Titre : Pas de bague au doigt, mais la tête dans le chaudron.
Entraîneur : Pomme-violette
Bêta : Eleha a fait du bon boulot en me mettant sous le nez mes incohérences et mes petites bêtises. Merci ^^
Equipe/Joueur(s) : Adrian Pucey
N° Case : 06
Intitulé de la case : Le joueur apprend qu'il y a 4 ans, lors d'une fête, il (elle) s'est marié(e) à un(e) illustre inconnu(e).
Rating : K
Notes de l’entraîneur :
Le choix du lieu peut paraître bizarre, surtout que certain n’existe pas, mais je me suis dit que ça m’aiderait à me remettre dans l’ambiance du Ministère pour achever ma Croisade sur Cornélius Fudge.
Et je relance les dés.
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En cette belle journée d’Août, le Chemin de Traverse était bondé car les apprentis sorciers étaient venus acheter le matériel nécessaire à une première ou énième année scolaire à l’école Poudlard. Ils s’agglutinaient tous devant les vitrines des magasins, surchargées - comme chaque année à cette période - de publicités aux slogans accrocheurs et couleurs tapageuses, rendant impossible la circulation dans l’avenue principale.
Tout cela rappelait à Adrian Pucey de très mauvais souvenirs de son adolescence : Adrian n’avait jamais réussit - aussi « bon » Serpentard qu’il soit - à convaincre sa mère de ne pas l’y accompagner ou encore d’envoyer un elfe de maison à leur place.
Alors elle venait et regardait avec indifférence le commun des sorciers mais se faisait, à son goût, un peu trop chaleureuse en serrant contre elle quelques uns de ses compagnons de Serpentard tels que Flint ou Montague (qu’importe le fait qu’ils soient les petits cousins de la vieille Tante Elisabeth ou de l’oncle Asphar) qui, à leurs sourires pervers, étaient ravis d’une telle proximité.
Elle savait qu’il n’aimait pas ça, mais elle le faisait encore et toujours. L’embarrasser était la seule manière qu’elle avait trouvé pour se venger de son « insensible fils » qui préférait jouer au Quidditch avec ses coéquipiers pendant les vacances plutôt que de retourner chez lui passer du temps en famille. Ce qu’elle pouvait être rancunière quand elle le voulait !
Enfin, cette période était loin derrière lui à présent : à vingt-cinq ans, il avait fait sa vie. A la grande surprise de tous, y compris de lui-même, il avait réussi les concours et la formation pour devenir Langue de Plomb. Il s’occupait à présent de projets classés secrets pendant que la plupart de ses amis travaillaient dans l’entreprise familiale - pour information Adrian n’avait tenu qu’un été avec son père avant de tout laisser tomber sitôt septembre arrivé - ou dans des minuscules bureaux du Ministère de la Magie, ce qui était tellement ennuyeux qu’ils pouvaient tout moment mourir d’ennuie à l’instar de leur ancien professeur d’Histoire, H. Binns.
Sur le plan personnel, tout se passait bien pour lui. Aussi incroyable que cela puisse paraître à ses yeux, Mandy et lui ne s’étaient jamais quittés après leur sortie de Poudlard et avaient même emménagés ensemble dans un petit appartement dans le Londres sorcier l’année suivante.
Aujourd’hui, il prévoyait de la demander en mariage. Il venait d’acheter la bague, ornée de saphir et d’émeraude pour représenter les couleurs de leur ancienne maison, dans une boutique de l’Allée des Embrumes. Il devait à présent se rendre au Ministère de la Magie pour obtenir les formulaires à remplir si sa Mandy disait oui. Il essayerait de glisser le contrat de mariage de sa famille dans le tas en espérant qu’elle le signe sans regarder - ce qui n’arriverait pas puisque l’ancienne Serdaigle était devenue méfiante à son contact. Comme si Serpentard rimait forcément avec fourberie !
Régulièrement, il profitait de la réputation de sa profession - ou en tout cas essayait de le faire - pour amadouer Mandy : « Je me ferais un plaisir de t’aider à ranger l’appartement mais, par précaution, le chef m’a conseillé de rester allongé et de ne pas faire de magie ce week-end puisque les derniers essais ont été assez… par Salazar, qu’est-ce j’aimerais pouvoir briser ce stupide sort de confidentialité! ». Malheureusement, elle était insensible à ses excuses surtout lorsqu’il essayait d’échapper à sa part de corvées ménagères.
