première fois, sorti de nulle part. Je m’attendais presque à voir de la brume autour.
Vic se mit à rire.
-Il est doué. Je me suis rendu compte de rien. Un matin, je me réveille et ça fait quatre mois, j’ai une paire de clés, il en a une.
-Et il est probable qu’il s’améliore avec le temps.
-Eh merde.
Vic sourit et posa sa main sur son épaule.
-Ca n’a pas l’air si catastrophique que ça.
-Quand je pense que ça va me péter à gueule, rien. Il suffit qu’il fasse un sourire, qu’on s’embrasse ou qu’il me jette un coup d’œil et « pouf » ma colère et le reste disparaît. Ca m’énerve.
-T’as toujours eu du mal à contrôler ce gosse. Arrête d’essayer. Tu verras, ce sera encore mieux.
-Ce n’est pas une bonne idée, Vic. On bosse ensemble. La dernière fois, ça a failli se terminer au tribunal.
-Je doute que Justin s’envoie en l’air avec toi pour de l’avancement.
-Il en a pas besoin.
-Hey kiddo, profites-en. Arrête de te prendre la tête et suis-le mouvement. Ca ne pourra pas te faire de mal.
Plus facile à dire qu’à faire. Brian avait passé tout sa vie à contrôler les choses, sa vie et celles des autres. Tout changer du jour au lendemain était trop lui demander. Il avait compris que ce n’était pas ce que voulait Justin mais il savait, à ce moment-là, que c’était déjà trop.
≈ Paris Janvier 2008 ≈
Brian sourit, écoutant l’eau couler dans la salle de bain. Enfin un peu de tranquillité. Ils pouvaient s’envoyer en l’air autant qu’ils le voulaient sans interruption, sans voyage de dernière minute le lendemain, sans famille.
En Novembre, Brian avait passé deux semaines à Chicago et Justin une semaine à Los Angeles avec Carlton. Décembre avait été synonyme de bilan de fin d’année, de fin de contrat et de planning pour l’année suivante. Manque de sommeil et overdose de caféine à la clé. Il n’était même pas sûr qu’ils aient passé plus de quelques moments ensemble entre Thanksgiving et le Jour de l’An
Il se souvenait du Noël trop chargé en famille et en cadeaux, du dîner chez la « belle-famille » qui s’était finalement mieux passé que prévu. Il avait surtout prévu de ne pas y aller. Seulement les rumeurs allant plus vite que le Concorde, Jennifer avait tout entendu par Debbie le soir de Thanksgiving. Il n’y avait vraiment aucun moyen d’échapper aux mères. Ils avaient passé deux jours à courir entre les divers foyers où ils devaient absolument faire une apparition et n’avaient pas eu une minute pour s’envoyer en l’air entre deux orgies culinaires.
Et pour une fois, il n’avait pas laissé Cynthia s’occuper du voyage. Il avait reçu des échos de la part d’un client qui revenait de Paris et qui avait visité l’un des nouveaux musées. Le choix fut vite fait et il ne se laissa pas le temps de réfléchir. Il avait pris les notes nécessaires et Cynthia avait juste confirmé les réservations pour l’avion et l’hôtel.
Il était plutôt fier de lui. Malgré l’image de romantisme débile associée au voyage à deux dans la capitale française, Brian avait été heureux que Justin s’abstienne de tout sarcasme. Brian avait cependant accepté d'aller voir le feu d'artifice de la Tour Eiffel. C'était le seul effort romantique qu'il ferait d'ici un bon moment.
Justin avait été intenable. Naviguant de parc en parc, l’abandonnant sur les Champs-Élysées au bon soin des plus grandes marques du monde pour aller au Louvre, au Centre Pompidou ou bien encore à Quai Branly. Justin avait rempli des carnets entiers, jusqu’à ce que Brian ne le lui interdise.
Au final, ils avaient passé un excellent moment. Brian avait l’impression d’être revenu aux derniers jours passés à Rome. Ils reprenaient l’avion le soir même pour rentrer à New York. Le travail les attendait.
Brian avait toujours aimé aller travailler, mais là, allongé dans le lit d’une grande suite à Paris, attendant que Justin le rejoigne, il en venait à détester devoir y retourner.
