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Charles Dickens -
De grandes espérances (1861, 1e traduction française par Charles Robert Derosne,1862)
(737 pages, soit 200 km de plus pour le challenge Tour du Monde. Total : 14 800 km et 60 629 pages pour 164 livres.
2e titre pour le challenge XIXe siècle 2018.)
Un jeune orphelin, élevé entre une soeur acariâtre et un beau-frère forgeron trop brave homme pour son propre bien, se retrouve attiré hors de sa modeste condition par deux événements successifs. D'abord, c'est Miss Havisham, vieille dame fortunée vivant en recluse dans une vieille maison délabrée qui le fait venir pour égayer un peu ses heures mornes, et lui fait cruellement miroiter les beaux yeux de la très belle, très froide et très fière Estelle, sa fille adoptive. Le pauvre garçon ne tarde pas à comprendre combien, face à ces deux femmes, il est piètre, maladroit et grossier...
Ensuite, c'est un mystérieux bienfaiteur qui lui offre de grandes espérances - la perspective d'une belle fortune et l'éducation qui va avec. Voici donc notre jeune Pip parti de sa campagne à Londres pour devenir un gentleman - un gentleman digne peut-être d'épouser un jour la merveilleuse Estelle ?
Mais il lui faudra bien découvrir un jour combien le fossé peut être grand entre les apparences et la réalité, surtout lorsqu'on nourrit ses espérances de beaucoup de naïveté et d'imagination.
Il y a plusieurs années de cela, les aventures d'Oliver Twist m'avaient valu moult soupirs agacés, et je voulais depuis laisser une seconde chance à Dickens. Quoi de mieux que ce roman généralement considéré comme son chef d'oeuvre, pour cela ? Bon. C'est indéniablement moins agaçant - en partie sans doute parce que le gamin finit par devenir adulte et donne dès lors un peu (un tout petit peu) moins envie de lui coller des paires de claques. Devient aussi, surtout, un peu plus intéressant. Il y a dans l'affaire un certain suspense, assez de rebondissements pour tenir en haleine jusqu'au bout le lecteur, une atmosphère sombre, très gothique même parfois, qui n'est pas pour me déplaire. Il y a de la sagesse aussi, quelques réflexions fort justes sur l'ambition, la vanité, la vengeance, la reconnaissance, l'ingratitude, le masochisme de l'amour, la destinée... Une pointe de malice plutôt bienvenue dans cette ambiance généralement très sombre.
Et pourtant, j'ai eu du mal à accrocher vraiment à toute l'affaire. Certains personnages flirtent un peu trop avec la caricature, surtout au début de l'histoire. Le narrateur, malgré ses contradictions, peine à sortir de l'insipide. L'étude des caractères reste un peu superficielle à mon goût. Et surtout, surtout, la morale reste désespérément sauve : les méchants seront punis, les gentils récompensés, les ambigus se repentiront et le héros n'aura même pas à convoiter la femme de son prochain. Ouf ! On était à deux doigts de verser dans la subversion.
Sage, donc, mais assez convenu. Je crois que Dickens, bien que tout sauf inintéressant, n'est pas vraiment ma tasse de thé.