[DCU] L'alphabet selon Bruce Wayne, partie 2/26

[mokoshna]

Titre : Z comme Zéro
Auteur : Mokoshna
Fandom : DCU, basé très librement sur le Timmverse.
Crédits : Les personnages sont la propriété de DC Comics.
Avertissements : Rien de bien méchant pour l'instant, mais j'ai prévu du porn et du slash pour plus tard. (*Murmure* Batman/Superman)
Résumé : Bruce Wayne est le pire imbécile qui a jamais foulé cette terre, toutes races confondues.

Recueil des chapitres


Rage et frustration : voilà tout ce qu'une conversation avec Bruce Wayne vous apportait. En cinq ans de carrière en tant que journaliste au Daily Planet, Clark ne lui avait parlé que trois fois, et encore : c'était pour poser des questions qui n'avaient reçu que des réponses vagues et incohérentes. L'épisode de la soirée en faveur des enfants démunis ne comptait pas : Wayne avait été tellement captivé par Lois qu'il avait à peine remarqué Clark. Ce qui, au fond, convenait très bien à l'intéressé.

- Alors, comment il est ? On dit qu'il a toutes les femmes de Gotham à ses pieds. C'est vrai ?

Flash était bien mignon, mais quand quelque chose touchait sa curiosité, cela pouvait vite tourner à l'obsession. Clark se retint de soupirer et lui fit un sourire crispé à la place. Il était un Héros avec un grand H ; il ne pouvait pas se permettre de soupirer à la moindre contrariété, mais devait au contraire apporter des réponses claires et des solutions constructives. Ce qu'il fit. D'une certaine manière.

- Je suppose que oui, fit-il, prudent. Il est certainement très... soigné de sa personne.

Même si ses goûts vestimentaires pouvaient laisser à désirer, pensa-t-il très fort. Ainsi que sa conversation. Et son attitude. Toute sa personne, en fait. Y avait-il seulement quoi que ce soit de captivant en lui à part son physique d'acteur de cinéma ?

- Cool ! s'écria Flash. Ça doit être génial d'être aussi riche que lui ! Il peut s'offrir tout ce qu'il veut !

- La richesse n'est pas gage de vertu, grogna Hawkgirl. Regarde Lex Luthor...

- Ouais, mais lui, c'est pas pareil, il est barge !

Tandis que Bruce Wayne était simplement idiot. Quelle vaste différence, vraiment ! Clark toussa pour ne pas avoir à ricaner. En tant que Superman, il se devait de montrer l'exemple ; émettre un jugement sur l'un des hommes les plus influents de la planète devant ses pairs qui ne l'avaient jamais rencontré et qui ne pouvaient en avoir une vision objective n'était pas très juste. De la partialité en toutes choses. Il était au-dessus de tout ça.

- Eh, GL, t'en penses quoi ? Tu l'as déjà sauvé, non ? Tu m'avais raconté ça...

Le corps tout entier de Green Lantern se raidit, ce malgré qu'il fût assis bien confortablement dans le fauteuil le plus moelleux de la salle. Clark perçut de la panique dans son regard, une once de colère, ainsi qu'une nervosité qu'il avait peine à dissimuler si on en croyait le tremblement intermittent de ses mains. C'était donc vrai : Green Lantern avait déjà rencontré Bruce Wayne et avait pu se rendre compte par lui-même du phénomène.

- Wayne ? croassa-t-il.

- Ouais, tu sais, celui qu'on appelle le Prince de Gotham ! Il est cool, non ? Est-ce qu'il est vraiment sorti avec la moitié des actrices d'Hollywood ?

- Euh...

