Les Losers! > Les idées bleues [3/7] > Almost Self-Rescuing Princess

Mar 27, 2010 11:34

Anthologie: Les idées bleues
Titre: Almost Self-Rescuing Princess
Auteurs: drakys & supaidachan
Fandom: Original > Les nouvelles aventures des Losers!
Personnages: les Losers !
Rating: PG
Nombre de mots : 3499 mots
Disclaimer: ironie & bas blancs (drakys & supaidachan)
Notes: Tout est ici. Posté pour flo-nelja dans le cadre d'ecrirepouraider. Basée sur une idée sur une idée de Leini, pendant un voyage vers ou depuis Hamilton, à l'automne 2008 si ma mémoire ne me trompe pas. Cette fic aurait également été à chier sans supaidachan pour trouver toutes les idées de plans foireux.

Pidgeonboy revint à la course, avec l'expression de quelqu'un qui allait les plonger dans une merde pas possible (les autres connaissaient bien cette expression, elle apparaissait sur son visage en moyenne 3.1416 fois par jour sur son visage). Il secoua un papier au-dessus de sa tête, pour le déposer ensuite sur la table, gardant la main plaquée dessus pour ne pas ruiner la surprise tout de suite.

"Vous allez adorer, j'ai trouvé une quête à notre hauteur ! La récompense est géniale, bref ! On va pouvoir vite fait bien fait s'acheter des provisions, retraverser le marais et te débleuir vite fait bien fait aussi, Silent P !

- Tu vas vendre ton corps à l'alchimie ?", demanda Spider-chan.

"Ou alors c'est le formulaire de libération de tes droits fondamentaux pour qu'on puisse te vendre comme esclave ?", voulut savoir Carpet-Vale.

Elle essaya de voir de quoi parlait le papier ; le voleur fit la moue et plaqua son autre main sur sa trouvaille pour l'empêcher de le lire.

"...Pourquoi vous devez toujours tout ruiner ?", demanda-t-il.

"Parce que, franchement, tu ne fais que ramener des quêtes pourries", commenta Esoj sans lever les yeux de sa salade.

"Au moins je fais des efforts pour trouver quelque chose, c'est pas comme vous !

- J'ai ramassé quelques pièces auprès de l'herboriste local en l'aidant à préparer des potions", souligna la druide.

"On m'a promis cinq pièces d'or pour aider la garnison locale à réparer une brèche dans leur muraille", rappela Silent Pascal.

"Et moi, ça fait au moins trois pièces d'or qu'on me donne pour-

- Bon, ça va, j'ai compris, vous faites des efforts !", interrompit le voleur. "Mais vous ne voyez pas assez grand. À ce rythme-là, on va rester coincer ici pendant des mois ! Tu imagines devoir rester bleu pendant des mois, hmmmm ?

- Je peux très bien vivre sans me l'imaginer", siffla Silent Pascal.

Le voleur réalisa qu'il risquait de provoquer un échange désagréable et préféra continuer avec son parchemin.

"Ta dah !", s'exclama-t-il, tout sourire, en dévoilant le papier.

Les autres se penchèrent au-dessus.

"Sauver une princesse ?", Silent Pascal haussa un sourcil. "Ce n'est pas un peu...", il chercha le bon mot.

"Un peu basique ?", offrit Esoj. "C'est la simplicité même, ce genre de quête, on envoie Carpet-Vale devant, elle charme le kidnappeur et pendant ce temps, hop là !, on récupère la princesse fissa en laissant Shmae Girl tapocher les gardes, pour lui donner un peu de bon exercice sain, histoire de s'assurer qu'elle dorme sa nuit complète.

- Bon, bah ça ne nous prendra pas trop de temps alors ! Et c'est quand même cinquante pièces d'or qui iront directement dans le financement de notre prochaine expédition !

- Seulement cinquante pièces d'or ?", commenta Carpet-Vale. "Il ne doit pas être trop fou d'elle, celui qui veut récupérer cette princesse..."

***

"En servante !

- En femme de chambre !

- En servante !

