Anthologie: Sansonneries
Titre: D'une forme à l'autre
Auteurs: drakys & supaidachan
Fandom: original > les nouvelles aventures des losers!
Personnages: sanson, zahid, noir et deriner
Rating: PG
Disclaimer: ironie & bas blancs (drakys & supaidachan)
Notes: tout est
ici.
"AAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH!"
Le hurlement réveilla plusieurs des nains environnants, sinon tous, et Deriner, en chemise de nuit, toutes tresses défaites, ne fut pas la première à arriver sur la scène. La scène en question regroupait quelques éléments auxquels les Ouestants étaient accoutumés et auxquels ils ne prêtaient plus vraiment attention: la dalle sur laquelle était la Pierre de Vœux et la Pierre de Vœux elle-même, par exemple.
Le truc étrange, et assez drôle quand même, c'était l'humain complètement nu qui se grattait la nuque avec une gêne évidente. Il était assez bien fait, pour un humain s'entend, avec des cheveux châtains qui ne semblaient pas avoir vu de ciseaux depuis longtemps, une barbe à couper au plus vite et des yeux clairs qui pétillaient pour l'instant de pas grand chose d'autre que d'embarras.
"Ça va, désolé, tout va bien!", essaya-t-il de rassurer tout le monde, ou peut-être de se rassurer lui-même. "J'ai cru pendant un petit moment que j'étais devenu un monstre, ha ha!"
Les nains n'avaient pas l'air de trouver sa constatation aussi drôle que lui. Trois ou quatre d'entre eux esquissèrent même des mouvements soutenus vers leurs haches, histoire de peut-être détacher de son cou cette tête qui avait crié assez fort pour réveiller à peu près tout le monde, sauf les morts.
Le rehven lui tomba dessus, atterrissant sur son dos en criant Sanson, Sanson~! avec enthousiasme. Il s'était laissé tomber depuis une crevasse au plafond, se transformant de corbeau à garçon dans la chute. Le pauvre Sanson dû faire un effort pour ne pas s'étaler dans la poussière tête première. Deriner s'approcha à son tour, hésita et demanda finalement:
"San... Sanson?"
L'humain hocha la tête et la Ouestante se jeta sur lui pour lui secouer une main dans les siennes.
"Ça alors, par le manche de mon Avro! C'était donc vrai, Noir et Zahid ne racontaient pas n'importe quoi!"
Sanson ne s'offusqua pas de ses doutes: comme beaucoup d'autres, pour elle aussi il n'avait été qu'un simple écureuil noir. Elle se tourna vers les autres, lançant des regards méchants à ceux qui tâtaient avec insistance les manches ou la poignée de leurs armes. Deriner ajouta dans leur direction un index menaçant:
"Le premier qui s'avise de toucher à un seul cheveu de ce garçon devra m'écouter lui lire mon traité sur l'entretien et la reproduction des plantes vivaces en terrain rocailleux durant l'hiver quand l'apport de soleil est à son plus faible!"
Les nains reculèrent tous comme un et comme leur intérêt commençait à s'émousser, que des bâillements étiraient les bouches et que les yeux demandaient à être refermés, Zahid apparut derrière Sanson, sans que personne ne voit d'où il était venu ou même depuis quand il était là. Il tira de sa manche une couverture qu'il jeta sur la tête de l'ex-écureuil noir, il en étira les bords jusqu'à ce qu'elle grandisse assez pour tomber jusqu'au sol.
Noir, jouant parfaitement l'assistant, sautilla autour de Sanson et de la couverture qui le recouvrait, chantonnant haut et fort:
"Humain à nouveau, à nouveau lui-même~! C'était un écureuil et puis là, tra la la, c'est un homme~!"
Avec un clin d'œil joueur à l'audience, Zahid enleva l'étoffe d'un mouvement rapide, révélant le jeune prince. Le rehven couina de plaisir. Rasé de près, cheveux en ordre, vêtu avec goût, Sanson avait maintenant la tête qu'il fallait pour tenir son rang. Le djinn s'inclina devant lui comme les nains se dispersaient pour rejoindre leurs lits.
"Et bien, et bien, bon prince, mon prince, voilà enfin la fin de ce que tu me dois!"
Sur le visage nouvellement humain de Sanson, une expression toute tristounette s'installa.
"Tu ne viendras pas avec moi sauver mon royaume?", demanda-t-il d'une toute petite voix, tapotant ses index ensemble.
Zahid secoua la tête, sourit beaucoup et le rassura:
"Oh, mais mon petit princeau", commença-t-il en lui jetant un énième de ces regards très verts et très mystérieux. "Tu n'as pas besoin de moi pour cette aventure-là!"
Il lui fit une révérence, une sans irrévérence, et il laissa Deriner venir lui agripper la main encore. Elle le tira derrière lui et comme pas grand chose ne pouvait résister à une naine qui vous tirait en avant, il la suivit, jetant un dernier regard au djinn, qui agitait un mouchoir dans sa direction.
Quand il fut certain que plus personne ne regardait vers lui, Zahid s'empressa de se pencher vers la Pierre et il lui murmura quelque chose d'une voix à peine audible. Il tendit l'oreille, une expression parfaitement concentrée au visage. Il redressa soudain la tête, un grand sourire aux lèvres et se dépêcha de rejoindre les autres.
"Noir, mon cher, très cher ami le rehven", commença-t-il d'une voix caressante. "Que dirais-tu de me payer maintenant pour la liberté que je t'ai rendue autrefois?"
Le garçon leva vers lui son regard noir, terriblement noir et lui sourit. Au fond, il était plutôt content que Zahid lui demande de le payer si tôt: il allait pouvoir rentrer chez lui maintenant! Sa maman devait se demander pourquoi il avait si longtemps quitté le nid!
