Titre : Obstacles
Auteur :
flo_nelja
Couple : Arthur/Molly
Fandom : Harry Potter
Rating : G
Thème : 25-Obstacle
Disclaimer : Arthur, Molly, et Alastor Maugrey sont à JKR.
Il y a sur le sol du dortoir dix points, invisibles quand la lumière
est éteinte et peu visibles le jour, qui sont enchantés. Si on marche
dessus, une sirène se déclenche. Bien sûr, ils sont disposés
stratégiquement de façon à ce qu'on ne risque pas d'y marcher en allant
aux toilettes, sauf Alastor, dont le lit est le plus proche de la porte.
Mais Alastor n'irait jamais mettre un pied devant l'autre sans réfléchir à
tous les dangers potentiels, et puis il sait mieux que personne où sont
ces alarmes : c'est lui qui les y a mises. Il a bien sûr prévenu ses
camarades de dortoir, mais dans l'obscurité c'est toujours périlleux de
les retrouver, ou plutôt de ne pas les retrouver, quand on ne se dirige
pas vers les toilettes mais vers la porte du dortoir.
Il est vrai que des Serpentard qui, pour garder leurs os entiers, ont
tenu à garder l'anonymat avec la discrétion qui les caractérise, ont
transformé tous ses livres et ses cahiers en serpents venimeux. Il est
vrai que ces derniers ont jailli de son sac en plein cours de potion, et
l'ont envoyé à l'infirmerie se gaver de contrepoison. Il est indéniable
aussi que plusieurs de ses camarades sont venus le rejoindre avant que Mme
McGonagall, la jeune professeur de métamorphose appelée à la rescousse, ne
rende à ses livres leur forme originelle. (Et encore, malgré l'excellence
de ses compétences, Alastor les manipule toujours avec de grandes
précautions, comme s'ils allaient lui siffler dessus ou le mordre.)
D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que les Serpentard s'amusent
ainsi de la capacité d'Alastor à réagir au quart de tour. Mais ce n'est
pas une raison pour prendre autant de précautions, pense égoïstement
Arthur.
Le groupe entier des Serpentard ricanait, et Arthur et Marlène ont dû
faire comprendre à Alastor qu'on n'extermine pas un quart de l'école. Non
pas que l'idée ne soit pas tentante, mais ça ne se fait pas. Et on ne
démolit pas non plus une enfant frêle qui a trois ans de moins que nous,
même quand elle s'appelle Bellatrix Black, qu'elle rit plus fort que tous
les autres en montrant ses belles dents blanches. Même quand elle est,
malgré son jeune âge, le meneur habituel des intrigues de Serpentard, la
fierté de sa maison, celle qui leur fait gagner le plus de points, la
Sang-pur qui a décrété, le jour de sa Répartition, que la honte serait
éternelle sur sa maison si jamais un membre de sa famille allait ailleurs
qu'à Serpentard. Finalement, au lieu de l'assassiner, Alastor a installé
ce dispositif complexe, fait pour empêcher une vague menace connue sous le
nom de "les Serpentard" de venir troubler son sommeil, et qui en ce moment
est en train d'empêcher Arthur Weasley de rejoindre nuitamment et
secrètement l'élue de son coeur.
Arthur fait un tour pour éviter la cinquième des marques, en faisant
attention ce faisant de ne pas piétiner la sixième. Il veille ensuite
à ne pas se cogner le petit orteil ou le genou contre le pied du lit.
Ce n'est pas un piège d'Alastor. Ce n'est, a priori, pas non plus
spécifique à Poudlard, comme les escaliers qui se déplacent et les
tableaux qui servent de gardiens. C'est juste qu'Arthur a pour
habitude involontaire de se cogner contre tous les coins de meuble,
quelle que soit leur origine, leur taille ou leur forme, y compris le
jour. Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que la nuit arrange quoi que
ce soit, au contraire.
Enfin, avec un soupir de soulagement, il arrive au niveau de la porte.
