Série : Havoc et Fury, une histoire à suivre
Chapitre #28, Apprendre à vivre seul un temps
Personnages/Couple : Jean Havoc/Cain Fury
Thème 2#47, "
l'amertume n'a aucune chance face à ces deux-là" (
52_saveurs)
Genre : relation qui se cimente
Gradation : PG / K+
Nombre de mots : 800
[
prologue]
[
liste des chapitres]
[
chapitre précédent]
***
Fury a décidé qu'il est temps pour lui de quitter le dortoir et surtout, de commencer à vivre seul. Pour faire le point sur sa vie et régler les « on verra » et les « plus tard ».
« Viens avec moi, » essaie de répéter Jean, malgré l'ombre du scandale qui pèse encore sur eux.
Non, non.
Ça l'effraie quand même encore. Ça reste trop d'un coup. Quelque chose s'obstine à lui dire qu'il ne pourrait pas, il ne le mérite pas. Il vaudrait mieux vivre un peu tout seul d'abord, savoir ce qu'il vaut, ce qu'il veut, se prouver quelque chose à lui-même, qu'il est capable et digne de Havoc.
Mais ça n'est pas très logique, tout ça. Ça n'est peut-être qu'un prétexte, mais ça fait partie de ce qui le bloque.
Le problème, c'est que son attitude indépendantiste n'est pas exactement dans ses moyens actuels. Il pourrait le faire, mais ça serait vraiment juste. Le dortoir de la caserne reste la solution la plus sage, à ce stade. Une promotion tomberait à point nommé, quand même, pour améliorer sa situation mais de ce côté-là, mieux vaut ne pas y compter pour l'instant.
Havoc propose encore, et devant témoins cette fois, de venir squatter chez lui « jusqu'à ce qu'il trouve un endroit idéal où crécher ». Le reste de l'équipe fait semblant de ne pas savoir ce qu'il cache derrière ce qui passe ainsi pour une idée honnête et bonne.
Mais il faut encore qu'il refuse, arguant qu'il doit être capable se débrouiller seul.
Il a toujours des choses à se prouver à lui-même... être digne de Havoc, et prendre ses décisions pour l'avenir lui-même, déjà.
**
Alors c'est fait. Fury vit seul dans un tout petit appartement rien qu'à lui. Ça n'est pas toujours évident, mais il se débrouille. Dans la journée au moins ; la nuit, c'est autre chose. Entre les fois où il peut aller voir Havoc - délicieuses, comme toujours, mais épuisantes - et celles où c'est impossible et il lui manque.
Il pensait trouver la liberté en déménageant, mais en fait, réalise Cain, il trouve ça horrible d'être seul. Il devrait être content d'être au calme dans son petit chez-lui après une journée de travail. Mais non, dîner seul et dormir seul, c'est trop triste. Son appartement a beau être tout petit, il le trouve terriblement vide et s'y sent perdu. S'il y étouffe, ça n'est pas qu'il y est à l'étroit, c'est que le silence prend toute la place.
L'agitation, la vie du dortoir, finalement, lui manque. Et les bras de Havoc autour de lui plus encore. Il ne se passe pas longtemps avant qu'il n'aille se réfugier chez lui. C'est là qu'est sa vraie place, dirait-on.
Il semble qu'elle lui soit déjà toute faite, et pourtant il a l'impression qu'il lui reste à conquérir le droit de s'y installer. Pas auprès de Jean qui l'accueillera à bras ouverts chaque fois qu'il voudra s'y blottir, au moins pour un temps, mais auprès de sa propre conscience si ça doit être pour de bon.
*
Continuer à se voir la nuit en cachette, c'est toujours dur. Essayer de se voir malgré tout toutes les nuits, c'est juste impossible. Or Cain n'est bientôt plus capable de dormir seul maintenant, après avoir connu les nuits avec Havoc, la solitude de sa chambre lui pèse terriblement, l'anonymat du voisinage, pire encore que celui de l'époque du dortoir malgré ses efforts, le fait se sentir encore plus seul... et pourtant, ça devient très rapidement usant. Ça ne peut pas continuer indéfiniment ainsi.
Une fois de plus, se dit Cain, il faudrait que quelqu'un intervienne pour lui rappeler qu'il y a une lacune dans le règlement - ah, vous aussi vous avez remarqué ? - et que rien ne s'y oppose, que le Sous-lieut' est un bon gars et que sa proposition est honnête, alors à moins que ce départ de l'équipe ne soit dû à des tensions personnelles, vraiment, pourquoi pas ?
Ou bien, ou bien... il peut, comme il en a pris la résolution en quittant la vie bien rangée des dortoirs de la caserne pour se prendre en main, décider de lui-même qu'il a le droit de le faire, sans que quelqu'un lui en donne l'autorisation. La prise d'initiatives, c'est bien aussi !
Il ne laissera pas tout ça lui pourrir la vie. Leur lot d'horreurs, ils l'ont eu l'an passé sous les ordres du Colonel Mustang. Maintenant qu'ils sont heureux ensemble... il entend bien qu'ils le restent !
Les coups durs, gros ou petits, il fera front contre. Après tout, Havoc avait surnommé Fury « champion d'optimisme » il n'y a pas si longtemps que ça, et lui aussi est doué pour ne pas se laisser prendre la tête.
Ténacité, courage, bonne humeur, amour : avec ça, ils iront loin. Et ils sont déjà bien partis pour.
***
chapitre suivant