[Fic] Entraînement (2/3), Bad Blood, Catastrophe [de Narcheska, pour Raya-O-Senna]

Dec 15, 2015 01:48

Titre : Entraînement (2/3)
Auteur : Narcheska (participant 6)
Pour : Raya-O-Senna (participant 20)
Fandom : Bad Blood (clip)
Persos/Couple(s) : Catastrophe (Arsyn/Catastrophe, Catastrophe/KnockOut, Justice/Luna et autres pairings). Mentions de tous les autres personnages.
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à Taylor Swift, Kendrick Lamar et Joseph Kahn (label Sony/ATV Music Publishing).
Prompt : J’aimerais beaucoup en savoir plus sur l’organisation qui emploie Catastrophe, Arsyn et toutes les autres filles. Comment elle les recrute, les entraîne, quel type de missions leur sont assigné ? Est-ce qu’elles sont toutes dotées de pouvoirs ? Est-ce que c’est une organisation de type SHIELD ou plutôt Institut Xavier ? Tes headcanons sur les filles m’intéressent beaucoup, donc n’hésite pas ! Sauf pour Lucky Fiori/Lena Dunham que je ne veux pas voir (mentionnée ou non). Je n’ai aucune préférence pour les pairings ni pour les sexualités de chacune, alors tu peux tout couvrir !
- Facultatif : Catastrophe a une affection particulière pour les chats et en récupère tout le temps. Slay-Z emmène son chien partout, même en mission.
- Super facultatif : S’il pouvait y avoir mention de l’avant/après de la trahison d’Arsyn et de toutes ses ramifications.
Warning : Mention de BDSM léger.

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Toutes restaient néanmoins égales sur un point : l’apprentissage de la vie dans un lieu autant communautaire et replié sur lui-même.

Car pour une nouvelle arrivante, ce n’était pas évident de comprendre la manière dont l’organisation fonctionnait. Apparemment, après leur formation qui alliait donc enseignement standard, exercices de combat et gestion de leurs dons, la plupart des filles devenaient des agentes de l’Académie et étaient envoyées en mission. Lors de leurs cours, on leur expliquait que ces tâches pouvaient aller du simple désamorçage de bombe lors d’un attentat anti-Ordinaires, à la guerre civile secrète contre la faction la plus radicale des Supras, les Suprématistes - en passant par le vol d’informations compromettantes, le brouillage d’identités de jeunes Hypers, ou les négociations avec l’Agence. Rien d’évident, pour d’anciennes lycéennes, voire même collégiennes pour les plus précoces !

En outre, comme dans un cursus d’études classique, les jeunes filles choisissaient les voies qui leur plaisaient le plus, en fonction de leurs compétences ; cela comportait en revanche beaucoup plus de risques que la plupart des métiers auxquels elles auraient pu rêver, enfants, avant que leurs pouvoirs ne se révèlent au grand jour. C’était toutefois une existence trépidante et enrichissante, proche de celle que vivaient les espions des films d’action dont Arsyn était si friande, des personnages de shônen qui passionnaient HomeSlice, ou encore de celle des superhéros de comics tant aimés par Crimson Curse.

Toutefois, cet avenir dynamique mais dangereux ne tentait pas forcément toutes les élèves. Dans ce cas, elles étaient absolument libres de repartir vivre une vie commune, parmi les Ordinaires. Ce choix n’était effectué qu’assez rarement, mais restait tout de même une possibilité ouverte : personne n’était contraint de se battre, voire, dans des cas extrêmes, de tuer. En cela, l’Académie différait de l’Agence, dont le fonctionnement semblait beaucoup plus mécanique et contraint.

Il existait enfin une troisième alternative : rester à l’Académie sans aller sur le terrain. Une multitude de métiers s’offraient alors aux Hypers intéressées par un tel cursus, de médecin à comptable, en passant, bien entendu, par la profession d’enseignant. Les triplées (qu’on nommait généralement The Trinity, car elles avaient été rebaptisées One, Two et Three selon leur ordre de naissance, en raison de leur caractère sororal très fusionnel) étaient ainsi devenues des chirurgiennes d’élite, à même de maîtriser les plus techniques des nouveaux outils de soin.