-Brian ! On doit avoir libéré la chambre à 11h00 ! C’est ta dernière chance de me prendre dans cette salle de bain.
Il envoya valser le drap qui le recouvrait à peine et se dirigea vers la salle de bain. Il allait en profiter un maximum.
≈ New York Février 2008 ≈
Assis à son bureau, il sirotait tranquillement son café, regardant la nuit tomber sur la ville alors qu’il était encore tôt. Les lumières commençaient à s’allumer progressivement sur Madison Avenue.
Il avait encore bouclé un gros contrat, son troisième depuis le début de l’année. Il n’était pas peu fier de lui. Lindsay et Gus devaient venir ce week-end pour voir la nouvelle exposition de Justin.
Brian tourna la tête vers la grande toile qui ornait le mur, face à son bureau. Avec tous les soucis que la faire acheminer de Rome avait causés, il n’allait pas la laisser disparaître de si tôt. C’était à son avis l’une des meilleures que Justin avait jamais faite.
Personne n’avait dit un mot devant le sourire de Justin quand il avait vu le paquet arriver dans les locaux. Il ne l’avait pas encore montré à son agent, ni entré dans son portfolio.
« Je ne veux que de l’excellent, de l’unique et de l’inédit. » avait-il expliqué. Seules les personnes ayant vu la signature de près auraient pu savoir qui en était l’auteur.
-Brian ?
Il tourna la tête vers Cynthia.
-Ca va ?
-Pourquoi cette question ?
-Tu souris.
-Va te faire foutre.
-L’espace d’une seconde j’ai eu peur, soupira Cynthia, soulagée. J’allais partir. Je voulais vérifier si tu avais encore besoin de moi.
-Non ça ira. Bonne soirée.
-Toi aussi, ne traîne pas trop.
Il attendit quelques minutes après le départ de son assistante et sortit de son bureau. Les locaux du département artistiques étaient relativement vides. La porte du bureau était ouverte. Il s’appuya contre le chambranle de la porte et l’observa. Justin était penché sur sa table à dessin, concentré, un écouteur dans une oreille.
Il frappa discrètement sur la porte. Justin se retourna vers lui, tournant sur son tabouret. Comme un réflexe conditionné, il lui sourit. Brian lui répondit malgré lui. Justin appuya son dos contre la table.
-Un problème ?
-Qu’est-ce que tu fais ce soir ?
-Rien de spécial, sourit encore Justin, amusé.
-Chez moi ?
-Hm, tentant. Y a-t-il quelque chose à manger dans ton frigo qui ne soit pas périmé ?
-Probablement pas. Mais il y a cette magnifique invention. Je sais que tu la connais.
-Attends, laisse-moi réfléchir… la livraison ?
-Bien. Je savais bien qu’il y avait un cerveau sous cette tignasse blonde.
-Tu as fini ?
-Toi ?
-Je ne faisais qu’attendre désespérément ta venue en ces lieux pour m’enlever à mon triste sort.
-Petit malin. On y va ?
-Laisse-moi prendre mon manteau.
Justin enfila son caban, enroulant son écharpe autour du cou. Brian le suivit jusqu’au parking. Il déverrouilla sa Corvette et s’approcha de Justin pour l’embrasser.
-Hm, la soirée commence bien, commenta Justin en s’éloignant.
Justin ouvrit la porte du loft et Brian le suivit, laissant glisser les fines mèches entre ses doigts. Il l’observa naviguer dans l’appartement, pendre les manteaux, enlever ses chaussures, ranger le salon pour qu’ils puissent dîner sur la table basse. Justin ouvrit les rideaux.
Brian aimait regarder la vue le soir et Justin faisait toujours ça avant même d’ôter son manteau parfois. Brian posa son attaché-case à coté du carton à dessin de Justin et jeta un œil vers le salon.
Il sourit et secoua la tête. C’était trop tard. C’était arrivé.
-Brian ! Bouge-toi un peu pour qu’on commande !
Il le rejoignit. Passant ses bras autour de Justin, il se pencha et l’embrassa.
-J’ai une meilleure idée.
***
Brian s’était réveillé en sursaut en entendant sa sonnerie de téléphone. Justin se redressa tout aussi brusquement. Tirés de leur sommeil et pris au dépourvu, Brian ne pensa même pas à ignorer l’appel.
