[repost] FMA - Breda/Fury - PG | Conditionnels/Le gros lot
Recueil : Un monde au conditionnel
(Explication : d’après Roy dans le premier anime, "ce monde est beau parce qu’il est imparfait". Et si on le changeait un petit peu ?
Désolée, c’est parti d’un pari stupide : côté couples dans FMA, j’ai dit que je voulais bien voir mon Fury préféré avec n’importe quel autre membre de l’équipe à Mustang. Et j’ai donc tenté d’écrire une fic par personnage correspondant.
Et j'aime les jeux de mots bêtes, d'où ce titre...)
Titre : Le gros lot
Auteur : ylg
Base : FullMetal Alchemist
Personnages/Couple : l'équipe Mustang, Heymans Breda/Cain Fury
Genre : general/jeux d'amour et de hasard
Gradation : PG / K+
Disclaimer : propriété d'Arakawa Hiromu, de Square Enix et du studio Bones, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Notes : quelqu’un saurait adapter l’expression « poker face » en français ? j’aurais bien aimer garder cette allusion.
Nombre de mots : ~1600
***
« Sûr de pas vouloir jouer ? »
Fury hoche la tête. Il préfère passer son tour. Le poker, c’est pas son truc. Pas très doué, et puis s’il ne veut pas mourir de faim, mieux vaut y aller mollo sur les jeux d’argent en ce moment. Depuis le début du mois, Havoc a déjà tenté trois conquêtes…
En fin de compte, c’est Ed qui fait le quatrième. Aux objections des autres joueurs, il a rétorqué que s’il était assez vieux -non, non, personne n’a dit qu’il était trop petit- pour être un chien des militaires, il avait bien l’âge aussi de jouer au poker si l’envie lui en prenait. Et puisque ce cher Colonel Roy-Bastard-Mustang et sa Lieutenant de Garde étaient absents, autant en profiter. C’est justement parce qu’ils ne sont pas là, que la partie de poker est possible.
Quand Havoc, Breda et Farman cherchent un partenaire au poker, Fury se défile toujours. Il garde sa place à l’écart, de là où il peut observer le jeu. Ça, c’est la version officielle. En réalité, il se place toujours là où il peut observer un joueur en particulier.
Si on lui demandait, il dirait qu’il admire son habileté aux jeux les plus divers, la stratégie qu’il est capable de déployer… mais en vérité, ça ne serait qu’un prétexte, pas une vraie raison ; l’amour, ça ne s’explique pas. Mais il espère qu’on ne lui demandera pas, parce que cet amour-là, aussi, est défendu, et qu’il n’est pas sûr de pouvoir mentir.
Ledit joueur, justement, hésite longuement, carte en main. Changera, changera pas ? c’est un bon jeu qu’il a, il devrait le garder. Pourtant, il change encore une carte. Puis deux. Quand le tour se termine, il abat triomphalement ses cartes. Fury ignore si tout était calculé ou si c’est juste la chance.
Ed, mauvais perdant, râle :
« À une carte près…
- Il a une veine de cocu ! renchérit Havoc.
- Vous savez ce qu’on dit, malheureux au jeu…
- Foutaises !
- Dans la vie, ‘faut savoir prendre des risques, » conclut Breda.
Prendre des risques, hein ? sûr, se dit Fury, ce n’est pas en restant à l’écart qu’il fera avancer les choses. S’il venait à parler de ses sentiments, ça serait quitte ou double. Et tout lui dit qu’il a bien plus de chances de tout perdre que de gagner quoi que ce soit.
Les jetons changent de piles, les cartes sont redistribuées. Fury se ressert une tasse de thé et se retourne vers la table de jeu. Dans la main de Breda, les cœurs et les carreaux lui font signe. Il détourne le regard, s’absorbe dans son thé. Pas de feuilles qui flotteraient pour lui dire quoi faire, bien sûr.
Farman pioche une carte que, de son coin près du comptoir, il ne distingue pas. La partie continue, et avec une nouvelle donne, tout pourrait changer. Alors, pourquoi pas ?
Résolument, il s’avance et se penche au-dessus de Breda. Il pose sa tasse sur un coin de table, en faisant bien gaffe à ne pas renverser de thé sur les cartes, ni sur son lieutenant, au passage, et passe les bras autour de ses épaules, s’intéressent de très près à son jeu. De derrière, il ne peut pas l’empêcher de jouer.
