[Fic] Entraînement (3/3), Bad Blood, Catastrophe [de Narcheska, pour Raya-O-Senna]

Dec 15, 2015 01:49

Titre : Entraînement (3/3)
Auteur : Narcheska (participant 6)
Pour : Raya-O-Senna (participant 20)
Fandom : Bad Blood (clip)
Persos/Couple(s) : Catastrophe (Arsyn/Catastrophe, Catastrophe/KnockOut, Justice/Luna et autres pairings). Mentions de tous les autres personnages.
Rating : PG
Disclaimer : Tout appartient à Taylor Swift, Kendrick Lamar et Joseph Kahn (label Sony/ATV Music Publishing).
Prompt : J’aimerais beaucoup en savoir plus sur l’organisation qui emploie Catastrophe, Arsyn et toutes les autres filles. Comment elle les recrute, les entraîne, quel type de missions leur sont assigné ? Est-ce qu’elles sont toutes dotées de pouvoirs ? Est-ce que c’est une organisation de type SHIELD ou plutôt Institut Xavier ? Tes headcanons sur les filles m’intéressent beaucoup, donc n’hésite pas ! Sauf pour Lucky Fiori/Lena Dunham que je ne veux pas voir (mentionnée ou non). Je n’ai aucune préférence pour les pairings ni pour les sexualités de chacune, alors tu peux tout couvrir !
- Facultatif : Catastrophe a une affection particulière pour les chats et en récupère tout le temps. Slay-Z emmène son chien partout, même en mission.
- Super facultatif : S’il pouvait y avoir mention de l’avant/après de la trahison d’Arsyn et de toutes ses ramifications.
Warning : Mention de BDSM léger.

Partie précédente

Et cela finit par arriver.

C’était justement lors de la mission où Slay-Z avait tant insisté pour ramener son cabot - autant dire, un jour comme les autres, puisque cela arrivait systématiquement. Comme à l’ordinaire, Arsyn et Catastrophe se battaient ensemble, l’une couvrant les arrières de l’autre pendant les combats. Mais à un moment donné, une acrobatie un peu plus périlleuse qu’à l’ordinaire (elle avait tenté la célèbre prise de la Veuve Noire sur un ennemi, mais avait un peu raté son coup) désarçonna l’équilibre de Cat, qui tomba à plat ventre sur sa collègue.

« Oups… », ne parvint-elle qu’à balbutier, le rouge aux joues comme une adolescente de shojô.

Fidèle à elle-même, Arsyn ne manqua pas cette occasion de la tancer :

« Sacrée miss Catastrophe, tu mérite bien ton codename… »

La maladroite cherchait une répartie cinglante lorsque soudain, Arsyn l’embrassa.

Les balles de mitraillette sifflèrent à leurs oreilles, afin de les rappeler au sens des réalités, mais pour elles, c’était un nouvel équilibre qui s’instaurait. Elles rentrèrent à l’Académie, main dans la main, encouragées par les mots gentils de leurs camarades.

« Enfin ! », lui déclara Dilemma en lui tapant brutalement dans le dos, en signe de sympathie - Cat se massa l’omoplate, endolorie. Sa comparse ne connaissait littéralement pas sa force. « J’ai cru que ça n’arriverait jamais ! Depuis le temps que vous vous tourniez autour… »

Le visage rayonnant, Catastrophe sourit.

Officiellement, il était interdit d’appeler une élève initiée par son patronyme d’origine ; c’était dès lors devenu un puissant signe de confiance et de tendresse que de braver cette interdiction.

C’est ainsi que, pour Catastrophe, Arsyn redevint quelquefois Maria.

Mais justement, Maria, elle, restait prisonnière de ses démons. Car les choses ne pouvaient pas rester simples.

Arsyn critiquait de plus en plus l’Académie, et sa petite amie sentait des vibrations extrémistes dans certains de ses arguments politiques. Certes, elle pouvait lui donner raison lorsqu’Arsyn affirmait que l’ordre professoral dans lequel s’inscrivait leur formation comportait des travers. On ne leur montrait pas la voie de l’émancipation, mais bien davantage celle de la soumission à l’autorité ; et même s’il s’agissait en l’occurrence d’une figure professorale bienveillante, et d’une institution qui se réclamait d’idéaux positifs, cette idée même de passivité conditionnée posait clairement problème.

