Titre : La fouine d'argent
Pairing : Snack (of course ^__^), un léger Drarry et quelques autres qui se sont ramenés sans autorisation =="
Personnages : Pleins O_O"
Disclaimer : Tout est à J.K Rowling.
Rating : PG-13
Mots : Environ 7 600 mots pour ce chapitre et 8 000 pour les autres.
Résumé : Lorsque Sirius décide de rénover une ruine, et que doué comme il est, il arrive à entraîner ses amis et...des Serpentards !
Bonjour à tous, je suis nouvelle sur cette communauté mais cela fait déjà un moment que j'admire les textes postés dessus *o*. J'espère que les miens ne feront pas trop pâlots à côté (j'ai déjà cette impression alors please XD). Pour inaugurer ma venue (ça fait trop égocentrique ça non ?), voici une histoire que j'ai écrite en m'inspirant de l'émission Déco sur TF1 ^_^. Au début le snack n'apparaît pas vraiment - voire pas du tout - et Sirius et Snape ne se retrouvent dans la même pièce que dans le deuxième chapitre, mais je vais m'appuyer sur l'excuse - débile - que c'est une fic à chapitre et que donc, il faut du temps pour instaurer l'intrigue.
Ah ! Il y aura pas mal de spoils (et de fautes de grammaire TT_TT) sur les deux derniers tomes (l'histoire commençant un an après le dernier - sans compter l'épilogue). J'ai aussi modifié les morts (sinon comment faire un Snack ? ^__^") et donc le déroulement de la guerre. Mais comme l'histoire n'est pas trop centrée sur ça, je ne pense pas que ce soit très handicapant dans la lecture (? =o)
Voilou =D
Chapitre 1
Le 14 Rainbow Place
Londres n'avait jamais paru aussi triste qu'en ce début de Novembre. Il régnait une atmosphère lugubre sur la capitale britannique, et depuis plusieurs jours déjà, des cumulus-nimbus s'amassaient au-dessus des têtes, alourdissant l'air sans jamais qu'une goutte de pluie n'ose s'échouer sur l'asphalte.
L'humeur des gens aussi était sombre, influencée par la météo mais avant tout et surtout parce que les deux mois avant Décembre sont toujours les plus moroses - c'est une triste fatalité.
Draco Malfoy ne lui échappait pas non plus. Il pouvait cumuler dans ses veines tout le sang pure que ses ancêtres aient bien put lui donner, il n'en demeurait pas moins aussi sensible que les autres à des choses aussi banales que les périodes annuelles et le mauvais temps.
Il traînait dans Charing Cross Road sans oser s'approcher du Chaudron Baveur, telle une ombre au milieu des ombres, une autre tâche sur une peinture abstraite. Il était vêtu tout de noir, chose rare pour lui qui ne portait que des robes d'émeraude rehaussées de fils d'argents, même lorsqu'il ne sortait pas. Mais il se voyait mal dans ses riches apparats au milieu de tous ses moldus si banals, bêtes et incultes - ils ne valaient tout simplement pas la peine qu'il se vête correctement.
Il roda quelques instants dans des librairies. Survolant les reliures sans vraiment y toucher, effleurant une couverture dont le nom paraissait original avant de se raviser sous l'œil brillant des vendeurs.
Il faisait un temps exécrable et il n'avait absolument rien à faire. Il aurait put essayer de dormir - cela devait bien faire des semaines qu'il n'y était plus parvenu - mais il n'en avait pas eu le courage. Alors, comme sa mère, devenue dépressive depuis l'enfermement de son père à Azkaban, était sa seule compagne cet après-midi, il avait décidé de sortir bien qu'il n'ait pas la moindre raison de le faire ; l'ennui se suffisant à lui seul.
Il erra plusieurs minutes - à moins que ce ne fuse des heures, il avait perdu la notion du temps depuis longtemps - et finit par pénétrer dans un Starbuck pour se réchauffer. Étonnement, il était pratiquement vide, et il n'aperçut que deux personnes installées sur les chaises. Il se rendit à la caisse où une femme aux paupières alourdies par le maquillage lui servit un café, et il alla s'asseoir à une table pour deux près de la vitrine.