-Mikey, il est huit heures et on est dimanche. J’espère que tu as une putain de bonne raison, menaça-t-il de sa voix rauque de sommeil.
Justin passa une main dans ses cheveux ébouriffés. Le drap avait glissé sur ses jambes quand il s’était assis et Brian sourit en se disant que finalement, ce réveil impromptu pourrait être plus agréable que prévu.
Puis le silence au bout du fil l’interpella. La respiration était saccadée, entrecoupée et forte.
-Michael ? s’enquit-il.
Il sentit Justin se retourner vers lui, alerte.
-Oncle Vic est mort.
Brian arrêta un instant de respirer. C’étaient des sanglots qu’il avait entendu. Vic mort ? Son esprit devint étrangement blanc. Ni de « quoi ? », ni de « comment », ou bien encore de « a-t-il souffert ? ». « Il est mort », « Sida » et «ces sept dernières années » étaient les réponses et il les connaissait déjà.
-J’arrive.
Il raccrocha et se leva du lit.
-Brian ?
-Je prends le premier vol pour Pittsburgh.
-Qu’est-ce qu’il se passe ?
-Vic est mort.
Il entra dans la salle de bain et fit couler la douche, laissant le temps à l’eau de chauffer avant qu’il n’entre. Il ne l’entendit pas arriver. La main sur son bras le fit se retourner. Justin le fixait de ses grands yeux bleus.
-Hey.
Justin leva les bras et les passa autour de son cou, le serrant contre lui. Il n’y eut aucun mot ni aucune larme. Quand Brian sortit de sa douche, il y avait deux sacs posés sur le lit et une tasse de café fumant sur la table de nuit.
-Pourquoi deux sacs ?
Justin revint dans la chambre, habillé, les cheveux encore humides, sa propre tasse à la main.
-Un pour toi, un pour moi. Ça me paraît logique.
-Tu ne viens pas.
-Je prends l’avion dans deux heures. Tu fais ce que tu veux, lui répondit Justin en repartant.
Brian jeta rageusement sa serviette sur le lit et le poursuivit dans le salon.
-Tu ne viens pas ! Tu as une exposition dans trois jours !
-Il y a une chose que tu n’as pas l’air de comprendre, Brian. C’est aussi ma famille.
-Je ne permettrai pas que tu rates une chance pareille pour ça.
Le regard furieux que Justin lui lança l’aurait presque fait reculer.
-TU ne le permettras pas ? Va te faire foutre Brian. Toi et la galerie vous pouvaient aller vous faire foutre ! Tu ne pourras pas m’empêcher de toutes manières. C’est ma vie, tu n’as rien à dire sur la façon dont je la vis ! Tu rengaines ton putain de sale caractère et ton besoin compulsif de contrôle quand tout part en vrille.
-Bordel de merde mais tu ne comprends rien !
-Non c’est toi qui ne comprends rien Brian.
Justin alla prendre son sac et lui jeta un dernier regard froid.
-L’avion est à 10h12. On se voit chez Debbie.
Il sortit et claqua la porte si fort que Brian entendit les vitres trembler.
***
Brian était en colère. C’était lui qui avait raison de toute façon. Il ne réfléchit pas à deux fois en se faisant le chauffeur sur le parking de l’aéroport, essayant d’oublier la dispute, le sac dans le coffre contenant toutes les affaires dont il avait besoin et qu’il n’avait même pas préparé.
Il était entré dans la salle d’attente VIP de Liberty Air comme s’il possédait la compagnie. Justin était installé dans un siège de cuir sur le coté, dessinant tranquillement sur son bloc à dessin, sa trousse ouverte sur l’accoudoir. Brian resta planté là un moment à l’observer. Il crevait d’envie d’approcher, de se pencher sur son épaule pour voir ce qu’il avait créé.
Il fit une grimace et alla s’asseoir à l’opposé. Il avait raison et il était hors de question qu’il fasse un geste vers lui avant qu’il ne l’ait compris. Malheureusement pour lui, Justin avait fait les choses bien avant qu’ils ne se disputent. La valise, la 1ère classe, les sièges côte à côte.
Mais maintenant, leur proximité était un problème. Le silence était lourd, la tension palpable dans l’air. Justin ne lui avait pas adressé un regard, s’était isolé du monde, son iPod dans les oreilles.
