Titre : L’autre guerre
Auteur : Wendigo (participant 3)
Pour : Menekku (participant 10)
Fandom : Agents of SHIELD
Persos/Couple : Melinda May & Philippe Coulson, pre Coulson/Barton
Rating : PG-13
Disclaimer : Rien n’est à moi !
Prompt : May et Coulson se retrouvent à diriger ce qui reste du SHIELD. Dire qu'ils ont des bagages est un doux euphémisme et la confiance, même en amitié, parfois il faut la travailler. Et j'aime bien le Clint/Coulson moi aussi, glisse en autant que tu veux en arrière-plan !
Notes :
J’ai peiné sur cette fic et elle a mis longtemps à venir, je m’en excuse ! Il y a des tonnes de choses à écrire sur les retombées de la fin de la série et des évènements de Capitaine America 2, à la fois sur un plan personnel pour les personnages mais aussi au niveau de l’univers, et je me suis un peu laissée emporter. Il y avait de quoi faire sur le thème de la confiance et de l’honnêteté. ^^
L’article dans il est fait mention dans le début de la fic est très directement inspiré de cette couverture de fan :
http://archiveofourown.org/works/971913/chapters/3409703La manière dont j’ai écrit Clint et certains éléments (Pizza dog !) sont en partie empruntés à l’excellent run de Matt Fraction et David Aja sur Hawkeye. Je te conseille si tu n’as pas lu !
J’espère n’avoir pas laissé trop d’incohérences. Bonne lecture !
HYDRAGATE : L’HYDRA ÉTAIT INFITRÉ AUX PLUS HAUTS NIVEAUX.
Cela fait à présent deux semaines que Washington D.C. a été le théâtre de violents affrontements et que le quartier général du SHIELD dans la capitale a été détruit par le crash de l’un des trois héliporteurs lourdement militarisés construits dans le plus grands secrets et déployés en mode d’attaque sur le territoire Américain. Deux semaines également qu’une fuite d’informations top-secrètes sans précédent, dont l’ampleur dépasse largement celle de wiki-leak, a révélé que depuis près de quarante ans - depuis sa création - le SHIELD était gangréné aux plus hauts niveaux par l’HYDRA, l’organisation terroriste Nazie crée durant la seconde guerre mondiale et que l’on avait cru détruite en 1945 par Capitaine America… Le même Capitaine America qui depuis sa réapparition hautement médiatisée a été aux ordres du SHIELD et qui semble avoir littéralement disparu après son témoignage auprès des autorités sur son implication dans ce que les médias appellent aujourd’hui l’HYDRAgate.
C’est au lendemain du 4 Mai 2012, sur les ruines de la bataille de New York, que le public a découvert l’existence de la jusque-là extrêmement discrète agence SHIELD (Strategic Homeland Intervention, Enforcement and Logistics Division, un acronyme à peu près aussi obscures que sa mission officielle ou sa juridiction). Le SHIELD s’est alors imposé comme l’organisme le plus à même d’affronter et de contenir la prolifération de ces menaces globales d’un genre nouveau. Agence supranationale investie de la confiance et du financement des Nations Unies ainsi que du World Security Council, le SHIELD a alors gagné en moyens et en autonomie… mais pas en transparence.
La majorité des documents tops-secrets révélés sont lourdement encryptés, mais on sait aujourd’hui que ces dix dernières années, le SHIELD a été impliqué dans la majorité des opérations militaires touchant de près ou de loin les menaces extraterrestres et mêlé à de nombreux phénomènes dits paranormaux. Qu’il est aussi l’un des principaux acteurs non seulement de la récupération - et la réutilisation - de technologies avancées jugées trop dangereuses pour le commun des mortels, mais aussi de l’identification et la maîtrise d’individus dits « extraordinaires », aux capacités biologiquement ou technologiquement augmentées.