Avant que Breda ne puisse réagir, il pointe une carte :
« Vous allez changer celle-ci ? »
Breda grogne, mais ça sonne approbativement. Fury pointe la carte suivante :
« Ou celle-là ?
- Nan, la première… oui, je sais ce que je peux faire de l’autre, mais chut, je veux pas que les autres le sachent.
- Je n’ai rien dit.
- Dommage, ironise Havoc. Y’a quoi dans son jeu ?
- Des cartes qui ne sont pas dans le vôtre ? »
Résultat, pris d’un doute subit, Farman se penche vers Ed, vérifiant qu’il ne cache pas de cartes dans ses manches. Ed recule, cachant son jeu.
« Hé ! »
Fury s’appuie sur le dossier de la chaise de Breda. Son brusque intérêt pour le poker n’est malheureusement pas une raison pour faire un câlin à un supérieur… mais il peut toujours rester très, très proche. S’il fait semblant de rien, ça aura sans doute l’air accidentel, n’est-ce pas ?
Après un ou deux tours, Breda pose ses cartes retournées sur la table.
« Déjà fini ? »
Mais il ne répond pas, trop occupé à attraper Fury et le faire passer sur ses genoux, ignorant le couinement de surprise qui lui échappe. Il cale son "élève" sur son genou et l’entoure de ses bras, puis reprend son jeu. Et s’adresse à Havoc :
« Rêve toujours, tu sauras rien ! »
Et à Fury, il explique à voix basse sa stratégie et les subtilités du jeu. Juste assez haut pour qu’il comprenne les explications, juste assez bas pour que ses adversaires n’entendent pas. Vraiment juste, juste au creux de l’oreille.
Fury se tortille un peu au début, essayant de se dégager, de se relever, mais Breda lui a passé un bras autour de la taille et le maintient solidement.
Hé, s’il fait mine enfin de socialiser un peu et de s’intéresser aux jeux de cartes de ses collègues, pas question de le laisser filer avant la fin de la leçon !
Quand la partie de poker se termine, Havoc est complètement ratissé. Ed et Breda ne s’en sortent pas trop mal. En fin de compte, la chance a tourné et c’est Farman qui a raflé la plupart des mises. Et le thé, oublié sur le bord de la table, a refroidi depuis longtemps.
On remballe les cartes et les jetons. Fury glisse prestement des genoux de Breda et récupère sa tasse. Une pellicule de thé froid s’est formée en surface, indéchiffrable. Fury, retournant vers sa bouilloire, se demande ce qui lui a pris. Pas que ça ait été désagréable…
En fait, passé les premières minutes d’embarras, où il avait l’impression d’avoir les joues en feu, il a même apprécié le moment. Découvrir que les genoux de son lieutenant sont en fait drôlement confortables, ça aide. Surtout quand il vous serre dans ses bras pour vous empêcher de tomber.
Mais une fois la partie achevée, quand les choses normales reprennent leur cours, la magie de l’instant a complètement disparu… et il l’impression d’avoir gaffé.
« Yo. ‘reste du thé ? »
Merci, Ed, pour cette distraction bienvenue…
« Oui et non. Ce qui reste est froid. J’en refais. »
Fury range sa tasse, collecte celles des autres. Le plus jeune, le plus petit, le moins gradé : c’est toujours sur lui que doit tomber ce genre de ‘corvées’.
À force, il les remplit par habitude. (En contrepartie, il faut reconnaître que côté paperasse, ce sont toujours ses supérieurs qui se font engueuler s’il y a le moindre problème, d’où que puisse venir la faute…)
Il vide le thé refroidi dans l’évier du coin-cuisine de la salle de repos et rince les tasses. La pièce est déserte, à cette heure-ci. Quand dans son dos, la porte s’ouvre, il ne se retourne pas. Il reconnaît le pas du sous-lieutenant Breda et se fige. Il force ses mains à reprendre leur travail, sa respiration à rester calme. Il s’oblige à faire semblant de rien.
Deux mains, brusquement, brisent sa concentration, en prenant possession de ses hanches. Breda le force à pivoter, à lui faire face. Il aurait pu le prendre par les épaules pour ça. Juste poser une main sur son dos. Simplement l’appeler. Mais non : c’est bien par la taille qu’il l’attrape.
Fury est à deux doigts de paniquer ; si jamais son geste a été mal, non, trop bien interprété, que ce n’était définitivement pas la manœuvre à faire… il n’ose même pas imaginer ce qui va lui arriver.