Brian détestait quand il faisait ça. Personne ne pouvait jamais pénétrer sa bulle. L’attente avant le départ du vol sembla interminable. D’habitude, ils jouaient. Ils se touchaient, s’effleuraient, essayaient de pousser l’autre à bout jusqu’à ce que l’un des deux ne craque et ne se retire dans les toilettes de l’avion.
Brian aurait bien aimé pouvoir sourire à ce souvenir. Mais il savait que cette fois c’était différent et que Justin ne le laisserait pas s’en tirer. Tant pis pour lui, il fallait qu’il comprenne. Il y avait des limites à l’entêtement et Brian se promettait qu’avant trois jours, Justin serait de nouveau dans l’avion.
Il savait très bien ce qui l’attendait à Pittsburgh. Il y aurait des larmes, des cris, des mines dépressives, de la neige, un froid à glacer le sang, des nuages. Il fit une grimace. Comme pour son père. Seulement Jack ne méritait rien de tout ça. Vic méritait tout le reste. Il méritait les larmes, les honneurs, les mots gentils, les souvenirs partagés.
A l’atterrissage, Justin était le premier debout. Brian se leva à son tour et récupéra son sac. Il eut du mal à le suivre. Justin marchait vite et glissait entre les gens sans même les toucher.
Il appela un taxi et ce fut de justesse que Brian monta dans la même voiture. Il ne savait pas bien pourquoi. Ca n’était pas capital qu’ils soient ensemble, surtout après ce silence pesant mais bizarrement, Brian n’arrivait pas à envisager la possibilité de faire face aux autres sans Justin.
Le taxi les déposa sur le trottoir quelques minutes plus tard. Brian fit taire les tentatives de discutions du chauffeur d’un regard. Il n’était pas d’humeur. Une fois sur le trottoir, devant la maison, Brian frissonna. Brusquement l’idée même de sonner l’effrayait. Figé sur le bitume, il n’arrivait pas à se résoudre à avancer. Une légère pression dans son dos le fit avancer d’un petit pas. Brian se retourna. Justin ne le regardait pas, il passa à coté de lui et avança vers la porte.
Brian ne s’y était pas attendu. Il remercia intérieurement Justin pour le connaître si bien et pour refouler sa colère afin de l’aider, même légèrement. Brian le rejoignit sur le seuil. Justin avait déjà sonné et la porte s’ouvrit comme au ralenti, chose tellement inhabituelle.
Emmett leur sourit discrètement et étreignit Justin. La suite, Brian sembla la vivre de l’extérieur. Dans le salon, Michael pleurait dans les bras de Ben, Hunter essayait de se fondre dans le papier peint, Lindsay et Mel gardaient les enfants dans leurs bras sans rien dire. Ted et Blake étaient assis à la cuisine et réconfortaient Ronald comme ils pouvaient. Debbie était seule dans son fauteuil et Brian n’avait pas le souvenir de l’avoir déjà vue si faible et si petite
Justin embrassa Michael sur la joue, saluant les autres du regard et vint serrer Debbie dans ses bras de toutes ses forces. Brian resta là un instant sans bouger, incapable d’avancer vers cet abysse de douleur. Puis Michael releva les yeux vers lui et son instinct protecteur se réveilla et il pénétra plus à l’intérieur de la maison.
***
Brian n’était plus très sûr de savoir ce qu’il s’était passé une fois que Michael s’était accroché à lui. Il se souvenait de Justin qui avait réussi à faire manger et dormir Debbie, de Ben qui avait fait la même chose avec Michael.
Debbie avait laissé les papiers sur la table de la cuisine sans pour autant s’en occuper. Alors Brian avait pris la suite. C’était quelque chose qu’il avait toujours fait et qu’il savait faire. Il avait passé les coups de fil à l’hôpital, aux pompes funèbres, au Diner pour Debbie. Tout était arrangé maintenant. Debbie lui en voudrait, il n’y avait aucun doute là-dessus mais c’était le moins qu’il pouvait faire. Après tout, Vic était sa famille aussi. Ce qu’il avait oublié, c’était que Justin avait vécu pendant plus d’un an dans cette maison, tous les jours, allant probablement chercher les cocktails de Vic, faisant les courses pour Debbie. C’était peut-être pour ça que Justin était resté chez Debbie depuis leur arrivée et pas lui.