- C'est moi qui me costume et je veux être une femme de chambre !", insista Carpet-Vale. "Les femmes de chambre, c'est ce qu'il y a de mieux pour faire craquer les kidnappeurs !

- Et nous", siffla Esoj, "on a trouvé un costume de servante, ce qui tombe assez bien d'ailleurs, parce que c'est d'une servante qu'ils demandent au château, dans la petite annonce qu'ils ont passé sur le babillard !"

Carpet-Vale fit la moue.

"J'aimerais mieux une femme de chambre..."

Moins d'une demi-journée plus tard, elle revint en furie.

"Je vous l'avais bien dit, il m'aurait fallu un costume de femme de chambre !

- Tu as été congédiée ? ...Déjà ?", s'étonna Esoj.

"C'est ma faute à moi, peut-être, s'ils voulaient que je- que je- passe le balai !", s'indigna Carpet-Vale. "J'aurais pu me briser un ongle !"

Des grognements suivirent. Finalement, sauver une princesse se révélait plus compliqué que prévu.

***

"Je sais !", s'exclama Pidgeonboy. "On va utiliser mes pigeons !"

Des grognements suivirent.

"Non, attendez, vous allez voir ! C'est génial comme idée ! Ils feront le guet et tout ! Ils nous avertiront si quelqu'un arrive pendant qu'on essaie de se glisser dans le château !"

Les autres acceptèrent, mais sans y mettre beaucoup de cœur. Avec raison, parce que les pigeons n'écoutèrent pas leur maître, volèrent jusqu'au parc le plus près et se gavèrent du pain sec que leur lançait un vieil homme. Pidgeonboy les poursuivit, leur expliqua encore le plan.

Les pigeons roucoulèrent.

Le voleur haussa un sourcil.

"Comment ça, je devrais me séparer les cheveux sur la droite !? Ça n'a rien à voir ! Vous devez faire le guet !"

Les pigeons roucoulèrent de nouveau. Un tic nerveux fit frémir une oreille de Silent Pascal.

"Tu es... certain que tu parles à tes pigeons ?

- Bien sûr que je- Oh merde, excusez-moi", il s'adressa aux pigeons, qui roucoulèrent. "Désolé, je croyais que vous étiez- Quoi ? Non, je n'ai pas de pain !"

Le plan échoua quand le voleur se retrouva poursuivit par une nuée de pigeons avides qu'on leur donne des miettes de pain.

***

"Hé", fit Shmae Girl, fronçant les sourcils.

Ils s'interrompirent, au cas où une idée brillante allait prendre le risque de s'aventurer dans le cerveau de la guerrière.

"Et si... et si on allait demander au kidnappeur si on pouvait ravoir la princesse ?", suggéra-t-elle.

Silence.

Et un peu plus de silence.

Et Pidgeonboy continua avec une autre idée.

"J'ai une autre idée !"

Il l'expliqua. Ils la mirent à exécution. Après tout, qu'est-ce qui pouvait bien échouer avec un bon vieux plan classique comme de creuser un tunnel sous le mur du château ? Avec l'aide d'un peu de magie et d'un peu d'huile de coude, les travaux avancèrent en vitesse. Esoj consulta son plan.

"Je crois que ça va, on doit être assez près de l'entrée de service."

Ils continuèrent à creuser, mais vers le haut cette fois. Ils percèrent le sol et le demi-elfe sortit à moitié du trou, réalisa bien vite qu'il n'était pas au bon endroit. Silent Pascal dévisagea le vieil homme, essaya d'ignorer le fait qu'il était complètement nu et que sa femme - beaucoup beaucoup plus jeune que lui, ce n'était peut-être pas sa femme - était complètement nue elle aussi. Le demi-elfe s'éclaircit la gorge.

"...Je ne suis pas dans les murs du château, n'est-ce pas ?

- Pas vraiment, non. Je suis le teinturier."

Une pause.

"C'est près du château, par hasard ?

- Non, c'est un demi-kilomètre à l'est.

- Merci. Et euh, désolé pour la surprise. Et le trou."

Silent Pascal se pencha et cria l'information aux autres. Ils continuèrent à creuser. Esoj confirma encore :

"Ça doit être ici alors..."

