La Prophétie
Disclaimer: Doctor who ne m'appartient pas.
Prologue Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 : Un nouveau départ
Le Docteur savait ce qu’il venait de faire.
En acceptant la proposition de Rasillon- Rose contre le Tardis- il venait de vendre leur liberté. Certes, Rose l’avait aimé sans Tardis. Mais au moins, ils étaient sur Terre et elle était entourée par sa famille, ses amis, son équipe. Par sa faute, il était fort probable qu’elle ne verrait jamais Tony grandir. Rasillon et Oméga allaient s’emparer de la technologie du Tardis et la faire leur. Ils prétendraient avoir tout créé, tout inventé et seraient vénérés comme des dieux. L’Autre ne les enviait pas. Loin de là. Même en tant que « Docteur », il avait toujours eu en horreur toutes les sortes d’honneurs. Mais par sa faute, il ôtait à Rose tout espoir de revoir Jackie, il brisait sa promesse de toujours la reconduire chez elle, auprès de sa mère...
Que dirait Rose de cette situation ? Accepterait-elle de vivre sur Gallifrey ? Dans ce monde apparemment misogyne et paternaliste ?
L’Autre redoutait le pire. « Celui qui apportait la tempête » n’était rien par rapport à la « Tornade » Tyler. Elle était bien la fille de Jackie. Pas le moindre doute.
Rose continuait sa course folle vers la sortie. Son cœur battait la chamade et elle commençait doucement à s’essouffler. Ca n’était pourtant pas le moment de faire une pause. Là, un peu plus loin, était-ce un rayon de lumière qu’elle apercevait ? Oui, une sortie ! Mais malheureusement, sa gardienne était déjà là, lui barrant la route. Comment la vieille dame avait-elle réussi à se déplacer plus vite qu’elle ?
Rose fit face à Léona. « Je dois rejoindre le Docteur, il m’attend ! »
La vielle dame agrippa les poignets de Rose, l’immobilisant avec une force qui surprit la jeune fille.
« Ce Docteur, c’est ton mari, l’homme qui est venu ici, avec toi »
« Oui » répondit Rose
« Cet homme a une aura de seigneur du temps, tu ne peux pas être avec lui »
« Et pourtant, c’est l’homme que j’aime, vous m’entendez ? L’homme pour lequel j’ai défié des daleks, j’ai voyagé à travers des dizaines de mondes parallèles afin de le retrouver. Vous ne pouvez pas me séparer de lui. Personne ne le peut. »
« Alors tu l’aimes ? Il est notre ennemi, te rends-tu compte, Loup ? »
« Mais je ne suis pas le Loup et je ne suis pas des vôtres ! Vous pensez peut-être que le Docteur est votre ennemi, mais il n’est pas le mien. Je suis sûre que tout cela est un malentendu. C’est un homme bon, vous savez. Enfin, la plupart du temps. Si vous ne voulez pas prendre le contrôle de l’univers. Et cela ne semble pas être votre cas. Venez avec moi, Léona, je vous le présenterai. Vous verrez par vous-même. »
Léona dévisagea Rose comme si cette dernière avait perdu l’esprit.
« Je te laisse une dernière chance. Si tu franchis cette porte, nous te renions. »
« Si je franchis cette porte, je serai libre. »
Alors que Rose traversait le passage, Léona la retint un instant.
« Tu paieras cette trahison un jour... de ton propre sang. »
« Les dieux aiment à se manipuler entre eux, n’est-ce pas ? Léona, ce n’est pas votre vrai nom, je me trompe ? »
Les yeux de la vieille dame se mirent à briller alors qu’elle hochait la tête.
« Je suis Pythie. Tu as choisi ton camp, Loup. Assume ton choix et accepte les conséquences »
Alors que la grotte se refermait comme par magie derrière elle, Rose sentit sa gorge se nouer.
« Je le ferai »
Mais elle sentit que le prix à payer, dans les années futures serait peut-être bien trop cher.