Clark se surprit à prendre Green Lantern en pitié. Flash attendait impatiemment sa réponse ; il ne fut sauvé que par l'arrivée impromptue de Batman dans la salle de contrôle. Les réactions furent immédiates : Green Lantern redevint sérieux, Flash se mit presque au garde à vous tandis que Hawkgirl, qui ne faisait rien de spécial jusque-là, se planta tout d'un coup devant un écran de contrôle et se mit à scruter les taches de couleur qui s'y agitaient. Clark lui-même prit une pose plus héroïque, bombant le torse comme s'il avait à démontrer sa virilité à Batman. Ce qui était tout proprement ridicule : il n'avait rien à prouver, que diable ! Il était Superman, l'Homme d'Acier, pas un vulgaire débutant qui doit faire ses preuves !

Batman les scruta tour à tour d'un air indéchiffrable. Clark se sentit tout petit, comme un enfant penaud devant sa maîtresse d'école. Il n'y avait vraiment que Batman pour le faire se sentir aussi... incompétent. Vulnérable. Cela devenait de plus en plus pathétique au fur et à mesure que ses... impressions sur son collègue changeaient. Et cela durait depuis le tout premier jour de leur (désastreuse) rencontre.

- Quoi ?

Le regard de Batman s'attarda tout particulièrement sur Flash dont les joues devinrent aussi rouges que son costume. Il s'agita sur place, essaya de regarder ailleurs, en vain : quand Batman avait choisi une proie, rien ni personne ne pouvait le détourner de la chasse. C'est pourquoi Clark répondit à sa place.

- Nous parlions d'une émission de télévision, fit-il, nerveux. Flash a regardé « Stars&co » hier soir et il nous donnait son opinion sur le sujet.

- Tu connais Flash, ajouta Hawkgirl. Il adore parler de tout et de rien. Surtout de rien.

L'une des fentes du masque de Batman se souleva. Flash se décida enfin à ouvrir la bouche, quoique sa voix tremblât bien un peu quand il s'en servit.

- Ça parlait de Bruce Wayne, tu sais le gars de Gotham riche comme Crésus ? Il y avait cette émission où on le voyait au milieu des riches et des célèbres et il montrait sa vie et ses soirées et tous les trucs géniaux qu'il avait. Je demandais juste aux autres s'ils l'avaient déjà rencontré et s'il était aussi cool qu'à la télé. Il a cette super baraque et toutes ces voitures de sport et des rendez-vous avec des starlettes super canon et une piscine et un jet privé et tu vas me dire que je radote et qu'il faut que je me taise, c'est ça ?

Ce qu'il y avait de bien avec Flash, c'était sa constance : il parlait trop, il le savait et il savait aussi quand il commençait à énerver son entourage. Batman surtout, qui avait un niveau de sociabilité proche de zéro et la patience d'une chauve-souris sous amphétamines.

Comme toujours, Batman se contenta de grogner entre les dents, sans répondre. Il s'installa à sa place et on laissa de côté tout ce qui concernait Bruce Wayne pour s'intéresser à des sujets plus sérieux, comme le dernier plan de conquête de Luthor ou la dernière crise temporelle sur Terre, ce qui convenait très bien à Clark. Il voulait oublier Wayne et ses caprices. Batman était devant lui, lui parlait en égal et ça, c'était bien plus important que tout l'argent et le pouvoir du monde. Ces derniers temps, et c'était assez inquiétant en soi, cela devenait même plus important que Lois Lane.

- Superman ? Qu'en penses-tu ?

Clark sursauta : il n'avait pas suivi un mot de la conversation.

- Euh...

- Nous sommes donc tous d'accord, grommela Batman.

Et tout fut dit. Clark n'avait rien compris mais ce n'était pas grave, apparemment, puisque Batman n'avait émis aucun reproche. Ce dernier se retira aussi discrètement qu'il était arrivé ; son départ relança Flash.

- C'était sympa ! Faudra qu'on reprenne cette discussion, hein !

Clark et Green Lantern grognèrent de concert.

*

Flash tint sa parole : une semaine plus tard, le sujet « Bruce Wayne » revint sur le tapis.