Un instant, il regarda le monde s'écouler sur les trottoirs, les visages comme rendues maladif par l'atmosphère lugubre du ciel. Les Impériales ressemblaient à des taches de sang au milieu des autres voitures, qui bien que colorées, paraissaient ternes.
Prudemment, Draco approcha le verre de polystyrène de ses lèvres et avala une gorgée brûlante. Elle laissa une traînée enflammée sur sa langue, mais il en apprécia la douleur, aussi vive que la vie qui heureusement, malgré tout ce qu'il avait bien put vivre ces dernières années, continuait de battre en lui.
« Bonjour. » fit subitement une voix grave qu'il ne connaissait pas.
Il leva les yeux et croisa un regard gris perçant, indéchiffrable mais vif, intelligent, comme analysant chaque détail et chaque teinte avec la précision et la rapidité d'un ordinateur. Durant un instant, le visage de Lucius Malfoy se superposa à celui de l'inconnu, un instant qui dura à peine un fragment de secondes, mais suffisamment pour que la main de l'ancien Serpentard se mette à trembler et que son café manque de se renverser sur lui. Manque. Car l'inconnu tendit la main vivement, attrapant le gobelet avant même qu'il ne fasse mine de se retourner, le redressant.
« Attention, souffla-t-il avec un sourire, relevant ses étonnants yeux gris vers lui. Je ne pensais pas que je te ferais autant d'effet. »
Il plaisantait, cela se sentait dans sa voix. Draco en déduisit que l'homme le connaissait ; il fronça les sourcils : lui ne le reconnaissait pas.
Pourtant, le visage sembla agiter au fond de lui un ancien souvenir qu'il avait, à une époque, considéré comme assez important.
L'homme était grand et longiligne, et possédait la silhouette élancée et aristocratique qu'il ne savait appartenir qu'aux Sangs-Purs. Il avait les cheveux mi-longs, ondulés, tombant sur ses épaules en des mèches noires, propres et brillantes. Son visage était fin, les traits pourtant demeuraient masculins, et sa mâchoire était piquetée d'une barbe de trois jours.
Draco plissa des yeux, remuant au fond de lui ses souvenirs, comme fouillant dans une boîte pleine de paperasse un bout de papier oublié. Alors, son cerveau superposa au visage de l'homme une barbe plus longue, des cheveux sales, crasseux, des joues creuses et un regard fou.
« Sirius Black ? » interrogea-t-il incrédule, sans vraiment y croire.
L'inconnu sourit.
« Je peux m'asseoir ? »
Machinalement, Draco hocha la tête, un peu surprit que l'homme vienne lui parler mais avant tout par sa présence. Sirius avait lui aussi commandé un café mais il était accompagné d'un gros Donut Américain. Tranquillement, comme un enfant jouant à la dinette, il retira le petit cache qui recouvrait sa boisson et trempa un morceau de beignet dedans. L'ancien Serpentard l'observa faire avec circonspection.
« Hum..., commença-t-il en levant un sourcil. Est-ce que je pourrais savoir pourquoi vous m'avez abordé ?
- Je n'aime pas manger seul, répondit simplement l'homme avec un haussement désinvolte des épaules.
- Ce n'est pas une raison. Nous ne nous connaissons pas.
- Je suis ton oncle et chez les Black, la famille a toujours été sacrée.
- Vous plaisantez ? »
Sirius ne répondit pas et continua de mastiquer tranquillement son morceau de Donut avant d'en tremper un autre dans son café.
Draco avait oublié que Sirius Black était son oncle. Il faut dire qu'il avait depuis longtemps été effacé de l'arbre généalogique de la famille Malfoy, et que son nom était aussi défendu que celui des Weasley lorsqu'il était plus jeune. En fait, Draco avait pratiquement oublié qu'il possédait un oncle tant ce dernier n'avait jamais vraiment appartenu à la famille selon ses parents.
