Anne Brontë -
Agnès Grey (1847)
(380 pages, 9e titre pour le challenge XIXe siècle 2018)
Pour soulager financièrement sa famille et tenter de s'affirmer elle-même au sortir d'une enfance trop protégée, la toute jeune Agnès Grey, fille de pasteur, décide de se faire gouvernante, ne doutant pas un instant qu'elle saura, par sa sensibilité et sa douceur, conquérir le coeur de ses jeunes élèves et les conduire dans les meilleures conditions du monde sur les chemins heureux du savoir et de la vertu. Hélas - ou évidemment ! La réalité qu'elle découvre dès son premier poste est bien loin de ses espérances : d'affreux gamins pourris gâtés, habitués à n'en faire qu'à leur tête et trouvant bien plus drôle de torturer des oiseaux ou de patauger dans la boue plutôt que de s'instruire dans la vertu, sur lesquels douceur et sensibilité sont aussi efficaces qu'une caresse sur le cul d'un troll. Dans cette rude épreuve, la pauvre Agnès ne sera aidée ni par son caractère, bien trop effacé, ni par le statut ambigu qu'elle se découvre, investi de tous les devoirs mais d'aucun moyen concret d'asseoir son autorité. Seulement, aussi effacée soit-elle, Agnès ne manque pas de volonté et n'est pas prête à déclarer forfait à la première contrariété. Autant vous dire qu'elle est partie pour en baver...
Après ma redécouverte des Hauts de Hurlevent, j'avais envie de rester encore un moment dans l'univers de soeurs Brontë... mais j'aurais mieux fait de choisir un autre titre que cette Agnès Grey terriblement terne et plate à côté du précédent. Critique féroce de la mauvaise éducation des enfants de riches, fondée sur l'expérience de l'auteur, le roman est aussi un panégyrique assez lassant des vertus évangéliques de son héroïne, à peu près aussi tête à claque dans sa perfection bornée que les sales mioches qu'elle est obligée de gérer. Le propos n'est pas inintéressant en soi, loin de là, et certains caractères sont sans doute assez justes, mais le tout est présenté de manière trop naïve et peu subtile pour emporter vraiment l'adhésion. Quant à l'histoire d'amour qui vient se greffer là-dessus, elle prête vaguement à sourire par la maladresse de la narratrice mais reste surtout d'une platitude assez consternante.
Pas assez fin et surtout beaucoup trop convenable à mon goût, cette affaire !