Edge > 3 > Free spirit, chained dog

Apr 27, 2008 19:47

Titre: Free spirit, chained dog
Auteur: drakys
Fandom: Soul Calibur UA > Edge
Personnages: Mitsurugi, Maxi, Xianghua, Kilik, Zhang Wu, Kyam, Kagekuni
Rating: R
Disclaimer: Namco pour les personnages, drakys, lai_choi_san et supaidachan
Nombre de mots: 4624 mots
Notes: Ici pour les persos. Écrit dans le cadre d'ecrirepouraider, pour lai_choi_san.

Mitsurugi reste debout pendant un moment, regarde dans le vide, il tient la serviette d'une main. Il jette finalement un coup d'oeil sur ses vêtements sur le banc. Il entend encore les cris de la foule, maîtresse difficile, qui se délecte d'un autre combat, qui regarde, avide, rapace, d'autres combattants s'entre-tuer. Le grondement étouffé par les murs résonne aujourd'hui étrangement pour lui, comme si maintenant, tout un monde le séparait de cette rumeur sourde qui était autrefois pour lui. Il a encore dans la bouche le goût de la Cage, un goût métallique comme le sang, doux comme la victoire et il reste comme engourdi après l'affrontement, son corps absorbant lentement la sensation qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps.

La sensation électrisante de risquer sa vie, sans se soucier de rien d'autre que de survivre une minute plus longtemps que l'adversaire.

Quelques minutes plus tôt, Tetsuya est entré précipitamment pour les rejoindre, Kagekuni et lui, il s'est penché vers l'Oyabun pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, avant de lui tendre son téléphone portable. Kagekuni n'a pris la communication que pour dire quelques mots, avant de la couper et de rester, pensif, à fixer le cellulaire. Son maître l'a ensuite laissé en arrière, dérangé par une affaire imprévue, et il lui a simplement recommandé de rentrer le plus vite possible.

Le Démon se secoue, retrouve le besoin de bouger, de retourner à cette vie loin de la Cage, et il éponge son visage, son cou. Il reprend et remet la chemise sans la boutonner entièrement, se contente de laissant pendre de chaque côté de son cou les pans de la cravate sans y refaire un noeud. Il prend le temps de piocher dans le réfrigérateur une bouteille de thé vert et il la débouche en sortant de la pièce, s'arrête le temps de prendre une longue gorgée.

Près de la porte, quelqu'un se tient dans l'ombre. Il le dépasse sans s'intéresser à lui, jusqu'à ce qu'une voix le pique:

"Hé senpai, on ne t'a jamais dit qu'un gentleman laisse gagner les dames."

Il connaît bien cette voix et il se retourne juste à temps pour éviter le coup de poing sans pitié qui se serait autrement écrasé contre sa pomme d'Adam. Il agrippe le poignet de Maxi, veut lui tordre le bras derrière le dos; Maxi se libère aisément et lui met un coup amical sur l'épaule. Mitsurugi gronde, ennuyé.

"Tout ce qui m'importe, c'est de devenir plus fort."

Maxi hausse un sourcil, penche la tête sur le côté, y pense un moment.

- Alors, tu t'envoies qui, dans ces circonstances, que des nanas qui te pilent sur les pieds? Hmm...", il hésite, pensif. "Laisse-moi deviner! C'est Chun-Li? Ou Mai Shiranui? Ça doit certainement bouger sous les draps!", il rit, amusé de l'image, mais l'autre homme n'a même pas le plus petit sourire aux lèvres.

Mitsurugi le plaque contre le mur, un avant-bras appuyé assez lourdement contre sa gorge pour l'empêcher autant de respirer que de bouger. Le geste n'est pas furieux, il veut seulement que Maxi comprenne qu'il a intérêt à rester à sa place. S'il n'est pas celui qui le lui fait comprendre, il est persuadé que d'autres se feront un plaisir de lui enseigner la même chose beaucoup plus violemment.

"Tu devrais apprendre à te taire.

- Tu devrais apprendre", réplique Maxi sur le même ton, le repoussant d'un geste rude. "Qu'un jour tu vas prendre une balle dont tu ne te relèveras pas."

Ces yeux vont, un instant, tracer du regard la cicatrice qui dépasse de la chemise de l'autre homme. Il lui prend la bouteille de thé froid et y vole une gorgée, regarde ailleurs; Mitsurugi prend le temps de refermer la chemise, de faire un noeud dans sa cravate avant de lui répondre.

