Titre: Du bout des doigts
Auteur:
dauphin_noireJour/Thème: 21 mars/Réalité
Fandom: Harry Potter
Personnage: Drago/Neville
Rating: PG
Disclaimer: Rien ne m'appartient, tout est à J.K. Rowling
Participation au vote de fin de mois: Non
Du bout des doigts
Quelqu’un lui aurait demandé, quelques semaines plutôt, s’il se considérait comme un homme chanceux, il n’aurait point hésité à répondre par la négative. Tout le monde savait que Neville Londubat était un garçon maladroit et perdu, qui, sans pourtant le vouloir, se retrouvait toujours avec des tas de problèmes sur le dos. Des problèmes qui bien souvent ne le regardaient pas, mais au milieu desquels il s’était retrouvé par manque de chance. Quelqu’un lui aurait également demandé, dans la même période, s’il croyait à l’amour et il aurait répondu que oui- après tout, nombre de ses amis étaient en couple, heureux et adorables à regarder- mais que ce n’était pas pour lui. Il n’était simplement pas le genre de garçon que l’on pouvait aimer. Et surtout pas le garçon qu’un autre garçon pourrait aimer- pas celui qu’il admirait secrètement, jamais. Quelqu’un lui reposerait ces mêmes questions aujourd’hui, et ses réponses auraient radicalement changées. Oui, il se considérait comme un homme chanceux. Oui, il croyait en l’amour. Et oui, il se sentait aimé.
Neville n’avait encore jamais connu les plaisirs de la chair. Ses caresses en solitaire n’avaient toujours été que de brefs mouvements timides, jamais totalement satisfaisant. À sa plus grande frustration. Étendu sur un lit à peine assez grand pour une personne, dans une pièce où près d’une dizaine d’autres garçons dormaient comme en témoignaient les respirations bruyantes et les ronflements, et où toute intimité n’était délimitée que par un mince drap qui entourait le lit et à travers lequel il était facile d’épier lorsqu’on le voulait vraiment, Neville n’arrivait pas à trouver le sommeil. Son esprit était encore plongé dans une sorte de brouillard euphorique et son corps, pourtant éreinté, quémandait de nouvelles sensations. Le sexe- bien que loin d’avoir été ce qu’il avait imaginé de sa première fois, le manque d’intimité oblige- avait été magique. Presqu’irréel.
Ce qui était plus irréel encore- et pourtant ancré dans sa réalité- c’était ce garçon, cette beauté insaisissable, qui dormait profondément à ses côtés. Drago Malefoy. Sa tête appuyée dans le creux de sa paume et son coude enfoncé dans le matelas, Neville ne pouvait se décider à en détacher son regard. Il souriait de cet air idiot- béat- s’imprégnant de ses traits et de son odeur. Il avait tellement peur qu’il se volatilise, que ce ne soit qu’un rêve. Ou pire encore, que ce ne soit qu’une horrible farce montée par une bande de Serpentard qui s’ennuyaient. Des choses comme ça n’arrivaient jamais aux garçons comme Neville et même en le sachant, il continuait à dangereusement s’enfoncer dans le bonheur.
Il ne commençait qu’à peine à apprivoiser Drago. Il était encore bien dur pour lu ide déterminer comment pensait l’autre adolescent. Ou ce qu’il attendait de cette relation- de lui. Et Neville n’était pas encore prêt à le laisser filer.
Les doigts de sa main libre touchèrent le visage du blond, caressant doucement sa joue de satin. Douce, pas la moindre trace de poils malgré ses dix-huit ans. Neville frémit. Il voulait sentir cette douceur contre sa propre joue- contre son corps entier. Encore, éternellement. Il voulait que le rideau qui les préservait du regard des autres Serpentard- de la cruelle réalité, si les autres prenaient conscience de sa présence dans ce lit, jamais il ne s’en sortirait sans injures- reste à jamais fermé, les préservant dans une bulle de rêve, empêchant le cœur de Neville de se briser.
Il avait tellement de mal à y croire, mais souhaitait tant qu’il ne soit pas qu’un mirage…
-Es-tu seulement réel, Drago Malefoy, ou n’es-tu qu’un rêve cruel?
Le garçon blond, dans son sommeil, sembla entendre les mots glissés à son oreille, puisque sa main saisit inconsciemment celle qui caressait sa joue, l’étreignant faiblement. Souhaitant y voir là une réponse à ses questions, Neville sourit et se pressa contre le dos de son nouvel amant. Ce n’est toutefois que lorsque l’aube fit son apparition, amenant avec lui les grognements des premiers garçons qui s’éveillaient dans la pièce, qu’il ne trouva le sommeil…