Série : L'alphabet selon Bruce Wayne, partie 1/?
Titre : A comme Atroce
Auteur : Mokoshna
Fandom : DCU
Crédits : Les personnages sont la propriété de DC Comics.
Avertissements : Rien de bien méchant pour l'instant, mais j'ai prévu du porn et du slash pour plus tard. De préférence entre Superman et Batman.
Notes : J'utilise ici une autre version personnelle du DCU. La série en elle-même est composée de oneshots courts (enfin, selon mes critères) qui se suivent plus ou moins. Je verrai ça selon mes caprices.
Résumé : Bruce Wayne est le pire imbécile qui a jamais foulé cette Terre, toutes races confondues.
Recueil des chapitres Atroce. C'était le seul mot qui venait à l'esprit de Clark pour décrire le costume de Bruce Wayne. Sachant que cela venait d'un homme qui s'habillait en collants bleus portés sous un slip rouge en tant que tenue officielle, c'était quand même fort. Il toussa pour dissimuler son hilarité mais ne réussit qu'à faire mine de s'étouffer. Heureusement, Lois ne remarqua rien : elle était trop occupée à pleurer de rire de son côté.
- Oh mon Dieu, fit-elle, pantelante. C'est... c'est...
- Lois !
La voix tonitruante de Wayne les fit sursauter en même temps. Lois devint écarlate mais réussit à se ressaisir suffisamment pour faire un sourire forcé à Wayne. Clark n'avait pas cette chance : les joues rouges, il se mordit la langue pour s'empêcher d'exploser, en vain. Il s'excusa en urgence et alla se réfugier dans le coin le plus reculé de la salle de réception, derrière une plante en pot au moins aussi grande que lui.
Comme il ne voulait rien manquer de la conversation qui se déroulait entre son partenaire et celui qu'on avait surnommé le Prince de Gotham, il utilisa sa super-ouïe pour les espionner à son aise.
- Quelle joie de vous voir ! Que pensez-vous de ma soirée ? J'ai pensé que ce serait une bonne idée d'organiser cette œuvre de charité pour les enfants démunis. Et comme cette semaine est justement celle de la mode, pourquoi ne pas associer les deux et en faire une soirée de la mode en faveur des enfants démunis ?
Clark entendit très clairement les dents de Lois grincer. S'il écrivait comme il parlait, Wayne ne serait jamais un grand journaliste, c'était le moins qu'on puisse dire.
- Bonne idée, fit-elle, toute crispée. C'est très généreux de votre part.
- N'est-ce pas ? susurra un Wayne ravi. Que pensez-vous de ma tenue de ce soir ? Il s'agit de la dernière création de Fabio Donatello, vous savez le grand artiste italien ?
- Je croyais que Donatello se spécialisait dans la sculpture ?
- Justement, il a décidé d'étendre son art à la haute couture ! N'est-ce pas une merveilleuse idée ?
- Fabuleuse.
N'importe qui d'un tant soit peu intuitif aurait entendu le sarcasme dans la voix de Lois Lane, aurait senti le mépris qui perçait sous le maquillage et les bonnes manières. Pas Bruce Wayne. Il fit un sourire éclatant à Lois qui ne le lui rendit qu'au dixième, bomba le torse pour mettre en valeur son costume et, dans la foulée, attrapa un verre de champagne sur le plateau d'un serveur en faisant claquer ses chaussures luisantes sur le parquet.
- Il a tellement de talent, continua Wayne sans remarquer l'air misérable de Lois. Un véritable... comment s'appelait cet artiste italien qui vivait il y a longtemps ? Celui qui a inventé l'avion et a dessiné cet homme nu avec quatre bras et jambes ?
- Léonard de Vinci, grommela Lois.
Pauvre Lois ! Elle était coincée. D'ordinaire, elle détestait se ratatiner devant des hommes qui ne la valaient pas, surtout si ceux-ci étaient aussi capricieux et vains que Bruce Wayne, mais la cause en valait la peine : le milliardaire avait en effet promis de donner une coquette somme pour les bonnes œuvres à l'issue de cette soirée. Rester aimable quelques heures, ce n'était pas grand-chose en sachant qu'à la fin, des enfants du Tiers-Monde pourraient manger à leur faim. Clark était de tout cœur avec elle, mais pas trop près non plus : il ne manquerait plus que Wayne le remarque.
- C'est cela ! rayonna Wayne. C'est dans ce genre d'occasion que je suis heureux d'être né riche, vous savez ! Avoir le privilège de porter un tel chef-d'œuvre n'est pas à la portée de tout le monde !