Là où l’adolescente anciennement suicidaire avait été recueillie, s’épanouissait une atmosphère à la fois martiale, familiale et mystique. Les jeunes filles étaient libres d’apprendre plusieurs sports de leur choix, de se spécialiser dans les techniques qui leur plaisaient le plus, d’inventer des gadgets à leur gré ; de s’entraîner dans les modules de combat prévus à cet effet, de perfectionner la maîtrise de leurs pouvoirs, d’organiser des duels ou des tournois ; d’exercer art, musique, danse… Par exemple, Cat avait choisi la danse contemporaine ainsi que la gymnastique acrobatique, car cela importait pour elle de se battre d’une manière esthétiquement irréprochable.

Elles pouvaient également fréquenter l’immense médiathèque du campus, riche en œuvres de tous supports (du banal roman à la bande-dessinée, en passant par les DVD, les CD et les magazines de mode), et avaient même le droit d’avoir des animaux, ou d’amener leurs doudous, si elles en avaient envie - comme Cut-Throat, une Sino-américaine dont Cat n’avait jamais réussi à retenir le vrai nom.

Cette dernière, encore enfant lorsqu’elle était arrivée dans ce nouveau foyer (ses dons de super-rapidité s’étaient déclarés lors de sa puberté, précoce, et avaient été confondus avec de l’hyperactivité), avait tout de la sale gosse qui martyrise ses poupées. Elle piquait même à FrostByte - elle aussi très jeune lors de sa venue à l’Académie, et restée proche de l’univers de l’enfance - ses peluches préférées, souvent des ours polaires. Mother Chucker, toujours à l’affût des potins et des histoires de cœur, prétendait que c’était afin d’attirer l’attention de cette dernière, parce que l’Asiatique aurait un petit faible pour elle.

Malheureusement pour Cut-Throat (si les rumeurs étaient fondées), la fille du froid ne manifestait aucune attirance pour les membres de son propre sexe - ni du sexe opposé, d’ailleurs, apparemment. HomeSlice, dont la langue était aussi acérée que ses katanas, prétendait que son cœur était aussi gelé que la neige et le froid qu’elle pouvait créer à volonté. Il était vrai que FrostByte pouvait diminuer l’énergie thermique de son environnement, en ralentissant l’activité des molécules et donc, en les refroidissant. Autrement dit, elle était dotée de cryokinésie, comme l’indiquait son nom de code. Pourtant, les médisances d’HomeSlice n’avaient rien de fondé : ce n’était pas une personne distante et au contraire, elle manifestait une véritable tendresse envers ceux auxquels elle tenait, en amitié comme envers ses chères peluches polaires. La morsure du gel ne concernait que ses aptitudes - et son nom de code.

Depuis maintenant quelques semaines, Cathryn en avait un, elle aussi. Durant l’initiation qui ponctuait la première année de l’entraînement, elle avait reçu le nom de code « Catastrophe ». Ce qui était pratique, c’était qu’elle pouvait continuer à se faire appeler « Cat » par la plupart de ses collègues et amies. Cela déclenchait de fréquentes moqueries de la part de sa très chère Arsyn, car pour couronner le tout, Cat adorait les chats ! Ironie du destin. Les plaisanteries fusaient également pendant les cours, et contribuaient encore à les souder, dans une camaraderie âpre mais solide.

Certaines profs, plus strictes que d’autres, refusaient tout bavardage pendant leurs séances - c’était le cas de professeur Domino, qui leur apprenait à conduire n’importe quel véhicule (du scooter à l’hélicoptère, en passant par le bateau), car la concentration consistait une donnée capitale dans son domaine - et que tout le monde ne bénéficiait pas de ses propres facultés de Jedi, qui lui permettaient des capacités de focalisation surhumaines. Elle leur donnait aussi des cours de techno et d’informatique, dans des salles qui rappelaient fortement l’atmosphère de Tron, et dans lesquelles on pouvait entendre une mouche voler. À l’inverse, professeur Destructa X, qui leur montrait le tir à l’arc, le maniement des armes à feu ou la confection et l’utilisation des explosifs, les laissaient bavarder et chahuter autant qu’elles le désiraient, car sur le terrain, il était important de savoir lutter tout en s’adonnant à une autre activité.

Le type d’entraînement qu’elles recevaient était donc clairement belliqueux, quoique mâtiné d’un mysticisme pacifique. Ainsi, la cérémonie du nom tenait davantage du rituel chamanique que du partiel ou de l’examen. Professeur Justice et professeur Luna, des espèces de hippies, ouvertement en couple et aux pouvoirs très doux (pouvoir discerner le mensonge chez son interlocuteur chez l’une, ce qui l’avait rendue très droite et honnête ; parvenir à faire pousser les plantes de manière accélérée à la lumière lunaire pour l’autre) leur enseignaient l’éthique, l’histoire, la botanique, la philosophie et un peu d’art, de danse et de musique - ces trois dernières matières restaient toutefois secondaires et optionnelles. C’était aussi elles qui s’occupaient de l’attribution des noms de code.