De là à carrément parler d’ « abrutissement des masses », selon la tournure brutale qu’Arsyn n’hésitait pas à employer, il restait toutefois un pas que Catastrophe se refusait absolument à franchir. De son point de vue, l’Académie lui avait littéralement sauvé la vie. Arsyn, en revanche, ne se sentait pas ‘rescapée’. En dépit des écueils qu’elle avait traversés dans son adolescence, elle avait davantage ressenti sa formation comme une restriction de ses libertés, que comme une bouée de sauvetage - ce qui était tout à son crédit, car jamais elle ne s’était considérée comme une victime.

Seulement, elle commençait vraiment à avoir un problème avec la violence.

Dilemma, une Noire dont le nom de naissance était tout simplement Emma, avait elle aussi eu des problèmes d’agressivité dans sa jeunesse. Mais contrairement à Arsyn, elle ne s’était pas autant embourbée dans les méandres de son passé tumultueux. Certes, c’était une jeune femme assez agressive et virulente dans la vie de tous les jours - les murs en métal des vestiaires pouvaient en témoigner, eux qui recevaient souvent de vigoureux coups de poing de sa part - mais elle allait maintenant de l’avant. Et même si sa force extraordinaire n’était pas toujours très bien jugulée (surtout lors de ses démonstrations d’affection, ce qui pouvait donner des scènes assez burlesques, comme des amies qui lui marmonnaient « Lâche-moi, j’étouffe ! » pendant des câlins ‘toniques’), Dilemma ne sombrait absolument jamais dans la violence gratuite, la cruauté ou le sadisme.

Hélas, ce n’était pas vraiment le cas d’Arsyn, loin s’en fallait.

Peu à peu, Catastrophe nota un durcissement dans la manière qu’avait son amante de se battre, et même de bouger ; une sorte de raffinement pervers dans les attaques qu’elle choisissait, comme par exemple le fait de tordre le bras d’un adversaire dans le dos, à la manière d’une brute de cour de récréation ; des sourires malsains qui fleurissaient sur son visage, telles des fleurs flétries, lorsqu’elle balançait de vicieux coups de talon-aiguille ou des gifles qui laissaient la marque de ses bagues sur la joue de leurs ennemis.

Et pourtant, c’était également cette facette plus ténébreuse, vénéneuse et ambiguë, qui séduisait Catastrophe, presque malgré elle. À l’instar d’une guêpe séduite par une orchidée aux parfums capiteux, elle se sentait subjuguée par cette personnalité tortueuse. Et avait renoncé aux projets d’avenir. Elle vivait l’instant, une douce amertume dans le cœur, consciente qu’Arsyn l’aimait comme on aime un joli jouet, une nouvelle robe, un bijou fantaisie. Ce n’était pas sur leur tangible passé amical que s’était construite leur relation, mais sur des données moins fiables, plus sensuelles et retorses. Parfois, ce déséquilibre lui donnait l'impression de suffoquer. Et puis Arsyn l’embrassait de manière passionnée, et elle oubliait.

Leurs jeux sexuels étaient à la fois brutaux et raffinés. Désormais, Catastrophe arborait de larges cicatrices dans le dos, qu’elle ne montrerait jamais à personne. C’était assez compliqué d’établir qui dominait ou qui se soumettait : pendant leurs unions charnelles, chacune mordait et griffait l’autre à qui mieux-mieux, dans des empoignades à la fois délicieuses et terrifiantes.

Mais sur l’oreiller, Arsyn se confiait de moins en moins. Elles n’entretenaient plus ces longues discussions lors de leurs soirées-pyjamas d’amies. Quand elles dialoguaient, le sujet dérivait presque implacablement sur l’ordre du monde, le bien-fondé de l’Académie, les avantages de l’Agence - cette organisation masculine au code plus strict, moins moral, et surtout, suprématiste.

Son amante était en train de se radicaliser.

*

Ce fut une escarmouche contre des sosies des Crazy 88s qui révéla le véritable visage d’Arsyn.