Dans les ascenseurs du Ministère, avec sa robe de fonction et un air revêche créé pour l’occasion, Adrian Pucey essayait d’intimider le plus de fonctionnaires possibles. A chaque fin de semaine, il comparait ses résultats avec deux collègues Langue de Plomb dont les vrais noms avaient été oubliés au profit de leur surnom : Moroz et Funestar. En parlant de ça, il faudrait qu’il s’en trouve un aussi - du genre Makabre ?
Il aimait aussi narguer ses proches en leur disant que son métier était intéressant (ce que personne ne pouvait contredire puisque personne ne savait en quoi il consistait hé hé) et bien mieux payé que le leur. Ensuite, Marcus ne manquait pas de lui rabattre son caquais : il était joueur de Quidditch professionnel, il était pressenti pour occuper le poste de poursuiveur dans l’équipe nationale d’Angleterre pendant les qualifications pour la prochaine Coupe du Monde de Quidditch qui aurait lieu en Bulgarie, et blablabla … Rabat joie !
Ensuite, Adrian se mettait à bouder comme lorsqu’il était enfant et que sa mère le privait de ses suslesangs - soit disant que ces sucettes le rendaient encore plus hyper actif ! Finalement, il titillait son ancien capitaine sur sa réputation, sa place dans l’équipe, ses relations … jusqu’à obtenir des billets pour assister au match sans débourser le moindre galion de sa poche. Marcus grognait lorsqu’il se rendait compte qu’il était, une fois de plus, tombé dans le piège sous l’œil amusé de Montague et celui goguenard d’Adrian.
Il entra dans l’atrium, passa à côté de la nouvelle statue du Ministère et s’approcha du bureau de la sécurité où se trouvait Eric Munch, mal rasé et vêtu de son habituelle robe bleue comme les plumes de paon, pour y déposer sa baguette. Après avoir rempli les formalités d’usage, il monta dans l’un des nombreux ascenseurs et descendit au niveau 1, où siège en partie le Département de la Justice.
Il en ressortit choqué et désespéré : l’ « aimable » secrétaire avait refusé de lui confier le moindre formulaire d’union magique après avoir consulté son dossier car « il était marié depuis 4 ans avec une moldue puisqu’elle ne figure sur aucun registre du Ministère de la Magie ». Absurde ! On ne peut pas oublier son propre mariage, n’est ce pas ? Et encore moins avec une moldue !
Adrian avait besoin d’évacuer la tension accumulée aujourd’hui ce pourquoi il se rendit dans la Salle des Prophéties du Département des Mystères, ou plutôt ce qu’il en restait après le passage dévastateur du Balafré et de ce qui lui servait d’amis : une petite rangée de prophéties - protégées par une bonne vingtaine de sorts anti-casses - en était le seul vestige.
Aujourd’hui, la salle servait avant tout d’espace de détente pour les Langues de Plomb. Les mordus de Quidditch, dont il faisait évidemment parti, avaient réussi à réquisitionner plus des ¾ de la salle en casant dans un coin le terrain de Bavboules et dans un autre, son elfe de maison préféré : celui chargé des boissons et encas.
Adrian n’osait même pas imaginer la réaction des « Snitchies » du septième étage (1) s’ils apprenaient l’existence, au sein même du Ministère, d’un tel endroit. Même feu Fudge avait eu assez d’esprit pour refuser leurs nombreuses et insistantes demandes !
Lorsqu’il venait dans cette salle, Adrian aimait prendre une batte et frapper de toutes ses forces sur les cognards jusqu’à l’épuisement, en dépit du fait qu’il était poursuiveur du temps de ses études à Poudlard. Parfois, il imaginait que les balles déchaînées devenaient des têtes et sa force décuplait.
Il se vengeait ainsi de tout ce que lui avait subir Marcus sous prétexte d’être son capitaine de Quidditch («- Puisque certain ont feinté de s’échauffer après l’entraînement, vous ferez 15 tours de terrain en courant et ceci n’est pas négociable. Le sang froid des Serpentards vous protégera sûrement de la tempête de neige. - En fait, ils ont besoin de chal… - Et vingt tours de plus. Vous remercierez votre camarade Pucey après mon départ. »), ou de son patron à cause de qui son bureau avait l’air d’appartenir à un pur gryffondor, ou de sa mère qui le harcelait sans arrêt pour avoir des petits enfants ou … Enfin bref.