"J'aurai l'honneur de mourir pour celui que je protège."

Maxi roule des yeux, peu impressionné par sa démonstration de fidélité.
"Tu sais comment tu es né?", siffle-t-il, ennuyé et il lui lance la bouteille à peine rebouchée. "Quelqu'un a dû découper un gros bout du bushido et trouver un moyen d'insuffler de la vie là-dedans! Comment autrement tu veux expliquer toutes ces conneries que tu fais?"

Mitsurugi ne lui répond pas, il secoue la tête et s'éloigne, Maxi le rattrape aussitôt, lui bloque le passage. Son expression suffisante déplaît à Mitsurugi, qui veut le contourner, mais l'autre homme ne lui en laisse pas la chance, se plantant devant lui avec insistance.

"Tu l'as trouvée comment, la petite?", demande-t-il.

"Je croyais que je me battrais contre toi", lui répond Mitsurugi, ignorant la question.
Maxi éclate de rire et veut lui donner un coup de coude dans les côtes, l'autre homme bloque machinalement.

"Oh, tu avais envie de perdre?", rétorque-t-il.

"Je ne me souviens pas avoir jamais été battu par toi", fait remarquer Mitsurugi et dans sa bouche, les paroles ne sont pas teintées d'arrogance ou de vantardise.

Un autre coup veut le faire taire, il l'arrête d'une main. Ils enchaînent les coups, sans raison, sinon celle de s'affronter. Sinon celle de tester les réflexes de l'autre. Mitsurugi reste sur la défensive, lance un crochet sans y mettre d'intérêt, que Maxi évite facilement. Maxi essaie un coup de pied rapide pour le déstabiliser, le fourreau de Shishi-oh l'arrête avant qu'il atteigne l'autre homme.

"Tu n'as pas répondu", Maxi s'amuse, essaie de lui faire échapper le katana.
Mitsurugi recule d'un pas et lui cède, un coup sans force lui effleure la joue droite. Il tourne la tête et hésite. Maxi recule, oublie aussitôt l'affrontement, beaucoup plus intéressé par l'expression lointaine de Mitsurugi. Il y a quelque chose dans ses yeux, une intensité particulière.

"...Elle aurait pu réussir à me tuer", dit-il lentement, son regard fixé sur rien en particulier.

Il y a l'ombre d'un sourire qui vient flotter sur ses lèvres, comme si cette idée faisait bouillir son sang d'excitation. Mitsurugi resserre son poing sur le fourreau de son katana, ses jointures blanchissent et il s'éloigne à grands pas, laisse Maxi derrière lui. Il se laisse distancer et croise les bras.

"Et bah dis donc, mon petit Washisuke", commente tout bas Maxi, avec une mesure de fierté. "Il y avait vraiment longtemps que je ne t'avais pas vu avoir un tel respect pour un adversaire."

***

Maxi lui jette une bouteille d'eau en entrant dans la pièce et Xianghua l'attrape au vol, la débouche et avale d'une longue gorgée la moitié de son contenu. Elle agite la bouteille dans sa direction et Kilik, près d'elle, essaie d'éviter la douche forcée.

"Tu ne m'avais pas dit qu'il était aussi vieux que toi! Avec tout ce que tu racontes, je croyais qu'il avait quelque chose comme cent cinquante ans, que c'était un vieux guerrier sage avec une barbiche blanche et des répliques débiles!", elle le pointe d'abord, gonfle les joues et croise les bras ensuite. "Et c'est le garde du corps d'oncle Yamaura! Si je l'avais tué, hein?"

Le nouveau-venu s'arrête et la dévisage, il entend encore les paroles de Mitsurugi, Elle aurait pu réussir à me tuer, il revoit son expression et il sourit.

"Tu es folle ou quoi?", et il éclate de rire, doit se pencher en avant, prendre appui sur ses genoux tellement ce qu'elle dit lui parait étrangement ridicule. "Tuer l'indestructible Mitsurugi? Tu comptes t'y prendre comment? Lui enfoncer une grenade dans la gueule et t'assurer qu'il l'avale?"

Xianghua fait la moue, n'aimant pas trop qu'il s'amuse autant à ses dépends.

"Qu'est-ce que tu lui trouves de si extraordinaire?", demande Kilik, curieux, et Maxi redevient sérieux.