Il l'observa un instant, intrigué par cet homme qui avait bravé avec cynisme toutes les règles des Sang-Purs pour exister tel qu'il le voulait. Cet homme enfermé pendant douze ans à Azkaban pour un crime qu'il n'avait pas commit, qui s'était évadé sous les yeux de tous, qui avait faillit laisser sa peau derrière le Voile du Département des Mystères, qui c'était battu du côté de l'Ordre du Phénix, qui avait été lâchement dédommagé en gallions pour toutes les années de sa vie qu'il avait perdu à cause d'un Ministère - encore - incompétent. Cet homme qui avait vécu toutes ces choses, des plus grandes humiliations aux plus belles gloires et qui mangeait son Donut en le trempant dans son café, sans une once de vanité, mais l'échine droite, fier.
Alors, Draco se rendit compte qu'il regrettait. Il se rendit qu'il éprouvait pour cet homme tout ce qu'il n'aurait jamais put éprouver pour son père - de l'admiration. Il se sentit prit de remords pour toutes les choses horribles qu'il avait bien put dire à son sujet dans le passé, toutes ces choses qui n'avaient pas lieu d'être. Car Sirius Black avait toujours été bien au-dessus de tout ce qu'il ne pourrait jamais dire à son sujet. Et bien que son nom ait disparu des arbres généalogiques des Sang-Purs, il demeurait le seul qui ait jamais honoré ce titre.
« Nous ne nous sommes jamais parlés, je crois, dit-il finalement, le regard moins dur, plus vulnérable.
- Pourquoi est-ce que tu dis « je crois » ? répondit Sirius sans lever les yeux de ses doigts qui décortiquaient le Donut. Tu sais bien que c'est vrai.
- Vous avez raison. Je voulais juste lancer notre première conversation sans hostilité.
- Tu aurais pu me demander comment je vais.
- Oui, mais je m'en fiche. »
Alors, à son plus grand étonnement, Sirius Black releva la tête et lui adressa un grand sourire sincère. Draco sentit quelque chose de doux lui étreindre le cœur, et il en eut les larmes aux yeux sans vraiment comprendre d'où cela venait.
Sirius Black était un bel homme, cela était une chose qui n'admettait pas contestation. Mais il l'était davantage encore lorsqu'il souriait.
« Tu sais, fit-il, moqueur, comme lisant dans ses pensées. Tu serais plus beau aussi si tu souriais de temps en temps. »
Draco ne releva pas.
« Qu'est-ce que vous voulez ?
- Pourquoi est-ce que tu penses que je veux quelque chose ?
- Parce que Snape m'a expliqué que vous étiez un imbécile englué dans vos idées, qui se refusent, têtu comme il est, à changer d'avis. En d'autres termes, si vous ne vouliez pas quelque chose, vous n'auriez jamais entamé la conversation avec un fils de Mangemort. »
Sirius pinça des lèvres, faisant mine de réfléchir.
« Si Snape te demandait de te lancer un Avada Kedavra tu le ferais ?
- Snape ne me demanderait jamais de faire une chose pareille, sauf si cela est nécessaire et que je ne peux le contredire sur l'état de la situation.
- Merlin c'est du lavage de cerveau ! Est-ce qu'il t'apprend aussi que Harry Potter est la seule créature sur cette planète qu'il faut haïr avec dévotion ? »
C'était sensé être une blague, mais Draco trouva l'humour assez douteux. Sirius parut le comprendre car il changea de sujet.
« Bref, en effet je veux quelque chose.
- Je ne donne pas d'argent aux gens que je ne connais pas, surtout s'ils ont été reniés par la famille. »
Un instant, l'ancien Serpentard pensa avoir blessé l'animagus. Mais à son plus grand étonnement, le visage de ce dernier se fendit d'un grand sourire et il laissa même échapper un petit rire.
« Je te parle sérieusement Draco, déclara-t-il sans s'arrêter de sourire.
- Alors arrêtez de m'appeler par mon prénom.
- Je ne préfère pas t'appeler Malfoy, ça me rappelle quelqu'un que je préfèrerais oublier.
