Les Losers! > Les idées bleues [4/7] > Avertissement d'orages violents

Apr 03, 2010 11:09

Anthologie: Les idées bleues
Titre: Avertissement d'orages violents
Auteurs: drakys & supaidachan
Fandom: Original > Les nouvelles aventures des Losers!
Personnages: les Losers !
Rating: PG
Nombre de mots : 3243 mots
Disclaimer: ironie & bas blancs (drakys & supaidachan)
Notes: Tout est ici. Posté pour flo-nelja dans le cadre d'ecrirepouraider.

La retraversée du marais avait été, pour résumer avec un certain degré de politesse, des plus déplaisantes. Les désagréments mineurs avaient été, comme la première fois, la vase, les averses soudaines de pluie, les attaques insistantes des moustiques et les monstres des marais qui apparaissaient avec une régularité choquante. Les désagréments majeurs, eux, étaient tous reliés aux états d'esprit orageux des Losers !

"Si je ne vois plus jamais un marais de ma vie", gronda Spider-chan, "je serai une elfe heureuse !

- Ce n'était pas si mal", rétorqua Shmae Girl, sautant à pieds joints dans la dernière flaque de vase - les autres se reculèrent à toute vitesse pour épargner à leurs vêtements déjà crasseux de le devenir encore plus. "Les monstres des marais sont gentils !

- Oui, dans le sens qu'ils nous tapent gentiment dessus", râla Silent Pascal. "Mes sabres sont émoussés.

- Ma jupe est sale", continua Carpet-Vale.

Elle y pensa.

"Je crois même que j'ai de la vase dans-

- Ne le dit pas !", l'avertit l'elfe.

"J'allais dire les oreilles, ce n'est quand même pas vulgaire de parler d'oreilles !", siffla la magicienne.

"Je n'ai plus d'herbes régénératrices...", poursuivit Esoj. "Ni de rations d'urgence. Certaines de mes cartes ont été éclaboussées et j'ai cassé une fiole d'encre !

- Au moins", résuma Pidgeonboy, "on est tous vivants !"

Des regards ébahis se tournèrent vers lui.

"Et tu es vivant grâce à qui, tu penses !?", s'énerva Spider-chan. "Ce n'est pas en te cachant derrière nous que tu auras été très utile !

- Encore, s'il n'avait pas chuté pendant qu'on essayait de battre en retraite, on aurait pu éviter plusieurs combats", soupira la magicienne.

"Ce n'est pas ma faute, mon-

- -lacet de botte était détaché", compléta Silent Pascal en l'imitant d'une voix suraiguë. "Tu as déjà pensé faire des double nœuds ou c'est une idée qui ne t'a jamais effleuré l'esprit ?

- Une idée ? Lui effleurer l'esprit ? Tu rigoles !", s'étonna l'elfe. "Si j'étais une idée, moi aussi je me tiendrais loin de sa tête !

- Mais-", voulut au moins essayer de se défendre Pidgeonboy.

"Oh, on sait bien", interrompit le demi-elfe. "Madame l'elfe a le monopole des idées. Toutes des bonnes d'ailleurs ! Comme de tirer des flèches à tort et à travers, peu importe qui elles atteignent !

- Tu n'es pas mort, de quoi tu te plains ? Si j'avais voulu t'atteindre, tu ne serais plus ici pour en parler !", siffla Spider-chan.

"Encore heureux que ça, ça soit pris sur mon bras ! Sinon, je pouvais dire adieu à ma main !", Silent Pascal leva son bras avec l'étrange bracelet de force blanc.

"La flèche t'aurais à peine égratigné ! C'est pas comme l'autre folle", l'elfe montra Carpet-Vale du pouce, "qui grille tout sur son passage ! Peu importe que ce soit allié ou ennemi, tant que ça crame vite et bien !

- Oh, et vous feriez comment, sans ma magie ?", Carpet-Vale plissa les yeux, tentée de les griller vifs.

"On s'en tirerait sans brûlures, en tout cas !", lui dit Esoj.

Le voleur réalisa qu'on l'ignorait. Et même si c'était plutôt bien comme ça, puisque la partie de la discussion le concernant n'avait pas été tellement flatteuse, il n'aimait pas tellement cette atmosphère générale d'insatisfaction. C'était comme ça que les gens commençaient à se détester, pour des petits détails stupides, comme une dague mal lancée ou un sort un peu hâtif. Il devait prendre un risque calculé. Ce serait encore mieux si c'était un risque calculé pour qu'on ne le tue pas pour ses efforts.