"Vous savez...", commence-t-il et il se penche vers eux avec des airs de conspirateur. "Il...", il hésite, regarde à gauche et à droite, de peur d'être surpris, il étend ses bras autour de leurs épaules. "Il...", Maxi fait durer inutilement le suspense, quand Kilik et Xianghua sont tous deux suspendus à ses lèvres. "Il n'est pas vraiment humain, il est fait en mochi", admet-il finalement et le silence suit.

Maxi a un large sourire aux lèvres, plus que fier de sa révélation choc; les deux chinois échangent un regard, essaient de s'entendre dans le coup d'oeil du niveau de stupidité à associer à Maxi.

"Crétin!", la jeune femme plaque une main sur la poitrine de Maxi et le pousse en arrière. "Ce que tu peux être idiot!

- Tu suintes la reconnaissance de partout, dis donc!", rétorque-t-il en lui agitant un index devant le visage. "Tu crois que tu la dois à qui, ta petite virée dans la Cage, madame l'ingrate? Si je n'avais rien dit, c'est moi qui aurais fait un petit tour de piste avec le Démon et crois-moi", il se désigne du pouce. "Au moins je connais les pas pour le rendre dingue.

- Tu sais ce qu'elle te dit, l'ingrate?", sourit Xianghua, à moitié sérieusement, à moitié à la blague. "Je n'aurais pas à me plaindre beaucoup pour que bam!", elle claque les doigts. "Il t'arrive un petit accident malheureux!"

L'espace d'une seconde, Maxi paraît manquer d'air et il serre et déserre les doigts au-dessus de sa poitrine. Il cherche le souffle qui refuse d'entrer dans ses poumons ou veut calmer les battements désordonnés de son coeur, il la regarde en la suppliant silencieusement de l'aider. Kilik fait un pas dans sa direction, tend une main, comme pour les supplier d'arrêter leurs idioties, mais il s'arrête quand Maxi lui fait un clin d'oeil.

"Une- une menace!?", il l'agrippe soudainement par les épaules et la secoue sans force. "Qui êtes-vous! Et qu'avez-vous fait de la vraie Xianghua!?", il place le pouce et l'index aux coins de sa bouche et la force à entrouvrir les lèvres, jette un coup d'oeil à l'intérieur. "Xianghua, mon coeur, tu es encore quelque part là-dedans!?"

Même Kilik éclate de rire, mais il se calme rapidement quand Xianghua lui lance un regard clair: Ne prends pas pour lui! Le chinois secoue la tête, pousse un soupir et se laisse retomber sur un des bancs.

- Tu sais ce qu'elle te dit, Xianghua?", rétorque la jeune femme en se dégageant, sans perdre son sourire.

"...Qu'elle veut savoir ce que le Démon a pensé d'elle?", demande lentement Maxi après une hésitation trop longue.

La chinoise recule, surprise.

"Tu lui as parlé?", aussitôt, joint les mains et supplie. "Dis-moi, dis-le moi! Dis, dis!

- Hmm, peut-être plus tard, si tu es sage...", Maxi baille, s'étire. "Je suis crevé moi, hein, je ne suis plus de la première jeunesse, je crois que je vais rentrer...", il fait mine de s'éloigner et Xianghua le suit, lui martèle le dos des poings.

"Dis, dis, dis!", elle insiste, ponctue chaque répétition d'un coup rapide.

La voix de Maxi est saccadée quand il répond.

"Je ne sais plus, j'ai oublié. La mémoire lâche, à mon âge.

- Rhâ!", Xianghua lui saute sur le dos, l'étrangle de ses bras. "Tu me rends folle, espèce de crétin, idiot, imbécile!"

Maxi recule pour essayer de se libérer, parvient à dégager sa gorge, il retient les poignets de Xianghua. Elle glisse à terre et se libère; il se retourne à demi pour la retenir à nouveau. Ils luttent, Maxi arrive à l'épingler contre le mur et ses mains encadrent la taille de la jeune femme, il pousse son genou entre ses jambes.
"Tu crois que m'insulter va me délier la langue?", demande-t-il contre ses lèvres.
Il se recule précipitamment avant de se prendre un solide coup de genou dans l'entrejambe et il la pointe.

