Thème :25. Une vie de méduse
Personnage : Wolfram
Série : Kyou Kara Maoh !
Rating : G
Spoilers : Nope !
Disclaimer : Kyou Kara Maoh n'est pas à moi, sob, sob...
Note : après pas mal d’hésitation, j’ai choisi la traduction potterienne de « halfblood », sang mêlé, pour les métis humains/mazokus, étant donné que le contexte de préjugés est quasi identique dans les deux cas…
Merci Meanne-semenamoi pour la bêta ! ^_^
Suite direct du thème 24
Aussi ébranlés que nous soyons - Je veux aller me battre !
Gwendal s'empêcha de justesse de se masser les tempes, sentant la migraine monter d’avance. Il savait que cet instant finirait par arriver, il avait juste espéré que Wolfram choisirait un autre moment que celui où absolument tous les ennuis du monde semblaient s'accumuler sur son bureau. Mais il aurait dû s'en douter, il s’agissait de Wolfram après tout. Même à sa naissance il avait fallu qu’il « arrive » en plein milieu d’une réception réunissant les plus hauts nobles de Shin Makoku… Et prématuré, comme si les rumeurs courant sur sa « légitimité » n’étaient déjà pas assez virulentes.
Gwendal jeta un coup d'œil à son petit frère ; ce dernier était tendu, presque en position d'attaque et le fusillait du regard comme pour le défier de refuser.
Ce qu'il allait faire, bien entendu. Même si Wolfram n'avait pas été trop jeune pour s'engager, son petit frère n'était politiquement pas autorisé à mettre ses jours en danger, de quelque manière que ce soit. Du moins pour le moment.
- Il n'en est pas question.
- Pourquoi ? Je suis un excellent épéiste et je…
- Wolfram, tu as soixante-trois ans.
- Et alors ? s'exclama son petit frère.
- Tu es beaucoup trop jeune. Il n'est pas question que j'envoie un enfant au front.
Ce n'était pas le genre d'argument qui pouvait atteindre Wolfram.
- Alors j'irai demander à Grand-père de me laisser combattre au nom des Von Bielefeld !
La petite peste, pensa Gwendal que l'irritation commençait à gagner sérieusement.
- Tu es le fils du Maoh, Wolfram. Même si tu ne portes pas son nom, Mère a le dernier mot sur tout ce qui te concerne.
Ce qui signifiait en fait que Gwendal était maître du destin de Wolfram. Il vit son petit frère se raidir et il ajouta, décidé à mettre un point final à cette conversation :
- Sans compter que je n'arrive pas à croire que tu puisses envisager de lui causer un tel chagrin pour des raisons purement égoïstes ! Crois-tu que Mère ait envie de te voir au front alors que Conrad est sur le point de conduire l'armée des sangs mêlés à Ruthenberg ?
Gwendal comprit son erreur presque au moment où ces derniers mots sortirent de sa bouche. Wolfram avait blêmi.
- Weller ? A Ruthenberg ? Meneur d'une armée de sangs mêlés ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
- A ton avis ?
- Ils veulent le tester ? C'est ça ? Alors qu'il… qu'il… Weller est le fils du Maoh ! C'est Mère qu'ils remettent en cause ! C'est… Comment osent-ils ? Comment peuvent-ils ?
La fureur et l’incrédulité étaient presque palpables dans la voix de son petit frère. Les Von Bielefeld, quels que soient leurs défauts, étaient d'une fidélité à toute épreuve à Shin Makoku, et par extension au Maoh. Ils étaient tous élevés ainsi, Wolfram en avait hérité, et Gwendal savait qu’il se sentait indigné au-delà même du fait qu'il s'agissait de leur mère.
Wolfram était encore très jeune. Il croyait encore qu'être Maoh signifiait être infaillible et il avait été trop absent du palais ces derniers temps pour réaliser à quel point tout allait mal. Ou peut-être qu'il le savait déjà, on n'était jamais vraiment certain de ce que Wolfram comprenait mais choisissait purement d'ignorer.
Quoiqu'il en était, son petit frère perdrait bien vite ses illusions et Gwendal était trop soucieux, trop fatigué pour le ménager encore. Wolfram avait été beaucoup trop gâté et protégé, pendant beaucoup trop longtemps. Il était né à un moment difficile et Gwendal était conscient que sa mère l’avait « utilisé » pour se distraire de ses fonctions de Maoh, lui passant tous ses caprices. Conrad quand il était présent n’était pas plus capable de dire non. Gwendal était tout aussi coupable ; déjà noyé sous les responsabilités, il avait trouvé plus facile de laisser Wolfram dissimulé aux yeux moqueurs de la Cour.
Mais il était beaucoup trop tard pour avoir des regrets.
- C'est ainsi, dit-il d'une voix dure. Nous sommes dans une période d'insécurité, à l'intérieur même du pays, et nous devons tous servir Shin Makoku du mieux que nous le pouvons. Même toi.
Wolfram ouvrit la bouche mais Gwendal le coupa net :
- Gerart Von Sengicht et son héritier vont venir au palais la semaine prochaine, accompagnés de deux des vassaux d'Adelbert Von Gratz et leurs fils. Je veux que tu les accueilles et que tu te comportes comme une personne de ton rang.
Wolfram se raidit de nouveau mais son regard s'était fait incertain. Gwendal donna alors le coup final :
- Nous avons besoin de resserrer les liens entre les nobles de Shin Makoku. Nous ne pouvons permettre que des tensions internes viennent envenimer les choses.
Voilà. C'était dit.
Gwendal attendit la protestation, l'indignation, la fureur, sans que rien ne vienne. Wolfram resta silencieux, mais il avait baissé les yeux.
- Tu peux te retirer, déclara Gwendal avec une envie furieuse de se mettre à tricoter.
Il ne le regarda pas sortir, la main serrée sur sa plume. Le manque de réaction, l’acceptation pure et simple lui avait fait mal.
Mais il ne pouvait pas encore une fois ménager Wolfram, il n'avait pas le droit de faire de favoritisme. Wolfram était fils de Maoh. Il avait un rôle et des devoirs à remplir.
Gwendal se battait pour que sa mère garde un peu de crédibilité à la Cour et que Shin Makoku ne tombe pas complètement aux mains de Stoffel. Et des humains, au passage.
Conrad allait mourir en première ligne pour prouver que les sangs mêlés étaient fidèles au pays.
Et Wolfram serait vendu en mariage pour aider à assurer la stabilité politique.
C'était comme ça. Ils étaient tous les trois les jouets de la politique actuelle et ils ne pouvaient que l'accepter.
(fin)
Explication du thème : La vie d'une méduse, c'est d'être portée par le courant, ça peut difficilement se défendre si la vague elle a décidé d'aller la mettre sur le sable. Bah, eux, c'est pareil. :p