Le visage de Breda est indéchiffrable, même sa voix reste neutre quand il affirme
« T’inquiète, il n’y a personne dans le coin, personne ne nous surprendra. »
Fury essaie de parler, mais ne trouve rien à dire. Breda le serre de très près, ses mains toujours possessivement posées sur sa taille, glissant sur le côté, se rapprochant du dos.
Au moins, il respire. On dirait qu’il échappe au pire. Il veut croire que Breda n’est pas en train de l’avoir à un coup de double bluff, qu’il est sérieux ; il rentre dans le jeu.
« Tu sais ce que ça implique ?
- Si c’est pour proposer une folle partie de pattes en l’air là maintenant tout de suite, la réponse est non, j’ai peur que le moment et l’endroit soient un peu mal choisis... »
Ça aurait dû être une plaisanterie. Il n’est pas sûr d’y avoir mis le ton qu’il fallait… le jeu, c’est définitivement pas son truc. Ça ne lui ressemble pas, il ne sait franchement pas y faire. Il n’aurait même pas dû essayer, d’abord.
Mais Breda glousse et l’attire encore plus contre lui, jusqu’à être presque joue contre joue.
« Sérieusement ; je te parle des conséquences, au bureau.
- Je sais bien. Secret absolu. Interdit et tout. Mais ça m’est égal.
- Vraiment ?
- Le jeu en vaut la chandelle, » affirme-t-il, sûr de lui.
Un bras glisse dans son dos, l’enlaçant étroitement. Un doigt se pose sur ses lèvres, comme pour le faire taire. Puis Breda se recule juste un peu et hoche la tête.
« Ça veut dire qu’il faut faire semblant de rien. Rester impassible, devant les autres.
- Je ferai semblant de rien. Promis. »
Comme au poker : rester impassible, quoi qu’il arrive. Ne jamais rien montrer. Faire semblant d’être un glaçon.
Et puis, comme la pièce est déserte, que personne ne peut les voir pour l’instant, ils s’embrassent, vite et avidement, avant que quelqu’un ne risque d’entrer et de les surprendre.
…et puis ça doit aussi vouloir dire que j’ai gagné le gros lot, aujourd’hui, concluent-ils.
***
série "conditionnel" :
Alex L. Armstrong
Watteau Farman
Jean Havoc
Riza Hawkeye
Maes Hughes
Roy Mustang
Black Hayate
(Explication : d’après Roy dans le premier anime, "ce monde est beau parce qu’il est imparfait". Et si on le changeait un petit peu ?
Désolée, c’est parti d’un pari stupide : côté couples dans FMA, j’ai dit que je voulais bien voir mon Fury préféré avec n’importe quel autre membre de l’équipe à Mustang. Et j’ai donc tenté d’écrire une fic par personnage correspondant.
Et j'aime les jeux de mots bêtes, d'où ce titre...)
Titre : Le gros lot
Auteur : ylg
Base : FullMetal Alchemist
Personnages/Couple : l'équipe Mustang, Heymans Breda/Cain Fury
Genre : general/jeux d'amour et de hasard
Gradation : PG / K+
Disclaimer : propriété d'Arakawa Hiromu, de Square Enix et du studio Bones, je ne cherche pas à me faire de sous avec.
Notes : quelqu’un saurait adapter l’expression « poker face » en français ? j’aurais bien aimer garder cette allusion.
Nombre de mots : ~1600
***
« Sûr de pas vouloir jouer ? »
Fury hoche la tête. Il préfère passer son tour. Le poker, c’est pas son truc. Pas très doué, et puis s’il ne veut pas mourir de faim, mieux vaut y aller mollo sur les jeux d’argent en ce moment. Depuis le début du mois, Havoc a déjà tenté trois conquêtes…
En fin de compte, c’est Ed qui fait le quatrième. Aux objections des autres joueurs, il a rétorqué que s’il était assez vieux -non, non, personne n’a dit qu’il était trop petit- pour être un chien des militaires, il avait bien l’âge aussi de jouer au poker si l’envie lui en prenait. Et puisque ce cher Colonel Roy-Bastard-Mustang et sa Lieutenant de Garde étaient absents, autant en profiter. C’est justement parce qu’ils ne sont pas là, que la partie de poker est possible.
Quand Havoc, Breda et Farman cherchent un partenaire au poker, Fury se défile toujours. Il garde sa place à l’écart, de là où il peut observer le jeu. Ça, c’est la version officielle. En réalité, il se place toujours là où il peut observer un joueur en particulier.