- Va pour Draco. »
Le sourire de Sirius s'agrandit.
« Alors ?
- Alors quoi ? répondit Draco, légèrement agacé.
- Tu veux bien écouter ce que j'ai à te proposer ?
- Ais-je le choix ?
- As-tu l'impression que je suis une personne capable de te menacer ou d'être violente si tu ne fais pas ce que je dis ? »
Draco plissa légèrement des yeux et observa un instant le visage de son interlocuteur. Il souriait toujours et ce n'était même pas hypocrite. Cependant, ses yeux étaient indescriptibles, toujours, quelque soit son expression et cela le dérangeait un peu.
« Non, dit-il cependant.
- Tu allais dire le contraire, affirma Sirius en terminant son dernier morceau de Donut.
- Qu'est-ce que vous en savez ? Vous pratiquez la légilimancie ?
- Pas besoin - et de toutes façons je suis sûr que tu manies très bien l'occlumancie. Tes yeux parlent pour toi. »
Draco se renfrogna un peu.
« Les vôtres ne disent rien. »
Un instant, un voile passa sur le sourire de Sirius. Un court instant, mais cela suffit à Draco pour être intrigué par cet énième mystère qui entourait l'homme.
« Je sais, dit-il avant de changer de sujet. Bon, alors, ma proposition ? »
Draco soupira, faussement résigné ; de toutes les façons, il avait tout son temps devant lui.
« Très bien, je vous écoute. »
- - -
Harry attendait.
Il faisait froid, de là où il se trouvait, plus proche du ciel que du sol. Il se sentit frissonner et accentua sa prise sur son Éclair de Feu, comme pour se donner du courage. Le vent sifflait dans ses oreilles, agitant sa longue cape brodée d'un Vif d'or, et ses cheveux déjà en bataille.
Sur le terrain, il pouvait distinguer les silhouettes d'Alden Ashworth, le capitaine de l'équipe des Tornades de Tutshill, et Edelweiss Mackenson, l'entraîneur. De part la distance, elles étaient presque indistinctes, mais le stress affinait la vue sur les choses qui le provoque.
Les immenses gradins du terrain du centre sportif sorcier de Londres étaient presque entièrement vides. Il n'y avait que quatre personnes installées sur les sièges en plastiques, et elles portaient et affichaient toutes une tenue de Quidditch et une expression anxieuse. Harry espérait, sans grand espoir, que son visage ne révèle pas autant que les leurs à quel point l'anxiété rongeait la moindre des ses pensées.
Et subitement, sans même qu'il n'ait le temps de prendre une inspiration pour se préparer, Mackenson souffla dans un sifflet magique et Ashworth ouvrit la boîte recouverte de velours rouge qui retenait le Vif d'or. Harry eut juste le temps de voir un éclair doré fendre l'air avant que la petite balle ailée ne disparaisse de sa vue, filant à une vitesse que l'œil ne pouvait suivre.
L'ancien Gryffondor inspira profondément et se mit à faire plusieurs tours de terrain, se forçant à oublier qu'il jouait là une carrière dans le Quidditch, et que les deux personnes qui l'observaient du terrain avaient entre leurs mains le pouvoir de décider de son avenir.
Il y avait beaucoup de vent, et il semblait même s'amplifier. Le ciel n'avait cessé d'être menaçant depuis le début de la semaine, et il était inévitable qu'un orage brutal pouvait se déclencher d'une minute à l'autre - Harry espéra juste que ces minutes ne soient pas les suivantes.
Il monta vaguement un peu plus haut vers les nuages, rechutant ensuite au ras du sol, remontant sans jamais que son regard ne surprenne une étincelle d'or. Il était chronométré, et il commença vaguement à angoissé en voyant que le Vif d'or ne se décidait pas à se montrer.
Au moment où il se mordit anxieusement la lèvre inférieure, le battement d'ailes rapides de la petite balle retentit, quelque part sur sa droite. Il ne la voyait toujours pas, mais s'aidant de son ouïe, il se dirigea vers l'endroit où il croyait l'entendre. Et c'est là qu'il la vit.