Le sourcil droit de Lois fit un bond nerveux avant de se remettre très vite en place. Clark la connaissait depuis assez longtemps pour savoir ce que cela signifiait : elle était énervée et elle n'allait pas tarder à insulter ou frapper Wayne, voire les deux et pas forcément dans cet ordre. Quelque part, c'était un honneur autrement plus grand que de porter la monstruosité textile de Donatello : Lois ne réservait ce genre de manifestation extrême qu'à ceux qui la mettaient vraiment hors d'elle. D'un autre côté, si elle blessait Wayne devant tout ce monde, cela la mettrait non seulement dans une mauvaise position, mais cela indisposerait peut-être tellement ce satané dandy qu'il refuserait de faire don de son argent. Pour le bien de tous, Clark se devait d'intervenir.
- Lois ! s'écria-t-il en se précipitant aussi vite que le permettait son rôle.
Au passage, il se prit les pieds sur un de ses lacets, faillit déchirer la robe d'une grosse dame rousse en essayant de se redresser et finit par tomber à la renverse... sur un serveur au plateau surchargé qui avait eu la mauvaise idée de passer par là au moment où Clark Kent faisait étalage de sa maladresse légendaire. Les verres présents sur le plateau se fracassèrent sur le sol, inondant le parquet de morceaux de verre et de champagne coûteux. Toutes les têtes se tournèrent de leur côté.
Clark fit la grimace. Il en avait peut-être un peu trop fait... Pourtant, quand il leva les yeux en direction de Lois, il la vit sourire : sans doute était-elle contente de ne plus être le centre d'attention de Bruce Wayne. Clark fit semblant de se relever avec peine, bafouilla un torrent d'excuses vers le serveur et l'assemblée et voulut ramasser les morceaux éparpillés. Il n'eut même pas le temps de se baisser : rapide comme l'éclair, le majordome saisit sa main et l'entraîna sur le côté, à l'extérieur de la zone sinistrée.
- Pardon, fit encore Clark.
- Ce n'est rien, monsieur, dit le majordome, très calme. Cela sera l'affaire d'un instant.
Contrairement à Clark, cet homme d'un âge déjà avancé ne disposait pas de super-vitesse ou de réflexes surhumains. Ses seuls outils furent une pelle, une balayette et une serpillière d'aspects tout à fait banals. Comment fit-il pour nettoyer le désastre en à peine quelques secondes, Clark ne le sut jamais. Il est des choses sur cette Terre que rien ne pouvait expliquer : l'adresse d'Alfred Pennyworth, le majordome attitré de Bruce Wayne, en faisait indéniablement partie.
Quelqu'un dans la foule toussa. Les conversations reprirent comme si de rien n'était.
- Comme je disais, fit Wayne, c'est un grand privilège de porter cette tenue exceptionnelle...
Lois leva discrètement les yeux vers le lustre en cristal qui surplombait Wayne. Clark saisit l'allusion : il s'approcha d'un air timide et lui toucha le bras.
- Euh... Lois ? Perry nous avait bien demandé d'interviewer en priorité Esther Rochello, la présidente de l'association...
- Tu as raison ! s'écria Lois. Pardonnez-moi, M. Wayne, le devoir m'appelle. J'ai été ravie de discuter avec vous.
Wayne éclata de rire.
- Je vous en prie, ma chère ! Il doit être d'un pénible de devoir gagner sa pitance. Je vous souhaite toute la réussite possible. À vous aussi, euh...
- Kent, fit Clark.
Wayne l'ignora.
- J'espère vous revoir lors de la prochaine soirée que je donnerai en faveur des femmes battues, ajouta-t-il à l'intention de Lois. Votre présence illuminerait ces mornes sauteries !
Lois lui fit son plus beau sourire hypocrite, celui qu'elle réservait aux starlettes sans cervelle et aux politiciens véreux. Elle expédia ses adieux en deux minutes, le tout sans que Wayne ne s'aperçoive de rien, attrapa un verre de champagne qu'elle vida en deux secondes et avant même que Clark ait pu ouvrir la bouche pour lui demander quoi faire, elle se dirigeait déjà vers la grosse dame qu'il avait failli renverser un peu plus tôt. Il n'y avait pas un pli sur sa robe de soirée rouge ; son maquillage n'avait rien perdu de son éclat. Quant à Clark, il était toujours aussi mal fichu qu'en arrivant : la cravate de travers, le costume froissé, un vilain petit canard au milieu de cette assemblée de stars et de gens de la haute.
- Restons pros, fit Lois, très fière. Nous sommes des journalistes d'investigation, pas de vulgaires paparazzis pour feuilles de chou. Ce qui nous intéresse, c'est de savoir si ce que notre indic nous a dit sur les malversations de Rochello est vrai. Le Daily Planet n'a que faire de la tenue de soirée de Bruce Wayne.
- Et il y a toujours les photos de Jimmy pour ça, fit Clark.
- Oh, pitié. Je préfère oublier cette... chose.
- Oublier quoi ?
- Comme tu dis.
Les talons aiguille de Lois claquèrent sur le sol : elle était en mission et rien ne la détournerait du droit chemin, pas même les pitreries d'un milliardaire complètement idiot. Clark la suivit comme un chien fidèle, docile et aux aguets.
Du fond de la salle, Bruce Wayne esquissa un sourire.