Cet enseignement total, à la manière d’une école socratique, n’était pas sans failles. D’abord, cette éducation détenait une structure pyramidale, de mentor à apprenti, et n’incitait donc pas à développer son esprit critique. Ensuite, en dépit d’une légère variété dans les matières enseignées, les techniques de combat restaient totalement surreprésentées, ce qui posait un problème d’équilibre des activités évident : la plupart des élèves passaient tout leur temps libre dans la salle d’armes. Mais surtout, la communauté manquait d’encadrement individuel. Certaines jeunes filles, comme Cat, parvenaient à panser les plaies du passé et à résilier de leurs traumatismes ; pour d’autres, la tâche s’avérait plus ardue. En outre, quelques-unes ne parvenaient pas toujours à gérer correctement leurs aptitudes.

Par exemple, Dilemma était extrêmement puissante, mais avait du mal à juguler son agressivité. Sa force physique lui permettait de réaliser des prouesses, en raison d’une mutation génétique extrêmement rare qui affectait sa réceptivité à la myostatine, une protéine qui régulait la croissance musculaire - 40% plus développée chez elle que dans la moyenne. Dès lors, au quotidien, il lui arrivait de donner des coups de poing dans les murs pour exprimer sa rage, souvent à l’issue de menues contrariétés, et cela laissait littéralement un trou dans la paroi métallique.

Arsyn aussi devait lutter pour ne pas abuser de ses talents innés. Son habilité à faire éclore des flammes au creux de sa paume l’avait incitée dans sa jeunesse à déclencher des incendies - et cela lui arrivait, encore maintenant, de fuguer quelques nuits de l’Académie pour rejoindre on ne savait quelle bande de fauteurs de trouble, semant des cendres dans son sillage. Et lorsqu’on la réprimandait pour ces incartades graves, elle ne voulait pas s’excuser. Pas vraiment. Lorsqu’elle prononçait ces mots, ils paraissaient toujours forcés, dits pour la forme. Cat savait bien que c’était en raison de son enfance totalement déstructurée que sa partenaire souffrait de telles carences, mais c’était tout de même inquiétant.

Elle n’imaginait pas encore à quel point.

*

Les années passèrent. Les adolescentes devinrent des adultes. Les binômes restaient soudés, certes ; mais désormais, on apprenait également aux jeunes femmes à travailler en équipe, et plus seulement en duo. C’était aussi l’époque des premières missions sur le terrain. Les divisions par tranche d’âge s’effaçaient peu à peu, et les groupes exclusifs d’amies d’enfance commençaient à s’élargir à de nouvelles recrues… pour le meilleur, comme pour le pire.

« Pour la dernière fois, Slay, cette saleté de cabot reste ici ! » répéta Catastrophe pour au moins la millième fois.

Seulement, sa collègue ne voulait pas en démordre. Si Zap ne pouvait pas aller sur le terrain avec eux, alors elle non plus ne viendrait pas.

« Mais est-ce que j’emmène mes matous en mission, moi ?! » s’exaspéra la chef de groupe.

Non, et heureusement. Véritable arche de Noé, la chambre de Catastrophe comportait pas moins de six ou sept félins. De l’élégant angora d’un blanc immaculé au matou de gouttière marronnasse, tous les types de spécimens étaient représentés. Et ils venaient des quatre coins du monde, en plus…

Ça avait commencé par un chaton esseulé, très esquinté, l’oreille déchiqueté et le pelage brun tigré, qu’elle avait trouvé en train d’errer tout seul dans le stade d’entraînement. (Comment y était-il entré ? Mystère et boule de gomme…) Puis s’y était ajouté un manx sans queue, à la démarche sautillante et ridicule et qui perdait ses poils à une vitesse hallucinante.

Ensuite, quand elles étaient parties à Bangkok, un siamois qui louchait s’était mis de la partie, recueilli par une chef de groupe raillée par ses camarades. Il y avait aussi le persan qui semblait s’être pris un camion de plein fouet dans le museau, le frisé obèse qui passait son temps à dormir et l’angora turc, le seul qui ait une allure quelque peu élégante de tout le lot.

