Titre: Le pire des maux.
Fandom: Samurai Champloo
Personnages: Le trio
Rating: PG
Disclaimer: Shinichiro Watanabe
Notes : Pour
drakys, en réponse à son prompt : "malade". Bonne lecture ! ^^
Quelque part au Japon, une rivière serpentait paisiblement, évitant avec habilité rochers, arbres, ou autres obstacles venant obstruer sa route. Rien ne venait troubler son cours. Rien, sauf peut-être en un point, où, ce qui devait s’apparenter à une bête sauvage semblait bien déterminé à la vider de son eau.
En ce point ne se trouvait en fait nul autre que Mugen, qui calqué sur le style de l’ours - tout en restant parfaitement identifiable grâce à son informe vêtement d’un rouge éclatant - donnait une leçon de pêche à ses camarades. Leçon bien peu concluante du point de vue du rendement.
Jin et Fuu avaient d’ailleurs rapidement cessé de s’intéresser aux pitreries de leur compagnon, préférant s’absorber dans la contemplation des poissons gras et dodus le fuyant à toute vitesse ; bien loin de leurs estomacs, donc.
Mugen, détestant ne pas être au centre de toutes les attentions, avait bien vite cessé son petit manège, et, s’approchant des deux autres, poussa Jin à l’eau d’un coup de pied rageur.
Fuu et lui eurent ensuite bien du mal à le remonter jusqu’à la berge, le ronin s’empêtrant dans ses lourdes robes de samouraï et s’accrochant désespérément à ses lunettes, de peur de les perdre. Une fois les deux pieds sur la terre ferme, il ne fut cependant pas long à reprendre ses esprits et son premier réflexe fut tout naturellement de chercher à éventrer Mugen. Qui, mut par un instinct de survie, ne se laissa bien entendu pas faire.
Fuu eut une fois de plus toutes les difficultés du monde à les stopper dans leur folie meurtrière mais y parvint néanmoins à grand renfort de menaces, cris et rappels de promesse à tenir.
Enfin, ils reprirent la route.
L’hiver n’avait laissé sa place au printemps que depuis peu et le temps restait frais. Jin avait bien du mal à s’empêcher de grelotter et de claquer des dents. Au bout de quelques kilomètres, il commença à éternuer. Mugen ne se gêna pas pour se moquer copieusement de lui.
Lorsque le ronin se mit à vaciller et à ne plus marcher très droit, lorsque son teint d’ordinaire si pâle commença à rougir sévèrement et que ses yeux se voilèrent, Fuu songea qu’il était peut-être temps de faire quelque chose pour lui. Au premier petit village qu’ils croisèrent, elle proposa donc une halte.
Grâce au grand succès du malade auprès des femmes - et au fort taux d'apitoiement que provoquait chez elles son état - ils n’eurent aucun mal à trouver où se loger. Fuu dû néanmoins se résoudre à s’atteler aux travaux ménagers, le contenu de leurs bourses étant comme à l’ordinaire avoisinant du trou noir.
Plutôt que de demander à Mugen de l’aider, elle lui confia la garde du malade. S’il restait à l’intérieur, confiné dans une seule pièce, il aurait moins de chances de parvenir à démolir quelque chose. Cette solution n’était sans doute pas ce qu’il y avait de mieux pour Jin, mais vu l’état dans lequel il se trouvait, il n’aurait sans doute pas la force de se disputer avec l’autre débile. Elle pourrait donc travailler l’esprit tranquille.
Contrairement au ronin. Qui se trouvait actuellement en train de prier tout un tas de dieux auxquels il ne croyait pas le moins du monde, dans l’espoir que l’un d’entre eux ait la bonté de faire taire son encombrant compagnon. Garde-malade, tu parles... Il allait le rendre fou, oui.
Jin ne demandait pourtant pas grand chose. Juste un peu de calme. Mais s’était apparemment un concept qui passait bien au dessus de la tête de Mugen.
