BLEACH - "Zoomorphisme" - Drabble - 31jours
Au fond, je ne m'étais jamais réellement intéressée à Komamura. Trop peu d'informations sur lui, pas beaucoup de présence dans l'histoire.
Et puis un jour...
J'ai vu LA petite scénette après un des épisodes.
Mais quelle serait l'apparence de Komamura sur la Terre ? On ne peut pas décemment le laisser sous sa forme originelle !
Et là, ils ont montré un chien.
Et j'ai eu la révélation ! Komamura est un inugami ! XD D'où le drabble. =)
Note : Egalement posté sur la communauté 31jours pour le thème "Corde au cou"
ZOOMORPHISME
Le capitaine Komamura se surprend souvent à comparer ses collègues à des animaux. Peut-être est-ce parce qu’il déteste les humains et que l’apparence des shinigami est bien trop humanoïde à son goût.
Il avait raconté ça à Tousen une fois. Cela l’avait fait bien rire, à l’époque, de comparer Kenpachi à un gros ours mal léché ou d’imaginer un capitaine Kuchiki en butor. A l’époque seulement. Parce qu’à présent, Tousen est un traître. Parce qu’à présent Tousen est parti avec Aizen et Ichimaru.
Komamura ne sait pas trop s’il doit comparer le capitaine de la troisième division à un reptile ou un renard. Quand il voit cette peau diaphane, ces cheveux blancs et ces yeux rouges dus à l’albinisme, cette façon si souple de se mouvoir et la manière dont ses doigts noueux ondulent comme s’ils étaient doués d’une conscience propre, il y retrouve le serpent. Curieuse coïncidence lorsque l’on sait que pour les humains de l’Occident, le serpent est le symbole du Mal et du Diable. Cependant, Komamura l’ignore : en Orient, le serpent blanc est symbole de chance et de richesse. Aussi trouve-t-il déplacé de comparer cette noble créature à Ichimaru et préfère l’assimiler au renard en raison de la lueur maligne qui danse perpétuellement dans ses yeux et de son affreux sourire aussi empli de ruse et de vices qu’il ne le laisse imaginer. L’incarnation même du kitsune des folklores chinois ou japonais qui joue des tours aux gens qu’il rencontre… Sauf que ceux de Gin sont beaucoup plus cruels et pendables.
Suite aux récents événements dans la Soul Society on ne peut penser à Ichimaru sans que l’image d’Aizen ne se calque automatiquement dessus. Rien que de penser à cet ignoble shinigami, Komamura en retrousse ses babines pour dévoiler une rangée de crocs bien brillants et laisser échapper un grondement sourd, faisant plusieurs fois sursauter son vice-capitaine. Il ne lui a pas fallu longtemps pour dénicher l’animal le mieux approprié à Aizen. Celui qui est la métaphore même du vice lui convient à merveille: le Rat.
Le rat est un animal de l'ombre, qui aime les cachettes et se cache sous terre, tout comme Aizen qui s’est réfugié derrière son image de bon samaritain et de gentil capitaine pour pouvoir manigancer sans crainte d’être soupçonné. L’hypocrisie poussée à son paroxysme. Aizen peut se vanter d’être un as en la matière.
Le rat est très vif aussi, donc insaisissable. Lorsqu’il parle de vivacité Komamura ne pense pas à la vitesse exceptionnelle dont peuvent faire preuve les shinigami : Yoruichi ou même le capitaine Kuchiki sont beaucoup plus doués à ce petit jeu que ne l’était le capitaine de la cinquième division. Non, lorsqu’il parle de vivacité il pense à celle de l’esprit. L’intelligence d’Aizen lui a permis de tout préparer minutieusement à l’avance. Une fois le tout premier élément déclenché, tous les autres ont suivi d’une manière fulgurante sans que l’on puisse les arrêter, telle une traînée de poudre que l’on aurait enflammée. Dès sa pseudo-mort, Aizen était devenu quelqu’un d’intouchable…
Un jour, Tousen lui avait demandé quel animal le représentait le mieux, par simple curiosité. Pris de court, Komamura n’avait pas su répondre, avouant qu’il n’y avait jamais réellement réfléchi. Tousen était un peu un être à part. Tousen était Tousen. Il n’avait jamais poussé plus loin la réflexion.