"Non non non! Ce genre de coup n'est pas légal!", et il recule encore, pour être bien certain qu'elle ne puisse pas l'atteindre. "D'accord, peut-être si j'avais tripoté ta poitrine, ou le peu que tu en as-", il s'interrompt, réalise soudain que son argument ne le place pas dans la meilleure position pour arrêter la guerre entre eux.

Il lève les mains devant lui quand elle s'avance, furie piquée par ses paroles.

"D'accord, du calme!", tente-t-il pour l'apaiser. "J'avoue tout!", promet-il et elle ralentit, croise les bras, tape du pied.

Maxi tousse dans son poing, continue avec un ahem, se concentre pour imiter Mitsurugi. Il croise les bras, plisse les sourcils pour faire un pli sévère entre et il hoche la tête, deux coups secs appuyés par un hm, hm d'approbation. Sa voix est plus grave quand il parle enfin:

"Elle a un joli petit cul."

Insultée, la jeune chinoise hurle une seconde, un cri strident et irrité et elle le pointe, l'accuse.

"Il n'a pas dit ça! Il n'a certainement pas dit ça!"

Maxi lâche un petit couinement lamentable, terrifié, et fuit se cacher derrière Kilik pour lui échapper. Soudainement obligé d'avoir un rôle à jouer dans leurs enfantillages, le chinois s'interpose et secoue la tête, espère que la situation entre eux ne dégénèrera pas d'une façon plus ridicule encore.

"Mais pourquoi vous êtes si obsédés par la Cage et par ce Mitsurugi!?", intervint-il, un peu désespéré. "Ces combats, c'est de la pure folie!"

Avec un grand rire, l'autre homme lui écrase une main sur la tête et lui ébouriffe les cheveux comme s'il était encore un gamin.

"Tu n'as pas le coeur assez bien accroché, mon p'tit gars!", lui reproche-t-il en riant.

***

Le coup le projette en arrière et il roule à terre pour éviter un coup de pied, se redresse d'un cran avant que le pied s'écrase dans son ventre, le retournant rouler dans la poussière, les déchets, l'humidité poisseuse des liquides qui tachent en ronds foncés le sol de l'allée étroite. Depuis les marches de l'escalier crasseux derrière le Fygul Cestemus, Zhang Wu regarde la scène sans sourciller. Près de lui, un homme plus jeune, plus nerveux agrippe la rampe, jointures terriblement blanches.

Zhang Wu jette un coup d'oeil à sa montre, secoue la tête.

"Ça fait cinq minutes, ça a dû le calmer."

Astaroth bouge la tête d'un geste sec, fait craquer son cou et il crache par terre. Il soupire, crevé d'ennui, et il se retourne pour faire face à Zhang Wu, frappe son poing droit dans sa main gauche et sourit méchamment.

"Ce petit con pensait pouvoir t'étaler? D'après moi, à ce niveau-là, il a besoin d'aide pour pisser.

- Avant de l'insulter", lui répond Zhang Wu, son ton parfaitement désinvolte, en désignant la ruelle derrière lui. "Je le mettrais KO pour de bon."

Maxi en effet se relève, crache à son tour un filet de salive mêlée de sang et il s'essuie le menton avec le bas de la paume, reprend position et lève devant lui ses poings aux jointures baignées de rouge.

"Peut-être que tu pourrais la boucler, le fringué? Et tu en dirais quoi, de venir te battre comme un homme, au lieu d'envoyer ton gros doberman sans cervelle?"

Un sourire mince, sévère, étire les lèvres de l'homme assis sur les marches et il se lève lentement, retire son veston qu'il tend à Astaroth. Le videur le lui prend des mains et secoue la tête, amusé.

"À part sa grande gueule, il n'a rien de très intéressant."

Zhang Wu prend tout son temps pour rouler ses manches.

"Que ce soit clair: c'est toi qui m'a provoqué", il lance un regard ennuyé vers son adversaire, l'évalue, critique. "Je n'aime pas me battre contre des ratés qui pensent avec leurs poings.

- Maxi", intervient le jeune homme resté sur les marches. "Arrête!", sa voix a quelque de chose de suppliant, de terriblement las, qui laisse supposer que ce n'est pas la première fois qu'il insiste à une scène pareille.

"Ferme-là, Kyam", lui répond l'interpellé en lui lançant un regard noir, le menaçant aussi clairement de silencieusement de venir l'étrangler s'il s'en mêle.