Il avait fait de son mieux pour l’ignorer. Ne répondant pas. Feignant de dormir. Mais s’était sans compter sur la persévérance dont Mugen faisait preuve dès qu’il s’agissait d’emmerder son monde.
Il avait commencé par engloutir le bouillon de légumes que la maîtresse de maison avait amoureusement préparé à l’intention de Jin et qu’il était censé lui administrer. Ensuite, il s’était mis en tête que filer de grands coups de pieds dans les objets ayant le malheur de traîner à portée de sa semelle était une idée totalement extraordinaire et follement amusante. Enfin, son attention s’était reportée sur son malade et il avait décidé de lui faire un brin de causette ; ce qui se résuma à une suite de moqueries et d’explications fumeuses visant, en gros, à démontrer au ronin que se laisser terrasser par un minable petit rhume était digne d’un faible, d’un bon à rien, d’une fillette.
Jin avait supporté stoïquement cette situation aussi longtemps qu’il l’avait pu, mais il sentait ses nerfs sur le point de lâcher. Il lui fallait trouver une solution pour faire taire l’autre plaie. Et vite.
Bien trop faible pour lancer une attaque, il ne lui restait pas trente-six solutions. Le ronin aurait préféré pouvoir régler le problème autrement, mais son état ne lui permettait pas de réfléchir plus avant, et il avait vraiment vraiment besoin de calme.
Il fit signe à Mugen d’approcher. L’autre se pencha vers lui.
«Qu’est-ce que tu m’veux ?»
Sans un mot, Jin glissa sa main derrière sa nuque, l’agrippa fermement par les cheveux et l’attira vers lui.
«Ferme-la.» ordonna-t-il.
Et sans lui laisser le temps de réagir, il scella ses lèvres à l’aide des siennes.
Mugen se recula vivement, essuya bouche à l’aide de sa manche, cracha.
«Oh ! Qu’est-ce que tu fous ?!»
«J’aurai dû me douter que ça ne marcherait pas...» marmonna Jin.
«À quoi tu joues, espèce d’homo dégueulasse ?!« s’insurgea Mugen.
Le ronin lui jeta un regard noir.
«Je te signale que tu viens d’embrasser un homme. Tu es dans le même sac que moi.»
«Ah ouais ?»
«Ouais.»
Une lueur inquiétante brilla au fond des yeux de Mugen.
S’accroupissant à côté de Jin, il se mit à la détailler. Le ronin se prit à craindre ce qu’il allait encore bien pouvoir inventer. Il déglutit.
«Je suis donc parfaitement en droit de faire ça !» s’exclama joyeusement Mugen en envoyer valser les couvertures qui recouvraient jusque là le corps de son compagnon avant de laisser glisser ses mains sous les pans de son kimono.
Les yeux de Jin s’agrandirent d’horreur. Le pire, c’est qu’il était bien trop faible pour être capable de se défendre correctement.
Ou non, le pire, c’était que la porte de leur chambre venait de s’ouvrir, qu’un hoquet horrifié s’était fait entendre, qu’un bol s’était écrasé par terre, que le bouillon qu’il avait jusque là contenu s’écoulait à présent entre les lattes du plancher et que le bruit de pas s’éloignant en courant retentissait dans le couloir. Les pas de la maîtresse de maison, pour être exact.
Quelques minutes plus tard, Jin et Mugen se retrouvaient à la porte.
Lorsque Fuu les rejoignit, scandalisée, elle leur demanda ce qu’ils étaient encore allés inventer.
Mugen afficha un large sourire idiot.
«Tu ne veux pas savoir.» trancha Jin, réprimant un frisson d’horreur en songeant qu’il avait sans doute finalement échappé au pire.
Ils reprirent donc la route. Bizarrement, la fièvre de Jin semblait avoir baissé.
Quelques kilomètres plus tard, Mugen commença à éternuer...