"Au moins, on n'aura plus à affronter encore ce damné marais !"

Il sourit ; les autres non. Silent Pascal demanda même, beaucoup trop calme :

"...Et tu penses peut-être que c'est ma faute, si on a dû le retraverser ?

- Quoi ? Mais non ! Je-

- Bien sûr qu'il ne pense pas que c'est ta faute ! Il ne pense pas du tout !", s'écria Spider-chan. "S'il faut blâmer quelqu'un... Je connais une certaine druide qui nous a comme un peu recommandé de revenir en arrière..."

Esoj ouvrit la bouche, aucun son n'en sortit. Elle se reprit, après y avoir pensé une bonne fraction de seconde :

"C'est certain qu'on ne risque pas de se tromper, quand on ne prend jamais de décision."

Cette fois, c'est l'elfe qui ouvrit la bouche et se retrouva temporairement muette.

"Je suis tout à fait capable de prendre d'excellentes décisions ! Pas comme l'autre imbé-", elle commença à essayer de pointer Pidgeonboy, mais Silent Pascal l'interrompit :

"Quelles excellentes décisions ? La meilleure insulte à adresser aux humains ?

- Ce n'est pas ma faute à moi si vous êtes-

- Si on est quoi ?", la coupa Carpet-Vale. "Inférieurs ?

- Ce n'est pas moi qui le dit...

- Mais c'est ce que tu penses ! On sait bien !", siffla la magicienne. "Les elfes-ci, les elfes-ça et gna gna gna !

- Et toc !", en remit la druide. "Ça se pense supérieur et ce n'est pas capable de se sortir des vieux clichés de race ! Bel exemple !

- Au moins", Spider-chan esquissa un sourire dangereux. "Ce n'est pas moi qui a perdu mon petit prince transformé."

Un silence mortel s'installa, le calme avant la tempête.

"Comment tu peux dire ça !?", explosa la druide.

"Perdu, perdu, c'est vite dit !", la défendit Silent Pascal. "Ce n'est pas la faute d'Esoj, il est peut-être parti de son plein gré !

- Ouais, hein ! Qui sait s'il n'avait pas ses propres aventures à vivre !", argumenta Carpet-Vale.

"Sanson était-

- Gentil !

- Mignon !

- Utile !

- Hé, une minute", interrompit Pidgeonboy. "Gentil, mignon, va, mais utile ? C'est seulement un écureuil !

- Il était quand même plus utile que toi !", s'énerva Esoj.

Un concert de Oui ! et Ouais ! mêlés suivit. Pidgeonboy les regarda tour à tour, insulté.

"Vous trouvez que je suis inutile ? Alors que je suis votre leader !?

- Bien sûr que tu es inutile !", lui confirma Spider-chan.

"Encore heureux que tu sois notre leader", continua Esoj. "Pourquoi sinon on devrait supporter ta présence dans ce groupe ?

- Bon, alors si on doit choisir un autre leader-", commença Spider-chan.

"HÉ !", hurla soudain Shmae Girl.

Un silence inconfortable suivit. Ils la dévisagèrent (ce qui leur évita d'avoir à échanger des regards entre eux).

"...J'ai faim", admit-elle après un moment de réflexion. "Est-ce que ça vous dérangerait beaucoup de reporter votre engueulade à plus tard ? Le temps qu'on trouve une auberge ? Et qu'on puisse commander à manger ?"

***

Ils s'établirent à la première auberge venue : Le Point d'Exclamation, une charmante petite auberge dont l'enthousiasme des propriétaires s'exprimait surtout par de multiples points d'exclamation à la fin de chaque phrase qu'ils disaient. Ils mangèrent en silence et quittèrent un à un la table pour rejoindre leurs chambres respectives - leurs finances se portant plutôt bien et le niveau général d'irritation avaient permis qu'ils s'approprient chacun une chambre.

Silent Pascal ouvrit un œil. Quelque chose lui chatouillait le nez. Il essaya de se réveiller assez pour figurer quoi. Il tâtonna, mit une main sur le bout de parchemin qu'on avait eu l'étrange idée de déposer sur lui.

"Allume une chandelle !", demanda-t-il, avant de se rappeler que Pidgeonboy était dans une autre chambre.

Il farfouilla pour trouver de quoi allumer une chandelle. Il farfouilla pour essayer de trouver une chandelle. Son cerveau, éventuellement, se réveilla assez pour se rappeler qu'il voyait bien dans le noir. Il lut rapidement le billet.