Rose, dans un moment de fatigue, ferma les yeux et soupira. Les prophéties lui annonçant mort et désolation, elle ne les connaissait que trop bien. Que diable le destin lui réservait-il cette fois-ci ? N’avait-elle pas mérité un bon de bonheur et de tranquillité après ses années de lutte pour retrouver son Docteur ?
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, la grotte de Pythie avait disparu. A sa place, un désert aride et brûlant semblait vouloir s’étirer vers l’infini. Les trois soleils étaient sans pitié, détruisant tout espoir de vie, asséchant la moindre goûte d’eau...
Léona... ou Pythie, quelque soit son nom, avait eu raison. En sortant de la grotte, elle avait choisi la mort. Une mort lente, douloureuse, brûlante. Une mort solitaire. Jamais le Docteur ne la retrouverait.
Ou peut-être... Là-bas, sur le sommet des dunes, étaient-ce des cavaliers ? Non, non, sans doute un mirage. Sa vue se brouillait, sans doute la chaleur étouffante.
Rose sentait sa tête tourner. Elle n’avait pas de chapeau pour se protéger et le reflet de soleil sur le sable l’aveuglait. Tout à coup, elle sentit ses forces l’abandonner et elle se laissa tomber sur le sol.
Lorsque Rose se réveilla, elle se sentait particulièrement bien. Son esprit semblait flotter dans les airs... ou peut-être parmi les étoiles. Elle était heureuse.
Elle était encore une fois dans une chambre (décidément, elle semblait abonnée aux chambres extraterrestres ces derniers temps). Elle inspecta les murs, afin de vérifier qu’il n’y avait pas, cette fois, de tapisseries prophétiques.
Non, rien de tout cela. Les murs étaient seulement peints dans un blanc éclatant. Il y avait aussi une fenêtre par où s’échappait une légère brise. Rose sourit. Ce lit était bien plus confortable que celui de Léona... Elle était en sécurité.
Peu à peu, Rose prit conscience qu’une main serrait la sienne. La jeune femme n’avait même pas besoin de tourner la tête pour deviner à qui elle appartenait.
« Docteur... » murmura-t-elle.
« Oui, mon amour ? »
« J’ai eu tellement peur de te perdre. Et cette fois pour de bon » continua Rose en réprimant un sanglot.
« Je suis là maintenant, Rose. Je serai toujours là, tu dois t’en rappeler. Pour toujours. »
« Pour toujours » répéta Rose.
Ils se souriaient mutuellement, se rappelant la promesse de Rose, faite peu de temps avant la bataille de Canary Warf.
« Rose, j’ai plusieurs nouvelles à t’apprendre. » déclara le Docteur en évitant de la regarder dans les yeux. Sa main, dans celle de Rose, se crispait nerveusement. Mais de quoi donc avait-il peur ?
« Qu’est-ce qu’il y a, Docteur? Tu n’as pas l’air dans ton assiette... C’est un problème avec cette planète peut-être. Il faut dire que ces habitants sont plutôt bizarres. Enfin, je n’en ai rencontré qu’un... ou plutôt une. Dénommée Pythie. Drôle d’oiseau celle-là. »
Le cœur du Docteur s’arrêta de battre et il blêmit. « Pythie ? Tu as bien dit Pythie ? »
« Oui. Ca te dit quelque chose ? »
Oh oui, le Docteur ne connaissait que trop bien les légendes concernant l’ancienne déesse. C’était elle qui avait maudit les seigneurs du temps, les condamnant à la stérilité. Mais aussi, pourquoi était-il surpris ? Rasillon et Pythie n’étaient-il pas censés être contemporains ? Pour une fois, la légende ne mentait pas.
Cependant, pourquoi enlever Rose ?
« Que t’a-t-elle dit ? » demanda le Docteur d’une voix tremblante
« Oh, rien d’important... » dit Rose d’une voix qu’elle voulait neutre. Ce n’était pas le moment d’inquiéter son mari davantage. Le Méchant loup, c’était du passé, alors que John, lui, était son avenir. C’était tout ce qui comptait, que cela plaise à Pythie ou non.
