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[repost*] FMA - Fury/Havoc - PG | Bleu chaleur

May 01, 2010 18:52

Titre : Bleu chaleur
Auteur : ylg
Base : FullMetal Alchemist, 1er anime
Personnages/Couple : Jean Havoc/Cain Fury
Genre : un peu d'action/un peu losesque/un peu mignon
Gradation : PG / K+
Disclaimer : propriété d'Arakawa Hiromu, Square Enix, Studio Bones ; je ne cherche pas à me faire de sous avec.

Note : peut faire partie de l'univers de ma fic longue Havoc/Fury ou se prendre comme un one-shot
Thèmes #15, " le bleu le plus pur" pour 30_baisers et " la couleur de tes yeux" pour 6variations
Continuité/Spoil éventuel : 1ère série, épisode 36
Nombre de mots :

***
C’était un de ces instants où l’on se perd, où l’on flotte entre veille et sommeil, entre rêve et réalité. Il semblait qu’ils auraient pu rester une éternité immobiles l’un contre l’autre. Cain leva pourtant une main paresseuse pour écarter la frange ébouriffée cachant le front de Jean. Puis hésita encore à accomplir un geste de plus.

« Qu’est-ce qui te fait sourire comme ça ?
- Rien, rien…
- Si. Dis-moi ?
- Non, c’est stupide.
- J’ai encore plus envie de savoir.
- Je me disais que j’aimais beaucoup tes yeux.
- Oh ? et mes yeux sont stupides, alors ? » plaisanta Jean, lui plantant un doigt dans les côtes. Pouic, pouic… Cain réprima un éclat de rire.
« Mais non. Ils sont très beaux. »

Après une pause, il reprit à mi-voix :
« Si je te disais que je les trouve couleur chaleur ? »

Ça, ça cachait un secret que Cain n’était pas vraiment prêt à avouer, en fait : que, ce lointain jour-là, il l’a aimé. Il pourrait enjoliver les choses, lui dire que c’est ce jour-là qu’il a commencé à l’aimer. Et, après tout, ça serait peut-être vrai : il avait tellement de mal à comprendre et à admettre ses propres sentiments à l’époque… Mais il n’avait pas la moindre envie de lui dire que bon, cette fois-là il l’avait trouvé formidable et que, deux jours après, il n’y pensait déjà plus, et que ça ne lui était plus revenu à l’esprit avant longtemps.

Ce fameux jour où ils s’étaient retrouvés coincés dans un désert brûlant à déplacer des civils ishbals d’un bidonville vers un camp de réfugiés dûment assigné par l’État…
Il se laissa envahir par ce souvenir.

**
Le désert est en endroit détestable. C’est la seule pensée cohérente qu’il arrive à formuler. Le ciel bleu est décoloré par la chaleur, le soleil lui brûle les yeux et il a du sable plein la bouche. Allez savoir pourquoi exactement, il a les oreilles qui n’en finissent pas de tinter. Il tente de se relever et quelque chose sous son crâne se met à tambouriner. Comme si sa boîte crânienne était complètement vide. Où est passé mon cerveau ? s’inquiète-t-il. Il s’est redressé trop vite, ça tourne… et il a mal, aussi.
Sa main se porte d’elle-même à sa mâchoire, essayant de réprimer la douleur. Elle lui donne l’impression d’avoir doublé de volume et il a un goût de sang dans la bouche… Pas que le goût, en fait. Quelque chose lui coule sur le menton. Et ce qu’il a entre les dents, finalement, ce n’est pas du sable, ni -heureusement !- de l’émail réduit en poudre, juste du sang, qui s’insinue partout.
Il essaie de cracher ce sang et sa mâchoire hurle de douleur. Sa main libre se crispe dans le sable, cherchant un appui. Il a déjà du mal à se tenir à genoux, il aimerait autant ne pas s’étaler à nouveau…
Le sable tout autour fait des vagues, la voie ferrée là-bas semble défiler à toute vitesse… et le train qui pourtant reste fixe dessus est tout flou.
Et où sont mes lunettes ?

Avec ça, ses yeux refusent de rester ouverts. La lumière et la douleur et le vertige les font papilloter à n’en plus finir. Il sent une main sur son épaule, une voix familière qui lui parle, mais dont il n’arrive à identifier ni le propriétaire ni le sens de ce qu’elle dit.
Un uniforme bleu avec dedans quelqu’un qu’il connaît bien mais dont il n’arrive pas à prononcer le nom le prend par le bras, le force à se relever.
Havoc le remet sur pied de force. Il se laisse tirer, vacille un peu. Il faut qu’il lui dise, qu’il lui rapporte ce qui est arrivé. Mais les mots peinent à sortir, impossible d’articuler. Havoc répète, lentement, s’assurant qu’il a bien compris.
Edward et Alphonse. Partis.
« Ed t’a frappé ? » La conclusion est facile à tirer, oui.
Il acquiesce. Une ombre d’inquiétude passe sur le visage de Havoc.
« Avec quelle main ? »
Celle d’Alphonse. Ou un fer à repasser. Son automail, en fait, réalise-t-il. Pas étonnant que ça ait fait si mal…