Je vous quitte. Je suis trop moche pour vous, tellement en fait, que je suis bien indigne d'être votre leader. ~PB~

Silent Pascal fixa le parchemin. Il regarda le plancher ensuite, revint à sa passive contemplation du parchemin.

"...Merde", conclut-il après un délai raisonnable.

***

"Il a quoi ?", demanda Esoj en relisant le parchemin.

"Le con", résuma plus simplement Spider-chan.

"Il est parti", soupira Silent Pascal en se massant les temps. "Il a réglé sa chambre, son paquetage n'est plus là, il est parti.

- Bon, alors on décide d'un nouveau leader ?", demanda l'elfe.

Des regards noirs se concentrèrent dans sa direction.

"Laissez tomber...", grommela-t-elle.

"Il y a un post-scriptum", fit remarquer la druide.

"Qui dit quoi ?", voulut savoir Carpet-Vale.

"PS : J'ai laissé la bourse sous le lit de Silent P, pour ne pas que vous vous fassiez voler."

Un silence un peu gêné suivit.

"Mais il est vraiment con !", lâcha Spider-chan avec un petit rire - un peu hystérique. "C'est un voleur et il nous a laissé tout l'argent !

- Il y a un autre post-scriptum...", mentionna Esoj. "PPS : J'ai pris cinq pièces d'or pour subvenir temporairement à mes besoins."

Un autre silence suivit, beaucoup plus gêné que le précédent.

"Il aurait pu prendre plus que ça...", murmura Silent Pascal.

"Il aurait pu prendre au moins vingt pièces d'or...", souffla Carpet-Vale.

"Techniquement, après les achats d'équipements pré-retraversées des marais et autres dépenses connexes, il aurait pu en prendre cent soixante-et-une et des poussières", calcula Esoj d'après son livre de comptes.

Un troisième silence flotta.

"Vous savez-", commencèrent Silent Pascal, Esoj, Carpet-Vale et Spider-chan en même. "Vas-y ! Non, toi, vas-y !", continuèrent tous ensemble.

Shmae Girl signala l'aubergiste pour qu'il lui apporte un second petit déjeuner.

"Je crois", commença Silent Pascal en essayant de trouver la meilleure façon d'aborder le sujet, "que nous devrions peut-être nous séparer."

Le silence, trouvant leur table confortable, revint y prendre un verre.

"Tu as raison", approuva Esoj.

Carpet-Vale hocha la tête.

"...Je suis d'accord", admit Spider-chan, mais de mauvaise grâce et seulement parce qu'elle ne devrait plus supporter leur présence très longtemps.

Shmae Girl indiqua à l'aubergiste qu'un troisième petit déjeuner ne serait pas de trop.

"Bon, alors...

- Oui.

- C'est pas mal ça."

Ils finirent leur repas (leur premier ou troisième, selon le mangeur) sans oser adresser la parole à qui que ce soit, retournèrent à leurs chambres pour récupérer leur paquetage et ils essayèrent de ne pas trop se rejoindre devant l'auberge. Ils restèrent en silence, à essayer de trouver quelque chose à dire. Cinq minutes plus tard, Carpet-Vale haussa les épaules et partit de son côté. Spider-chan suivit son exemple.

"Tu viens, Shmae ?", demanda l'elfe en choisissant une direction au hasard.

"Non."

Même le silence parut choqué.

"...Quoi ?

- Tout le monde part de son côté. Moi aussi, je veux partir de mon côté."

***

"Silent Pascal !", il se retourna. "Attends !"

Esoj lui tendit une carte et lui indiqua le propret petit X dessus.

"Tiens, je t'ai fait une copie, elle est exacte, ne t'inquiète pas. Je garde l'original pour mes archives. C'est l'endroit où tu pourras trouver le prochain donjon."

Ils restèrent face à face, silencieux.

"Euh...", commença la druide.

"Merci", dit le demi-elfe.

"Oh, c'est bien la moindre des choses que je pouvais faire pour toi, après toutes nos aventures ! Et, hm, bonne chance !"

Il hocha simplement la tête, plia la carte et la glissa dans une poche. Il la salua, poliment, et lui tourna le dos pour s'éloigner. Esoj soupira, attendit qu'il disparaisse quelque part à l'horizon et considéra ses options.

"Bon... Je fais quoi maintenant ?"

Oh, elle avait des projets ! Ce n'était pas ça qui manquait ! Des projets, elle en avait à la tonne ! Écrire des articles pour diverses publications, rédiger ses mémoires, rattraper ses lectures en retard sur les derniers progrès dans les affaires druidiques, rattraper ses lectures en retard sur les derniers potins du monde druidique, établir un petit magasin d'herbes médicinales, s'inscrire à tout un tas de cours de perfectionnement... Retrouver Sanson...