« Rose, s’il te plaît... » insista-t-il.
Rose prit un air détaché, jouant avec le bord de sa couverture. Elle leva les yeux au ciel en soupirant.
« Rien, je te dis. Juste quelque chose du genre ‘Rejoins le côté obscur de la force’. Ou plutôt le côté féministe de la force. Ce qui n’était pas pour me déplaire. Mais elle voulait que je t’abandonne, et ca, JAMAIS. »
Le Docteur lui sourit et l’embrassa tendrement, visiblement rassuré.
« Rose, il faut que je te dise. Pour une raison que j’ignore, nous sommes de retour dans notre monde d’origine. Le monde de l’autre Docteur. »
Rose écoutait attentivement son mari, mais elle fronçait les sourcils. L’autre monde ? N’avait-il pas dit que cela était impossible ?
« Je sais, je sais ce que tu vas me dire. » continua-t-il en s’énervant « Je ne comprends pas plus que toi. Cela défie toute logique. Mais il y a pire, Rose, bien pire. »
« Quoi donc, Docteur? On s’en est toujours tiré. Soit, ca défie la logique, mais rappelle-toi la première fois où nous sommes tombés dans le monde de Pete. Nous avons réussi à revenir dans l’autre monde au bout de 24 heures, non ? »
Voyant son mari qui restait muet et la regardait fixement, Rose sentit le pire scénario devenir réalité.
« Non, non, non, je n’y crois pas, Docteur, je n’y crois pas. Il y a TOUJOURS une solution. TOUJOURS. Tu n‘es qu’un vieux défaitiste ! On la trouvera, cette solution, tu vas voir ! » s’exclama Rose en riant. Mais son rire sonnait faux. Le Docteur ne réagissait toujours pas et la jeune femme avait du mal à retenir ses larmes.
Rose voulait se battre. C’était le Docteur qui avait animé cette pugnacité à toute épreuve autrefois. Et le voilà, son vaillant chevalier, déclarant forfait avant même le début de la bataille.
« Pourquoi, Docteur ? Pourquoi es-tu persuadé que nous sommes bel et bien coincés ici ? »
Le Docteur s’approcha de Rose et la prit dans ses bras. Il en avait besoin pour se donner du courage et affronter lui-même la vérité.
« Nous avons voyagé à travers le void et à travers le temps, Rose. Nous sommes tombés dans une ligne temporelle très éloignée de la nôtre. Et... »
« Et ? » demanda Rose, inquiète. Le Docteur la regardait une fois de plus, droit dans les yeux. Son silence la tuait à petits feux. L’expression terrifiée sur son beau visage l’alarmait et la fascinait en même temps. Qu’est-ce qui pouvait tourmenter à ce point son Docteur ?
« Et je fais partie des évènements de cette période, Rose. Je dois rester. Ma venue ici était prévue. On en parlait dans les légendes de Gallifrey. On parlait de moi, MOI ! J’ai un rôle à jouer.» déclara-t-il fièrement. Malgré sa peur visible, il était clair que John appréciait cette situation. Il rayonnait, comme un homme qui aurait tout à coup découvert la signification de son existence, son véritable rôle dans l’univers.
« Attends un peu... Gallifrey? Oui, Pythie m’en a parlé, je me le rappelle maintenant. C’est ta planète, n’est-ce pas ? Nous sommes avant la guerre du temps, alors ? »
Le Docteur hocha la tête gravement.
« Oh oui, Rose, bien avant. Nous sommes à l’époque de la fondation de la civilisation des Seigneurs du temps. Les fondateurs, Rose! Rasillon, Oméga... et puis, il y a moi. »
« Toi » dit Rose en souriant doucement mais tristement. « Et qui es-tu, toi ? »
« Je suis l’Autre. Je dois abandonner le titre de Docteur, Rose, tu comprends pourquoi ? »
Rose acquiesça. Elle comprenait surtout qu’elle venait de perdre le Docteur une fois de plus.