Debout sous la neige, Brian se dit que le ciel était bien ironique. Il avait neigé pour son père aussi. Il était allé au service à l’église à la surprise générale, y compris la sienne. Aux cotés de Debbie avec Michael, Brian déposa sa rose juste derrière eux. Debbie serra sa main à lui broyer les os.
Brian se rendit compte de sa place de deuxième fils des Grassi/Novotny. Il frissonna, la gorge serrée. Il se pencha, embrassant la joue de Debbie et s’écarta un peu du reste du cortège.
Il alluma une cigarette, tremblant comme une feuille. La main dans son dos le fit sursauter. Il se retourna un peu et croisa un regard bleu. Son malaise ne se dissipait pas. Il y avait quelque chose d’anormal dans tout cela. S’il était le deuxième fils, il était probablement l’indigne, celui qui ne rentre pas pour Noël, qui n’écrit pas et ne partage pas la dinde à Thanksgiving.
Exactement comme avec ses parents. Justin passa ses bras autour de son cou et le serra contre lui. Brian fourra son nez dans le cou froid et ferma les yeux.
-Tu es un bon fils, Brian. Ils sont fiers de toi.
Ce n’était pas vrai, il savait que ça ne pouvait être que des paroles en l’air. Justin avait probablement été un meilleur fils pour Vic et Debbie que lui. Les murmures de Justin étaient rauques, le souffle chaud contre son oreille mais les paroles étaient tellement sincères, tellement sûres d’elles. Brian sentit quelque chose craquer en lui et pour la première fois depuis longtemps, il pleura.
***
La réception qui suivit l’enterrement ne fut qu’une orgie de plats italiens. Brian était assis dans un grand fauteuil d’un coin du salon de Debbie, dans l’ombre. Il regardait avec surprise les convives rire aux histoires de Ronald, Debbie et Michael. Les photos passaient de personnes en personnes.
Gus était blotti contre sa poitrine, endormi et Brian ne pouvait s’empêcher de passer sa main dans les courts cheveux châtains. Quand il avait accepté de donner son sperme aux filles, il avait dit qu’il ne voulait pas faire partie de la vie du bébé. Il ne voulait pas être responsable d’une autre vie que la sienne. C’était déjà amplement suffisant et c’était un travail à plein temps.
Maintenant, il attendait avec impatience leurs visites à New York, les coups de fils d’après match de son fils. Il ferma les yeux avec force et espéra l’espace d’un instant que ces derniers jours n’aient été qu’un rêve.
-Hey.
Il rouvrit les yeux sur Justin qui lui souriait légèrement, accroupi devant lui, la main de Gus dans la sienne. Il respira un peu plus normalement et essaya de se détendre.
-Tu devrais le monter dans une chambre.
Brian hocha la tête et porta son fils à l’étage. Justin lui ouvrit la porte de son ancienne chambre. Brian resta un instant à l’observer. Il y avait des croquis de toute la famille aux murs, des jouets de Gus et Jenny dans un coin, des photos de Michael et lui au lycée sur le tableau de liège au dessus du bureau et un vieux livre usé qu’il savait être à lui. Il allongea Gus entre les draps aux couleurs de Spiderman et suivit Justin à l’extérieur, tout en prenant soin de refermer la porte derrière lui.
-Brian ?
Il se retourna et regarda un moment Justin dans les yeux. Brusquement, il l’attrapa derrière le cou et l’embrassa désespérément. Les mains de Justin s’agrippèrent à sa chemise, son corps se pressa contre le sien mais Brian n’aurait cessé pour rien au monde.
Il y avait quelque chose de rassurant, de familier dans ce baiser, dans la chaleur de Justin contre lui. Un sentiment qu’il connaissait et qui l’empêchait de penser à tout ça. Il serra plus fort le corps contre lui et continua à l’embrasser.
***
-Il vaut mieux mourir jeune, beau et en pleine santé.
-Conneries, répliqua Justin violement. C’est du gâchis. T’es conscient que mort, tu ne baises plus ?
-Détails.
Il regarda Justin lever les yeux au ciel et reprendre un peu de poulet aigre-doux entre ses baguettes.
-A quelle heure ton avion ce soir ? demanda-t-il.