À un moment décisif du combat, tandis qu’elles combattaient ensemble en s’épaulant, son amante fit brusquement volte-face. Sans prévenir, elle lui déroba la valise qui contenait les renseignements top secrets qu’elles étaient venues récupérer. Un vilain pressentiment se mit à brûler les entrailles de Catastrophe, désemparée.

« Désolée, baby », lui murmura Arsyn avant de lui souffler au visage la poudre de son fond de teint (une astuce qu’elle avait volé à Slay-Z, toujours à la pointe des gadgets), puis de lui balancer un vicieux coup de talon en plein estomac, en se servant de sa lourde mallette pour prendre de l’élan.

En traversant la vitre, Catastrophe ne put s’empêcher de tendre la main vers son amante, désespérée par cette trahison. C’était la seconde fois de sa vie qu’elle se retrouvait ainsi en chute libre, après avoir traversé une fenêtre ; et pourtant, même si la première occasion avait été celle d’une tentative de suicide, c’était celle-ci qui lui faisait le plus mal.

« Normalement, tes pouvoirs devraient s’actionner, et limiter la casse », la rassura Welvin quand l’Académie vint la récupérer, encastrée dans le toit d’une voiture. Devant la mine désemparée de Catastrophe, il ajouta néanmoins : « On va quand même te scanner pour s’assurer que tout va bien. »

The Trinity l’inspecta, dans une salle qui rappela à la patiente les caissons de guérison du film Elysium, qu’Arsyn et elle étaient allées voir en amoureuses. Le souvenir lui mit les larmes aux yeux. Comme de juste, Catastrophe n’avait rien - au corps. Une fois de plus, son invulnérabilité lui avait sauvé la mise, elle ne possédait aucune blessure physique.

C’était son âme qui était touchée.

Le plus douloureux, pour Cat, c’était qu’elle avait pressenti la trahison de sa compagne, sans croire qu’elle irait aussi loin, ni qu’elle serait capable de lui faire du mal. Au fond d’elle-même, elle avait toujours espéré qu’Arsyn l’emmènerait avec elle lors de son virement de bord. Avec son passé d’adolescente brimée par les Ordinaires, Catastrophe aurait pu constituer une excellente recrue pour le mouvement extrémiste que son amante avait rejoint. Répondre à la haine par la haine, c’était toujours le plus facile.

Malgré le temps qui s’écoulait, les entraînements divers qui étaient censés lui changer les idées, le soutien de ses camarades, la blessure restait profonde, et ne guérirait probablement jamais totalement.

KnockOut, la fameuse petite teigneuse spécialisée en boxe thaï et en krav maga qui lui faisait du rentre-dedans depuis littéralement des années, lui proposa d’oublier son ancienne partenaire de manière très peu subtile.

Pour les Ordinaires, KnockOut souffrait d’une sous-production de créatine phosphokinase ; dans le monde des Hyper, cela signifiait qu’elle pouvait s’entraîner des heures durant, sans ressentir de fatigue ni d’effets médicaux déplaisants, et qu’elle disposait également d’une agilité et d’une endurance incroyables.

Avec une délicatesse digne d’un routier sur une aire de pause d’autoroute, elle lui fit comprendre que cette endurance pouvait être employée à bien d’autres fins que celle de lui casser la figure langoureusement sur le ring.

C’était indéniable : la jeune sportive l’intéressait. Sa fougue impulsive et sauvage, son regard féroce et étincelant de désir, ses longues jambes musclées et fines, la manière dont ses pieds nus dansaient presque sur la piste… C’était une lesbienne, et elle ne s’en cachait pas le moins du monde. Et cela faisait maintenant presque des années qu’elle lui faisait des avances.

Dans un violent mouvement de tendresse, elle céda à la brutalité des baisers de KnockOut sur le ring, et tenta d’oublier Arsyn entre ses bras musclés.

Elle avait tout son temps pour préparer sa revanche sur cette traîtresse. La semaine prochaine, son équipe repartait sur le terrain, et cette fois-ci, ce serait la guerre.

Arsyn paierait pour ce qu’elle lui avait fait subir.

pour:raya-o-senna, bad blood, fic, auteur:narcheska

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