Titre : Dans tes yeux
Auteur : Alaiya666
Jour/Thème : 13 septembre - ton regard
Fandom : Saint Seiya - UDC!verse
Pairing : Shura/DM (Angelo) (quelle surprise dites donc !)
Nombre de mots : # 800
Disclaimer : Masami Kurumada
Participation au vote de fin de mois : non
Note : On notera l’originalité confondante du titre. J’avais bien pensé à « l’encre de tes yeux » mais c’était déjà pris.
Dans tes yeux
Longtemps j’ai cru que tu ne me voyais pas.
Mais à la vérité, c’est moi qui refusais de voir : que tu me regardais.
Ta curiosité à mon égard, ce premier jour, aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Jusque-là, personne ne m’avait observé de cette façon. Bien sûr, à mon arrivée au Sanctuaire, on m’a regardé. Jaugé. Jugé. Vite fait. Et bien fait, il faut l’admettre. Ou comment avoir la paix en moins de temps qu’il n’en a fallu à chacun pour se forger une opinion à mon sujet, rien qu’en me croisant pour certains. Ça m’allait. Et puis, il y a eu toi.
Est-ce que tu m’aurais dévisagé de cette façon si tu avais eu l’occasion, avant de me rencontrer, d’échanger avec les autres ? Est-ce que tu aurais conservé cet aplomb, dont j’ai su plus tard qu’il se nourrissait de ta confiance inébranlable en toi-même et non de cette arrogance en laquelle j’ai cru au début ? Est-ce que tu m’aurais seulement répondu lorsque je t’ai adressé la parole en premier, ce jour-là ?
Je sais aujourd’hui que la réponse est oui, à chacune de ces questions. Mais parce que j’étais alors persuadé du contraire, j’ai voulu te faire baisser les yeux, à toi aussi.
Et j’ai échoué.
Il paraît que nous sommes devenus amis très tôt, presque tout de suite. C’est en tout cas ce que disent - et croient - les autres, ce en quoi ils se trompent : je t’ai détesté un bon moment de ne jamais détourner le regard à chaque fois que nous nous croisions. Pourquoi eux et pas toi ? Lorsque je te pose la question encore aujourd’hui, tu souris et tu me dis que c’est parce que je ne te faisais pas peur. Ça t’amuse ; tu sais que je déteste ce genre de réponses, d’autant plus quand elles sont justes.
Tu n’as jamais cédé, si bien que tu m’as obligé à faire avec : après tout, je ne pouvais pas te casser la gueule à chaque fois. Ou du moins essayer puisqu’en plus de me provoquer avec tes petits yeux noirs, là, tu te payais le luxe de me résister. Voire de me coller à l’occasion des raclées dont je me souviens encore.
Pourtant je t’en ai données, des raisons de détourner le regard. De dégoût devant le solde de nos petites missions punitives, tu sais, de celles que Shion aimait tant me confier sans pour autant trouver le courage de me laisser seul les accomplir. De honte à l’idée que toi et moi, sur le papier tout du moins, nous étions pareils et que, quels que soient tous tes efforts pour protéger ton intégrité et ton honneur, tes actes seraient à jamais entachés par les miens. Mais ça n’a pas suffi. Et tu as eu beau faillir rajouter une cicatrice de plus à ma collection quand je t’ai tout avoué, quelque chose me dit qu’au fond tu as toujours su, qu’on l’a toujours su tous les deux : pour ne pas salir celui que tu étais, je serais allé jusqu’au bout de l’enfer [1].
J’ai fini par m’y habituer. A tes regards. Ils sont entrés dans mon quotidien au même titre que la routine de nos entraînements, de nos obligations, de nos moments de désœuvrement. D’ailleurs, la vie à côté que toi tu as su te créer, a commencé à me les dérober trop souvent. ils m’ont manqué. Et je t’en ai voulu.
A quel moment je les acceptés pour ce qu’ils étaient et non pour ce que je les croyais être, je suis incapable de le situer ; et à vrai dire, je m’en fous. Aujourd’hui, cela n’a plus la moindre importance. Aujourd’hui, je n’ai pas besoin de me retourner pour percevoir ton attention, pour deviner tes yeux sur moi. Aujourd’hui, je te sais là, à chaque instant, et ça me suffit. S’il m’arrive encore parfois de me demander ce que signifie tel ou tel coup d’œil, si je t’amuse ou si je te consterne, si tu es heureux d’être à mes côtés ou si au contraire tu te demandes pour la énième fois ce qui t’a pris de t’embarrasser d’un type dans mon genre, je me rappelle dans le même temps ton omniprésence de chaque instant et que j’ai si longtemps méconnue. Ta vigilance à mon égard, que j’ai ignorée. Ta chaleur autour de moi. Ta tendresse muette. Ton amitié. Et ton amour.
Alors tu peux bien me contempler avec l’air que tu veux : j’accepte d’exister dans n’importe lequel de tes regards. Ceux que tu me donnes, et que j’ai appris à déchiffrer. Ceux que tu m’abandonnes et que je fais miens. Ceux que tu me voles, enfin.
Parce qu’à présent, c’est à mon tour de te regarder.
[1] Fait référence à un truc écrit depuis de nombreux mois mais non posté