Défi SINTE, deuxième ^^

Mar 03, 2011 18:10

(enfin, techniquement, c'est la troisième session, mais la deuxième à laquelle je participe ;p)

Défi Sex Is Not The Enemy : Reviens, reste, pars avec moi.
Lien vers la photo-prompt (les miens ne sont pas torses nus, ni dans une décapotable, et c'est de nuit, mais j'espère que ça ira quand même ;p)
Rating : NC17
Taille : 1346 mots
Univers : Le fils du cerf (peut être lu de manière indépendante)
Personnages : Cédric et Manuel
Chronologie : année 21, fin avril ou début mai (quelques semaines après la disparition d'Olive).
Remarques : Manu et Cédric apparaissent dans un petit HS que je n'ai pas posté sur ffnet, mais qui est dispo ici. Non bêta-lecté.


La voiture avalait les kilomètres à une vitesse bien au-dessus de la limite autorisée. Le battement des essuies-glaces rythmait des secondes interminables ; aucun d'entre eux n'avait proposé de mettre de la musique. Les phares des véhicules qu'ils croisaient les éblouissaient par intermittence. Il faisait nuit, il pleuvait, et la route serpentait dans la campagne bretonne.

Ils s'étaient étreints rapidement à la gare, sans oser ni l'un ni l'autre prolonger le contact, sans oser s'embrasser. Cédric avait compté dans le train que cela faisait cinq ans qu'ils se connaissaient par internet interposé. Quatre depuis qu'ils s'étaient rencontrés « IRL ». Ils avaient couché ensemble pour la première fois quelques mois plus tard, s'étaient retrouvé à l'occasion de vacances, de rencontres de leur groupe... mais sans jamais révéler cette relation à distance qu'ils ne savaient pas vraiment, pour tout dire, définir correctement.

Cédric avait essayé d'avoir des relations plus pratiques, avec des hommes habitant dans sa région. Mais ça n'avait rien été de plus que quelques plans culs destinés à calmer sa frustration.

Il aurait bientôt vingt-sept ans. Il aspirait à se ranger, à quelque chose de stable... mais il y avait un monde entre la Haute-Savoie et l'Ille-et-Vilaine.

« À quoi tu penses ? » demanda Manuel à sa gauche.

À la lueur des phares, il semblait avoir un sourire en coin. Comment savoir à quoi est-ce qu'il pensait ? Manu devait seulement être content de le revoir. Lui arrivait-il de penser au futur, à leur futur ? Il avait après tout deux ans de moins que lui, peut-être qu'une vie sans vraiment d'attache lui convenait, pour le moment...

Cédric prit une inspiration, le cœur soudain battant, comme une gamine devant adresser la parole au garçon qu'elle aime en secret. Il posa une main sur la cuisse de Manuel et la serra un court instant, avant de l'enlever. Manu n'aimait pas qu'il le touche pendant qu'il conduisait.

« Je me demande ce que je fous là, répondit toutefois Cédric au bout de quelques instants.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je... nan, laisse tomber. Je me pose trop de question en ce moment. Et puis...

- Accouche. T'as rien voulu me dire sur Skype.

- Tu te souviens d'Olive ?

- Ton cousin ?

- Mon neveu... » soupira Cédric.

Manuel haussa les épaules, comme si la précision n'était pas très importante.

« Il était plus grand que toi, plus classe, plus bandant, mais c'était surtout un asocial qu'on a retrouvé en train de faire le con pieds nus dans la mer en plein février. Oui, je me souviens de lui », rigola-t-il.

Cédric n'avait pas envie de rigoler. Face à la famille il jouait son rôle, et il avait couru partout avec le village dans l'espoir de le retrouver. Il avait prêté son épaule à sa sœur, essayé de remonter le moral à Jérémie. Mais personne ne lui avait remonté le moral, à lui. Parce qu'il n'était ni le frère, ni le père d'Olive. Seulement son oncle.

Olive avait disparu. Mort peut-être, mais le plus terrible des mots n'était pas « mort ». C'était « peut-être ». Cette incertitude insoutenable. Cette absence de la moindre piste. Olive n'avait pas été le plus équilibré des adolescents, mais il respectait le mot « famille ». Il ne serait pas parti de son plein gré sans rien dire à personne.

Il se rendit compte qu'il pleurait quand il dut reprendre son souffle en une inspiration hachée.