Si on lui demandait, il dirait qu’il admire son habileté aux jeux les plus divers, la stratégie qu’il est capable de déployer… mais en vérité, ça ne serait qu’un prétexte, pas une vraie raison ; l’amour, ça ne s’explique pas. Mais il espère qu’on ne lui demandera pas, parce que cet amour-là, aussi, est défendu, et qu’il n’est pas sûr de pouvoir mentir.
Ledit joueur, justement, hésite longuement, carte en main. Changera, changera pas ? c’est un bon jeu qu’il a, il devrait le garder. Pourtant, il change encore une carte. Puis deux. Quand le tour se termine, il abat triomphalement ses cartes. Fury ignore si tout était calculé ou si c’est juste la chance.
Ed, mauvais perdant, râle :
« À une carte près…
- Il a une veine de cocu ! renchérit Havoc.
- Vous savez ce qu’on dit, malheureux au jeu…
- Foutaises !
- Dans la vie, ‘faut savoir prendre des risques, » conclut Breda.
Prendre des risques, hein ? sûr, se dit Fury, ce n’est pas en restant à l’écart qu’il fera avancer les choses. S’il venait à parler de ses sentiments, ça serait quitte ou double. Et tout lui dit qu’il a bien plus de chances de tout perdre que de gagner quoi que ce soit.
Les jetons changent de piles, les cartes sont redistribuées. Fury se ressert une tasse de thé et se retourne vers la table de jeu. Dans la main de Breda, les cœurs et les carreaux lui font signe. Il détourne le regard, s’absorbe dans son thé. Pas de feuilles qui flotteraient pour lui dire quoi faire, bien sûr.
Farman pioche une carte que, de son coin près du comptoir, il ne distingue pas. La partie continue, et avec une nouvelle donne, tout pourrait changer. Alors, pourquoi pas ?
Résolument, il s’avance et se penche au-dessus de Breda. Il pose sa tasse sur un coin de table, en faisant bien gaffe à ne pas renverser de thé sur les cartes, ni sur son lieutenant, au passage, et passe les bras autour de ses épaules, s’intéressent de très près à son jeu. De derrière, il ne peut pas l’empêcher de jouer.
Avant que Breda ne puisse réagir, il pointe une carte :
« Vous allez changer celle-ci ? »
Breda grogne, mais ça sonne approbativement. Fury pointe la carte suivante :
« Ou celle-là ?
- Nan, la première… oui, je sais ce que je peux faire de l’autre, mais chut, je veux pas que les autres le sachent.
- Je n’ai rien dit.
- Dommage, ironise Havoc. Y’a quoi dans son jeu ?
- Des cartes qui ne sont pas dans le vôtre ? »
Résultat, pris d’un doute subit, Farman se penche vers Ed, vérifiant qu’il ne cache pas de cartes dans ses manches. Ed recule, cachant son jeu.
« Hé ! »
Fury s’appuie sur le dossier de la chaise de Breda. Son brusque intérêt pour le poker n’est malheureusement pas une raison pour faire un câlin à un supérieur… mais il peut toujours rester très, très proche. S’il fait semblant de rien, ça aura sans doute l’air accidentel, n’est-ce pas ?
Après un ou deux tours, Breda pose ses cartes retournées sur la table.
« Déjà fini ? »
Mais il ne répond pas, trop occupé à attraper Fury et le faire passer sur ses genoux, ignorant le couinement de surprise qui lui échappe. Il cale son "élève" sur son genou et l’entoure de ses bras, puis reprend son jeu. Et s’adresse à Havoc :
« Rêve toujours, tu sauras rien ! »
Et à Fury, il explique à voix basse sa stratégie et les subtilités du jeu. Juste assez haut pour qu’il comprenne les explications, juste assez bas pour que ses adversaires n’entendent pas. Vraiment juste, juste au creux de l’oreille.
Fury se tortille un peu au début, essayant de se dégager, de se relever, mais Breda lui a passé un bras autour de la taille et le maintient solidement.
Hé, s’il fait mine enfin de socialiser un peu et de s’intéresser aux jeux de cartes de ses collègues, pas question de le laisser filer avant la fin de la leçon !
Quand la partie de poker se termine, Havoc est complètement ratissé. Ed et Breda ne s’en sortent pas trop mal. En fin de compte, la chance a tourné et c’est Farman qui a raflé la plupart des mises. Et le thé, oublié sur le bord de la table, a refroidi depuis longtemps.