Le tunnel remonta, le sol fut percé, Silent Pascal s'extirpa à moitié du trou. Il examina les environs et toussa discrètement pour attirer l'attention du vieil homme nu - et des deux femmes avec lui.

"Le château ?", demanda-t-il.

"Cent cinquante mètres au sud-est. Si vous avez besoin d'une autre pelle, hein, n'hésitez pas ! J'en vends de très bonnes !

- Merci de l'information. Désolé du dérangement."

Répétition de la routine. Silent Pascal ferma les yeux, les visions de vieux hommes nus commençaient à le saouler. Il s'en voulut presque de ne pas pouvoir fermer ses oreilles, les bruits de succion n'étaient pas tellement plus géniaux à entendre.

"Er- Où est le château ?

- Vous venez de le dépasser.

- D'accord, merci."

Silent Pascal redescendit dans le trou et soupira.

"Ce plan est officiellement à chier."

Ils y mirent donc fin.

***

"Et si on utilisait une catapulte ?", proposa Pidgeonboy. "Oui, regardez !"

Il scribouilla sur un bout de parchemin et le leur montra fièrement. Il pointa.

"On s'installe là, un par un et zouuuuh ! Par-dessus le mur ! Juste à jeter un lasso sur ce levier- Hé !"

Silent Pascal venait de lui arracher son dessin. Il le passa à Carpet-Vale qui le réduisit en cendres.

"Bon alors, j'ai aussi pensé à une machine volante...", commença à proposer Pidgeonboy.

"Ta gueule !", firent les autres en chœur.

"Il y a toujours-

- Non !", le coupèrent les autres.

"On pourrait vendre des gâteaux !

- N- Minute, des gâteaux avec des somnifères dedans ?", s'informa Esoj.

"Oui ! Pour endormir les gardes !", s'enthousiasma Carpet-Vale.

Le plan fut mit en branle. Les gâteaux furent cuits et la quantité nécessaire d'herbes soporifiques incluse dans leur préparation. Le problème survint quand ils voulurent se rendre au château pour les vendre : les gâteaux avaient disparu... et Shmae Girl dormait à poings fermés. Il fallut se rendre à l'évidence.

"D'accord", admit Pidgeonboy. "C'était une idée de merde. J'aurais dû penser que ça finirait comme ça."

***

"Le plan est simple cette fois, oublions la subtilité", leur assura Pidgeonboy, ce qui les convainquit aussitôt que le plan était long et compliqué, avec quatre-vingt-trois pour cent de chance d'échouer lamentablement. "On se hisse par-dessus la muraille grâce à ce grappin et cette corde, on glisse à terre de l'autre côté en évitant d'être surpris par les gardes. On court ensuite en silence jusqu'à la chambre de la princesse en évitant d'être surpris par les gardes. Shmae, tu t'occupes de nous débarrasser des gardes pour ne pas qu'on soit surpris, Spider-chan, tu t'occupes d'empêcher Shmae de faire trop de bruit pour que d'autres gardes nous surprennes, Esoj, tu-

- Je peux voir le plan du château ?", l'interrompit Silent Pascal.

"Je parlais", fit remarquer leur leader.

"Oh, vraiment ? Je pensais bien que le fond de l'air puait aussi", rétorqua le demi-elfe, à bout de nerfs, en tendant la main. "J'ai dit : donne-moi le plan", répéta-t-il.

Pidgeonboy le lui tendit de mauvaise grâce et Silent Pascal l'étudia soigneusement. Il le déposa sur la table et pointa un endroit sur le mur nord.

"C'est là que j'ai aidé à réparer une brèche. Les travaux sont récents, il y aura moins de gardes parce qu'ils croient que l'endroit est sécuritaire, mais j'ai vu comment ils travaillaient, c'est bâclé. On peut facilement créer une ouverture discrète si on travaille en silence. À partir de là, il y a cinquante pas jusqu'à une porte de service qui donne dans la cuisine.

- Oh ! Et à partir de la cuisine", enchaîna Esoj, "je sais qu'il faut suivre un couloir, passer deux embranchements et tourner à droite pour aller jusqu'à l'herboristerie. J'ai remarqué un escalier qui doit mener aux chambres principales : la chambre des domestiques est juste en dessous.

