Harry Potter - Cho Chang/George Weasley - Thème 9 : Course folle

Dec 05, 2011 18:30

Titre : Un baiser s'il vous plait
Chapitre : À cœur perdu
Auteur/Artiste : Selemba
Couple : Cho Chang/George Weasley
Fandom : Harry Potter
Rating : PG
Thème : n°9 Course folle
Disclaimer : Tout à JK Rowlings et la correction par Caroline

Note : Pardonnez-moi de commencer par un drame, mes vieux démons se sont réveillés !

1- À cœur perdu
C’est le temps qui les a tués, se dit Cho en faisant glisser jusqu'au sol son lourd peignoir. Petit à petit, sans se faire voir, il les a grignotés. Et pas à pas, l’amour s’en est allé. Sans ouvrir les yeux, elle glisse l’un de ses petits pieds dans l’eau brûlante. Ces pieds qu’il adorait, qu’il ne se lassait jamais d’embrasser. Elle croit même sentir courir ses longs doigts dessus, suivre la douce courbe du talon. Ce n’est que la chaleur de l’eau qui s’attaque à sa peau.

Dans son bain, Cho ne sait plus où elle en est. Parfois, elle souhaite mettre la tête sous l’eau et ne jamais en ressortir. Elle ne pourra jamais. Ce foutu instinct de survie lui sortira la tête de l’eau.

Alors Cho erre, se perd, tourne et retourne sur elle-même. Elle se cogne aux murs de son silence, aux non-dits et aux souvenirs qui l’enchaînent ici. Elle pense qu’elle s’est perdue en route. Parfois elle voudrait faire demi-tour, chercher sur les routes du passé son image d’avant. Elle sait bien que ce n’est qu’un doux rêve. Le passé n’a pas de route. Elle est coincée dans le présent sur ces rails qui ne s’arrêtent jamais. Elle fonce vers un futur qu’elle connaît déjà.

Elle a depuis longtemps perdu ses illusions. Elle vit dans cette nuit qui l’entoure et rêve simplement que chaque jour soit plus grisâtre. Le gris, c’est tout de même un peu de couleur.

Avant, ils se levaient ensemble et ils vivaient. Si rien n’a changé aujourd’hui, elle n’est pas sûre que le sang continue à couler dans ses veines. Elle n’est pas sûre de vouloir qu’il continue. Elle voudrait l’appeler, lui jeter à la figure leur naufrage mais elle n’en a même plus le courage. Alors elle murmure son nom, le grave sous ses paupières toujours fermées. George, George, George…

-À ce soir, amour.

Cet amour, il le lui crache à la figure tous les matins et elle a envie de lui dire, de lui hurler : « Mais mon pauvre George, il n’existe plus, cet amour ! ». Mais qu’est ce que ça changerait ? Il serait toujours aussi innocent, elle toujours aussi éthérée.

George est devenu si… George. Elle sait qu’il a toujours été lui mais elle ne comprend pas. Cho se persuade qu’aujourd’hui tout est différent. Il n’y a plus la passion, il n’y a plus les cris. Il n’y a plus les larmes. De leur histoire ne reste que la raison.

Et la raison, elle n’en veut pas.

Ils se l’étaient pourtant jurés, veut-elle lui crier quand il s’en va. Ils s’étaient jurés de ne pas devenir comme les autres, de rester ces deux morceaux qui se complétaient.

« La guerre, ça vous détruit », disait-on.

Mais la guerre, c’était Fred qu’elle avait détruit. C’était ses parents, c’était sa sœur, c’était leurs amis. Eux, la guerre les avait simplement révélés autrement. Comme une image qu’on ne regarde pas de la même façon.

Cho souffle sur les cendres de sa cigarette, les regarde s’envoler et atterrir sur son beau tapis persan. Ce tapis qui vaut une fortune, et elle en rirait presque de l’insignifiance de ces petites particules grises. Ces cigarettes qu’elle allume coup sur coup et fume à en perdre la tête, c’est un piège dans lequel elle n’arrive pas à plonger.

Les pieds au bord du précipice, elle regarde le bout rougeoyant et dans son esprit délicat de femme au foyer, elle voit sa chair se déliter, sa peau brûler, se déchirer, et la douleur qui monte, monte et la remplit.

Alors Cho repose la cigarette. Elle n’est pas très courageuse. Elle n’est qu’une pauvre Serdaigle qui s’emplit les poumons de fumée en se demandant si les volutes qui flottent et dansent dans la pièce peuvent l’étrangler.

George est un bon Gryffondor. Courageux, fort et obstiné. Il fonce dans la vie comme il fonçait avec elle. Et peu importe qui reste derrière. Il affronte le monde les poings serrés et peu importe s’il sait que leur amour est mort. Ça ne l’empêche pas de vivre.

Elle erre dans cette maison vide comme elle erre dans sa vie. Elle cherche quelque chose, n’importe quoi pour la retenir, pour la sortir de ce gouffre sans fond qui s’ouvre sous ses pas.