"Tu devrais écouter ton ami. Je crois que de vous deux, c'est celui qui est le plus censé", lui suggère Zhang Wu, insistant gentiment sur la stupidité de l'affrontement.
"Toi, quand je voudrai entendre ton avis, j'enlèverai ma queue de ta bouche!", siffle Maxi et Astaroth hurle de rire.

L'expression du chinois ne change pas et le videur s'appuie au mur de briques, il secoue la tête.

"Trois minutes", annonce-t-il simplement.

"Une et demi", le corrige Zhang Wu, après avoir examiné Maxi des pieds à la tête. "Deux, s'il est plus obstiné qu'intelli-

- Ça vous dérangerait beaucoup de vous intéresser à moi, plutôt que de parler comme si je n'étais pas là!?", interrompt Maxi avec humeur et un crochet rapide.

Le chinois l'évite facilement, soupire, il lui écrase son poing dans le ventre dans un mouvement précis, fluide. Il enchaîne avec un coup de genou au même endroit, quand Maxi est encore plié en deux.

"Ce n'est pas poli, d'interrompre les gens qui discutent."

Il lui met coup sur coup, sans paraître faire le moindre effort. Maxi bloque certains de peine et de justesse, encaisse les autres, essaie d'attaquer. Zhang Wu le laisse se fatiguer, ne prend même pas la peine d'arrêter les coups, se contentant de toujours se déplacer rapidement pour rester hors de portée.

"Si tu ne sais rien dire d'intelligent, apprends à te taire", lui dit-il, d'un ton sans réplique, avant de le calmer d'une droite précise, qui ne pardonne pas.

Pas tout à fait cent vingt secondes se sont écoulées depuis qu'il a lancé le premier coup et Maxi s'écroule, essaie par entêtement de se relever, mais son corps, cette fois, refuse de se prêter à l'exercice. Il serre la mâchoire, serre les poings et rassemblant ce qui lui reste de conscience fragile qui tient avec des fils prêts à se rompre, il arrive à se soulever de quelques centimètres. Un coup impitoyable salue ses efforts.

Kyam recule instinctivement quand Zhang Wu fait quelques pas dans sa direction, mais l'autre homme lève les mains en guise de signe de paix. Il s'incline poliment vers le témoin de la violente rencontre et fouille ses poches, en tire un porte-cartes. Il y pioche une des cartes au carton épais, couleur écaille d'oeuf, caractères noirs tracés avec des traits secs, inscrit rapidement quelque chose au verso et la tend au jeune homme en la tenant bien droite entre son index et son majeur.

"S'il est à moitié obstiné comme je pense qu'il l'est, il peut me trouver là, pour une revanche. Ou pour apprendre à se battre, s'il veut avoir ce qu'il faut pour aller avec cette tendance qu'il a à faire chier les gens."

Il remonte les marches vers le bar deux à deux, ouvre la porte et retourne à l'intérieur, suivit par Astaroth. La porte claque derrière eux et Kyam empoche la carte, soupire, ferme une seconde les yeux.

"Espèce d'imbécile", siffle-t-il, irrité, en rejoignant Maxi. "Ça te tuerait de m'écouter, de temps en temps?", sermonne-t-il son ami inconscient, tenté de lui mettre un coup de pied dans les côtes.

***

"Je veux faire la Cage", lui annonce soudain Maxi et Zhang Wu écarte immédiatement l'idée d'un geste de la main.

"Tu es beaucoup trop nul", lui répond-t-il et il lève les mains vers sa tête, étire deux doigts comme des cornes. "Ils ont mis un démon, là-dedans.

- Je sais, je vais lui casser la gueule!", affirme Maxi avec un grand sourire, ce qui ne fait pas rire l'autre homme.

"...L'as-tu déjà vu se battre, Maxi?"

***

Zhang Wu désigne la grande baie vitrée, essaie d'y mener Maxi, à qui, pour l'occasion, il a fournit un complet décent. Même en vêtements griffés, sa silhouette détonne contre celle des autres. Avec ses cheveux collés qui défient les lois de la gravité et son sourire insolent, sa chemise laissée à moitié ouverte qui révèle les muscles et attire les regards, les soupirs des femmes, il lui reste quelque chose du petit voyou commun.