-Je ne pars pas ce soir.
-Justin…
-Commence pas à m’emmerder Brian.
-Le vernissage est demain.
-Et alors ?
-Il faut encore que tu supervises la mise en place. Je ne veux pas t’entendre râler parce qu’ils en ont installé un à l’envers.
-J’ai déjà réglé ce genre de détails ce matin.
Brian fronça les sourcils.
-Me prends pas pour un con.
-Il y a une fabuleuse invention qui s’appelle la vidéo conférence. Tu t’en sers régulièrement au bureau. On pourrait changer de sujet ?
-Non.
-Si tu tiens à faire une scène en plein milieu du restaurant, fais-la tout seul.
Justin s’essuya la bouche et se leva.
-Où tu vas ?
-Je rentre. On était parti pour manger ensemble, pas se prendre la tête sur un sujet qui ne te regarde pas autour de bouffe chinoise.
Justin prit son manteau et sortit. Brian détestait ça. Justin ne savait pas ce qui était bon pour lui. La preuve majeure, il continuait de traîner avec lui. Justin refusait catégoriquement de se battre avec lui et Brian avait toujours l’impression d’être un enfant capricieux que ses parents laissaient bouder.
Justin ne comprenait pas que Brian avait besoin de se fritter, de s’énerver un bon coup pour évacuer. Il fit une grimace, jeta les billets sur la table et sortit. Il devait rentrer se changer s’il voulait pouvoir se défouler au Babylon.
***
Brian frappa à la porte de chez Debbie tôt le lendemain. Ce qui le surprit le plus fut le manque de réponse. Que Debbie reprenne plus tôt au Diner, il pouvait le comprendre. Après tout c’était en travaillant que Debbie pouvait oublier ses problèmes, en se focalisant sur autre chose. Il connaissait bien la technique.
Mais que Justin ne réponde ni à la porte ni à son portable était une chose plus étonnante.
Quand il entra au Diner, la première chose qu’il vit fut Michael. Il le rejoignit, se penchant pour l’embrasser sur la joue et salua Ben.
Il balaya le snack des yeux.
-J’espère que Deb a fait assez de café, j’ai eu une nuit de merde.
-Pénurie de cul au Babylon ?fit Michael, curieux
-Prise de tête, répliqua Brian.
-Ma n’est pas là.
-Elle n’est pas chez elle non plus, signala-t-il.
-Je sais. Elle est partie.
-Où ça ?
-Justin et elle sont partis à la première heure ce matin.
Brian se laissa retomber en arrière contre le dossier du canapé, séché sur place mais extérieurement impassible.
-Vraiment ?
-Ma ne voulait pas rester à la maison au milieu des cartons de Vic. Je ne voulais pas qu’elle retourne travailler alors Justin l’a emmené. Ca fait des années que Pete essaye de faire prendre ses congés à Debbie.
Brian se leva et partit sans un regard en arrière. Brian ne comprenait plus rien. A quoi avait servi le cirque de la veille si c’était pour que Justin rentre le lendemain. Est-ce que c’était prévu ? Est-ce que c’était venu sur un coup de tête après en avoir eu ras le bol d’entendre Brian l’engueuler ?
Décidément il ne comprendrait jamais rien à ce gosse. Il rentra chez les filles, embrassa son fils en lui promettant de revenir bientôt et prit le premier vol pour New York. Il avait assez vu Pittsburgh pour le mois à venir.
Tout se passait toujours tellement mieux ailleurs. L’aéroport et le vol était bondé comme d’habitude et il devait remercier ses privilèges chez Liberty pour avoir pu obtenir une première classe au dernier moment.
***
Il neigeait sur la Grosse Pomme quand il atterrit, ce qui lui valut une trentaine de minutes en plus en taxi avant d’atteindre son immeuble. L’appartement était sombre. Il ne se souvenait pas d’avoir fermé les rideaux en partant. Le chauffage tempérait les pièces et pourtant Brian se surprit à frissonner.
Il jeta son sac dans la chambre et se laissa tomber sur le sofa. Il avait espéré l’espace d’un instant que Justin serait là. C’était bien présomptueux de sa part. Justin savait qu’il n’aimait pas qu’on envahisse son territoire et il n’aurait jamais amené Debbie dans son loft sans qu’il ne soit au courant. Mais il aurait bien aimé qu’il oublie ce détail ce soir.