« A présent, je ne suis plus lui.... J’ai mon propre titre. Je suis une personne à part entière. »
« Mais tu l’as toujours été » protesta Rose. « Je ne t’ai pas épousé parce que tu venais de la main du Docteur ou parce que tu lui ressemblais, mais parce que tu étais toi, John Smith et que je t’aimais pour la personne que tu étais. »
« C’est vrai ? » demanda-t-il, ému.
« Ai-je besoin de le dire » demanda Rose sur un ton taquin.
« Oui » souffla-t-il
« Je t’aime... idiot ! »
L’Autre se précipita dans ses bras et l’embrassa avec passion. Rose, langoureuse, s’abandonna à ses baisers, tâchant d’oublier un instant la situation critique dans laquelle ils se trouvaient. Ils auraient tout le temps d’y réfléchir à tête reposée bien après.
Rasillon était plus que satisfait. Les affaires marchaient au mieux, Pythie et ses prêtresses se terraient dans leurs grottes et il avait acquis un allié précieux. L’Autre était un homme remarquable et la technologie contenue dans son Tardis leur permettrait des avancées extraordinaires. Ils s’étaient d’ailleurs mis d’accord avec Oméga pour « cultiver » toute une série de Tardis à partir de coraux provenant du vaisseau de L’Autre.
L’Autre... ou « John » comme l’appelait sa ravissante épouse. Rasillon comprenait mieux pourquoi son nouvel ami avait tant tenu à récupérer sa tendre Rose. Elle n’était pas d’une beauté extraordinaire mais il ne pouvait lui contester un certain charme- et s’il était parfaitement honnête, il la trouvait tout à fait à son goût : blonde, voluptueuse, avec un tempérament de feu. Exactement ce dont il aurait eu besoin pour animer ses longues soirées d’hiver. Malheureusement, Rose et « John » étaient « un de ces couples », indestructibles et stupidement amoureux l’un de l’autre.
Ainsi, John était venu lui demander s’il pouvait utiliser son Tardis afin de renvoyer Rose, si ce n’est au près de sa famille dans l’autre monde, tout du moins, sur Terre, à son époque.
Lorsqu’elle avait appris cela, la jeune femme était entrée dans une rage monumentale- et qui avait aiguisé le désir de Rasillon à son égard.
« Comment oses-tu me faire çà ? » lui avait-elle lancé sur un tas accusateur. « Encore et toujours en train de te débarrasser de moi, hein, John ? »
« Me débarrasser de toi ? » avait-il répondu- Dieu, cet homme était un génie, mais pouvait-il être pathétique. « Rose, ne comprends-tu pas que je t’aime ? Je veux juste que tu sois heureuse »
« Heureuse ? HEUREUSE? Loin de toi ? J’ai déjà essayé et crois-moi, ca ne marche pas. »
Puis elle s’était rendu compte de ce qu’elle venait de dire et avait paru embarrassée.
« Ca semble vraiment pathétique, je sais. Et légèrement accro. Mais c’est ce que je ressens. »
« Tu as toujours des amis sur Terre. Shareen, je crois, non ? Tu pourrais fonder une famille, aller de l’avant»
Idiot. Rasillon réprima un fort désir de violence contre son nouveau protégé.
« John, tu ES ma famille. Nous sommes tous les deux dans ce pétrin. Tous les deux, tu m‘entends. A la vie, à la mort. Si tout s’était passé comme le Docteur l’avait prévu, tu aurais passé ta vie sur ma planète. Eh bien, là, c’est moi qui vais passer ma vie sur la tienne. A tes côtés, quoi qu’il advienne. Qu’en dis-tu? »
Une expression de joie inexprimable apparut sur le visage de l’humain et ce dernier se mit à embrasser sa femme d’une manière très peu décente et qui alluma en Rasillon le feu d’une jalousie sans bornes et sans scrupules.
Pour l’instant, il avait besoin de l’Autre. Il ne pouvait pas ruiner ses plans d’avenir pour une femme... mais un jour, qui sait ?
A suivre....