Ce qui a été révélé est également l’ampleur et la nature de cette implication : arrestations et emprisonnements en dehors de tout processus judiciaire, assassinats de ressortissants américains ou étrangers partout dans le monde avec un mépris complet pour les prérogatives nationales des Etats et la législation locale comme internationale, recherches scientifiques aussi peu éthiques que légales, assemblage d’un arsenal à faire pâlir de jalousie - ou d’angoisse - n’importe quelle nation la plus avancée… le SHIELD agissait dans l'opacité la plus totale et ne répondait qu’au World Security Council.
Doit-on être surpris alors, de découvrir que le loup était dans la bergerie ? Le 1 Avril 2014, le Directeur du SHIELD, Nicolas Fury, est victime d’un attentat à Washington D.C. et décèdera de ses blessures quelques heures plus tard. Son assassinat - il y a peu de doute aujourd’hui qu’il ait très probablement commandité par l’HYDRA - est le point de départ d’une brutale escalade de la violence et d’affrontements sanglants, faisant des centaines de morts tant au sein de l’organisation que parmi la population civile. Elle culminera par une bataille aérienne au-dessus de Washington DC et le crash de l’un des héliporteurs dans le Potomac. Si une partie de l'enchaînement des évènements reste encore à éclaircir, l’on sait à présent qu’il s’agissait de la première phase d’un complot terroriste de l’HYDRA à l’ampleur jusque-là inégalé, visant à utiliser les considérables ressources du SHIELD afin d’abattre près de 10.000 individus jugés clés et ainsi déstabiliser - voir anéantir - durablement l’équilibre mondial.
Qu’un tel pouvoir de destruction se soit trouvé entre les mains d’une organisation occulte échappant quasiment à toute régulation nationale ou internationale est un premier point. Que la corruption au sein de ladite organisation ait atteint un niveau tel que les attentats auraient semble-t-il eu toutes les chances d’aboutir sans l’intervention de Capitaine America et d’une équipe réduite d’agents en est un autre, qui pose une fois de plus la question de la capacité des nations démocratiques à se défendre face à des menaces de plus en plus complexes, mais aussi à se prémunir de la corruption des organismes justement sensés les protéger. Il vient en effet d’être révélé que le Conseiller Alexander Pierce, qui assurait depuis huit mois la Présidence tournante au sein du World Security Council et a été tué durant les combats au Triskelion, était en fait partie prenante de la machination et également un membre très haut gradé au sein de l’HYDRA.
Le Présidents des Etats -Unis a aujourd’hui annoncé que toutes les bases appartenant au SHIELD situées sur le territoire Américain étaient aux mains de l’armée. L’agence a été officiellement relevée de toutes ses fonctions par le World Security Council, et tous les agents ou membres de son personnel encore en liberté sont activement recherchés pour-
Avec un soupir, Melinda May repose le magazine sur la table.
Rien de neuf, et rien de bien renseigné non plus. Elle l’a commandé sur un coup de tête dans le but plus ou moins avoué de le laisser sur le bureau de Coulson en guise de rameau d’olivier faussement anonyme... Mais maintenant qu’elle l’a entre les mains dans toute sa gloire vintage d’encre apposée sur du papier et qu’elle a pu parcourir les articles, le geste ressemble plus à un coup de poignard supplémentaire dans une plaie encore à vif : certes, Capitaine America est sur la couverture du Times, mais même la collectionnite aiguë de Coulson ne pourrait ignorer le symbole de l’HYDRA photoshopé sur son masque, les gros titres qui questionnent son intégrité, traînent dans la boue l’organisation pour laquelle ils se sont battu toutes ces années, pour laquelle il est mort. Ce pourrait être un présent susceptible d’attiser son humour noir, mais ce n’est pas un risque qu’elle veut prendre pour l'instant, alors que les relations entre eux sont encore si tendues…
Ils ont dit tout ce qu’il y avait à dire : elle refuse de s’excuser de l’avoir espionné pour le compte de Fury parce que c’était ses ordres et qu’elle l’a fait par loyauté, autant envers Philippe qu’envers l’ex-directeur du SHIELD, l’homme qui les a tous deux recruté. Lui considère toujours que c’était une trahison, qu’elle aurait dû lui dire.