C'était seulement que là, maintenant, rien de tout ça ne lui tentait vraiment. Elle soupira encore et retourna à l'auberge.

Le premier jour de sa vie d'aventurière solitaire pouvait bien attendre demain.

***

Silent Pascal examina le plan.

C'était un bon plan, vraiment bien copié. Tous les petits détails du paysage était là, les petites montagnes en miniature étaient jolies, le petit cours d'eau était délicatement tracé, il y avait même ça et là des petits brins d'herbe stylisés pour représenter le terrain plat. Il n'allait avoir aucune difficulté à suivre les indications. Vraiment, ça n'allait représenter aucun défi. C'était seulement que... Enfin... Ça allait être d'un ennui total.

Et puis, il n'avait toujours pas fait réparer ses sabres.

Et il n'avait pas vraiment pris le temps d'inventorier ses effets de voyage, il ne pouvait plus compter sur les autres pour lui fournir ce qu'il avait peut-être oublié.

Et, hm...

"Merde."

Il changea complètement de direction.

Pidgeonboy devait déjà être plongé dans des ennuis pas possible, il était quand même parti depuis presque vingt-quatre heures. Il devait bien le retrouver pour lui dire le fond de sa pensée. Ça ne se faisait pas, quitter son groupe comme ça, sans avoir le courage de les affronter !

***

Spider-chan n'avait jamais été autant insultée de toute sa vie. Ce n'était plus de l'insulte, c'était du- de la- un- C'était grave, bon !

Les autres, va, elle pouvait se passer d'eux. Et au fond, en y pensant bien, en y pensant fort et en y pensant longtemps, elle pouvait aussi se passer de Shmae, ce n'était pas ça le problème. Le problème, c'était qu'elle avait des réflexes bizarres depuis la dernière heure. En croisant une flaque d'eau, elle avait commencé une phrase (Ne saute pas de-) et ne l'avait pas terminée. Elle avait contemplé la flaque d'eau comme si elle l'avait mortellement insultée.

La flaque d'eau pria silencieusement pour que le soleil lui porte secours et brûle très fort pour l'aider à s'évaporer, histoire de ne plus devoir subir le regard furieux de l'elfe.

Elle décida de revenir sur ses pas. Parce que Shmae était certainement déjà plongée dans les ennuis jusqu'au cou (et même plus - il ne fallait pas la sous-estimer). Elle décida tout de suite après de ne pas revenir sur ses pas. Parce que, plongée dans les ennuis jusqu'au cou (et même plus) ou pas, Shmae devait faire ses propres erreurs et apprendre de celles-ci, elle pourrait ainsi s'épanouir grâce à cet apprentissage et devenir quelqu'un de meilleur. Ou quelque chose comme ça.

...Et puis, quoi, elle était une elfe ! Pas une gardienne d'enfants ! Surtout pas d'enfants qui n'étaient pas vraiment des enfants !

Spider-chan continua donc sa route, ne marmonnant pas de rage, parce que ce n'était pas très elfique. Elle marmonna mentalement de rage, c'était nettement mieux (et beaucoup plus discret et les gens ne la prendraient pas pour une folle s'ils croisaient son chemin). Elle trouva éventuellement qu'il faisait chaud et fouilla dans son sac pour retrouver sa gourde. Sauf que bien sûr, chercher une chose précise là-dedans voulait dire en trouver une autre et elle retira une grosse massue.

Elle la considéra.

C'était une des massues de Shmae, qu'elle avait confisquée, oh ! Il y avait au moins deux semaines. Elle avait brisé (sans faire exprès !) une expérience d'Esoj et même si Spider-chan préférait de beaucoup ruiner les expériences de la druide plutôt que de les subir, elle avait quand même sévi. Pour la forme.

C'était ça être une adulte responsable.

***

Carpet-Vale se laissa tomber sur la première vieille souche venue.

Elle était épuisée ! Complètement épuisée ! C'était quoi cette idée idiote de devoir porter ses propres bagages !? Avec les autres, au moins, elle pouvait glisser toutes ses affaires dans leurs sacs sans qu'ils remarquent et puis, hop ! Elle n'avait rien du tout à transporter, sauf sa princière personne. Ça, c'était la belle vie.

...Sans les autres, c'était compliqué !