"Quel paiement veut mon djinn sauveur~?"
Le visage de Zahid se fendit d'un sourire étrange.
"Tu as bien vu cette Pierre avec laquelle notre ami Sanson, prince d'une terre lointaine, est redevenu humain?", questionna-t-il de sa voix douce, se penchant vers Noir jusqu'à presque effleurer son oreille de ses lèvres. "Et bien, je la veux", lui dit-il quand le rehven hocha la tête.
Noir se recula, sourcils froncés.
"...Tu veux que je la vole?", demanda-t-il et dans sa voix perçait toute la répugnance qu'il avait à accomplir cette tâche.
Zahid secoua la tête.
"Oh non, mon doux Noir! Je veux que tu fasses ce que les tiens font et rien de plus: je veux que tu me la rendes, elle m'appartient!"
Le rehven sembla aussitôt intéressé.
"Tu l'as perdue depuis longtemps?"
Le masque qu'était le visage du djinn glissa un instant et révéla une tristesse inhabituelle. Il se reprit aussitôt, presque gêné de la faiblesse malvenue, et replaça un sourire amusé sur ses lèvres.
"Oui, depuis très longtemps."
***
"Zahid! Zahid!", appela le rehven en courant vers lui. "Tiens, tiens~!"
Dès que le djinn se retourna, il lui poussa un paquet dans les mains. Il lui lança un regard nerveux, jeta des coups d'œil à droite et à gauche et fit un bond, se transformant en corbeau. Croaaak!, avertit-il avant de s'envoler rapidement vers la sortie et Zahid hocha la tête.
"Je sais, je sais... Les nains n'apprécieront pas la disparition de leur caillou, hein?"
Il fit une courbette à personne en particulier et avoir s'être assuré que la Pierre était bien dans le carré de tissu, il s'éloigna le plus nonchalamment du monde, avec sur les lèvres le sourire de quelqu'un qui était le seul à connaître un secret.
Zahid souriait toujours quand il déposa devant lui le carré de tissu sur le sol, très loin des cavernes magnifiques des Ouestants. Avec beaucoup de précaution et gagnant soudainement en sérieux, il défit les coins pour révéler la pierre et murmurant des mots dans une langue incompréhensible, il serra le poing droit, faisant apparaître une fissure qui courut sur la surface de la roche.
Il continua son incantation, serra le poing gauche jusqu'à faire perler le sang sur sa peau pâle et la pierre se lézarda, révélant ça et là une lumière aveuglante. Le djinn continua à débiter le sort, oubliant tout sauf les mots qu'il avait appris au prix de grands périls. Il serra les deux poings en même temps, ses ongles déchirant un peu plus la chair de ses paumes, et un bruit horrible de craquement se fit entendre.
Projeté en arrière, Zahid roula comme une vulgaire poupée de chiffon avant de réussir à s'arrêter. Haletant et épuisé par la puissance du sort, il leva un regard plein d'espoir vers la pierre, qui n'était plus là. À sa place, il y avait un homme aux cheveux clairs en désordre, à la peau foncée, qui semblait tout juste émerger d'un long sommeil.
Il cligna deux ou trois fois des yeux, avant de révéler un regard pâle, bleu presque blanc, ou gris presque bleu, dans lequel perçait une certaine confusion. Il s'assit en tailleur, regarda à sa droite et à sa gauche, avant de fixer l'homme qui tentait de se remettre d'aplomb de ses yeux inhumains, couleur de nacre prit dans les reflets du soleil.
"Bonjour, ami Hilal!", salua Zahid en réussissant enfin à se redresser, lui faisant une petite courbette en tremblant sur ses jambes. "As-tu bien dormi pendant toutes ces années?", demanda-t-il en se laissant tomber assis sur le sol, incapable de rester plus longtemps debout.
L'autre djinn ouvrit la bouche et aucun son n'en sortit. Il fronça les sourcils, une pointe d'irritation laide parut un instant sur ses beaux traits. Il essaya à nouveau et cette fois, sa voix profonde et riche, bien qu'un peu rauque, laissa percer un certain amusement.
"Oh tiens, Zahid, pourquoi ne suis-je pas surpris de te voir là?
- Je t'avais bien dit que je ne te laisserais pas coincé dans cette prison!", sourit le djinn, tapant dans ses mains avec excitation et la satisfaction de la tâche bien accomplie.
"Et les autres?", demanda Hilal.
Zahid se rembrunit et en une seconde à peine, un sourire éclaira de nouveau son visage. Il vint poser un index devant ses lèvres, cligna de l'œil.
"Ce sera une histoire pour une autre fois!"
(22 novembre 2007)
---
Notes supplémentaires qui n'ont rien à voir avec l'histoire et qui, hmm, oui, sont peut-être une annonce, finalement:
Comme la Real Life et
ecrirepouraider s'entêtent à me prendre un peu (beaucoup) de mon temps, je n'ai pas encore terminé de réviser et finaliser la prochaine antho', Potions. Alors, hmm, je vais imposer une petite pause des Losers!, disons jusqu'à la mi-mai, le temps de passer un peu le balai, de laver les vitres, de ranger ce qui traîne dans Potions.
À ce moment-là, je passerai à une fic par semaine, histoire de ne pas flamber mon matériel (trop) rapidement. Ce qui, au moins (enfin, j'espère), devrait me permettre de boucler l'écriture des deux nouvelles anthologies qui sont pour l'instant éparpillées entre des retailles de papier, ma tête, celle de
supaidachan et une poignée de fichiers texte.