Mais des trahisons, il y en a eu des bien plus impardonnables depuis et Melinda a prouvé que dans le besoin il pouvait toujours compter sur elle... Malheureusement elle sait bien que ce n’est pas suffisant pour tout effacer d’un coup, et… et il n’y a rien de plus à ajouter pour l’instant. Elle n’est pas femme à revenir sur le sujet tant qu'elle sait que ni l’un ni l’autre ne bougera de ses positions. Il faut simplement laisser du temps au temps, et avancer de front contre leur ennemi commun.
Le magazine était censé être une offre d'apaisement, mais il va falloir qu’elle trouve autre chose. Sa décision prise, elle le glisse dans un dossier non marqué - plus tard, peut-être, quand le choc de la trahison ne sera plus si vif - et reprend en main sa tablette, sur laquelle les rapports de ses contacts continuent d’arriver, bien qu’au compte-gouttes. Avec la chute officielle du SHIELD, beaucoup de ressources se sont taries...
Enfin... pleurer sur le lait renversé n’a jamais rien accompli et avec un soupire Melinda se remet au travail. Il y a une guerre à gagner.
Vérifier le périmètre est l’un de ces réflexes bien ancrés auxquels Antoine Tripett n’a plus besoin de réfléchir. Les couloirs sont passés automatiquement en éclairage nocturne et ne s’illuminent que sur son passage au gré des détecteurs de mouvement. Un silence de mort règle dans la base tandis qu’il traverse les espaces déserts, va de salle en salle, vérifie les issues.
Il pourrait probablement faire mieux pour gérer son stress qu’arpenter les couloirs aux petites lueurs de l’aube lors d’une crise d’insomnie… Mais il pourrait également faire pire. Et puis hé, qui aurait cru que faire partie d’une cellule fantôme - voir même renégate - d’une agence occulte impliquait tant d’immobilité après la frénésie initiale et l’élimination du danger immédiat posé par l’HYDRA ?
L’ennemi est de nouveau invisible et ils sont dans le collimateur de l’armée… La décision de Coulson et May de replier à l’abri le temps de reprendre pied et de définir de nouveaux objectifs fait sens. Ils ne sont arrivés à la base que depuis une poignée de jours, mais l’inaction n’en commence pas moins à lui peser, d’autant plus que l’humeur de l’équipe est pour le moins inégale. Ils ont tous autant qu’ils sont perdu des choses différentes dans la débâcle de l’HYDRA, portent chacun le deuil d’idéaux ou d’amis, quand ce n’est des deux… et la cohabitation vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans une base secrète en huis-clôt a de quoi tester les nerfs les plus endurants. L’Agent May a eu l’occasion de faire une sortie la veille, Skye est sur le pied de guerre pour localiser des cellules dormantes de l’HYDRA ou la trace des prisonniers évadés, Simmons est gluée à son labo… Et en l’absence de mission sur le terrain, l’apport d’Antoine se limite à celui de petite main pour le tri des données et de partenaire d’entrainement. Mais Skye et débutante, May terrifiante (ce qui ne l’empêche pas de tenir plus qu’honorablement son terrain, mais rend l’expérience moins plaisante qu’elle pourrait l’être), Koening n’est pas un grand partisan du corps à corps et Coulson est très rarement au gymnase aux mêmes heures que lui : Antoine ne peut que ronger son frein et en profiter se faire tous les bouquins qu’il n’a jamais le temps de lire en temps normal, et s’efforcer de ne pas penser au fait que tout ce temps il a en partie au moins travaillé pour le mal qu’il pensait combattre.
De la lumière s’échappe de l’un des laboratoires et il remonte le couloir, pousse la porte entrouverte.
« Jemma, comment vas-tu ?
Les yeux de la jeune femme sont rougis et ses traits aussi tirés que son sourire quand elle fait volte-face, abandonnant l’hologramme en trois dimensions absolument incompréhensible sur lequel elle était en train de travailler.