Le chinois chasse de la main ceux qui s'approchent de lui pour lui offrir à boire, lui proposer quelle table rejoindre. Il les écarte d'un geste poli les premières fois, leur lance des apostrophes irritées en chinois, répète qu'on le laisse tranquille quand les serveurs insistent, quand les invités continuent de se masser autour de lui pour lui souhaiter la bienvenue, pour lui offrir leur carte d'affaires, pour essayer de l'entraîner à l'écart pour discuter.

"Ces messieurs sont mes invités", annonce soudain à l'assemblé un homme encadré de gardes du corps, dont la voix est chargée d'autorité. "J'aimerais qu'ils puissent profiter du spectacle en toute quiétude."

Aussitôt les gens se détournent et s'écartent avec un empressement presque terrifié, comme si Zhang Wu est soudain devenu plus important qu'un dieu, qu'être trop près de lui va faire brûler leurs ailes et qu'ils retomberont alors dans la masse grouillante de la foule qui encadre la Cage. Il se crée autour de lui et Maxi un cercle vide et leur sauveur en profite pour s'approcher. Il jette à peine un coup d'oeil vers Maxi, s'approche de Zhang Wu et incline légèrement la tête.

Il ne le regarde pas tout à fait, porte sa coupe à sa bouche et touche à peine le liquide du bout des lèvres.

"Je déteste ces soirées", murmure-t-il dans un souffle, avec un regard vers la fenêtre.

"Je sais, seigneur Murakami", répond Zhang Wu plus bas encore et il s'incline respectueusement. "Voilà qui montre bien votre grandeur, vous qui acceptez de vous prêter à un exercice de si mauvais goût."

D'un geste de la main, l'autre homme refuse le titre comme le compliment. D'un signe discret de la tête, il attire un des serveurs et lui demande de s'approcher et il lui désigne Zhang Wu et Maxi.

"Installez pour eux des bancs près des fenêtres", l'ordre donné, il s'excuse presque aussitôt. "J'ai à faire", il s'éloigne après avoir serré la main de Zhang Wu et lui avoir souhaité d'apprécier le combat.

Sitôt libéré, Zhang Wu pousse Maxi devant lui du plat de la main, le guide devant la grande fenêtre au verre épais, qui étouffe les cris venus d'en bas, et il lui désigne la Cage.

"Si tu as encore envie d'y descendre après avoir vu le Démon", promet-il. "Je t'entraînerai jusqu'à presque te tuer, histoire que tu survives en enfer."

Sur l'arène, il y a déjà deux hommes. Un monstre, trop carré, trop musclé pour être un homme, porte une épée comme une massue. L'autre est un jeune homme qui ne doit pas encore avoir vingt ans, un peu maigre, ses cheveux longs en désordre. Il ne porte qu'un yukata bleu sur lequel est peint en blanc un aigle, il a des sandales de paille aux pieds et tient son katana raide devant lui. L'assistance scande Le Démon, le Démon! et Maxi est certain, jusqu'à ce qu'ils bougent, que des deux combattants, le Démon ne peut être que le géant.

Dès qu'ils font les premiers pas, que les lames se heurtent, que le katana et sa courbe gracieuse glisse, fluide, précise, mortelle, contre l'épée large comme un homme, il réalise son erreur.

Le Démon, c'est le jeune homme.

Il y a une assurance effrayante dans ses pas, il n'hésite jamais. De ses attaques transpirent la confiance absolue qu'il a en sa propre force. Il y a, dans chacun de ses mouvements, la certitude qu'il ne mourra pas, qu'il deviendra plus fort s'il vainc son adversaire. Il y a dans son regard sombre un calme surhumain.

L'épée fait un cratère près de son pied droit et il se range à gauche, comme poussé en sécurité par le vent né du coup violent. Il réplique en entaillant le bras du géant, qui se recule, revient à la charge avec un grand cri. Il veut l'empaler, mais le Démon évite le coup comme s'il l'avait deviné.

Le géant pousse des hurlements désarticulés, sauvages et Maxi réalise qu'il n'est pas dans son état normal. C'est ce moment que choisit Zhang Wu pour se pencher discrètement vers lui, pour grommeler quelque chose en chinois. Maxi a glané assez de vocabulaire depuis qu'il lui colle aux basques pour comprendre.

C'est pas pour rien que c'est la Cage, ils gardent leurs animaux de laboratoire là-dedans.