Mais le départ du capitaine à la peau noire avait fait renaître des sensations que Komamura pensait avoir enfouies depuis longtemps : celles de la douleur et de la souffrance.
Komamura Saijin est un inugami. Contrairement aux shinigami, il a été un animal canin dans sa vie antérieure bien qu’il ne sache plus avec exactitude s’il était un loup ou un chien... De par ce titre peu reluisant, Komamura n’a pu que constater la cruauté des humains. Comme pour toutes créatures invoquées, il y a eu un rite pour l’appeler. Celui de l’inugami est particulièrement abominable pour la bête sacrifiée. Etre attaché au bout d’une chaîne constellée de sceaux, voir une assiette remplie de nourriture alléchante et appétissante à quelques mètres de lui, attendre pendant des heures et des heures avec la faim qui lui déchire littéralement les entrailles alors que la gamelle se trouve juste sous son nez… De quoi sombrer dans la folie la plus pure. Et lorsque la souffrance physique et psychique atteint son apogée, l’humain lui tranche la tête et la consacre aux kami. Ainsi l’inugami est invoqué et devient l’esclave de celui qui l’a appelé. Komamura en gardera des lourdes séquelles psychologiques. Comme son aversion pathologique envers ces bipèdes doués d’une conscience.
Cependant, le capitaine estime avoir eu de la chance. Beaucoup de chance.
Ceux de son espèce sont destinés à une existence de servitude. Mais son maître est mort prématurément d’un accident vasculaire cérébral majeur et, vivant reclus de tous, il est resté hanter sa demeure, retenant toujours prisonnier Komamura au lieu que celui-ci disparaisse définitivement.
Et puis Yamamoto Genryuusai est apparu. Le seigneur et maître du Gotei 13 lui-même était venu exorciser l’esprit maléfique et, pris de pitié, a entrepris de libérer la créature prisonnière. Ce n’est que quelques temps plus tard que Kormura a appris que si le capitaine de la première division s’est déplacé en personne, c’est parce que l’humain qui l’avait invoqué était un yamabushi multirécidiviste qui avait causé pas mal de troubles de son vivant avant même que Komamura ne soit invoqué.
Lors de la trahison des trois capitaines, Komamura a eu l’impression de se retrouver à nouveau devant cette gamelle, attaché à cette affreuse corde avec cette épée de Damoclès qui ne tarderait pas à lui tomber dessus .
La corde était la Gotei 13. La gamelle : la profonde amitié qui les unissait. Le bourreau ? Tousen.
Komamura est ivre de rage. Et la voix calme de l’ancien capitaine de la neuvième division lui revient douloureusement en mémoire.
« Et moi ? A quel animal m’assimiles-tu ? »
Komamura n’avait pas su répondre à l’époque. A l’époque seulement.
Kaname Tousen. Le chevalier blanc de la justice n’en est rien moins qu’un simple humain.
Il est animé d’une telle idéologie que tous les moyens sont bons pour y arriver. Y compris créer un massacre en ouvrant une brèche dans le monde des shinigami et celui des Hollows pour que règne le bien absolu.
Tousen n’est pas qu’aveugle physiquement. Il a été complètement ébloui par la force et les capacités intellectuelles d’Aizen au point d’en trahir le Soul Society pour ses idéaux.
Les belles pensées altruistes de Tousen se sont évaporées à l’instant même où Aizen lui a annoncé ses projets. Tousen s’est laissé berner comme ces bipèdes qui sont venus voir le yamabushi…
Egoïste. Egocentrique. Faible. Naïf. Et cruel. Comme les humains que Komamura a côtoyé il y a fort longtemps.
Cette pensée le dégoûte au plus point. Jamais il n’aurait pensé à s’abaisser à de l’anthropomorphisme pour qualifier son ami.
Ses poils se hérissent de colère et le grondement se fait plus de en plus sourd, inquiétant réellement le vice-capitaine Iba. Tousen est borné lorsqu’il s’agit de ses idéaux. Contrairement au vice capitaine Hisagi, il essaie de ne pas trop se raccrocher à l’espoir fugace que Tousen revienne au Sereitei du jour au lendemain.
Le vice-capitaine Hisagi pense que Kaname va devoir payer cher pour pouvoir espérer récupérer la confiance de Komamura. Très cher.
Sauf que Komamura n’a jamais pardonné aux humains. Alors pourquoi devrait-il pardonner à Tousen ?