« Oh, Trip. Je ne t’avais pas entendu entrer… »
Si Antoine plisse les yeux et penche la tête pour examiner la projection, il reconnaît vaguement une vue en éclaté d’une molécule de quelque chose, mais son interprétation des visuels ne va pas plus loin. Son expertise médicale se situe dans des domaines plus terre à terre, et même s’il arrive généralement à suivre de quoi elle parle, le niveau des recherches de la biologiste dépasse de très largement ses compétences…
« Je n’en doute pas, c’est mon métier après tout », réplique-t-il avec un sourire en retour, dans l’espoir de la dérider. « Alors ? »
La jeune femme passe une main dans ses cheveux.
« Pas d’amélioration, mais pas de dégradation non plus.
- Ce n’est pas ce que je voulais dire », la corrige-t-il doucement en venant se placer à ses côtés. « Depuis combien de temps n’as-tu pas dormi ?
- Ça n’a pas d’importance, j’ai peut-être une idée, avec les logs des recherches de l’HYDRA sur le GH-325 qu’on a récupéré, je devrais pouvoir-
- Jemma, arrête, il faut que tu te reposes, tu ne seras d’aucune aide à Fitz si tu t’effondres...
- Et je ne lui suis d’aucune aide à dormir alors que lui... C’est ma faute s’il est dans cet état, s’il-
- C’est la faute à Grant Ward. »
Elle secoue la tête négativement.
« Tu ne comprends pas. Léo m’a donné la bouteille d’oxygène. Il connaissait parfaitement le risque, et- et il a dit que s’il m’arrivait quelque chose il ne pourrait pas vivre de toute façon, que- C’est ma faute.
- Jemma, je ne suis pas dans l’équipe depuis longtemps, et je ne connais peut-être pas Fitz aussi bien que toi, mais… c'est évident pour n'importe qui avec des yeux que vous êtes très proches, et que vous tenez énormément l'un à l'autre. Tu le dis toi-même, il a agi en toute connaissance de cause, tu n'es pas responsable de ses décisions. Et je sais ce que c'est de perdre quelqu’un d’important et se dire qu’on aurait pu faire quelque chose, n’importe quoi, que ça aurait dû être soi, que si tu avais agi différemment, peut-être que... Mais je sais aussi que ça ne sert strictement à rien. »
L’expression de la jeune femme se fait navrée et il est soudainement frappé par sa capacité à la compassion malgré sa propre situation.
« Je ne t’ai jamais donné mes condoléances pour ton coéquipier. Dan, c’est ça ?
- Dan Monroe. Nous avions fait l’Académie ensemble. Nous avons été les élèves de Garrett et il s’est servi de nous, il nous a jeté au loup. » Il hausse les épaules. « Ou pire encore, il était le dresseur de loup. C’est un pur hasard si Dan s’est trouvé dans la ligne de mire plutôt que moi.
- Je suis désolée pour ta perte, Trip. Et je sais bien que s’en vouloir ne sert à rien, mais c’est différent pour Léo et moi. D’entre nous deux, c’est moi la biologiste, tu sais ? Et si nos places avaient été inversées, Léo n’aurait rien pu faire pour moi… Alors que je sois debout, et lui non, ça veut dire qu’il y a un espoir, et s’il y a un espoir, ça veut dire que c’est mon devoir de trouver la solution. Personne d’autre ne le peut. »
Une partie de lui pense que c’est probablement le cas, qu’elle devrait commencer à faire son deuil. Mais laisser les mots franchir ses lèvres serait cruel, et il a été témoin de son obstination, de son talent. S’il y a un espoir c’est effectivement elle qui le détient.
« Tu ne le pourras pas non plus si tu n’arrives plus à y voir droit. Si tu es la biologiste, tu devrais savoir que les effets de l’épuisement sur l’esprit et le corps humain ne sont pas à négliger et que le taux de productivité baisse de manière exponentielle après un certain nombre d’heures d’éveil… » Il pose sa main sur son épaule et serre légèrement. « Va te coucher. »
A son expression butée il lui semble qu’elle va de nouveau refuser, mais au moment où il ouvre la bouche pour insister une nouvelle fois, elle soupire et se masse machinalement les tempes.
