Pour ce 3ème jour de l’Avent, je vais vous parler de Sense 8 (prononcer à l’anglaise, “sense eight”), une série Netflix qui est l’un de mes gros gros coups de coeur de cette année. Je trouve que rien que pour elle, ça vaut la peine de s'abonner à Netflix, ou du moins de tenter le premier mois gratuit, c’est vous dire !
Et donc, Sense 8 c’est quoi ?
C’est le nouveau bébé du duo Washovski (Matrix, Cloud Atlas, Jupiter Ascending) qui se frotte ici au petit écran, et de Michael Straczynski (Babylon 5). Pour l’instant il y a eu une première saison de 12 épisodes, et la série a été renouvelée pour une saison 2.
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Et ça parle de… ?
Le pitch est simple, mais intrigant : huit personnages aux quatre (ok, bon, huit) coins du monde, qui du jour au lendemain vont se retrouver télépathiquement liés les uns aux autres et se trouver malgré eux la cible d’une organisation occulte…
Et en quoi c’est bien ?
Pour faire simple : les personnages attachants et le casting parfait, la diversité, l’humour et quelques très belles scènes d’action !
Un aperçu rapide de nos huit protagonistes, en essayant au max de ne pas spoiler :
Nomi est une blogueuse (ainsi que hackeuse à ses heures) trans qui vit à San Francisco et qui est en couple avec la fantastique Amanita (jouée par Freema Agyeman ! Hello Martha !), qui mérite le trophée de la meilleure petite amie du monde. Leur relation est topissime et il faut noter le fait rarissime (voir inédit ?) d’avoir un personnage principal trans, joué par une actrice trans et écrit par un auteur trans (Lana Washovski pour ne pas la nommer). J’ai beaucoup aimé son arc narratif.
Will est un flic Chicagoen tout ce qu’il y a de plus banal et il aurait assez facilement pu tomber dans le travers du héros type, mais l’écueil est bien évité et il est très sympathique. C’est le premier à enquèter vraiment sur ce qui est en train de lui arriver et l’un des personnages que l’on suit en premier.
Kala est une indienne bouddhiste très croyante, issue d’une famille plustôt aisée et ouverte, qui travaille dans un gros groupe pharmaceutique et qui se retrouve entrainée un peu malgré elle dans des fiancailles avec un homme bien sous tout rapport, mais qu’elle ne désire pas vraiment. C’est l’un des personnages les plus “purs” et naïfs mais elle est elle aussi très attachante.
Wolfgang est un cambrioleur allemand avec une certaine capacité pour la violence, dont la famille est très liée avec (voir est) la mafia locale. Avec son meilleur ami Félix il s’embarque dans des affaires qui ne peuvent que mal tourner.
Sun est la fille d’un magna des affaires coréen, très compétente dans son boulot mais sous-estimée par son père et son frère malgré son abnégation pour sa famille… et aussi une combattante kick-ass qui va se révéler l’un des action-hero du Cerle.
Lito est un acteur très célèbre de soap-opéra mexicain et un sex-symbole local… et probablement l’un des personnages les plus drôles de la série. Mon préféré en tout cas, et son arc tragicomique et sa vie sentimentale dignes d'une des télénovellas dans lesquelles il tourne m'ont successivement fait hurler de rire et mis la larmichette à l'oeil… Les personnages secondaires de son entourage valent aussi leur pesant de cacahuète. C’est grandiose.
Riley est une DJ islandaise qui travaille à Londres, traîne avec des gens plus ou moins fiables et souffre probablement d'un fond de dépression chronique. Elle a derrière elle un passé très douloureux et est l’un des premiers personnages qui va connecter émotionnellement avec le reste du Cercle. C’est aussi elle qui est à l’origine d’une bonne partie de la bande son de la série.
Capheus enfin, vit dans un quartier pauvre de Nairobi. Il possède et conduit un minibus taggué en l’honneur de Jean-Claude Van Damme, ce qui lui vaut son surnom, et essaie d’économiser pour acheter des médicaments non contrefaits pour sa mère qui est séropositive. C’est un naturel heureux et il est assez adorable.
La série comme le lien thélépathique se développent assez lentement et au fil des épisodes le spectateur découvre les sensates au fur et à mesure qu’eux-même se découvrent mutuellement et apprennent à se connaître. Au début le lien entre eux se traduit par des intrusions de sentiments, de sons ou d’éléments volés du coin de l’oeil, le bruit d’un orage lors d’une journée ensoleillée… avant que les personnages ne commencent à s'apparaitre mutuelement comme des sortes d’hallucinations ou même prennent possession temporairement du corps d’un membre de leur Cercle en cas d’urgence, ce qui donne des scènes filmée de manière impeccables et très inventive.
C’est aussi l’occasion d’avoir un peu d’humour de situation car évidemment les intrusions ne se font pas toujours au meilleur moment et certains personnages en prennent plein la vue, ou se ridiculisent devant leurs collègues en parlant tout seul… et je ne vous parle pas de la scène où l’une des filles à ses règles et où l’un des mecs le ressent et est persuadé qu’il est en train de mourir tellement il a mal….
Et plus ça va, moins on ne peut s’empêcher d’adorer les personnages et leurs luttes, de trembler avec eux, d’éclater de rire, de ressentir la communauté et l’empathie qui grandissent entre eux…
(J’ai vu passer quelques commentaires qui trouvaient les personnages assez clichés, mais ça ne m’a honnètement pas géné car le show est suffisamment bien écrit pour ellaborer et construire des personnages solides.)
La diversité géographique, culturelle et ethnique est dès le départ l’un des gros points fort de la série du fait même de ses personnages (elle a d'ailleurs été tournée dans chacuns des huits pays !) et on découvre très vite que cette diversité est aussi présente sur le plan du genre et de la sexualité, puisque nos têtes d’affiches comptent une femme trans, un gay dans le placard, un personnage potentielement asexuel, il y a un personnage secondaire bi, des relations poly qui se dessinent… Bref, n’en jetez plus, aucune autre série ne me vient en tête avec un tel melting pot.
Pour récapituler :
Des personnages attachants, de la diversité, des FEELS (ils méritent les majuscules), des éclats de rires, du WTF et des moments d'émotion... Un beau mixe quoi. Et dire qu'il faut attendre un an pour la prochaine saison... :'(
Et je vous laisse sur un de mes moment préféré de la première moitié de saison. Pas de spoilers particuliers, mais une putain d'ambiance (assez caractéristique de la série) et "What's Up" de 4 non Blond qui reste coincé dans la tête :
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