Et aujourd’hui, cette stupide secrétaire était sa nouvelle cible préférée, pour la manière dont elle lui avait parlé et congédié mais aussi, parce qu’il savait à présent qu’elle avait raison. En effet, il se rappelait certaines bribes de souvenir de cette journée.
Tout avait commencé par un horrible dîner familial chez sa grand-mère maternelle qui inaugurait sa villa aux Etats-Unis où elle comptait profiter du soleil durant ses vieux jours : Pansy Zabini, sa cousine, avait préparé pour l’occasion de « succulents gâteaux » à la myrtille et aux olives. Mélange plutôt étrange, n’est-ce pas ? Personne n’avait osé le lui dire de peur de subir une nouvelle crise de larmes ou de colère que seules les femmes enceintes jusqu’aux yeux peuvent avoir. Elle les avait, de toute évidence, intoxiqués et par conséquent devait être tenue pour seule et unique responsable de ce qui avait dû se passer ensuite.
Il se souvenait avoir quitté le manoir familial le plus tôt possible puis s’être rendu dans l’un des ces Casinos de Las Vegas qui plaisaient énormément aux moldus. Mandy n’aurait vraiment pas aimé qu’il aille dans cette « ville du péché », pourtant ne lui avait-elle pas souvent reproché de ne pas s’intéresser à eux ? Il avait même fait des efforts pour passer inaperçu dans l’immense foule de moldus qui l’entourait et Salazar sait que ce ne fut pas évident quand des hommes ou des femmes lui demandaient son numéro de téléphone alors qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il s’agissait !
Il n’avait bu qu’un seul verre d’alcool et pourtant il se sentait aussi ivre que lors de sa première victoire au sein de l’équipe de Serpentard. A partir de là, tout devenait confus si ce n’est le visage d’ « Elvis, mais appelle moi The King petit » alors que celui-ci lui faisait répéter chaque phrase qu’il prononçait. Et il s’était réveillé sur le sol d’un hôtel miteux avec une folle envie de vomir.
Il avait naïvement cru que rien ne s’était passé puisqu’il était encore habillé de la tête au pied mais maintenant il savait qu’il venait de faire la plus grosse erreur de sa vie : se marier. Il aurait dû écouter les mises en garde que faisaient ses amis sur le mariage. Il avait ri d’eux et pourtant ils étaient bien placés pour dénoncer cette institution : une rouquine s’était jeté sur l’un sans lui laisser la moindre chance de s’échapper et l’autre se faisait dompter par une Harpie d’à peine 1m60 les bras levés! En même temps, il n’avait jamais imaginé épouser une autre que Mandy, qui avait beaucoup de défauts mais qui lui pardonnait facilement les siens.
Lorsqu’il rentra chez lui ce soir là, il rangea la bague de fiançailles dans le lieu qu’il pensait être le plus sûr puis il se dirigea vers la cuisine où se trouvait déjà Mandy, préparant ce qui semblait être des pâtes. Flairant le danger que représentait sa chère et tendre près d’un feu, il se précipita pour l’aider et l’envoya plutôt mettre la table.
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Adrian ne portait peut-être pas de bague, mais cela ne l’empêchait pas d’avoir la tête coincée dans le chaudron.
En effet, si le lendemain matin Adrian s’était donné la peine de ranger le linge que Mandy avait repassé au lieu de le laisser sur une chaise, elle n’aurait jamais trouvé un petit écrin de velours contenant une bague de fiançailles dans son tiroir à sous-vêtement et n’aurait jamais commencé à rêver d’un mariage mi-moldu mi-sorcier pour représenter ses origines. Adrian aurait pu vivre ainsi encore de longues années comme si de rien n’était, la vie était parfois mal faîte.
Mais nous allons le laisser découvrir ça seul, n’est-ce pas ?
Fin.
(1) Le terme « Snitchies » est tiré d’un O.S. d’Owlie_Wood nommé Au Septième étage, que je vous conseille car il est excellent ^^