« Je… D’accord. Tu as raison. Laisse-moi juste noter la dernière idée que j’ai eu… »
Du bout des doigts, elle fait valser les hologrammes, réorganise les sous-dossiers, puis fait tout disparaître d’un revers expert de la main avant d’enlever sa blouse et de la pendre soigneusement à un crochet derrière la porte.
« Tu devrais suivre ton propre conseil et aller te coucher également », fait-elle finalement remarquer en se tournant vers lui.
« Je vais le faire », lui assure-t-il en la rejoignant avant de s’arrêter pour attendre qu’elle ait fini de plonger le laboratoire dans l’obscurité. Elle lui prend la main et la serre entre ses doigts glacés.
« Merci. »
Il hoche la tête et lui rend la pression, une fois.
« De rien. »
Le centre de commande est désert, uniquement éclairé par l’écran géant qui occupe le mur du fond et la faible lueur de la table holographique en veille.
Appuyés côte à côte, Coulson et May contemplent le flot de données qui défile face à eux, colonnes après colonnes de noms en train de finir de se compiler, et en arrière-plan les vidéos muettes des chaînes d’info en continue qui trois semaines après le crash des héliporteurs continuent de faire leurs gorges chaudes - et leurs choux-gras - des retombées de l’affaire... D'autant plus qu'il y a amplement matière, entre le décryptage progressif de certains des dossiers révélés, la drague toujours en cours du Potomac dont on continue de tirer des corps, les tentatives infructueuses de localiser Capitaine America et la série mystérieuse d’explosions ou d'incendies dans des propriétés privées - désertes ou non - qui se révèlent après enquête être des repères de l’HYDRA...
« Nous avons besoin de gens de confiance.
- Une denrée plutôt rare ces temps-ci.
- Ne m’en parle pas », répond Coulson du tac au tac avant de jeter un bref coup d’œil de côté et de se reprendre avec une expression chagrine. « Désolé, je ne voulais pas dire- »
Melinda lève les yeux au ciel.
« Phil, stop. »
Il soupire.
« Quoi qu’il en soit, il faut recruter. Mais je dois dire qu’après Ward et Garrett et Jasper, j’ai soudainement beaucoup plus de mal à avoir confiance en mon propre jugement. Je leur aurais confié ma vie, et regarde où ça nous a mené...
- On s’est tous fait avoir », murmure May dans une inconfortable tentative de réconfort, qui ne dure Dieu merci pas longtemps. « Mais l’HYDRA s’est déclarée, on peut déjà établir une liste courte avec tous les agents qui se sont physiquement opposés à eux lors de l’opération Insight. »
Sur l’écran l’icône de traitement des donnée disparait et la liste des noms se divise en trois colonnes, environ vingt-cinq pourcent en vert d’un côté, trente-cinq pourcent en rouge de l’autre, et au milieu une longue liste de noms grisés, pour lesquels ils ne disposent pas des informations nécessaires. Dans les trois listes, des noms sont estampillés de l’indication Porté Disparu ou Décédé.
« C’est un point de départ, mais ce que je crains c’est qu’il y ait des taupes dans la liste verte. Des gens qui comme Ward auront fait mine de s’opposer à l’HYDRA tout en travaillant pour eux... Et il y a encore beaucoup d’agents portés disparus.
- Pour ce qui est des taupes c’est un risque, même si le cas de Ward était particulier, il avait une mission spécifique…
- Mais il n’était peut-être pas le seul, et rien ne nous permet de séparer le bon grain de l’ivraie.