Ce jour-là, il y eut un tremblement de terre à Tokyo, un éboulement à Dublin et une tornade en Floride, la routine en somme. Clark s'occupa de tout puis alla à la Tour de Guet prendre une douche rapide avant la réunion hebdomadaire de la Ligue. Il se sentait sale, las et ne voulait absolument pas croiser Batman dans cet état, allez savoir pourquoi.

Flash tomba sur lui alors qu'il se dirigeait vers les vestiaires. Avant même de lui dire bonjour, il se mit à lui débiter un flot de paroles à une vitesse surhumaine, l'air passablement énervé. Clark resta interdit pendant plusieurs secondes. Comme ils se trouvaient au beau milieu du couloir, plusieurs de leurs collègues s'arrêtèrent pour les regarder.

- T'aurais pu me prévenir ! l'accusa Flash à un débit normal une fois qu'il eut fini de radoter.

- Pardon ?

Green Lantern sortit de la foule et posa la main sur l'épaule de Clark, compatissant.

- Je n'ai pas eu le temps de te prévenir, dit-il.

Flash explosa.

- Je disais, ce type est une plaie ! Zéro intelligence, zéro sensibilité, c'est un zéro fini de partout ! Tu te rends compte qu'il m'a demandé si j'étais aussi rapide à conclure avec une fille qu'à courir ? Ça se dit pas ! Mais quel con ! Et tout ça à la télé, devant le président et toute l'Amérique ! En plus à sa soirée de merde, il n'a pas arrêté de se parader avec toutes ces filles et à les jeter à droite à gauche comme des mouchoirs ! Ça se fait pas ! Quand t'as une jolie fille à ton bras, t'en prends soin et tu la traites comme une princesse ! Et son rire, il m'énerve, c'est...

- Je crois que Superman a compris que tu n'aimais pas beaucoup Bruce Wayne, l'interrompit Green Lantern.

- Mais c'est vrai ! Tu l'as vu ?

Green Lantern soupira.

- Oui, je l'ai vu et je lui ai parlé. Ce n'est pas le meilleur homme du monde, mais ce n'est pas le pire non plus. Ses actions ne sont pas préméditées.

- Parce que c'est un crétin fini ! Une plaie ! La honte de l'espèce humaine !

Clark ne put s'en empêcher : il éclata de rire. Le tout devant la moitié de la population de la Tour de Guet et surtout, devant Batman qui apparut soudain dans son dos. Cela fit taire immédiatement tout murmure. Le cœur de Clark manqua de s'arrêter. Dire qu'il avait prévu de l'éviter jusqu'à ce qu'il soit présentable ! De quoi avait-il l'air, maintenant ?

- Désolé, fit-il en se mordant la lèvre. C'est juste... Flash.

Batman ne lui adressa pas même un regard. En fait, il était plutôt tourné vers Flash. Clark sentit comme une pointe douloureuse dans sa poitrine, quelque chose de discret et d'insidieux à la fois...

- Tu pourrais développer ? demanda Batman, très grave.

- Bats ! s'écria Flash en se précipitant vers lui. T'es à Gotham, non ? Comment tu fais pour vivre dans la même ville que lui ?

- Quoi ?

- Bruce Wayne ! Si tu le croises tout le temps, pas étonnant que tu sois glauque comme ça tout le temps aussi ! Moi j'aurais des envies de meurtre ! Comment tu fais pour pas passer du côté obscur ? T'es mieux qu'un Jedi !

Batman demeura impassible sur le moment, mais Clark était persuadé qu'il devait se demander quelle drogue avait pris Flash pour qu'il soit dans cet état. Peut-être envisageait-il de l'interner ? Il hésita : devait-il intervenir ou rester à sa place ? Un silence de plomb régna ; chacun guettait la réaction de Batman.

- Bruce Wayne, finit-il par dire. Cet homme te perturbe.

- Oui !

- Bien.

Batman partit sans rien ajouter. Les cris de frustration de Flash résonnèrent longtemps dans la Tour de Guet.

- Bats ! Ça veut dire quoi, ça, « bien » ? Baaats !