Elle se trouvait à côté d'Ashworth et Mackenson, juste derrière eux, et les deux hommes ne semblaient même pas s'en apercevoir. Alors, Harry se baissa sur son balais afin de prendre de la vitesse et fonça vers le Vif, ignorant les sélectionneurs, uniquement concentré sur cette balle d'or qu'il se devait à tous prix d'attraper.
Au cours des années qu'il avait passé à jouer dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor, Harry avait apprit à deviner les futurs mouvement du Vif, seulement en observant l'inclinaison de la boule ou de ses ailes, sa position etc. Et là, il sut immédiatement que la balle allait remonter en piquet vers le ciel. Il s'y prépara donc et n'eut même pas à freiner avant de décoller dans le sillage du Vif d'or.
Il était dans une position verticale assez inconfortable, et malgré lui, il se sentit glisser en arrière et dû s'accrocher de toutes ses forces à son balais pour ne pas céder à la gravité. Le vent claquait dans ses oreilles, plus comme un crissement qu'un sifflement, et il avait l'impression d'entendre les cris d'une maison hanté. Mais il ne se déconcentra pas.
Le Vif se trouvait à plus de deux mètres de lui ; seulement. Il se pencha en avant malgré la force gravitationnelle qui le tirait vers l'arrière, et tenta par tous les moyens de gagner de la vitesse, donc du terrain.
La balle d'or fit une violente embarquée et, ne l'ayant pas prévue, il ralentit un peu dans le virage - heureusement, pas suffisamment pour perdre beaucoup de terrain. Le Vif longea les gradins et il passa en coup de vent au-dessus des autres joueurs de Quidditch. Il avait reprit une position horizontale ce qui lui permit de gagner un peu de vitesse.
L'étincelle dorée ne se trouvait plus qu'à un mètre de lui. Il tendit le bras, fendant l'air comme un javelot.
Il pouvait entendre son sang pulser contre son crâne, et son cœur s'affoler, déchaîné contre ses côtes. Un plaisirs sans nom s'insinuait dans ses veines, se mélangeant à son sang, lui montant à la tête - durant un instant, il se sentit ivre de bonheur.
Alors, au moment où son plaisirs atteignit des sommets inimaginables, ses doigts effleurèrent les ailes et il referma le poing sur la balle d'or tremblotante, encore agitée par les spasmes de la vitesse.
Il freina sur plusieurs mètres, essoufflé, le cœur battant et comme sonné par ce vol en balais. Au sol, lorsqu'il descendit, Ashworth l'applaudit avec un sourire chaleureux et il sentit une partie de son angoisse disparaître, bien que le visage de Mackenson resta de marbre.
Il se posa et glissa à terre, rapportant la balle d'or à l'entraîneur.
« Dans cette balle, dit-il d'un ton bourru. Il y a le temps que tu as prit pour l'attraper et bien plus encore. C'est à partir de ça que nous jugerons. »
Harry hocha simplement la tête ; il le savait depuis qu'il avait dû remettre son premier Vif d'or dans sa bouche afin de percer le secret du testament de Dumbledore.
Au moment où il se dirigea vers les vestiaires, Ashworth l'arrêta. C'était un grand homme, les cheveux bruns coupés en brosse, mais avec un regard bleu turquoise saisissant et une expression avenante. Cela devait bien faire six ans qu'il tenait un poste de Poursuiveur dans l'équipe, et il n'avait jamais manqué un but.
« Très joli, fit-il. Tu as une bonne technique et bien que tu te considères comme un amateur, je trouve que tu as déjà bien plus que certains professionnels. »
Harry sentit une douce chaleur lui étreindre le cœur face à la gentillesse du capitaine, et il ne put s'empêcher de rougir de plaisirs.
« Merci.
- Il n'y a pas de quoi. Si tu jouais comme un pied je ne t'aurais rien dit, ce n'est pas par bonté, cela va de soi. »
L'ancien Gryffondor hocha la tête, et, après un dernier sourire, le Poursuiveur s'éloigna rejoindre son entraîneur.