Dernièrement, lors d’une mission en Égypte, KnockOut - qui draguait sans vergogne la blondinette, bien que cette dernière lui ait bien fait comprendre qu’elle avait quelqu’un d’autre en vue - lui avait même offert par fayotage absolu un sphinx, un immonde chat nu que tout le monde (y compris celle qui avait fait le cadeau) trouvait hideux… à l’exception de sa propriétaire, bien évidemment. Le surnom de Cat lui allait vraiment à merveille !

Elle ne l’avait avoué qu’à Arsyn, dont elle se sentait toujours aussi proche, mais en fait, c’était une compensation métaphorique pour son don, elle dont le talent, l’invulnérabilité, détenait une note clairement égoïste et non-partageable, à moins d’immenses sacrifices personnels (contrairement à la prodigieuse agilité de KnockOut, qui lui permettrait de protéger une partenaire éventuelle sur le terrain ; à la force surhumaine de Dilemma, véritable Hulk noire qui n’avait même pas besoin de se mettre en colère pour être efficace ; ou encore aux réflexes hors du commun du Professeur Domino, qui les avaient maintes fois tirées d’affaire). Cela la réconfortait de prendre soin de ces bestioles, abîmées par la vie et abandonnées de tous.

Sans se moquer, pour une fois - mais elle avait bien senti que les circonstances étaient un peu solennelles), son amie d’enfance se contenta de lui prendre la main et de lui affirmer : « Tu prends soin des chats errants… comme tu as pris soin de moi, en ton temps. » Cat avait voulu nier, expliquer qu’elles avaient mutuellement pris soin l’une de l’autre ; mais ce soir-là, le regard d’Arsyn brillait d’une lueur si confiante et triste qu’elle avait gardé pour elle ses réserves, et s’était contentée de serrer encore davantage la main de celle qui, peu à peu, était en train de lui voler son cœur.

Ceci dit, si elle ne collectionnait les chats que par passion (et transfert affectif) envers ces animaux qui avaient certes tous une personnalité différente - en particulier ceux qui avaient connu la rue - mais sans toujours être bien à même de décoder leurs coups de tête ou leurs caprices, Slay-Z, elle, disposait d’une motivation un peu plus tangible pour autant tenir à son animal de compagnie : elle pouvait comprendre leur langage.

Enfin… C’était une simplification abusive de ses véritables aptitudes. En vérité, elle parvenait à interpréter de manière instinctive les émotions basiques qui traversaient la faune dans son entourage - à condition qu’elle ait atteint un certain degré d’évolution, comme les mammifères et les lézards. Fort heureusement, Slay n’était sensible ni aux insectes, ni aux microbes… C’aurait été invivable. Et c’était avec les canidés que cela fonctionnait le mieux.

Hélas, son chien Zap, un bouledogue assez moche que Cat avait pris instinctivement en horreur dès l’instant même où il avait posé une patte dans le dortoir, n’avait de cesse que de se quereller avec l’armada de ces chats qui semaient le chaos dans les salles de vie commune, et qu’elle recueillait au petit bonheur la chance. Comme par mimétisme, leurs propriétaires respectives s’entendaient elles aussi comme chien et chat - en apparence, du moins, car cette rivalité de façade dissimulait une profonde amitié, et un esprit d’équipe solide. Si Catastrophe était fan de Jem et les Hologrammes, Slay-Z, elle, adorait Æon Flux ; et elles aimaient à comparer l’un et l’autre dessin animé, en dévalorisant la série rivale au passage, dans des discussions de fandom interminables.

Un sourire ironique aux lèvres, Mother Chucker assistait donc à la dispute qui tenait de la coutume, en s’amusant à faire léviter son nunchaku préféré - celui qui se camouflait en anse de sac à main. Outre ce gadget qu’on eût cru tout droit sorti du Whoops, le reste de sa tenue réalisait le mélange ultime entre une fan des Tortues Ninja et une dominatrix de YouPorn. Elle adressa à HomeSlice son haussement de sourcils suggestif numéro 4, celui qui signifiait que si jamais la discussion interminable s’éternisait encore, elle ne serait pas contre une petite séance ‘d’entraînement’ privé avec elle. « Rhô, tu ne penses qu’à ça ! », lui répondit à mi-voix son amante, à la fois amusée et agacée.