Il est déjà trop tard pour les rattraper maintenant, mais il faut quand même qu’il puisse ajouter, signaler les deux garçons qui les accompagnent. Ce qui vient d’arriver n’est juste pas normal…

Havoc fronce les sourcils.
« Bon sang, t’es complètement sonné, toi. »
Oui. Ben, c’est comme ça… Ça lui est égal si d’autres peuvent le voir, si des subordonnés apprennent ce qui lui est arrivé. Il ne peut plus penser de manière cohérente à ce moment. Les règles de l’armée ne s’appliquent plus -en temps normal, il serait le premier à s’inquiéter de ça, pourtant : son détachement de tout ça est la meilleure preuve que tout vient de partir en vrille. C’est le désert qui fait la loi, ici, et le désert l’a écrasé. Avec l’aide du poing droit d’Edward Elric. Il se laisse complètement faire par le blond du sable et le bleu du ciel. Havoc est là pour le guider, de toute façon. Lui au moins, il sait ce qu’il fait.

Sans se rappeler comment il y est arrivé, il se retrouve dans un quelque part intérieur, où il fait sombre et frais, et Havoc le fait asseoir. Ensuite, il se retrouve à attendre tout seul, dans la pénombre. Il peut se passer deux minutes ou deux heures avant que le sous-lieutenant revienne ; il n’en sait rien, il ne se rend plus compte.

« La mauvaise nouvelle c’est qu’on n’a pas de médecin sur cette mission ; la bonne c’est que j’ai quand même trouvé une trousse de secours et que ça a pas l’air trop grave de toute façon. »
Fugacement, Cain se demande pourquoi Havoc est revenu s’occuper de lui lui-même, au lieu de lui envoyer quelqu’un d’autre de moins gradé et de plus disposable. Mais il n’a pas le temps d’y réfléchir.

« Tu dis si je te fais mal. »
Sauf que s’il essaie de crier, ou de serrer les dents, ça fera empirer les choses. Il fait ce qu’il peut pour ne pas bouger d’un poil pendant que des doigts prudents tâtent sa mâchoire. Et aussi, pour garder les yeux ouverts.
« Mouais, ça a pas l’air cassé. Tu t’es mordu la langue ? »
Hochement négatif, doucement.
« La lèvre. »
Hochement approbatif. En faisant encore plus attention. Aïe.
« Ok. Bouge pas. »

Il lui cale un truc qui lui fait l’effet d’être une énorme boule de coton, et qui en réalité ne doit pas être plus épais qu’une feuille de papier à cigarette, entre sa lèvre explosée et les dents. Puis, un linge humide et froid se matérialise dans son champ de vision. Il se demande vaguement si des fois il y aurait moyen de stocker de la glace dans un endroit pareil. Ça n’est peut-être pas impossible, mais il n’est pas capable d’imaginer comment faire pour le moment. Il accepte la compresse avec reconnaissance. Oui, ça fait du bien. La douleur s’engourdit.

« Bon, je vais devoir te laisser, j’ai tout ce merdier à gérer, hein. À plus. »
Et avec ça, Havoc disparaît de nouveau. C’est vrai, c’est lui le chef, aujourd’hui. Cain a une pensée admirative pour le lieutenant.
Havoc s’éloigne et s’affaire plus loin, hors de son champ de vision. Sa voix s’élève, s’adressant à quelqu’un d’autre, à l’extérieur. Cette fois, il comprend vaguement ce qu’il dit. Il est question de soldats, de chaleur et de déshydratation. De réfugiés et de scandale, de papi ou de bébé morts de chaud. Et de stocks d’eau. Puis plus rien, déjà trop loin pour qu’il entende encore.

*
Une fois de plus, Havoc lui demande si ça va ; une fois de plus, il hoche doucement la tête.
Ça fait un peu moins mal. Et il fait moins chaud ici qu’à l’extérieur.
De fait, il a maintenant presque froid, ce qui ne lui semble pas très logique ; en plein jour et vu l’épaisseur des murs, il devrait faire nettement plus chaud, même ici. Mais il ne va pas s’en plaindre.
Ça a pourtant l’air de contrarier Havoc, qui fronce les sourcils et le scrute. Puis pose sa grande main sur son front. C’est frais, c’est agréable. Cain ferme les yeux de contentement, sans y penser. Un soupir lui échappe presque.
Quand il rouvre les yeux, c’est pour trouver Havoc, au contraire, de plus en plus ennuyé ; la main quitte son front et aussitôt il la regrette.

