Mythologie biblique - La possession-poussière - Scènes coupées

Sep 18, 2012 19:27

Titre : La possession-poussière
Auteur : anadyomede
Thème : Scènes coupées
Fandom : Mythologie biblique
Personnages : Eve/Lilith
Rating : PG-13
Disclaimer : Domaine public



- Lilith :

Oh, jolie Eve, sais-tu que je naquis de cette même poussière qui forma l’homme auxquelles tes belles mains se soumettent ? J’arrivai sur terre à la seconde où il posa ici les pieds et je me fis à son image, si ce n’est plus grande peut-être. Mais l’homme fut ainsi : il ne supporta pas de n’être point admiré, envié et suivi aveuglément comme tu le fais, toi, jolie Eve, aussi blonde que mes cheveux sont roux, toi qui sortit de la côte d’Adam pour lui servir.

Tu n’entendis jamais parler de moi. Je suis l’erreur première, la tentation au mal puisque je naquis femme mais non pas prisonnière. Puisque je me fis intelligente, j’appris la ruse et la trahison dans la douleur. A présent je trône dans une vacuité silencieuse qui toujours me ramène à toi ; toi la seule qui de loin me ressemble. De ton ventre naîtront les hommes puisque le mien est vide, de ta chair viendra le vice puisque le mien fait fuir les honnêtes gens.

Mais jolie Eve, toi la claire, toi l’aimée, connaîtras-tu un jour la souffrance des yeux ouverts, t’apercevras-tu la laideur du monde, la lâcheté de l’homme et son cœur infidèle ? Car il fut le premier à pêcher lorsqu’il me rejeta. Pétrifié par mon impertinence qui jamais ne me fit m’abaisser, il m’écarta de sa couche et si à présent la jalousie me ronge, elle n’est pas envers toi. L’homme a peur, jolie Eve. Il dégouline à l’idée que la femme ne comprenne qu’il n’est rien, rien de plus qu’elle. Alors il te choisit, toi sortie de lui. L’homme n’est rien qu’une marionnette figée dans ses idées. Toi seule sera l’exceptionnelle. Toi plutôt que moi, puisque mon nom devra resté secret, puisque personne n’osera jamais le prononcer.

Sais-tu, jolie Eve, qu’à présent que mon âme n’appartient qu’à l’obscurité, je me détache de ces choses humaines qui forment les faiblesses, de ce corps glacé, de ma chevelure brillante ? Je me transforme comme une ombre, je me glisse là où il le faut. J’emprisonne, vois-tu, et j’apparais à tes côtés.

- Eve :

Je croquai la pomme. Les hommes ne se souviendront que de cela : la première femme dans l’Eden goûta au fruit défendu que lui tendit le serpent. Elle acquit ainsi la connaissance au détriment de la rassurante naïveté et le serpent, animal vorace, en fut également condamné à toujours ramper.

Je fus la seule à le voir tel qu’il était, cependant. Adam ne m’avait guère encore rejoint lorsque le serpent sortit de l’arbre et ses yeux avaient l’éclat doré d’une flamme, si différents, si différents de ceux des autres. Des lumières pareilles ne naissent chez aucun animal, chez aucun homme. Peut-être les croise-t-on chez une femme lorsque son désir se fait violence mais qu’elle courbe la tête pour n’en rien laisser paraître. Peut-être.

Il vint à moi, se glissa autours de mon cou puis, tandis que sa queue s’enroulait autours de mon bras, sa tête descendit jusqu’au bat de mes seins où il souffla. Il se fit tantôt docile, tantôt menaçant, et de son emprise directe sur mon corps ne s’éleva aucune peur. Le serpent portait en ses moindres mouvements une rassurance étrange qui m’enveloppa avec justesse. Que murmura-t-il ? Puis-je m’en rappeler, à présent ? Ses mots comme du miel, ses caresses brûlant mon front, m’enflammant, et la pomme entre ses dents. Sa peau rugueuse contre la mienne, son regard féminin et son sourire par-dessus tout au monde, ce sourire de reine tentatrice.

« Le savoir, la connaissance, crois-tu vraiment qu’il n’y a rien là d’important ? Oh, jolie Eve, prends tout pour devenir Femme, la Femme unique, jolie, jolie petite Eve. Pour apprendre le monde sans besoin de l’Homme. Tu fus faite femelle à mon image et tu n’en deviendras que plus belle. »

J’appelai Adam. Je croquai la pomme, je détruisis l’homme.

- Lilith :

J’apparus un soir dans tes rêves. Tu avais froid, jolie Eve, je te sentis trembler sous la peau de bête qui te recouvrait. Je revins, moi, pareille à la poussière qui recouvrait tes mains ; je revins en toi.

Tu me vis telle que j’étais lorsque pour la première fois mes pieds foulèrent la terre, aussi grande, aussi rousse que sombre. Ton regard n’en fut que plus étonné, tes gestes désarmés. Tu restas là longtemps, silencieuse et figée, à m’observer. A ne voir que moi, moi celle qui te ressemblait, moi l’autre, condamnée à ne jamais pleinement être femme et lorsque ta main eut fini de visiter mon corps, tu me reconnus et dis :

« Tu m'apportas la mort, la faim et la misère. »

Mais tu ne pris pas conscience que de que cela signifiait encore.

Le lendemain, jolie Eve, tu enfantas Caïn.

fandom : mythologie biblique, auteur : anadyomede

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