[Neo-Mirage - Anadyomede] Table 1 - Chasteté

Jan 17, 2012 21:12

Titre : Mademoiselle aux hirondelles
Auteur : anadyomede
Nom du binôme : neo_mirage
Table : 1 - Paradis/Enfer
Thème : Chasteté
Fandom - Couple : Harry Potter - Gabrielle/Ginny
Rating : PG

Si on le lui avait demandé, Gabrielle se serait certainement résolue à répondre qu’en vérité, elle n’avait jamais vraiment beaucoup aimé les hommes.

Leurs regards sales coulaient sur elle dès qu’elle sortait, ceux-là même qu’elle percevait enfant chez son père lorsqu’Apolline se déshabillait, lorsqu’elle fermait en souriant la porte et que Gabrielle se retrouvait seule, seule, seule. Une fois, elle s’était collée contre le mur et elle avait écouté. Elle avait brûlé ses joues et chaque regard depuis lui devenait intolérable.

Fleur en aurait ri.

Gabrielle aimait beaucoup sa sœur mais c’était comme si elle ne l’avait jamais vraiment connue toute entière. Des flashs par-ci par-là, des confidences pour enfants. De Beauxbâton à l’Angleterre, ça en faisait, de la distance et elle avait beau la considérer comme un pilier de son existence, c’était peut-être simplement pour pallier au vide qui s’ouvrirait dès qu’elle s’avouerait la vérité : en dix-huit ans, il n’y avait jamais eu quelqu’un qui avait réellement compté au point de lui couper le souffle.

Sa sœur était belle, aussi belle qu’elle, et Gabrielle aimait la beauté. Elle aimait les cheveux soignés, les peaux lisses, les voix distinguées. Elle aimait les habits sans plis, les traits bien dessinés. Quand elle s’observait elle-même au miroir, elle se satisfaisait, avec ses airs de madone. Son joli sourire la rassurait.

Il était peut-être là, le problème : la laideur l’insupportait et les hommes en étaient fusillés. Il y avait chez eux mille petits défauts qui se précipitaient, une barbe mal rasée, des mains rêches, une légère odeur à la fin de la journée… Ils étaient trop grands, trop fins ou trop carrés, trop avenants ou trop distingués, ils n’étaient jamais assez bons.

Quand la peau de Gabrielle frôlait celle de Bill, elle ne pouvait empêcher tout son corps de se crisper. Les cicatrices qui cisaillaient son visage restaient visibles, aussi translucides étaient-elles, rien ne pouvait empêcher le regard de la jeune fille de s’y cogner. Et puis elle s’en voulait, parce que la guerre, parce que le héros, parce que le sacrifice, on le répétait tout le temps - parce que si Fleur était heureuse, alors c’est qu’il devait être beau, mais de l’intérieur alors, et ce n’était pas suffisant.

Elle ne désirait pas les hommes. La main sur son ventre la révulsait, le baiser au creux du cou la dérangeait, dans son ventre, il n’y avait pas la moindre sensation qui explosait. Gabrielle n’avait besoin de personne. Une vraie petite déesse de chasteté.

Et puis elle avait rencontré Ginevra Weasley.

Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’elle la voyait, bien sûr. Ce n’était pas comme si jamais elles ne s’étaient parlées mais à l’époque, Gabrielle était peut-être trop jeune, trop inconstante, trop hautaine. Ginevra était aussi rousse que Gabrielle était blonde, elle chantait la déraison, une vraie petite alouette. Fiancée du Survivant, sûre d’elle.

Rien ne les liait. Il y avait un grand gouffre lorsque leurs yeux se croisaient, mais Ginevra était belle ; belle avec ses différences, avec ses cheveux désordonnés et ses ongles rongés ; belle avec son obscurité, jamais complètement remise de cette vieille emprise en deuxième année. Elle ne se maquillait jamais, elle riait un peu trop fort, mais alors en Gabrielle, tout se précipitait : elle sentait monter l’angoisse et puis l’envie, elle accueillait le rejet comme la colère avant de laisser place à un drôle de désir, une inconscience nouvelle qui se délivrait en elle.

C’était ce drôle de désir qui l’avait poussé alors, à dix-huit ans, à entrer dans la chambre. Les autres étaient en bas, Ronald était arrivé un ami qui n’avait cessé de la dévisager et elle avait eu envie de vomir, elle avait eu envie de hurler.

Elle était montée sans savoir exactement ce vers quoi elle se dirigeait. Elle n’avait plus aucune idée de ce qu’elle recherchait, ou peut-être que oui, une toute petite, qu’elle se refusait consciemment à accepter.

Quand elle l’avait vue apparaître, Ginevra s’était tournée vers elle et son regard s’était allumé. Gabrielle l’avait senti courir sur elle ; passant par chaque recoin, il l’avait entouré de partout pendant plusieurs secondes, trop longues, avant de s’arrêter au bord de ses lèvres. Et de relever les yeux.

« Tu ne te plais pas, ici, n’est-ce pas ? »

Gabrielle avait paru étonnée. Elle avait dit que non, que oui, que ce n’était pas ça.

« C’est quoi alors ?

- Je ne sais pas. »

Un silence.

« Menteuse. »

Elle avait souri. Brusquement, elle avait su, elle s’était approchée et elle avait eu le cœur tremblant, tremblant comme jamais, tremblant pour de vrai, et elle s’était sentie heureuse jusqu’au fond du ventre, et elle l’avait embrassée, c’était comme s’il n’y avait plus que des hirondelles qui chantaient dans sa tête qu’elle était là, la beauté, tout en secret, qu’elle était là, la recherchée.

Quand elle s’était relevée, pourtant, la jeune fille s’était rappelée le reste des Weasley, Fleur et Harry Potter. Alors sans un mot, elle s’était évincée.

Si on le lui avait demandé, Gabrielle se serait certainement résolue à répondre qu’en vérité, elle avait bien trop peur de s’engager.

auteur!anadyomede, fandom!harry potter, table 1

Previous post Next post
Up