Quand elle passe devant leur photo de mariage, elle se dit que c’est quand même une drôle d’histoire que la leur. Une histoire de haine et de mépris, une histoire qui commença par une bataille et finit sur un abandon. Elle se souvint du regard atterré des gens qui les voyaient courir dans les ruines du monde, et rire, rire à s’en crever la gorge, à recracher toute cette laideur.

Ce n’était pas un coup de foudre mais une passion décidée. Parce que le seul moyen d’échapper à la mort c’était d’être à deux, Cho l’avait compris quand elle était sortie d’un Poudlard détruit pour apprendre que son monde à elle était pire encore. Si tout ce qui lui restait pour s’accrocher, c’était ce regard perdu échangé au-dessus du corps de Fred dans lequel elle avait vu ce qu’elle avait cru qui ne lui arriverait jamais, alors elle sauterait à pieds joints dedans.

Et peu importe si elle devait s’y casser les dents.

Il était sa planche de survie, sa porte de sortie. Et ils s’aimèrent tellement fort qu’ils en brûlèrent les étoiles.

Son nom semble danser dans la lumière du ciel gris de Londres. « George, George, George » susurre la torpeur qui l’envahit. Alors Cho boit.

Juste un peu, juste de quoi se décrocher un peu de ce monde. Elle ne veut pas détruire l’image qu’elle renvoie, elle ne veut pas être l’alcoolique du cinquième, alors elle boit un verre de temps en temps. Juste assez pour être toujours un peu grisée. Et la lourde bouteille de bourbon lui renvoie l’image d’elle-même. Cette belle femme aux cheveux courts, aux grands yeux et au teint diaphane. Et Cho ne se reconnaît pas.

Alors elle lève son verre au souvenir. Et elle le boit, comme si chaque gorgée pouvait reconstruire ce qu’il y avait.

Elle pense que c’est le temps qui les a tués. Ce temps qu’ils remontaient à contre courant, qu’ils narguaient, autour duquel ils dansaient. Puisque rien n’avait de sens, ils vivaient tout comme un rêve, et peu importe ce qu’on en pensait. Ils devaient se déchirer pour s’aimer. Combien de blessures avait-il soignées sur ses bras, combien d’éclats de verre avait-elle dû enlever de sa main déchirée ?

Quand elle faisait de l’escalade, il la regardait s’élever sur la paroi, gracieuse, défiant la gravité des falaises abruptes. Il l’appelait « ma petite danseuse » et elle montait chaque fois comme si ce n’était un spectacle que pour lui. Il lui disait qu’il avait toujours peur qu’elle ne redescende pas. Et Cho aimait se demander si elle n’était pas mieux en haut.

Elle redescendait toujours.

Aujourd’hui, il ne l’appelle plus sa petite danseuse. Elle ne danse plus depuis trop longtemps. Et elle a tellement peur de ne plus descendre qu’elle ne monte jamais jusqu’en haut.

Cho se déteste d’être devenue cette petite chose qui se terre dans leur appartement, blottie contre le canapé, ses jambes repliées sous elle, un verre à la main. A cracher son poison contre les murs, à empuantir les pièces de fumée. Elle sait que quand il rentrera, il ouvrira grand les fenêtres, comme si on pouvait encore nettoyer ce qu’il y avait en eux. Elle se moque de lui et sourit devant son innocence. Il est beau quand il croit pouvoir encore les sauver.

Oui, c’est le temps qui les a tués. Et Cho n’en peut plus de courir après.

Il rentrera et déposera un baiser passionné sur ses lèvres. Il lui racontera sa journée. Elle la sienne. Elle inventera des livres qu’elle a lus, des amis qu’elle a vus et il sourira. Toute cette merde lui aura au moins appris à mentir.

Et il l’embrassera, il l’embrassera jusqu’à plus soif. Comme s’il pouvait recréer leur nous d’avant en faisant revivre la passion. George est un innocent. Un naïf. Alors elle souhaite de tout son cœur ne pas le voir se rendre compte que c’est le bout du chemin. Que ça fait déjà longtemps qu’ils n’avancent plus. Peu importe si elle aime lui faire du mal, elle ne veut pas voir un autre univers s’effondrer. Le sien lui fait déjà trop mal.

Un soir, quand il rentrera, elle ne sera plus là. Cho fera ses valises et s’en ira sans un regard vers ce qu’elle laisse derrière elle. Elle a toujours brûlé ce qu’elle laissait. Et elle vit entre ces cendres depuis si longtemps qu’elles ont retapissé son âme. Elle partira et peu importe ce qui arrivera ensuite. Ce qui arrivera après ne la concernera plus. Ne restera plus qu’entre les quatre murs ocres du salon une odeur de fumée. Un jour, elle partira.

Mais pas ce soir. Ce soir, elle a fait un soufflé aux épinards.

#thème 09, fandom: harry potter, pairing: hp - george/cho

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