Son portable sonna et il fut surprit une seconde en voyant que la nuit était tombée.
-Kinney.
-Ramène ton cul à la galerie, si tu ne veux pas que je me charge de ton cas. Le vernissage a déjà commencé.
Brian jura et raccrocha brutalement. Il ne savait vraiment pas pourquoi il se pressait, pourquoi il enfilait ses plus beaux vêtements. Si Justin avait voulu qu’il vienne, il lui aurait dit et n’aurait probablement pas laissé Debbie se charger de lui rappeler. Peut-être que Justin pensait que sa présence était évidente et qu’il ne se posait même pas la question.
-Je déteste ses conneries de relation, gronda-t-il en attrapant ses clés et en claquant la porte derrière lui.
***
Les portes vitrées de la galerie se refermèrent derrière lui. C’était bondé. Brian ne se souvenait pas d’avoir vu autant de monde à un vernissage depuis longtemps. Les toiles étaient immenses et étaient semblables à des explosions de couleurs contre des murs blancs.
Il n’avait encore rien vu de tout ce que Justin allait exposer. Le studio de Justin était hors d’atteinte depuis quelques mois, depuis que son agent avait pu lui obtenir un show solo dans cette galerie huppée de Chelsea. Justin s’était lui-même chargé de la communication graphique accompagnant l’exposition.
Il y avait une musique électrique qui flottait dans l’air et des serveurs passaient entre les invités avec des coupes de champagne sur plateaux. Brian en attrapa une au vol et sentit sa nervosité augmenter sans raison apparente.
-Il est avec un journaliste au fond de la galerie.
Brian ne prit même pas la peine de se retourner. Debbie lui prit le bras et Brian fit une grimace en la sentant pincer sa peau.
-Bordel où est-ce que tu étais passé ? dit-elle discrètement, ce qui était rare.
-Je me suis endormi.
-Tu avais oublié !
-J’ai tout fait pour le foutre dans un avion sans avoir à lui botter le cul, alors ne commence pas tes reproches de merde. J’en ai déjà assez pris dans la gueule.
-Pas très patient ce soir.
-Ce petit con allait rater ça pour rester à Pittsburgh ! Encore heureux qu’il soit là.
-Ca c’est décidé au dernier moment. Nous venions de nous installer dans l’avion quand tu as appelé.
-Je vois.
-Il est talentueux.
-Sans déc’.
-Tu as déjà fait le tour ?
-Non, je viens d’arriver.
Debbie lui sourit, l’embrassa sur la joue et lui fit faire le tour.
-Tu es là depuis longtemps ?demanda-t-il.
-J’ai passé l’après-midi avec lui ici. Nous sommes juste rentrés nous changer avant le vernissage.
-Problèmes ? s’enquit Brian.
-Non juste de la supervision.
-Vidéoconférence, mes couilles, grommela-t-il.
-Tiens ! Il est là-bas ! S’exclama Debbie en désignant un petit groupe plus loin.
Justin était en grande conversation avec trois personnes aux goûts vestimentaires plus que douteux. Ils étaient les parfaits petits clichés des artistes s’habillant d’un rien et qui gardaient un air snob en toutes occasions.
Justin se tenait là et rayonnait. Son sourire illuminait la pièce et rien n’aurait pu l’altérer. Il portait un pull auburn sur un jean sombre. Son verre de vin était presque vide, ses lèvres rosies.
Il se mit à rire et Brian sentit un frisson parcourir son corps.
-Qu’est-ce que tu attends ? demanda Debbie.
-Que tu me lâches.
Debbie sourit.
-Je ne sais pas quelle mouche vous a piqué tous les deux. Je ne veux pas savoir.
-C’est une première.
-Ce que je sais c’est que vous perdez du temps. Et ça, c’est inadmissible sachant que d’autres n’en ont plus.
Debbie lâcha son bras et se dirigea vers Billie, l’agent de Justin. Il vida son verre d’une traite. Il se retourna vers Justin et haussa un sourcil en se découvrant observer. Justin ne suivait visiblement plus ce qui se disait autour de lui et restait à le fixer sans un mot.
Brian lui sourit, leva son verre et sortit de la galerie. Il n’y arriverait pas.