- Et il n'y a pas gardes dans ce couloir, mais j'en ai vu quelques-uns dans le couloir des chambres principales", leur assura Spider-chan. "Celle de la princesse est la chambre sur la droite, j'ai entendu des rires de femme quand je suis passée par là."

Les autres lui lancèrent des regards surpris.

"Quoi ? Vous croyez être les seuls à avoir essayé de gagner un peu d'argent ? Le majordome est obsédé par les elfes à un point tel que ça en est presque dérangeant ! Il m'a donné une poignée de pièces pour lui raconter une ou deux vieilles légendes moisies et il a sa chambre attenante à celle du prince, qui est la chambre à gauche !"

Personne n'osa répliquer quoi que ce soit.

"...Minute, on a tous bossé dans le château ?", voulut confirmer Esoj.

"Non, pas moi-", commença Pidgeonboy.

"C'est sûr, ils n'admettent quand même pas n'importe qui au château", le coupa Silent Pascal. "Et puis, il aurait fallu que tu fasses autre chose que passer tes journées devant le babillard local à bêtement attendre la Super Ultime Quête Of Doom, Mais Pas Trop Dangereuse, Qui Paye Trop Méga Top Bien Avec le Moins de Chances de se Faire Tuer", il s'adressa ensuite aux autres. "Bon alors, en résumé : brèche, cuisine, petit escalier, il faut être prêt à réduire un petit nombre de gardes au silence et hop, on récupère la princesse et on file en sens inverse."

Pidgeonboy fit la moue.

"J'aurais pu échafauder un plan comme ça si vous m'aviez laissé le temps !

- Oui, bien sûr", rétorqua Silent Pascal. "Mais tu vois, ça ne me tente pas tellement de rester bleu pendant des années."

***

Le plan qui n'avait pas été échafaudé par Pidgeonboy se déroula presque sans accroc. Le couloir se révéla grouillant de gardes et les Losers !, en derniers recours, décidèrent de redescendre, de faire très peur à une pauvre domestique avant de la museler, de la ficeler et de sortir par sa fenêtre. Quelques notions de base d'escalade et un Paf ! causé par Pidgeonboy tombant sur le derrière après une première tentative pour grimper le mur plus tard , ils durent confronter une grande fenêtre.

"Il va falloir la briser", chuchota Silent Pascal. "Ça va faire un boucan d'enfer.

- Minute...", Carpet-Vale examina le verre, le tapota d'un doigt et conjura une flamme.

Elle approcha sa main de la fenêtre et avec un sourire peut-être un peu trop enthousiaste, la fit fondre en quelques micro-secondes de feu intensément très intense. Ils se glissèrent à l'intérieur sans faire trop de bruit, jusqu'à ce que Pidgeonboy se prenne le pied dans une table, sans pouvoir retenir un Ow ! et un Non mais, c'est quoi l'idée de mettre une table là !?

La princesse se redressa aussitôt dans son lit, échevelée et encore majoritairement endormie. Elle repoussa derrière son oreille une mèche blonde et haussa un de ses fins sourcils, jetant un coup d'œil ébahi aux envahisseurs de sa chambre.

"Que faites-vous en ces lieux ?", s'écria-t-elle. "Êtes-vous déments ? ...Qui êtes-vous, surtout ?

- Nous sommes vos sauveurs !", annonça fièrement Pidgeonboy.

Il s'attendait à une réaction correcte, normale : une crise de larmes, par exemple. Ou alors, à ce qu'elle se jette à son cou en le remerciant en boucle, à l'infini. ...Possiblement même avec un petit baiser de rien du tout, plein de reconnaissance, allez-y mademoiselle, ne vous gênez pas, personne n'en saura rien ! Elle se contenta de les dévisager tour à tour, avec une expression définitivement surprise, généralement calme et même pas un peu encline à hurler pour appeler les gardes (au grand dam de Shmae Girl, qui aurait aimé pouvoir taper sur quelqu'un).