Ou plutôt, à quelques mètres de la porte, car il y a encore quelques
obstacles à affronter. Tout d'abord, cette infâme chose vivante qui a
l'air d'une innocente plante grimpante et qui n'attend que le passage d'un
être remuant pour l'emprisonner dans ses vrilles. Depuis dix nuits, le
chat de Caius en a une peur bleue et refuse de l'approcher à moins de cinq
mètres, ce qui limite beaucoup ses déplacement dans le dortoir.
Heureusement, ce n'a pas été le plus difficile. Arthur sait, pour l'avoir
demandé en cachette au professeur de botanique, que l'odeur d'orange
repousse cette plante, et il lui suffit d'un sort appris en bibliothèque
pour la faire piteusement replier ses feuilles : "Passez, je vous prie."
semble-t-elle dire.
Mais le plus difficile reste à faire. La poignée du dortoir, le premier
rempart (qui est le dernier pour Arthur), est enchantée par un sort qui
colle à la porte toute personne qui la touche. Pour le désamorcer tous les
matins, Alastor utilise un mot de passe connu de lui seul. On a essayé de
lui faire remarquer qu'il pourrait au moins le donner à ses camarades de
dortoir, pour les cas d'urgence, ou du moins n'ensorceler la poignée que
de l'extérieur. Mais il a reniflé. Après un feu nourri de questions "Tu
n'as pas confiance en nous, ou quoi?", il leur a expliqué à voix basse
l'existence d'un sort de contrôle mental appelé Imperium, que ses parents
avaient vu utiliser lors de la guerre contre Grindelwald, le sorcier qui a
soutenu l'Allemagne Moldue jusqu'à ce que Dumbledore le vainque en 45.
Cela permet d'influencer un ennemi pour le plier à sa volonté. En tout
cas, il a été ferme : personne ne connaîtra le mot de passe. Arthur se
demande s'il a vraiment confiance en eux et si le sort d'Imperium n'est
pas qu'un prétexte. Existe-t-il seulement de tels sorts?
En tout cas, cette poignée a donné à Arthur du fil à retordre. Il
essayait des mots de passe tels que "A mort les Serpentard", le genre
qu'Alastor pourrait aimer, mais cela ne sert rien s'il n'ose pas ensuite
tourner la poignée pour voir si le mot de passe était le bon. Jusqu'à ce
qu'en fouillant dans les livres, il tombe sur une variante d'"Alohomora"
qui, non contente de déverouiller les portes, les entrebaille légèrement.
Il est heureux qu'il aie fini par trouver : jamais il n'avait autant
travaillé pour aucun devoir imposé, sauf peut-être en Etude des
Moldus.
S'il était considéré comme normal pour deux élèves de Poudlard de
s'embrasser en d'autres circonstances que lors des sorties à Pré-au-lard
(c'est-à-dire environ une fois par mois), peut-être Arthur n'aurait-il pas
besoin d'en recourir à de telles extrémités. Peut-être une loyauté absolue
envers tous les règlements, la peur d'être surpris ou des hormones très
paresseuses peuvent-elles permettre à deux adolescents qui s'aiment de ne
pas aller se retrouver après le couvre-feu. Mais rien de tout cela ne
pourra bloquer Arthur ou Molly, et quelques pièges particulièrement
vicieux n'y feront rien non plus. Le sort d'ouverture de portes
fonctionne, et Arthur vérifie que Molly est seule dans la pièce (que
deviendra sa réputation de pure jeune fille si on la surprend!) avant de
la prendre dans ses bras et de l'embrasser.
Elle rit doucement. "Qu'est-ce qui t'a pris si longtemps, Arthur
Weasley?"
Il lui racontera, plus tard, quand ils auront satisfait leur soif de
contact physique et discuteront longuement devant les flammes du foyer.
Mais pour l'instant, il n'a pas envie de parler, et il lui murmure à
l'oreille, avec une ironie tendre : "Juste quelques petits obstacles.