Les sélections étaient terminées - comme toujours il était passé le dernier. Les autres joueurs étaient descendus dans les vestiaires tandis qu'il parlait avec Ashworth, il s'y rendit donc en trottinant un peu, revigoré par son échange avec le Poursuiveur.
Cependant, son humeur retomba bien vite face à la froideur des autres participants lorsqu'il les rejoignit. Tous lui jetèrent un regard noir, chargé d'hostilité. Un peu gêné, il préféra cependant ne pas y faire attention et commença à se changer. Un chuchotement volontairement indiscret retentit alors sur sa droite.
« Il est évident que Celui-qui-à-vaincu sera sélectionné, murmura un garçon blond au regard mauvais.
- C'est vrai, c'est de la triche et c'est vraiment égocentrique, reprit un autre. Il a déjà sa photo en première page une fois par semaine dans la Gazette, il devrait un peu laisser sa chance aux autres. »
Et les chuchotements reprirent de plus belle.
Harry, s'efforçant de les ignorer, termina d'enfiler son pull émeraude et rangea soigneusement son Éclair de feu dans son sac magique - un minuscule sac qui pouvait cependant contenir des objets immenses. Lorsqu'il s'apprêta à sortir, les messes-basses n'avaient toujours pas cessées et il sentait maintenant au fond de lui bouillir une colère amère.
« Taisez-vous ! lança-t-il subitement en se tournant violemment vers les quatre autres joueurs. Si je suis sélectionné, se sera simplement parce que je suis meilleur que vous, et non parce que j'ai vu tous mes amis se tacher les mains de sang ou s'y écrouler pour m'aider. Alors apprenez à jouer au lieu de vous cacher lâchement derrière des préjugés stupides ! »
Et, n'attendant même pas de réponse à sa tirade - les visages surpris de ses adversaires lui suffisant - il s'en alla à grands pas en claquant la porte des vestiaires.
Dehors, l'air s'était refroidit et le vent amplifié, lui fouettant froidement le visage. Sur sa langue reposait encore une once de fureur et d'amertume mais des doutes commençaient aussi à s'insinuer en lui, rongeant la joie qui l'avait parcouru après son vol en balais pour laisser place au désespoir.
Allait-on vraiment le sélectionner parce qu'il était Harry Potter, le Sauveur du monde sorcier ?
Sans aucun doute, songea-t-il avec tristesse, toute sa colère désormais envolée. Et comme à chaque fois depuis que Voldemort s'était écroulé devant lui, il aurait aimé être quelqu'un d'autre, rien qu'une journée. Il aurait aimé être l'une de ces silhouettes sombres et sans nom qui déambulaient devant lui sans le voir, vivant une vie tout ce qu'il y a de plus banal, n'ayant pas eu à affronter le plus terrible Mage Noir de l'histoire, ni à voir des proches devenir des assassins ou s'écrouler sous des éclairs verts meurtriers.
Il poussa un soupire et machinalement, sortit son portable de sa poche pour l'allumer. Hermione en avait offert un à pratiquement tout le monde afin qu'ils puissent tous se joindre autrement qu'en se baladant avec un hibou sur l'épaule. Il avait été dur d'expliquer le fonctionnement à certains, mais d'autres, comme Sirius par exemple, avaient tout de suite saisis le concept et en étaient devenus complètement accroc.
D'ailleurs, Harry avait reçu un message de ce dernier il y a quelques minutes. Le simple fait de voir le nom de son parrain sur l'écran lui remonta un peu le moral et il ouvrit le SMS avec un petit sourire - il disait ceci :
« Est-ce que tu peux être au 14 Rainbow Place près du Chemin de Traverse dans dix minutes ? J'ai un très grand besoin de ta présence mon Ryry d'amuûr =').
S.B »
Harry n'essaya même pas de savoir ce que Sirius avait bien put encore inventer - c'était peine perdu avec ce dernier. Il tapa donc rapidement une réponse indiquant qu'il arrivait et transplana à l'adresse indiquée.