Maxi s'avance au bout de son banc, serre les poings sur ses genoux. Les mouvements du géant sont erratiques, il râle, s'agite violemment. Il attaque à l'aveuglette, fait tourner son épée en espérant hacher le Démon au passage.

Mais le Démon désarme l'autre homme en se glissant avec aisance sous son arme, en tranchant dans un coup précis les tendons d'un de ses poignets. L'épée vole, va tomber inutile plus loin et malgré le sang qui gicle, le géant veut se jeter sauvagement sur le Démon qu'il affronte. La salive coule de sa bouche, il grogne et dans ses grincements, un seul mot répété: tuer.

Mitsurugi tourne à moitié sur lui-même pour éviter la charge, lui enfonce au passage la pointe de son katana derrière le genou, coupe les tendons de son autre pied après avoir libérer sa lame, il le jette par terre d'un coup d'épaule. Le géant tombe en avant, s'effondre et il n'a même pas le réflexe de ralentir sa chute, sa tête heurte le sol et il crie. Il ne crie pas de douleur, il crie de rage impuissante, de haine gratuite, d'envie de tuer, de dépecer. Il crie en espérant que crier peut tuer.

Il réussit à se retourner sur le dos et Mitsurugi décrit un cercle prudent autour de lui. Près, mais pas trop et le géant tente, en vain, de lui attraper une cheville pour le faire basculer. Il essaie, sans y arriver, de refermer sa main valide sur un pan du katana pour le tirer à lui. Mitsurugi évite chacune de ses tentatives, attend patiemment qu'il lève assez le bras et d'un coup de lame, le lui coupe. Le sang pleut, le bleu de son yukata devient presque noir, l'aigle blanc est peint en écarlate.

Le géant hurle et s'agite, sa voix se brise et il a de l'écume mêlée de sang aux lèvres. Il est pris de convulsions et Mitsurugi se rapproche, se laisse tomber sur lui pour le plaquer, l'immobiliser contre le plancher de la Cage. Assis sur sa poitrine, il coince d'un genou le bras restant de l'autre homme le long de son corps, il le laisse remuer, impuissant, son moignon sanglant. Le géant ne se calme pas, il s'étouffe avec sa salive, ses yeux se révulse et encore, encore il essaie de se libérer, de projeter son adversaire à terre et encore, encore, il essaie de répéter tuer, tuer, tuer, mais râle les mots comme une prière sans aucun dieu pour l'entendre.

Mitsurugi lève son katana.

Il y a une pause comme si le temps s'est arrêté, l'assistance de petites frappes et de minables, les gens riches dans la loge: tous retiennent leur souffle. Un cri crève soudain le silence: Tue-le! Le cri est repris, par une, dix, par cent, par les voix de tous ceux qui sont présents. Tue-le, tue-le!

"Raaah!", hurle le gagnant et l'épée goûte le sang amer, s'arrache de la chair du cou et dans la pluie écarlate, le Démon laisse tomber son bras, son poing, sa lame à terre.
La foule délire quand il se relève, couvert de sang, et Maxi, subjugué, figé sur place, le regarde imposer à la lame un mouvement sec, le sang s'en décolle, retombe en bruine et fait un nuage de petites taches rondes par terre.

Il retourne Korefuji au fourreau, lève le bras, son poing serré sur le fourreau du katana. De la main libre, il essuie son visage taché de sang. Les cris redoublent, triplent, s'unissent, deviennent un seul hurlement, celui d'une bête repue, nourrie par la violence et la mort. Il descend sur un genou, frappe le sol du bout du fourreau et le silence, presque aussitôt revient.

"J'suis Mitsurugi, oubliez pas ça!"

Il n'a pas besoin de crier très fort, tout le monde l'entend et tout le monde reprend son nom, comme un chant, chaque syllabe résonne comme un coup de tambour, saluée par des centaines de poings levés dans les airs.

(27 avril 2008)

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Notes en plus:
- Musicalement soutenu par Asian Dub Foundation, Kodo et Joji Hirota & the Taiko Drummers.

- Des tas de remerciements à supaidachan pour l'amazing travail de bêta of doom, pour avoir trouvé quoi faire de Kilik, pour la chorégraphie du combat de Mitsurugi et ses belles teintes gores et pour me rassurer, continuellement, quand je me lamente que je rends tout le monde incroyablement out of character.

genre : série, univers : edge (soulcalibur ua)

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