"Vous ignorez donc qu'en situation pareille, c'est à un prince charmant, sur son fier destrier blanc et tout le tralala auquel je pourrais espérer avoir affaire ? Pas à un imbécile et sa troupe de joyeux lurons ! Quelle raison avez-vous de vouloir me sauver ? Je suis ici chez moi, figurez-vous !"

Il y eut un moment de silence, assez long, assez gêné, pendant lequel furent considérées quelques questions essentielles.
"Vous êtes chez vous ?", demanda enfin Spider-chan, se faisant la voix des autres.

"Oui ! Enfin... presque ! Je suis chez mon fiancé, mais nous devons nous marier dans deux jours !"

Un moment de malaise suivit. Pidgeonboy fouilla dans sa poche et retrouva son papier annonçant la quête. Il le tendit à la princesse.

"C'est que, voyez-vous, nous répondons à cette publicité. Il est clairement spécifié là-dessus qu'on vous a enlevée et que vous devez être retournée à votre fiancé. Votre, euh... vrai fiancé."

La princesse alluma une bougie et lut lentement le papier. Elle le relut, pour être certaine. Elle le relut encore une fois, pour être certaine d'être certaine. Et une troisième fois, pour être vraiment certaine d'être absolument et complètement très certaine. Elle froissa le feuillet dans son poing, tremblante de rage.

"Oh, le- le-!", elle se redressa et se rappela à temps de relever sa robe de nuit et de la tenir correctement fermée sur sa poitrine, au grand dam du voleur. "Et bien, vous lui direz que je mérite bien plus qu'une misérable récompense de cinquante pièces d'or !"

Elle souffla la bougie, se laissa retomber sur son lit et leur tourna résolument le dos.

"Quand vous vous déciderez à partir", siffla-t-elle, "ayez l'obligeance de passer chez l'intendant pour lui demander de faire remplacer la fenêtre !"

***

"Bravo !", le félicita Spider-chan avec humeur. "Tu aurais pu vérifier si l'information était valide avant de nous lancer dans cette aven- dans ce grand cafouillage !"

Ils étaient de retour à l'auberge, après un détour rapide chez l'intendant du château pour lui laisser une note lui recommandant de remplacer la fenêtre fondue dans la chambre de la princesse.

"Cinquante pièces d'or !", se lamenta Pidgeonboy.

"Oh, tais-toi !", grinça Esoj. "Si nous ne t'avions pas écouté-

- M'écouter ? Vous ne m'écoutez jamais ! À quoi ça me sert d'être votre leader, si vous ne m'écoutez jamais !

- Justement", sourit Spider-chan. "Peut-être que nous avons besoin d'un nouveau leader.

- Un nouveau leader !", hurla le voleur, insulté. "Et tu penses que tu es qualifiée, espèce de-

- ...J'ai une idée", intervint Silent Pascal avant que la situation s'envenime trop.

Les Losers ! s'interrompirent aussitôt. Ils aimaient les idées. Surtout s'ils pouvaient blâmer celui qui l'avait eue dès qu'elle ne fonctionnait pas. Un silence presque religieux s'installa. Le demi-elfe sourit et appuya ses coudes sur la table, joignant les mains sous son menton. L'obscurité de l'auberge et sa peau bleue lui donnèrent une expression conspiratrice, un peu démoniaque même et infiniment fière d'un coup tordu à faire.

"Nous avons besoin d'argent-

- On sait, pas besoin de nous le rappeler", l'elfe roula des yeux. "Peut-être que tu pourrais abréger et-"

Silent Pascal lui lança un regard qui réussit à la faire taire. Il continua :

"D'un côté, il y a un prince qui n'a pas la princesse. De l'autre, il y a un autre prince qui a la princesse. Et bien sûr, il y a la princesse. Si on l'enlève et qu'on la rançonne, on gagnera bien plus de cinquante pièces d'or. L'un ou l'autre des princes nous donnera une belle somme pour la ravoir."

Il y eut un silence, moins religieux qu'avant, surtout parce qu'il cheminait vite vers l'horreur.

"Mais on n'a jamais fait ça !", s'indigna Esoj.

"Justement. On aura la chance des débutants de notre côté.