- Commençons par les gens dont on peut être tout à fait sûr, ceux dont l’action a été décisive, notamment au Triskelion... L’HYDRA n’aurait pas compromis son propre objectif principal…
- Maria Hill, le Capitaine, les agents Romanoff et Carter…
- Ils ont aussi eu de l’aide extérieure…
- Qui peuvent être des ressources occasionnelles, mais dont la loyauté n’est pas au SHIELD... Du peu que je sais de Samuel Wilson, il suit le Capitaine, pas nous. Et quand aux Avengers, Stark, Banner… ce sont des alliés potentiels dans certains cas, mais leurs objectifs et leurs motivations sont trop divergents de nos problèmes actuels pour qu’on puisse s’appuyer sur eux. Ce n’est pas leur guerre.
- Sans compter le fait qu’ils te pensent mort. »
Il grimace.
« … sans compter ça aussi, oui.
- Si tu veux leur annoncer toi-même, il ne va pas falloir trop attendre », fait remarquer Melinda d’un ton égal. « Ta survie a attiré beaucoup plus d’attention qu’il ne serait souhaitable ces derniers temps et les langues se délient…
- Je sais », soupire-t-il.
Fury a beau dire qu’il était un Avenger comme eux, que sa mort à unifié le reste de l’équipe, elle doute que les réactions à la nouvelle qu’il est en vie et que leur deuil a été délibérément utilisé pour les manipuler soient très effusives… tout du moins pas dans le bon sens du terme.
« Je résume : Thor n’est plus sur Terre ; Stark et Banner sont des derniers recours ; Cap est dans la short-list verte mais reste introuvable pour l’instant ; Black Widow est sous le feu des projecteurs et s’il faut en croire la presse elle va de nouveau être interrogée par le congrès la semaine prochaine ; quant à Hawkeye… »
Il se tourne vers elle, soudainement plus animé qu’il ne l’a été depuis le début de la conversation.
« Quoi, Hawkeye ? Qu’est-il arrivé à Barton ? »
Sa réaction n'est pas totalement une surprise, mais elle ne pense pas qu'il se rende compte à quelle point elle est révélatrice. Avant sa disparition, un tel degré de candeur n'aurait pu lui être arraché qu'au forceps, et encore...
« Il est sur la liste grise, Phil. Il était en mission en Arménie au moment du déclenchement de l’opération Insight. Les corps des trois membres de son équipe ont été retrouvés il y a une semaine dans leur base d’opération sur place, signes de fusillade mais pas trace de lui, on a aucune information sur sa localisation exacte ou ses actions ni pendant, ni depuis l’attaque de l’HYDRA. On ignore ce qui lui est arrivé, s’il a été compromis ou-
- Non. »
L’affirmation est instantanée, définitive, et Melinda le fixe en haussant les sourcils jusqu’à ce qu’il frémisse avec une grimace.
« Qu’est ce qui te rend si certain ? Il a déjà été compromis par le passé, et tu le dis toi-même, tu aurais donné ta vie pour des hommes qui se sont avérés être des agents de l’HYDRA.
- Je… Non, Loki était différent, c’était de la magie. J’ai été l’officier traitant de Barton pendant neuf ans et il n’aurait jamais rejoint l’HYDRA de son plein gré, j’en mettrais ma main à couper.
- Et tu as été l’ami de John Garrett et de Jasper Sitwells pendant près de trente-cinq et quinze ans respectivement, ce qui ne les a pas empêchés de rejoindre une organisation terroriste néo-nazie.
- Seigneur… », marmonne-t-il en frottant son visage dans ses mains, l’air soudainement vieilli plusieurs années, et elle regrette un instant sa dureté.
