Mirbeau, Féval, Dostoïevski... où je tente de rattraper un peu le retard de mes chroniques lecture.

Oct 06, 2018 15:32


Commençons par trois lectures qui entrent dans le cadre du challenge XIXe siècle (10e, 11e et 12e titres dudit  challenge) :

O. Mirbeau - Le Calvaire (1886)

Oh qu'il mérite bien son nom, ce premier roman d'Octave Mirbeau ! Une vie comme un long calvaire, qui nous mène d'une enfance grise et sans joie, plombée par une mère profondément dépressive, à une passion dévastatrice pour une femme à l'âme sans envergure et à la vertu désinvolte auprès de qui se tarissent toute volonté, toute fierté, toute inspiration artistique. Entre les deux, la guerre, avec son lot de souffrances absurdes et de bêtise galonnée. Joyeux programme, n'est-ce pas ? C'est fort et c'est plombant, un peu agaçant à la longue dans son pessimisme forcené, avec ce narrateur à qui on finit par avoir envie de distribuer des coups de pied au derrière.
L'histoire d'amour m'est restée terriblement étrangère - quand j'avais été si touchée par Un amour de Swann, qui évoque une relation comparable mais avec bien plus de nuance et de finesse. Ce personnage de femme fatale n'en est pas moins assez juste, délétère non pas pas méchanceté, par manque de sentiment, mais par manque d'âme, d''esprit, d'intelligence, par simple petitesse plus ou moins bien intentionnée. Par le décalage terrible qui existe entre la réalité de cette femme, et l'intensité de que le narrateur projette sur elle. L'amour, malentendu fondamental entre les sexes, tourné à l'obsession...

P. Féval - Contes de Bretagne (1878)

La Bretagne, terre sauvage au passé riche de batailles, de hauts faits, de mystères, terre de saints et de démons, de chevaliers et de fantômes, terre de conteurs et de légendes, pouvait-elle ne pas inspirer ce grand conteur romanesque qu'est Féval ? A moins de considérer que Féval fut grand conteur car breton !
Dans ce petit recueil de trois contes, habilement placés dans la bouche d'un vagabond enchanteur, nous croiserons un seigneur trop désinvolte et son intendant trop cupide, une jeune fille intrépide, mi sainte mi sorcière, bravant les tempêtes de l'Iroise pour défaire un peuple de cruels naufrageurs, et un jeune pêcheur des marais prêt à toutes les audaces pour sauver une belle dame en détresse. La matière est classique mais la mise en scène pleine de charme et de vivacité, avec des personnages vite attachants, du suspense, une petite pointe d'humour parfois, des dénouements souvent inattendus. Le christianisme un peu trop militant d'Anne des Îles m'a inévitablement agacée, mais la demoiselle n'en est pas moins le personnage le plus puissant du recueil, comme souvent les femmes chez Féval lorsqu'elles se décident à être autre chose que victimes.
Une lecture captivante et délicieusement romantique - avec toutes les ombres mystérieuses que le terme implique au sens propre !

F. Dostoïevski - La femme d'un autre et un mari sous le lit (1848)

Voici l'histoire d'un ridicule mari jaloux, qui à force de vouloir prendre sa femme en flagrant délit d'adultère finira par se retrouver dans la situation la plus absurde qui soit : celle de l'amant, sans être l'amant, avec l'amant, mais pas celui de la femme qu'on croit.
A grand renfort de dialogues cocasses et de situations hautement improbables, bien loin de la veine tragique où on le rencontre d'ordinaire, Dostoïevski détourne avec un humour grinçant les clichés du vaudeville pour offrir une petite comédie sans grande envergure mais aussi savoureuse que son titre.

bouquins, challenge 19e siècle : critiques

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