Elle avait été obligée de faire les boutiques pour se trouver un sac de voyage ! Et elle avait dû le choisir toute seule ! Sans l'aide, ni les bons conseils d'Esoj ! Oh, elle avait bien trouvé un sac qui lui plaisait ! C'était une petite merveille de bon goût, avec dix-huit poches intérieures, neuf extérieures et une bretelle ajustable, pour lui permettre de transporter toute une panoplie d'items allant de la selle de cheval au peigne de poils de nez. Elle avait aussi pris des bottes assorties et la ceinture en solde qui complétait l'ensemble.

Carpet-Vale examina son sac.

Il ne lui manquait rien... Le sac, les bottes, la ceinture... Elle s'était même trouvé une adorable petite jupe et des boucles d'oreilles ab-so-lu-ment mignonnes ! Elle avait failli craquer pour un corset pourpre, mais s'était finalement décidée pour un bien plus joli dans des teintes rouges.

Carpet-Vale fouilla dans son sac.

Bon, d'accord, peut-être qu'elle aurait dû aussi acheter des provisions et des couvertures... mais ça pouvait bien attendre ! Elle trouverait certainement une auberge avant la nuit, de toute façon. Elle se releva. Regarda autour d'elle. Et se demanda où était le prochain village.

***

Pidgeonboy considéra son butin. Son butin n'était pas énorme.

"Rhâ, mais quel crétin je fais ! J'aurais dû prendre les cent soixante-et-une pièces d'or et des poussières auxquelles j'avais droit !", il soupira. "Je vais devoir me trouver un petit boulot pour financer ma nouvelle vie d'aventures..."

Il considéra ses options.

Bon, il avait vraiment besoin d'argent parce qu'il avait déjà perdu les trois quarts de ses dagues. Ce n'était pas sa faute, pas vraiment. Il s'était retrouvé pris dans un piège, une cheville généreusement ficelée et la tête en bas - ce qui lui avait rappelé l'importance de vérifier s'il y avait des pièges avant de s'aventurer quelque part. Ce qui était un rappel appréciable : sa nouvelle vie d'aventures allait redémarrer sur des bases solides. Le temps qu'il s'échine sur la corde, la moitié de ses possessions avait profité de la distraction pour foutre le camp de ses poches.

Il avait aussi essayé de voler des passants, mais il était rouillé. Ce n'était pas facile de retomber dans le vol à la tire, surtout qu'il y avait toujours été passable, au mieux. Il s'était fait prendre deux fois sur deux et bon, un œil poché et une joue ecchymosée, c'était assez pour aujourd'hui en termes d'accomplissements ratés. D'ailleurs, s'il s'y essayait de nouveau, il choisirait des cibles moins baraquées. Personne n'avait cru bon de le reconduire aux autorités locales, tellement il était nul en tant que voleur.

Pidgeonboy décida d'aller consulter le Babillard.

...Il devait bien y avoir un petit boulot honnête pour les gens qui se retrouvaient un peu obligés de changer de carrière ?

***

Shmae Girl marcha jusqu'au village suivant. Il y avait une technique pour ces choses-là, c'était la simplicité même. D'abord, il lui fallait une auberge - elle trouva Le Citron Limette, spécialité : citronnade à l'ancienne. Ensuite, il lui fallait une table - elle s'installa à celle du coin et s'assura d'être en mesure de voir toute la salle d'un seul coup d'œil. Elle commanda un petit encas et une citronnade pour s'attaquer à l'étape suivante, parce que l'étape suivante, c'était attendre et attendre, ça pouvait être lo-

"Qu'est-ce qu'une demi-déesse comme quoi fait dans une auberge comme celle-ci ?", murmura une voix à son oreille.

Une voix amusée, un brin rauque, mais quand même douce. Shmae Girl se retourna.

"Papy !"

Il lui sourit, descendit ses lunettes de protection dans son cou et commanda lui aussi une citronnade. Il passa une main dans ses cheveux blancs en broussaille, ce qui servit surtout à les mettre encore plus en broussaille.

"C'est fait."

Il avait la fâcheuse habitude de ne jamais vraiment poser de questions, comme s'il connaissait déjà toute les réponses.

"Bah... oui. Ils n'étaient plus contents d'être ensemble."

Les citronnades furent servies, ils trinquèrent.

"Hm, encore meilleure que dans mon souvenir", il soupira. "Tu vas faire quoi ?"

Cette fois-ci, il posa une question franche : il était curieux d'entendre la réponse qu'elle allait lui faire. Shmae Girl haussa les épaules.

"Je vais attendre.

- Ça pourrait être long...

- Ce n'est pas grave", elle but une gorgée de citronnade, sourit. "J'ai le temps !"

(12 mars 2010)

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