- Je suis pour !", s'exclama Shmae Girl. "Quoi ?", fit-elle, voyant les regards pointés sur elle. "Ça va être amusant !"

Discussions, menaces, interruption pour aller aux toilettes, autres discussions, menaces supplémentaires suivirent et après un casse-croûte impromptu pour se refaire des forces, de nouvelles discussions réussirent à décider tout le monde.

***

Toc toc toc.

Rien.

"Elle n'entend pas...

- Cogne plus fort !"

TOC TOC TOC.

"Ah !"

La princesse s'approcha de la fenêtre, ébahie de revoir les aventuriers de la veille. Elle ouvrit la fenêtre et se demanda un instant qu'elle était la salutation de circonstance à faire à des gens qui cognaient à votre fenêtre au beau milieu de la nuit.

"Oui ?

- C'est pour un enlèvement", annonça Pidgeonboy, tout sourire.

Silence. La fenêtre faillit se refermer avec un claquement ; Silent Pascal la bloqua.

"Ce n'est pas une blague", lui assura le voleur.

Il y pensa, se força à adopter une expression qu'il espérait méchante, et ajouta en désignant Spider-chan et son arc :

"J'ai une elfe et je sais comment m'en servir !"

La princesse éclata de rire.

"Vous croyez que je vais-"

Une flèche siffla, passant assez près d'elle pour lui faire comprendre que ce n'était vraiment pas une blague et juste assez loin pour lui faire réaliser que Spider-chan avait généreusement décidé de la laisser vivre. Silent Pascal passa à l'intérieur et sourit.

"Je vais vous ligoter et vous bâillonnez, avec respect bien sûr. Si vous criez, par contre, je pourrais être tenté d'être moins respectueux."

La princesse acquiesça d'un hochement de tête.

"Tout cela est fort excitant !", les félicita-t-elle dans un murmure. "Vous faites ça souvent ?

- Pas trop, non."

Ils revinrent à l'auberge en catimini et Esoj s'empressa de rédiger deux lettres de rançon à envoyer aux princes. Les premières réponses ne se firent pas trop attendre. La princesse y jeta un coup d'œil. Son vrai fiancé offrait cent pièces d'or pour son retour, son faux cent vingt. Elle leva le nez.

"Est-ce là toute la valeur que j'ai à leurs yeux !?", s'indigna-t-elle. "J'exige que vous refusiez ces offres !"

De nouvelles lettres furent envoyées, de nouvelles réponses reçues. Les sommes offertes furent refusées net par la princesse. Autres lettres, autres réponses, autres refus. Le vrai fiancé fit une offre finalement de cinq cent dix-huit pièces d'or, le faux en offrit cinq cent trente-trois. La princesse fronça les sourcils, considérant les deux lettres.

"C'est-

- Généreux ?", proposa Pidgeonboy, s'imaginant déjà les poches remplies de pièces d'or.

"C'est-

- Merveilleux ?", offrit cette fois Pidgeonboy, se demandant comment on se sentait quand on possédait autant d'argent.

- C'est une ignominie !", se scandalisa la princesse.

Elle se redressa de toute sa hauteur et déchira les offres finales.

"Je vous offre mille pièces d'or pour ma liberté !", annonça-t-elle. "Je trouverai bien ailleurs un mari qui saura réaliser qu'il est impossible de mettre un prix sur la personne qu'on aime !"

Les Losers ! acceptèrent et elle les paya. Ils l'aidèrent à préparer un sac de voyage et l'escortèrent jusqu'à la sortie de la ville. Elle les salua et les remercia de l'avoir sauvée d'un mariage ridicule avec l'un ou l'autre de deux princes radins.

Pidgeonboy, depuis qu'ils avaient reçu l'argent, ne s'était évanoui que douze fois. Silent Pascal le traîna sur son épaule pendant qu'ils achetaient des provisions vite fait, bien fait et continua de le traîner sur son épaule jusqu'à ce qu'à leur tour, ils quittent plutôt rapidement la ville. L'endroit allait certainement devenir insupportable bientôt, avec deux princes qui restaient sans nouvelles de leur princesse.

(20 février 2010)

univers : les losers!

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