On remballe les cartes et les jetons. Fury glisse prestement des genoux de Breda et récupère sa tasse. Une pellicule de thé froid s’est formée en surface, indéchiffrable. Fury, retournant vers sa bouilloire, se demande ce qui lui a pris. Pas que ça ait été désagréable…
En fait, passé les premières minutes d’embarras, où il avait l’impression d’avoir les joues en feu, il a même apprécié le moment. Découvrir que les genoux de son lieutenant sont en fait drôlement confortables, ça aide. Surtout quand il vous serre dans ses bras pour vous empêcher de tomber.
Mais une fois la partie achevée, quand les choses normales reprennent leur cours, la magie de l’instant a complètement disparu… et il l’impression d’avoir gaffé.
« Yo. ‘reste du thé ? »
Merci, Ed, pour cette distraction bienvenue…
« Oui et non. Ce qui reste est froid. J’en refais. »
Fury range sa tasse, collecte celles des autres. Le plus jeune, le plus petit, le moins gradé : c’est toujours sur lui que doit tomber ce genre de ‘corvées’.
À force, il les remplit par habitude. (En contrepartie, il faut reconnaître que côté paperasse, ce sont toujours ses supérieurs qui se font engueuler s’il y a le moindre problème, d’où que puisse venir la faute…)
Il vide le thé refroidi dans l’évier du coin-cuisine de la salle de repos et rince les tasses. La pièce est déserte, à cette heure-ci. Quand dans son dos, la porte s’ouvre, il ne se retourne pas. Il reconnaît le pas du sous-lieutenant Breda et se fige. Il force ses mains à reprendre leur travail, sa respiration à rester calme. Il s’oblige à faire semblant de rien.
Deux mains, brusquement, brisent sa concentration, en prenant possession de ses hanches. Breda le force à pivoter, à lui faire face. Il aurait pu le prendre par les épaules pour ça. Juste poser une main sur son dos. Simplement l’appeler. Mais non : c’est bien par la taille qu’il l’attrape.
Fury est à deux doigts de paniquer ; si jamais son geste a été mal, non, trop bien interprété, que ce n’était définitivement pas la manœuvre à faire… il n’ose même pas imaginer ce qui va lui arriver.
Le visage de Breda est indéchiffrable, même sa voix reste neutre quand il affirme
« T’inquiète, il n’y a personne dans le coin, personne ne nous surprendra. »
Fury essaie de parler, mais ne trouve rien à dire. Breda le serre de très près, ses mains toujours possessivement posées sur sa taille, glissant sur le côté, se rapprochant du dos.
Au moins, il respire. On dirait qu’il échappe au pire. Il veut croire que Breda n’est pas en train de l’avoir à un coup de double bluff, qu’il est sérieux ; il rentre dans le jeu.
« Tu sais ce que ça implique ?
- Si c’est pour proposer une folle partie de pattes en l’air là maintenant tout de suite, la réponse est non, j’ai peur que le moment et l’endroit soient un peu mal choisis... »
Ça aurait dû être une plaisanterie. Il n’est pas sûr d’y avoir mis le ton qu’il fallait… le jeu, c’est définitivement pas son truc. Ça ne lui ressemble pas, il ne sait franchement pas y faire. Il n’aurait même pas dû essayer, d’abord.
Mais Breda glousse et l’attire encore plus contre lui, jusqu’à être presque joue contre joue.
« Sérieusement ; je te parle des conséquences, au bureau.
- Je sais bien. Secret absolu. Interdit et tout. Mais ça m’est égal.
- Vraiment ?
- Le jeu en vaut la chandelle, » affirme-t-il, sûr de lui.
Un bras glisse dans son dos, l’enlaçant étroitement. Un doigt se pose sur ses lèvres, comme pour le faire taire. Puis Breda se recule juste un peu et hoche la tête.
« Ça veut dire qu’il faut faire semblant de rien. Rester impassible, devant les autres.
- Je ferai semblant de rien. Promis. »
Comme au poker : rester impassible, quoi qu’il arrive. Ne jamais rien montrer. Faire semblant d’être un glaçon.
Et puis, comme la pièce est déserte, que personne ne peut les voir pour l’instant, ils s’embrassent, vite et avidement, avant que quelqu’un ne risque d’entrer et de les surprendre.
…et puis ça doit aussi vouloir dire que j’ai gagné le gros lot, aujourd’hui, concluent-ils.
***
série "conditionnel" :
Alex L. Armstrong
Watteau Farman
Jean Havoc
Riza Hawkeye
Maes Hughes
Roy Mustang
Black Hayate