Cut-Throat, qui aiguisait ses poignards dans un coin, leva la tête avec l’air de dire qu’elle aurait bien été intéressée, si jamais Slice passait son tour ; mais un dur regard d’avertissement de la jalouse spécialiste du katana lui fit vite baisser les yeux. Devant la scène, Arsyn pouffa de rire sans vergogne et Catastrophe haussa les épaules, résignée à embarquer cette saleté de bouledogue en mission - comme toujours. Elle contempla un temps sa partenaire, en se demandant comment lui faire comprendre ce qu’elle retenait depuis si longtemps au fond d’elle.

« T’es jolie quand tu ris », se contenta-t-elle de murmurer, presque sans émettre de son tant elle le dit doucement.

Au sein d’une collectivité uniquement peuplée de femmes, l’homophobie n’avait plus grand sens. Au fil des ans, les couples allaient et venaient, rompaient et se renouaient. Certes, il restait toujours quelques gamines élevées dans des familles intolérantes qui observaient ces pratiques d’un mauvais œil ; mais ces préjugés fondaient vite comme neige au soleil, surtout quand on se retrouvait confronté chaque jour à deux de ses enseignantes qui vivaient ouvertement en couple - sans trop s’afficher devant leurs élèves, certes, mais sans non plus cacher l’amour qu’elles se portaient l’une à l’autre.

Professeur Justice et Professeur Luna, bien entendu élèves de l’Académie avant d’en devenir des piliers, n’étaient pas une exception : nombre des agentes étaient attirées par les femmes, de manière exclusive ou non. Cat, par exemple, savait qu’en dépit des sentiments indéniables qu’elle éprouvait envers Arsyn, elle aimait aussi les hommes - ses crushs de lycée le lui avaient prouvé. KnockOut, en revanche, était certaine de n’être attirée que par les membres de son sexe. Et comme partout, certaines des filles n’étaient intéressées par personne du tout, comme FrostByte - ce qui ne l’empêchait pas de nouer de formidables liens de solidarité avec ses camarades.

Pour en revenir à Justice et Luna, étant donné leur complicité, leur connaissance l’une de l’autre et leur tendresse évidente, elles étaient probablement ensemble depuis des années - depuis leurs études, sans doute. Contrairement aux relations éphémères que vivaient certaines (comme HomeSlice et Mother Chucker, pour ne pas les citer), il s’agissait d’une union solide : l’équivalent d’un contrat pour la vie, voire d’un métaphorique mariage. À les voir cheminer ensemble dans les couloirs de l’Académie, sans même qu’elles n’aient besoin de dire le moindre mot ni de se tenir par la main, on sentait s’épanouir dans la poitrine un sentiment de chaleur qui envahissait tout le corps, car leurs regards et leurs sourires ne trompaient pas, et faisaient plaisir à voir. Cat espérait qu’elles vivraient durant toute leur vie dans une telle sérénité. Peut-être pourraient-elles adopter ?

On ne comprenait pas encore totalement pourquoi certains enfants naissaient Hypers, et d’autres, non. Il s’agissait apparemment d’un subtil cocktail entre l’environnement (la pollution jouant, manifestement, un rôle décisif), quelques combinaisons de défaillances génétiques qui résultaient parfois de maladies héréditaires déjà bien connues des Ordinaires, et surtout, le cadre dans lequel le jeune Hyper était élevé, qu’il soit extrêmement stimulant envers ses aptitudes ou, au contraire, enfouisseur de talents innés.

Lors d’un cours de biologie assez pointu, le professeur Luna avait fini par émettre l’hypothèse que beaucoup d’Ordinaires pourraient, potentiellement, engendrer un rejeton Hyper ; mais que l’alliance de tant de facteurs tenait tant du hasard qu’il ne fallait pas s’étonner si deux Hypers n’avaient pas forcément, à leur tour, une progéniture dotée de pouvoirs.

« D’autant plus, avait-elle ajouté en coulant un regard en coin vers la blouse blanche de Justice qui était restée négligemment suspendue au présentoir, que certaines d’entre nous renoncent totalement à l’espoir de transmettre leurs gènes, un jour. » La phrase n’avait pas été déclarée sur un ton amer, mais au contraire, avec un sourire dans la voix - comme un message implicite à propos des différentes formes que le bonheur pouvait prendre.

C’était avec émotion que Catastrophe se souvenait de ce cours. À son tour, elle rêvait d’une telle destinée pour le duo qu’elle formait avec sa chère collègue et amie. D’être avec elle. De se déclarer.

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pour:raya-o-senna, bad blood, fic, auteur:narcheska

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