« Ced ? »

La main de Manuel tâtonna sur ses genoux, trouva la sienne et serra si fort que Cédric crut qu'il allait lui briser les os. Il y eut un crissement de pneus, un coup de klaxon venant de la voiture derrière eux qui les doubla, et Manuel se gara sur le bas côté. À la lueur des phares, un chemin forestier débouchait juste devant eux.

Manuel détacha sa ceinture et se glissa souplement sur les genoux de Cédric ; il passa ses bras autour de son cou, une main sur sa nuque - elle était froide - et dit probablement quelque chose d'apaisant ou de calmant, mais Cédric n'aurait pas su dire quoi. Il se contenta de le serrer à son tour contre lui et d'enfouir son visage contre sa poitrine. Il réussit à prendre une grande inspiration et se calmer. Un peu gêné, Cédric libéra une de ses mains pour s'essuyer les yeux, tandis que Manuel s'écarta légèrement et passa une main sous le siège.

« Qu'est-ce que tu fabriques ? souffla Cédric.

- Attend... là, je l'ai ! » s'exclama-t-il.

Au même instant le siège recula à fond, entrainé par leur poids à tous les deux. Manuel se colla contre lui et glissa une main à sa droite, pour atteindre la manivelle permettant d'abaisser le dossier. Puis, il s'appuya contre lui et, enfin, l'embrassa.

Cédric répondit au baiser, comme assoiffé. Ils ne s'étaient pas vu depuis des mois, n'avaient pas osé se toucher en public. Tacitement, ils auraient dû attendre d'être dans l'appartement de Manuel, bien à l'abri des regards. La main de Manu descendit le long de son torse, puis de son ventre, et s'attaqua à sa ceinture.

Cédric le repoussa légèrement d'une main sur l'épaule, reprenant son souffle.

« On serait... on serait pas mieux dans ton lit ? »

Pour toute réponse, Manuel prit sa main et la posa contre son propre entrejambe.

« Je suis plus en état de conduire », fit-il d'une voix rauque.

Cédric sourit soudain en découvrant la pression d'un sexe en érection sous ses doigts. Là, maintenant, tout de suite, il ne voulait plus penser à rien d'autre qu'à lui et Manu en train de baiser dans la voiture, de nuit et au bord d'une route fréquentée.

« On parlera du reste plus tard, pour le moment tu as besoin d'autre chose, rajouta Manu à son oreille, juste avant d'en suçoter le lobe.

- T'as tout compris », gémit Cédric.

Manuel s'affala sur lui et décrocha la ceinture de sécurité qui l'empêchait d'atteindre son but. Il fallu quelques contorsions et grognements, mais ils réussirent à ouvrir leurs pantalons respectifs pour se branler mutuellement.

Cédric poussa un juron étouffé quand il sentit le pouce de Manuel fermement posé sur son gland et la poigne solide de ses doigts sur son sexe. Au vu de leurs positions, il avait plus de difficultés à caresser correctement Manu, mais celui-ci ne semblait pas avoir besoin de beaucoup de stimulation.

Il songea un instant qu'ils n'avaient pas de préservatifs à portée de main - les plus proches à sa connaissance étaient dans son sac, dans le coffre de la voiture, autant dire à l'autre bout du pays - puis il réalisa que de toute manière, ils n'auraient pas l'agilité nécessaire pour une pénétration. Il n'en avait de toute façon pas vraiment envie. Il était déjà trop excité, et la sodomie leur demandait toujours un temps de préparation qu'il n'avait pas envie d'investir pour le moment.

Manuel devait penser à la même chose. Il se plaça de manière à coller leurs deux sexes l'un contre l'autre et ils superposèrent leurs mains pour se branler au même rythme, leurs lèvres se cherchant et se fuyant entre deux jurons et râles.

Manuel jouit le premier, le visage enfoui dans le cou de Cédric qui en profita pour happer le lobe de son oreille au passage et le sucer avec force. Le poids de Manu sur lui qui se relâchait fut ce qui lui manquait pour partir à son tour.

Les essuies-glaces battaient toujours le pare-brise en rythme. Des voitures se croisaient sur la route, leurs phares éclairant l'habitacle par intermittence. Leurs respirations saccadées se calmèrent peu à peu, mais ni Manu ni Cédric ne fit mine de bouger.

« À chaque fois que tu viens, je peux pas m'empêcher de penser au moment où tu vas repartir », souffla Manu à son oreille.

Cédric se sentit frissonner à cette annonce, ce qu'il y avait de plus proche d'une déclaration dans la bouche de Manuel.

« Repars avec moi ? » s'entendit-il proposer.

défi, olive

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