Mais la vérité est qu’ils ne peuvent pas se permettre de faire le moindre mauvais choix dans les personnes qu’ils vont approcher, leur situation est trop précaire. Coulson est le meilleur officier traitant qu’elle ait eu et elle sait qu’une fois sa loyauté acquise il est très difficile de lui faire lâcher prise, mais même ainsi l’archer - et Romanoff, dans une certaine mesure - ont toujours été des cas particuliers. Phil est trop professionnel pour avoir quelque chose d’aussi manifeste que des agents préférés, mais c’est indéniable que lui et Barton ont été presque depuis le début une équipe particulièrement efficace et soudée, alors que les autres officiers traitant ont toujours eu un mal fou à travailler avec Hawkeye. Quand il s’est réveillé après T.A.H.I.T.I., même après le lavage de cerveau et la réécriture de souvenirs, c’est l’une des premières choses que Phil a demandé, « Et Barton ? », avant de se laisser retomber contre son oreiller avec un soupire aussi soulagé qu’épuisé quand on lui a appris que Romanoff avait réussi à briser l’emprise de Loki sur son agent, que Barton avait pris part à la Bataille de New York au côté des Avengers.
Melinda sait que leur équipe, leur projet, ne peuvent se faire sans Phil, sans la foi et la conviction profonde qu’il a en leur mission… Si Hawkeye s’avérait compromis alors que Philippe est certain de sa loyauté, ce pourrait être la trahison de trop pour lui…
« Tu penses vraiment qu’il pourrait…
- Honnêtement ? Non. Son profil ne colle pas, il n’a ni l’individualisme forcené ni la fascination ou le désir du pouvoir qui pourraient être des indicateurs, et son rapport à l’autorité est trop antagoniste. Mais je n’en suis pas sûre. Sitwells non plus n’avait pas le profil. » Elle hausse les épaules et n’ajoute pas que dans le cas où Barton serait un membre de l’HYDRA, elle n’est pas certaine si Romanoff le tuerait de ses propres mains, ou le laisserait s’échapper… « Quoi qu’il en soit c’est une discussion qui n’a pas lieu d’être tant qu’on a pas la moindre information sur sa survie ou sa localisation… Et on a un autre problème plus urgent, les autres agences ont commencé à recruter dans notre liste verte. J’ai établi contact avec Cavannah, de la R&D et l’agent Carter. Elles ont toutes les deux été approchée par la CIA, et si je dois en croire mes indics, la NSA est intéressée par plusieurs analystes qui étaient basés au Triskelion et ont fait leurs preuves en s’opposant à l’HYDRA… Et c’est sans compter les agents en cours de recrutement par Stark Industries...
- C’était prévisible, et on ne peut pas le leur reprocher... De toute manière on n’a pas les moyens de recruter trop de monde pour l’instant… Il faut qu’on se concentre sur nos besoins opérationnels. Il nous faut une division médicale, quelques analystes pour épauler Skye, au minimum un ingénieur, des agents de terrains très versatiles mais aussi quelques agents spéciaux supplémentaires - les criminels du Frigo que l’HYDRA a remis en liberté sont une nos premières priorités… Mais avant tout il nous faut des gens qui croient en la mission du SHIELD, en ce qu’il représentait, pour qui c’était plus qu’une occasion d’être payé pour tuer des gens ou explorer de nouvelles technologies...
- On peut consulter l’équipe, voir s’ils sont des recommandations particulières dans la short-list… Et quand tu dis qu’il nous faut un ingénieur, tu-
- Fitz reste membre de l’équipe, et on va mettre tout ce qui est possible en œuvre pour qu’il se rétablisse », tranche Phil, « mais même avec les meilleurs pronostiques, tu sais comme moi que c’est un type de convalescence qui peut prendre des mois, ce n’est pas-
- Tu n’as pas besoin de te justifier auprès de moi, Phil, mais tu auras à le faire auprès de Jemma. Et sans doute Skye également.
- Je sais… » Il soupire, s’ébroue. « Directeur du SHIELD… Même maintenant que j’ai eu le temps d’y réfléchir, je n’arrive pas à déterminer si c’est la promotion la plus inespérée au monde, ou le pire cadeau empoisonné que l’on m’ait jamais fait. »
May hausse les épaules
« Je pense que tu le sais, répond-t-elle.
- Je n’en suis pas si sûr. » Il soupire de nouveau, reprend son masque professionnel. « Mais revenons à nos moutons… Alors, l’agent Cavannah, quelle est ton évaluation ? »
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