***
Brian soupira encore, sa cigarette presque éteinte au bord des lèvres. Il savait ce qu’il voulait. La bonne question était est-ce qu’il arriverait à l’obtenir. Il avait calculé son plan au millimètre, à la milliseconde près. Tout était une question de présentation et d’image.
Malgré le coup de fil hostile de Debbie (« -Je suis dans l’avion. Maintenant arrange ça sinon je reviens te botter le cul !»), en début d’après-midi à son bureau ou encore les rushes de fin de projet, rien n’avait pu lui faire sortir cette idée de la tête. Ce n’était pas non plus comme s’il n’y avait jamais pensé. Les derniers événements l’avaient encore un peu bousculé.
Serait-il capable un jour de prendre des décisions ou de réfléchir un peu sans que ça n’ait un rapport avec une catastrophe majeure ou une crise d’identité imprévue ? Il vida son verre de whisky et attendit.
La clé tourna dans la serrure et Brian se tendit dans son fauteuil. La lumière de l’appartement s’alluma et il lui fallut une seconde pour se réhabituer à la lumière.
-Brian ?
-Tu as l’air surpris.
-Il y a un problème ?
-Je n’ai pas le droit de venir passer la soirée chez mon petit ami.
-Ok, il y a un problème. Une minute.
Justin pendit son manteau et enleva ses chaussures avant de le rejoindre au salon.
-Que se passe-t-il ?
-Pour l’autre soir…
-Oublie. J’ai été con, toi encore plus. Fin de l’histoire. J’aurai dû te prévenir pour Debbie, tu aurais pu faire un effort pour me saluer à ma grande première, coupa Justin.
Brian fit une grimace.
-Laisse-moi en placer une, s’énerva-t-il en se levant.
Les yeux bleus s’écarquillèrent de surprise et se tut.
-Excuse-moi. J’ai… Tout ce bordel des derniers jours… ça m’a fait réfléchir à des choses que j’étais pas encore tout à fait prêt à mettre en pratique.
Justin ne répondit rien et Brian le remercia presque de lui donner le temps de se calmer.
-La mort de Vic et… J’ai décidé de changer les choses, déclara-t-il.
-Oh ?
-Je voudrais que Mikey et les autres viennent de temps en temps. Je veux changer de voiture, faire un espace fermé au loft pour mon bureau.
Il marqua une pause.
-Mais encore ? Demanda Justin en voyant que la suite n’arrivait pas. Brian passa sa main dans ses cheveux et alla chercher une bouteille d’eau dans le frigo. Il but quelques gorgées et se retourna, fixant ses yeux dans ceux de Justin.
-Je veux que tu viennes vivre avec moi.
Justin se contenta de le regarder. Brian était nerveux et pourtant il se sentait mieux que quelques secondes auparavant. Il avait réussi à lui dire. Maintenant il ne restait plus qu’à attendre la réponse.
-Ok, fit nonchalamment Justin en haussant les épaules.
-Juste ok ?
Justin lui sourit et les dernières traces de nervosité s’évaporèrent.
-Qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus ? J’attends ça depuis bien assez longtemps, répondit Justin, amusé.
Justin se leva et l’entoura de ses bras. Brian apprécia la chaleur du corps contre le sien.
-Je garde mon appartement, déclara-t-il.
-C’est stupide, signala Brian.
-Je pourrais aller faire un tour si tu me tapes sur les nerfs et le studio est juste à coté.
-Il est hors de question qu’on vive chez toi. C’est petit, bordélique, il n’y a pas de garage et c’est plus loin.
-Toujours aussi exigeant. Je veux participer à la déco.
-Le loft est parfaitement décoré, protesta Brian.
-Si on vit tous les deux, il faut qu’on ait chacun NOTRE espace, pas seulement moi vivant dans ton espace.
-Toujours aussi exigeant, répondit Brian en riant.
-Deal ?
-Deal.
Brian se pencha et l’embrassa avec fougue.
-Maintenant enlève ces fringues ! C’est la dernière fois qu’on baise ici.
Justin éclata de rire et Brian entreprit de le débarrasser de sa chemise.
ROUGE -
JAUNE - NOIR - BLEU :
Partie 1,
Partie 2 -
EPILOGUE