« Ne bouge pas, » fait le grand sous-lieutenant, le prenant par l’épaule.
Et, là où le contact lui manquait tellement, il pose ses lèvres. Cain se retrouve complètement pétrifié par ce geste. Bouger ? il n’en est plus capable. C’est à peine s’il respire encore. Les lèvres de Havoc restent juste appuyées sur sa peau, quelques longues secondes. Quand finalement elles s’effacent, il se sent comme attristé, sans même comprendre pourquoi. Quelque chose ne doit pas tourner très rond…
Effectivement : « Je crois que tu as de la fièvre, » annonce Havoc.
Ça expliquerait pourquoi son cœur bat la chamade, mais pas que son rythme ait brusquement encore accéléré juste quand le sous-lieutenant s’est mêlé de tâter sa température.

Quelques instants plus tard, on lui met un verre d’eau entre les mains. Il essaie bien de protester, faire comprendre que ça va… non, pas moyen. Havoc refuse de s’en laisser conter.
« Bois, j’te dis. T’as l’air au bord de l’insolation. Ou p’tet même déjà cuit. Alors avale-moi ça avant de te déshydrater encore plus. »
Pas le choix, apparemment. Puisqu’il insiste tant…
« Ok. Écoute, je sais pas ce que t’en penses, mais je préfèrerais éviter que tu prennes un coup de chaud. Si tu devais gerber avec la mâchoire dans cet état, le résultat serait pas triste. »

Beurk. Merci pour l’image mentale… Prudamment, il tente une première gorgée. Et manque de s’étrangler. Les bulles et le goût amer de la boisson qu’il croyait n’être que de l’eau ne passent pas.
« C’est juste de l’aspirine. Pas encore ce qu’il y a de mieux pour calmer la douleur, mais c’est déjà mieux que rien. Et ça ne peut pas faire de mal à ta température. »

Rien ne l’y oblige, du tout, mais, en attendant que Cain vide son verre, Havoc lui raconte brièvement ce qui s’était passé. Qu’effectivement, les frères Elric sont partis à la sauvette, avec la complicité de quelqu’un d’autre, d’un véhicule motorisé et de deux enfants civils dont l’armée avait la charge le temps de ce convoi. Et ils ont saboté les installations ferroviaires en partant. En bref, un beau merdier, mais on connaît leur destination probable et on les attendrait à leur arrivée.
Il pourrait encore épiloguer sur les ennuis qui les attendent, eux deux, et Ed aussi, quand ils se retrouveront face au Colonel, mais il a le bon sens de lui épargner ça.

Après ça, on le laisse enfin tranquillement replonger dans un bienheureux demi-sommeil.

Il est formidable, le sous-lieutenant Havoc, se dit Cain. Il n’aurait jamais cru… il se conduit admirablement, un vrai chef, efficace et tout, lui qu’il tendait à prendre pour un glandeur. Ça fait plaisir à savoir : il est heureux de s’être trompé ; c’est tellement plus gratifiant d’avoir une image positive de son entourage !
Il est formidable…

Et il a les yeux bleus, se rappelle-t-il. De quelle couleur, exactement ? il ne les a jamais regardés de près, il évite d’ailleurs de regarder ses supérieurs dans les yeux, en général. Et puis, pourquoi s’y serait-il intéressé ?
Là dehors, brille un grand ciel bleu sans nuage et où le soleil tape si fort qu’il se fond dans le bleu, faisant une tache blanche brûlante, éclaircissant un coin du ciel.
Est-ce que le sous-lieutenant Havoc aurait les yeux de la même nuance que ce ciel ? il faudrait qu’il vérifie.
Ça ne va pas être possible tout de suite ; il fait trop sombre ici. Et le sous-lieutenant a dû ressortir gérer le dérapage et la remise en route de la mission, il ne sait pas quand il repassera, et il commence à se sentir fatiguer, il ne va sans doute pas tarder à obéir à l’ordre qu’il lui a donné de se reposer, à profiter de la sieste proposée. Peut-être dormira-t-il, à ce moment…
Alors, quand il se réveillera, il faudra qu’il voie ça. il faut qu’il s’en souvienne, au réveil, vérifier si le sous-lieutenant Havoc a bien les yeux bleu d’été…
…non, bleu ciel. On dit bleu ciel. Comme dans ciel d’été, bleu ciel chaud, bleu chaleur… il faudra qu’il y pense…

**
Ça n’était pas qu’il avait eu du mal à aimer Jean, que ça avait démarré difficilement. Mais plutôt, qu’il avait toujours eu en lui la capacité d’en devenir amoureux, qu’il lui fallait juste un petit coup de pouce pour libérer ses sentiments. Sortir du contexte habituel, de la routine quotidienne, oublier Mustang-le-magnifique et laisser à Havoc la chance de briller par lui-même.
Il n’y avait pas à rougir de ça. De toute façon, se dit-il, à moitié endormi et passant du coq à l’âne sans plus s’en apercevoir, le rouge ne leur allait pas, ni à l’un ni à l’autre ; il préférait largement le bleu.
« Tu as de beaux yeux, » répéta-t-il.
Cette couleur l’apaisait. Quand il se perdit dans ce bleu et s’y endormit, il ne doutait plus.

perso: fma - fury, fandom: fullmetal alchemist, pairing: traces, perso: fma - havoc, rating: g-pg, type: fanfic, fandom: fma - 1st anime

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